Verset à verset Double colonne
1 À Moab. Ainsi parle l’Éternel des armées, Dieu d’Israël : Malheur à Nébo, car elle est saccagée ! Kiriathaïm a la honte d’être prise, la citadelle a la honte d’être abattue.Nébo n’est pas la montagne, mais la ville de ce nom ; voir Ésaïe 15.2, note.
Kiriathaïm, ville très ancienne, mentionnée déjà Genèse 14.5 ; d’après Burckhardt, Et-Teim, à une demi-heure à l’ouest de Médeba et à cinq quarts d’heure au sud de Hesbon. Si l’on en croit Eusèbe, ce serait plutôt Kureyat, sur les pentes du mont Attarus. On doit probablement entendre par la citadelle la ville de Kir-Moab ou Kir-Hérès, verset 31.
Hesbon : voyez Ésaïe 15.4, note. Cette ville est sur la frontière entre Moab et Ammon (comparez Jérémie 49.3). C’est là que le conquérant venu du nord combine son plan de campagne contre Moab.
Madmen, ville dont l’emplacement est inconnu. Le prophète joue ici sur les noms de Hesbon (méditation) et Madmen (de damam, être réduit au silence).
Horonaïm : voir Ésaïe 15.5, note.
Saccage… Ce sont les paroles des fuyards qui apportent la nouvelle de l’invasion ennemie.
Moab est ici soit le nom du pays, soit plutôt celui de la ville de Ar-Moab, appelée simplement Ar (la ville), Nombres 21.15 ; voir Ésaïe 15.1, note.
Les enfants peuvent désigner les petites villes, ou les petites gens, à moins qu’on ne veuille, comme les LXX, trouver dans ce mot le nom de la ville de Tsoar et traduire : On a ouï ses cris (les cris de Moab) jusqu’à Tsoar ; comparez Ésaïe 15.5.
Luchith. Voyez Ésaïe 15.5, note.
Fuyez… Appel ironique à la fuite, car la fuite est inutile (verset 7).
Comme des bannis : ils ne peuvent songer à sauver que leur vie. Il y a proprement dans le texte : Soyez comme Aroër dans le désert. Mais comme Aroër ne se trouve pas dans le désert, il faut supposer qu’il y a ici une faute de copiste et lire (en retranchant une lettre) : arar, des bannis ; comparez Jérémie 17.6.
Toi aussi : Moab subira le même sort qu’Israël et s’en ira, comme lui, en captivité ; comparez verset 13.
Camos, la grande divinité de Moab, son dieu national (1 Rois 11.7 ; 2 Rois 23.13). La statue de ce lieu sera emportée comme butin par les vainqueurs. Les chefs de Moab sont appelés les princes de Camos, comme les Moabites le peuple de Camos (verset 16 ; Nombres 21.29), car ils se considèrent comme étant sous la puissance et la protection de ce dieu.
La plaine basse et la plaine haute constituent tout le pays de Moab. La plaine basse désigne d’une manière générale les bas lieux du pays, ses vallées, particulièrement la partie de la vallée du Jourdain habitée par les Moabites ; la plaine haute comprend les plateaux qui s’étendent de l’Arnon au nord jusqu’à Hesbon et Rabbath-Ammon.
Donnez… Même injonction que verset 6, avec un accroissement d’ironie. Comme la fuite à pied a été reconnue impossible, il ne faudrait rien moins à Moab que des ailes pour s’échapper ; mais alors même rien ne serait changé à son malheur. Car (verset 10) il est voulu de Dieu, qui excite lui-même l’ardeur guerrière des adversaires de Moab et leur défend de l’épargner.
Depuis sa jeunesse. Depuis le temps où les Moabites dépossédèrent les Emim (Deutéronome 2.10) et commencèrent à avoir une existence nationale, ils étaient restés les possesseurs du pays ; non pas qu’ils n’eussent jamais été vaincus, mais comme le prophète l’explique lui-même plus loin, ils n’avaient pas été emmenés en captivité.
Sa lie : l’esprit d’orgueil et d’incrédulité était le trait saillant du caractère de Moab et s’était montré surtout dans ses relations avec Israël. Un vin laissé sur lie garde, en s’en imprégnant de plus en plus, le goût qu’il perdrait s’il était transvasé.
Des transvaseurs : des ennemis qui emmèneront les Moabites en exil. De tels hommes n’agiront pas avec les précautions que l’on met au transvasage du vin ; mais dans leur brutalité ils verseront et briseront tout, cruches et vases.
Moab rougira de l’impuissance de son dieu. Ce sera le commencement de sa purification par l’épreuve.
Béthel. Là se trouvait le sanctuaire principal du culte des veaux d’or institué par Jéroboam (1 Rois 12.26-33 ; Amos 3.14).
