Verset à verset Double colonne
Apparition de Jean-Baptiste
La prédication de Jean
La fin du ministère de Jean
Hérode, repris par lui, le fait mettre en prison (19, 20).
Comparer Matthieu 3.1 ; Marc 1.1-11.
Au moment solennel où l’apparition du précurseur annonce celle du Sauveur lui-même, Luc tient à marquer la place de ce grand événement dans le cadre de l’histoire de son temps. De là ces données chronologiques si précises. Son regard se porte d’abord sur l’empire, puis sur les différentes parties de la terre sainte et de ses environs, enfin sur les autorités théocratiques du peuple juif.
Tibère succéda à Auguste (Luc 2.1) le 19 août de l’an 14 de notre ère ; la quinzième de son règne tombait donc sur l’an 28 ou 29. Jésus, étant né quatre ans avant notre ère (Matthieu 2.1, note), avait alors trente-deux ou trente-trois ans. Il faut donc regarder l’indication du verset 23 comme approximative, ainsi que le montre l’expression « environ trente ans ».
D’autres pensent que Luc compte les années du règne de Tibère du moment où Auguste l’associa à l’empire, ce qu’il fit deux ans avant sa mort. Nous serions alors en 26 et Jésus aurait eu trente ans exactement lors de son baptême ; mais cette manière de compter les années d’un règne est sans analogie chez les historiens anciens.
Pilate ne portait que le titre de procurateur, ou intendant de l’empereur. Mais en Judée, comme dans quelques autres districts, ce fonctionnaire était chargé de toute l’administration et s’appelait gouverneur. Depuis la destitution d’Archélaüs, fils d’Hérode (Matthieu 2.22), en l’an 6 de notre ère, la Judée formait, avec la Samarie et l’Idumée, une annexe de la province de Syrie. Pilate y arriva quelques années seulement avant le ministère de Jean-Baptiste et, après un gouvernement de dix ans (26-36 après J.-C.), il fut révoqué (Josèphe, Antiquités Juives, XVIII, 4, 2).
Hérode Antipas, second fils d’Hérode le Grand, gouvernait la Galilée et la Pérée, avec le titre de tétrarque, qui désignait originairement le souverain de la quatrième partie d’un royaume, mais qui, dans la suite, fut appliqué à de petits princes dépendants des Romains. Hérode Antipas régna depuis la mort de son père en l’an 4 avant Jésus-Christ, jusqu’en l’an 39 de notre ère (comparer sur le caractère de ce prince Matthieu 14.1 et suivants ; Marc 6.14 et suivants, note).
Philippe, autre fils d’Hérode et frère du précédent, régnait sur l’Iturée et la Trachonite, auxquelles l’historien Josèphe (Antiquités Juives, XV, 10, 1) ajoute la Batanée et l’Auranitide, provinces situées au nord-est de la Galilée, près des montagnes du Liban. Philippe régna de l’an 4 avant Jésus-Christ jusqu’à l’an 34 de notre ère.
L’Abilène, ainsi nommée d’Abila, chef-lieu de cette province que gouvernait Lysanias, avec le titre de tétrarque, était également située près des montagnes du Liban. Ce Lysanias a souvent été confondu avec un de ses prédécesseurs du même nom, mentionné par Josèphe (Antiquités Juives, XV, 4, 1) et l’on n’a pas manqué d’accuser l’évangéliste d’avoir commis ici un anachronisme. Mais il est aujourd’hui prouvé, par des inscriptions, qu’il existait sous le règne de Tibère un tétrarque Lysanias, descendant de l’ancien prince de ce nom (voir le Commentaire de M. Godet).
Enfin Luc, après ces indications relatives à l’état politique du monde, caractérise la situation théocratique et religieuse. Le texte reçu porte ici : (grec) sous les souverains sacrificateurs Anne et Caïphe ; erreur de copiste, ou prétendue correction : on pensait qu’avec ces deux noms propres il fallait un titre au pluriel. Le texte authentique (tous les majuscules) porte : sous le souverain sacrificateur Anne et Caïphe. Il ne pouvait y avoir deux souverains sacrificateurs.