Il y a un contraste voulu entre la fumée des villes incendiées qui monte au ciel et l’élite de l’armée qui descend, pour se faire massacrer, dans la plaine.
Vos condoléances. La chute de Moab sera si profonde que malgré son insolence passée, les peuples ne pourront s’empêcher de sympathiser avec lui.
Descends : comparez Ésaïe 47.1.
Dans la soif, non la faim ; Moab était célèbre par ses vins excellents ; Ésaïe 16.8-10.
Dibon, ville fortifiée à une lieue au nord de l’Arnon, aujourd’hui Dibân ; Ésaïe 15.2, note.
Habitante, fille de… La population qui habite Dibon et qui en est la fille ; c’est-à-dire qu’elle a toujours habité et habite encore son propre pays (verset 11).
Aroër : sur l’Arnon (Wady-Modjib) ; aujourd’hui ruines de Araïr ; autrefois ville frontière entre Moab et les Amorrhéens, puis les Rubénites. Mais depuis que les Moabites, refoulant les Rubénites, étaient rentrés en possession du pays au nord de l’Arnon, cette ville occupait une position centrale dans le pays. Sa population est représentée comme arrêtant au passage les Moabites du nord, hommes et femmes, qui fuient en désordre devant l’ennemi et les interrogeant avec anxiété sur les causes d’une telle débandade. Comparez Ésaïe 16.2.
Ce verset est la réponse des fuyards ; ils apportent la nouvelle d’une défaite terrible.
Cette énumération de villes des hauts plateaux (verset 8) doit illustrer la nouvelle apportée par les fuyards : que tout Moab est ravagé. Parmi ces villes, plusieurs ne sont mentionnées que dans ce passage : Holon, verset 21 ; Beth-Diblathaïm, verset 22 (peut-être identique avec Almon-Diblathaïm, au nord de Dibon, Nombres 33.46) et Beth-Gamul, verset 23. D’autres sont déjà connues par ce qui précède : Dibon, verset 18 ; Nébo et Kiriathaïm, verset 1. Jahtsa ou Jahats, verset 34, était au sud-est de Hesbon, vers le désert (Ésaïe 15.4, note). Méphaath ne devait pas être éloignée de Jahats avec laquelle elle est toujours nommée. Beth-Méon ou Baal-Méon (Nombres 32.38), ou encore Beth-Baal-Méon (Josué 13.17) : à trois kilomètres au sud de Hesbon sur l’emplacement des mines actuelles de Myoûn. Kérioth, d’après verset 41 et surtout Amos 2.2, où elle apparaît comme la capitale du pays, est peut-être un autre nom de Ar-Moab, qui sans cela ne serait pas mentionnée ici. Voyez verset 4, note ; Ésaïe 15.4, note. Botsra en Moab doit être distinguée de Botsra en Édom (Jérémie 49.13 ; Ésaïe 34.6) et de Botsra dans le Hauran ; elle doit être identifiée avec Betser qui, d’après Deutéronome 4.43 ; Josué 20.8, était située sur le haut plateau, dans la tribu de Ruben.
Éloignées et proches : à la frontière ou au centre du pays.
Ce verset résume dans une image vive tout le passage versets 11 à 25. Le bras et la corne sont les symboles de la puissance intellectuelle et de la force brutale.
Enivrez-le… du cru de la colère vengeresse de Dieu. Voyez Jérémie 13.13 ; Jérémie 25.15 ; comparez Ésaïe 51.17-23.
Avec des voleurs. Jérémie compare bien son peuple à un voleur (Jérémie 2.26), mais il ne peut tolérer cette accusation de la part de Moab qui se réjouit de l’humiliation d’Israël (Habakuk 2.8-10).
Tu hoches la tête. Signe de dédain et de raillerie.
Abandonnez les villes. La détresse est telle qu’il n’y a plus de refuge que sur les rochers les plus inaccessibles.
La colombe sauvage, qui se tient dans les fentes des rochers (Cantique 2.14), était très répandue autrefois en Palestine ; on la trouve encore aujourd’hui en quelques endroits, entre autres dans le désert d’Enguédi.
Amplification du passage Ésaïe 16.6. Il y a accumulation de termes pour dépeindre un état de choses qui depuis Ésaïe avait encore empiré. Le verset 29 veut dire d’une manière générale que l’orgueil de Moab est connu de tous ses voisins, le verset 30 qu’il est connu de Dieu, qui va y mettre un terme.
Cette complainte, qui exprime la sympathie du prophète aux maux de Moab et qui forme un beau contraste avec le morceau précédent, est une reproduction libre de plusieurs passages d’Ésaïe, entre autres Jérémie 16.7-10 ; Jérémie 15.2-4.
Je me lamente. Voir Ésaïe 15.5.
Kir-Hérès. Voir verset 1 ; Ésaïe 15.4 ; Ésaïe 16.7. L’expression gâteaux de raisins dans ce dernier passage d’Ésaïe est remplacée ici par une tournure moins pittoresque, les gens.
Voir Ésaïe 16.8-9, notes. Si l’on ne veut pas admettre que le texte soit fautif, il faut croire que le prophète désigne la mer que dépasse le vignoble de Sibma, les grands étangs voisins de Hesbon et par la mer de Jaézer qu’il atteint, la grande plaine desséchée El-Betsché (plus au nord, sur le chemin de Salt) qui paraît être un ancien fond de mer.
Voyez Ésaïe 16.10. Il y a bien un hourra, mais c’est la clameur sauvage des envahisseurs. Ce n’est plus le cri joyeux des vendangeurs.
Voir Ésaïe 15.4-6.
Réminiscence d’Ésaïe 16.12.
Voir Ésaïe 15.5 ; Ésaïe 16.11. Ésaïe parle de la harpe, qui désigne plutôt l’émotion intérieure du prophète ; Jérémie, de la flûte, qui était l’instrument employé dans les funérailles (Matthieu 9.23) et qui représente plutôt le deuil extérieur.
Moab est peut-être encore ici la ville de Ar-Moab.
Tout ce qu’ils ont pu amasser. Comparez Ésaïe 15.7.
Comparez Ésaïe 15.3.
Incisions, comparez Jérémie 16.6 ; Jérémie 41.5 ; Jérémie 47.5.
Sur les toits… où ils invoquaient leurs dieux ; voir Jérémie 19.13.
Pour l’image du potier et du vase, comparez chapitre 19.
Les Moabites seront ou anéantis, ce qui excitera l’épouvante, ou mis honteusement en fuite, ce qui provoquera les moqueries.
Comme l’aigle qui plane un instant sur sa proie, puis s’abat brusquement sur elle, ainsi le conquérant, après avoir médité à Hesbon ses plans de conquête (verset 2), va fondre sur Moab.
Cyrus, dans Ésaïe 46.11 et Nébucadnetsar, dans Ézéchiel 17.3, sont comparés à des aigles. Ici, comme dans Jérémie 46.18, Nébucadnetsar n’est pas nommé. Cette image est reproduite Jérémie 49.22, à propos d’Édom.
Kérioth : probablement un autre nom de Ar-Moab. Voir verset 4 ; comparez Amos 2.2.
Ce n’est plus un peuple : non pas que tous les Moabites soient exterminés ; mais ils n’auront plus à l’avenir d’existence nationale. Moab paraît en effet s’être fondu avec les Arabes.
Citation presque textuelle d’Ésaïe 24.17-18. Ce qui est dit là du jugement du monde, est appliqué ici au châtiment de Moab.
Frayeur, fosse et filet : voir Ésaïe 24.17, note.
Jérémie fait usage dans ce verset d’un fragment du chant populaire (Nombres 21.8-30) qui avait été composé après la défaite des Moabites par Sihon, roi des Amorrhéens ; puis d’un passage de la prophétie de Balaam contre Moab (Nombres 24.17).
À l’ombre de… : à l’abri. Les Moabites vont chercher un refuge chez les Ammonites à Hesbon ; mais ils n’y sont point à l’abri ; car le même jugement a déjà atteint cette ville où les ennemis viennent d’entrer et d’où ils vont poursuivre leur expédition vers le sud (versets 2 et 40).
Du milieu de Sihon : Hesbon, qui à l’époque de Jérémie était au pouvoir des Ammonites, avait été autrefois la capitale du roi amorrhéen Sihon (Nombres 21.26). Jérémie rappelle ici la prophétie de Balaam Nombres 24.17, mais en changeant l’image et en substituant au sceptre qui transperce, le feu qui brûle.
Les tempes et le crâne : la tête entièrement dépouillée, comme image de la dépopulation entière du pays.
Les fils du tumulte : les Moabites avaient mérité ce titre par leur esprit belliqueux et turbulent (verset 29).
Citation de Nombres 21.29 : Moab est appelé le peuple de Camos (verset 7), comme Israël le peuple de l’Éternel.
Promesse de rétablissement, comme pour l’Égypte (Jérémie 46.26), Ammon (Jérémie 49.6), Elam (Jérémie 49.39). Le patriotisme ardent du prophète ne rétrécit point l’élan de son cœur vers le salut universel.
La fin des jours : les temps de salut universel, où les Moabites aussi se convertiront ; comparez Ésaïe 24.13-16 ; Ésaïe 25.6 ; Jérémie 12.15-17.
Les mots : Jusqu’ici…, paraissent être une addition postérieure.