Anne, beau-père de Caïphe, avait été destitué par le prédécesseur de Pilate et Caïphe était le seul titulaire actuel. Mais, soit à cause de sa parenté avec ce dernier, soit parce que les Juifs ne voulaient pas reconnaître ces empiétements de l’autorité païenne sur leurs institutions religieuses, Anne continuait à s’arroger le titre et partageait avec son gendre l’autorité sacerdotale. De là la tournure inusitée par laquelle Luc exprime cet état de choses. La même idée ressort du récit de Jean (Jean 18.13-24 ; comparez Actes 4.6).
Grec : la parole de Dieu fut sur Jean ; il reçut par cette parole sa vocation de prophète (comparer Jérémie 1.2 ; Osée 1.1 et ailleurs). Malgré les prédictions qui, à l’époque de sa naissance, avaient proclamé le rôle qu’il devait jouer, Jean n’entra dans son ministère que sur l’appel exprès de Dieu (Jean 1.33).
Les mots : dans le désert, rappellent la solitude profonde ou vécut Jean jusqu’au moment « de sa manifestation à Israël » (Luc 1.80).
Voir, sur le ministère de Jean, Matthieu 3.1, 2e note.
Les environs du Jourdain faisaient partie de la région désignée d’une manière plus vague par Matthieu sous le nom de « désert de Judée » (Matthieu 3.1, 3e note).
Ces paroles expriment brièvement tout le sens et le but du ministère du précurseur. Ce sont les mêmes qu’emploie Marc (Marc 1.4, note). Matthieu les met directement dans la bouche de Jean-Baptiste : « Repentez-vous ! » (Matthieu 3.2, note).
Ésaïe 40.3-5 (voir, sur cette citation, Matthieu 3.3, note).
Matthieu et Marc se bornent à citer ces premiers mots de la prophétie d’Ésaïe. Luc (verset 5) continue la citation en y comprenant les versets d’Ésaïe : Ésaïe 40.4-5.
La citation de Luc est conforme à la version des Septante, sauf un ou deux détails sans importance.
Et la version grecque elle-même rend assez fidèlement Le sens de l’hébreu, jusqu’aux dernières paroles (verset 6), dans lesquelles se produit une divergence : tandis que l’hébreu dit : « et la gloire de l’Éternel sera révélée et toute chair la verra en même temps », les Septante traduisent ces derniers mots par ceux-ci : « et toute chair verra le salut de Dieu ».
Notre évangéliste adopte cette paraphrase qui convenait à son but et qui n’est pas contraire d’ailleurs à l’idée du prophète. En effet, voir le salut de Dieu, dans les temps évangéliques, c’était voir sa gloire, c’est-à-dire la manifestation de ses perfections, de sa sainteté, de sa miséricorde. Il faut ajouter que ces paroles se trouvent effectivement dans un autre passage d’Ésaïe (Ésaïe 52.10), en sorte que l’évangéliste était autorisé à les citer ici.
Quant à son sens général, la prophétie emploie l’image des préparatifs qu’on faisait sur les chemins, en vue du passage d’un roi visitant solennellement ses États. Par cette image est décrit le changement qui doit s’opérer dans le cœur de l’homme déchu, pour que Dieu et sa sainte volonté puissent y régner : orgueilleux et hautain, il doit être abaissé par la repentance ; engagé dans les voies tortueuses de l’incrédulité ou du doute, ou de la superstition, il doit revenir au droit chemin de la vérité de Dieu, de la sincérité. Du reste, il faut éviter, dans l’interprétation et l’application de ces images, les subtilités où se perd quelquefois l’exégèse ou la prédication.
L’imparfait : il disait et la conclusion de Luc au verset 18 montrent que l’évangéliste n’a pas l’intention de rapporter un discours spécial de Jean, mais de donner un résumé de toute sa prédication.
Comparer Matthieu 3.7, notes.
Le premier Évangile fait ici une distinction qui a son importance. Selon lui, ce n’est pas aux foules qui venaient se faire baptiser que le précurseur adressait cette rude apostrophe, mais bien à des pharisiens et à des sadducéens qui recherchaient le baptême par hypocrisie. Jean n’aurait pas parlé ainsi à ceux qui venaient à lui humiliés et « confessant leurs péchés » (Matthieu 3.6).
D’autre part, l’austère prédicateur de la repentance attaquait dans cette censure l’esprit général du temps et il ne ménageait pas plus le peuple que ses chefs. En abaissant l’orgueil des grands, il ne se faisait pas le flatteur des masses. La suite de son discours le prouve.
Voir Matthieu 3.9, notes.
Voir Matthieu 3.9, note.
Le texte reçu a le futur indicatif : Que ferons-nous ?
Le texte de la plupart des majuscules porte le verbe au subjonctif, donnant ainsi à la question un sens délibératif qui dénote l’intérêt, l’anxiété avec laquelle la foule s’adressait à Jean (Il en est de même aux versets 12 et 14).
Les paroles sévères du prophète concernant la colère à venir et la nécessité de produire des fruits dignes de la repentance (versets 7-9), avaient porté coup. Plusieurs lui adressaient donc, avec crainte et tremblement, cette question suprême qui s’élève de toute conscience réveillée et tourmentée par le sentiment de son péché (Actes 2.37 ; Actes 16.30).
Les verbes à l’imparfait (versets 10, 11 et 14) indiquent que ces scènes de repentance et ces sérieux dialogues se renouvelaient souvent.
Les versets : versets 10-14 sont particuliers à Luc, qui a dû les tirer d’une source inconnue à Matthieu. On voit combien il est vrai qu’il avait tout examiné avec exactitude (Luc 1.3).
Ceux que nous voyons interroger le prophète sont des hommes de la foule (verset 10), des péagers, des soldats, qui tous avaient trouvé dans leur position ou dans leur vocation des tentations spéciales et qui sentaient vivement les péchés qu’ils avaient commis.
Aussi Jean leur répond-il à chacun selon sa position, ne les engageant pas à laisser leur vocation, mais les exhortant à en remplir fidèlement les devoirs. Au lieu de leur prescrire des exercices de piété extraordinaires, il les renvoie simplement à la loi morale qu’il les presse d’accomplir.
Jésus fit de même dans le sermon sur la montagne. C’est la loi qui réveille le sentiment du péché (Romains 3.20) et le besoin de la grâce. Jean n’est point encore le prédicateur de l’Évangile. Ceux qui l’annonceront donneront une réponse plus complète à la grande question : Qu’avons-nous à faire ? (Actes 2.37-39 ; Actes 16.30-31)
Codex Sinaiticus et la version syriaque portent : n’accusez personne faussement.
Cette remarque sur les dispositions du peuple à l’égard de Jean est particulière à Luc. Elles donnèrent lieu à la déclaration qui va suivre (verset 16) et montrent quelle profonde impression la prédication de Jean faisait sur le peuple.
Voir, sur cette importante déclaration de Jean-Baptiste relative au Sauveur et à son œuvre, Matthieu 3.11-12, notes ; Marc 1.7-8, note.
Rien n’est plus touchant et plus instructif que la profonde humilité, le renoncement absolu avec lesquels Jean refuse pour lui-même la confiance et les hommages du peuple, afin de les reporter tout entiers sur Celui qu’il annonçait comme le Sauveur du monde (Jean 1.26 ; Jean 3.28 et suivants).
Luc n’a donc point entendu rapporter toutes les exhortations du précurseur.
Il annonçait la bonne nouvelle, grec il évangélisait le peuple ; aux prescriptions morales, à la prédication de la loi, il ajoutait les promesses messianiques et ainsi il annonçait déjà l’Évangile, la bonne nouvelle du salut, en dirigeant les regards de ses auditeurs vers Celui qui apportait le salut (comparer Jean 1.29).
D’ailleurs les commandements de la loi morale et l’annonce des redoutables jugements de Dieu sur l’impénitence (verset 17) font partie de la prédication de l’Évangile.
Luc devance les temps pour rapporter dans son ensemble tout ce qu’il avait à dire de Jean-Baptiste. Il se contente de noter en quelques mots les rapports d’Hérode le tétrarque avec Jean, que les deux premiers évangélistes ont racontés en détail (voir Matthieu 14.1-12, notes et Marc 6.14-29, note).
Mais il ajoute un fait qui lui est particulier ; c’est que Jean n’avait pas seulement repris Hérode au sujet de sa liaison adultère avec la femme de son frère (le texte reçu ajoute son nom, Philippe), mais encore au sujet de toutes les mauvaises choses qu’il commettait.
Aussi y a-t-il une indignation contenue dans ces termes de l’évangéliste : il ajouta ceci à tout le reste : il enferma Jean dans la prison.
L’historien Josèphe (Antiquités Juives, XVIII, 5.1, 2) fait de l’activité de Jean-Baptiste et des causes de sa mort un récit qui se rapproche de celui de notre évangile. Il raconte qu’Hérode fut battu par le roi d’Arabie Arétas, dont il avait répudié la fille, sa première femme, pour épouser Hérodias ; puis il ajoute : « Or, il y en eut parmi les Juifs qui estimaient que l’armée d’Hérode avait péri par la colère de Dieu, parce qu’il était puni pour avoir fait mourir Jean, surnommé le Baptiste. En effet, Hérode l’avait mis à mort, quoique ce fût un homme juste qui encourageait les Juifs à la vertu et leur recommandait d’exercer la justice les uns envers les autres et de pratiquer la piété envers Dieu, puis de venir ainsi à l’eau du baptême ».
Josèphe donne de ce rite du baptême une interprétation inexacte, d’après laquelle il aurait été destiné à purifier le corps, l’âme étant « déjà purifiée par la justice ». Il ne dit mot de l’élément messianique de la prédication de Jean. Il le passe intentionnellement sous silence. Il connaissait les promesses faites par Jean, puisqu’il attribue sa mort à la crainte qu’éprouvait Hérode d’un soulèvement : « Car, dit-il, les esprits étaient excessivement exaltés à l’ouïe des discours de Jean ». Cette exaltation ne pouvait être produite que par l’espérance messianique.
Josèphe enfin n’indique pas la cause secrète de l’emprisonnement de Jean, qui nous est rapportée par Luc (verset 19). Elle ne fut connue que de ceux qui tenaient de près au prophète. La raison d’état fut alléguée publiquement.
Jésus vient au baptême, avec tout le peuple ; pendant qu’il prie, le ciel s’ouvre, l’Esprit descend sur lui sous une forme visible, une voix du ciel le proclame le Fils bien-aimé de Dieu
Voir, sur le baptême de Jésus, Matthieu 3.13-17, notes, Marc 1.9, note.
Il ne reste ici qu’à relever ce qui est particulier à Luc. Son récit est tellement abrégé, que le fait même du baptême de Jésus paraît se confondre avec le baptême du peuple en général (Tout le peuple, expression hyperbolique, indiquant le grand nombre de ceux qui se faisaient baptiser).
Mais, d’autre part, Luc, en se hâtant vers le récit des manifestations divines qui eurent lieu à cette occasion, les raconte d’une manière plus objective et plus explicite que les autres évangélistes.
Ainsi :
Introduction et point de départ
Jésus avait environ trente ans quand il commença son ministère. Il était fils, comme on le pensait, de Joseph, d’Héli (23).
Première période
D’Héli à la captivité (24-27).
Deuxième période
De la captivité à David (28-31).
Troisième période
De David à Abraham (32-34a).
Quatrième période
D’Abraham à Adam et à Dieu (34b-38).
Lui-même, lui qui venait d’être l’objet de cette manifestation divine (verset 22) et sur qui l’évangéliste veut maintenant attirer toute l’attention.
Trente ans (verset 1, note) est l’âge où l’homme a acquis le plein développement de toutes ses facultés, celui aussi où, selon la loi, les Lévites entraient en charge (Nombres 4.3 ; Nombres 4.23).
Ces mots : lorsqu’il commença, doivent avoir pour complément : son ministère ou son activité messianique (comparer Actes 1.1, note).
Le mot fils ne se lit qu’au verset 23 et n’est pas répété devant chaque nom propre. Le grec se contente de mettre ceux-ci avec l’article au génitif pour marquer le rapport de filiation.
Deux explications sont dès lors possibles : on peut faire de chaque nom soit le complément du nom précédent, soit le complément du mot fils (verset 23), ce qui reviendrait à sous-entendre Jésus étant fils de,…devant chaque nom propre.
La première construction parait la plus simple, mais on objecte qu’au verset 38, Adam serait désigné comme Fils de Dieu. Cette qualité convient mieux à Jésus.
Les mots : comme on le pensait sont une précaution que prend d’évangéliste pour écarter l’idée de la paternité de Joseph (comparer Matthieu 1.16, note).
Mais de qui est la généalogie qui suit ? De Joseph, répondent beaucoup d’interprètes ; de Marie, pensent les autres. Il est difficile d’admettre que nous ayons ici la généalogie de Joseph, puisqu’elle est toute différente de celle qu’a conservée Matthieu et qui est bien la liste généalogique de l’époux de Marie (Matthieu 1.1, 2e note). Là, pour ne citer qu’un nom, Joseph est fils de Jacob (Matthieu 1.16), ici il serait fils d’Héli. Cette hypothèse implique donc que l’une au moins des deux généalogies n’est qu’une composition de fantaisie.
Mais, d’autre part, comment prouver que nous avons ici la généalogie de Marie ? On a eu recours pour cela à deux méthodes différentes. Pour comprendre la première, il faut observer que l’article qui se trouve devant chaque nom manque devant celui de Joseph et ne commence qu’à celui d’Héli ; on peut construire ainsi notre verset, selon le texte de Codex Sinaiticus, B : « étant fils (comme on le pensait, de Joseph) d’Héli, de Matthath, etc ». Luc voudrait indiquer que Jésus était fils ou petit-fils d’Héli, père de Marie, dont il nous donne ici la généalogie. Cette interprétation est admise par M. Godet et par plusieurs exégètes modernes.
L’autre manière d’arriver au même résultat est de supposer que Marie étant héritière du nom de sa famille, Joseph, en l’épousant, était entré, selon l’usage juif, dans la lignée des ancêtres de sa femme et y avait été inscrit. Il était donc légalement fils d’Héli, père de Marie et aïeul Jésus (comparer Matthieu 1.1, 2e note).
Cette interprétation très ancienne n’est point inadmissible. Mais si l’on considère que l’une et l’autre explication reposent sur l’idée que Marie était fille d’Héli et que cette idée n’a d’autre fondement que la tradition juive dans le Talmud, il faudra convenir que quelque incertitude plane sur la question qui nous occupe.
Voir, sur notre passage, les observations de M. Godet dans son Commentaire sur saint Luc, et, dans un sens opposé, Jules Bovon, Théologie du Nouveau Testament, I, page 199.
La généalogie adoptée par Luc est placée ici d’une manière très naturelle, au moment où Jésus sort de l’obscurité et entre dans sa carrière publique (comparer la place de la généalogie de Moïse, dans Exode 6.14-27).
Matthieu, préoccupé de montrer la messianité de Jésus, place la généalogie en tête de son Évangile. La généalogie de Luc remonte jusqu’à Adam et à Dieu et relève ainsi dès l’abord l’idée de l’universalité du salut, qui se retrouve dans tout cet évangile. Matthieu, au contraire, écrivant pour le peuple juif, prend son point de départ en Abraham.
Les deux généalogies se rencontrent en David, mais tandis que Matthieu (Matthieu 1.6) descend jusqu’à Jésus par la lignée de Salomon, Luc (verset 31) remonte de Jésus à David par celle de Nathan. De David à Abraham, les deux généalogies concordent entre elles et sont conformes à l’Ancien Testament, dans lequel aussi Luc a puisé la dernière partie de sa généalogie de Thara à Adam.
Quelques noms des deux généalogies comparées offrent à la critique des difficultés dont on cherche de diverses manières la solution. Ainsi, les deux listes renferment les noms de Zorobabel et de Salathiel (Luc 3.27 ; Matthieu 1.12), quoiqu’elles suivent des lignées différentes ; ainsi encore le nom de Kaïnan (verset 36) manque dans le texte hébreu (Genèse 10.24) ; Luc l’a tiré de la version grecque des Septante, où il se trouve introduit par une variante. Sur ces mots : Fils de Dieu, comparez verset 23, 2e note.