Verset à verset Double colonne
1 Sentence, parole de l’Éternel à Israël par l’intermédiaire de Malachie.Sentence, parole de l’Éternel. Comparez Zacharie 9.1.
À Israël. Le prophète donne ce nom à toute la portion du peuple revenue de l’exil ; elle se composait en majeure partie de membres de l’ancien royaume de Juda et d’un certain nombre de membres de l’ancien royaume des dix tribus. Elle représente, par conséquent, à ses yeux la totalité du peuple.
Malachie. Voir l’introduction.
Je vous ai aimés. C’est le langage d’un père qui, d’un seul mot, remet sous les yeux de son enfant toute la tendresse de sa conduite pour lui faire sentir comment il devrait y répondre.
En quoi nous as-tu aimés ? Israël n’a d’yeux que pour sa misère présente et oublie la grâce signalée que Dieu vient de lui faire en lui rendant son existence nationale, sa patrie et son culte.
Ésaü n’est-il pas frère de Jacob ? Dieu démontre son amour par la différence qu’il a mise entre le sort d’Israël et celui d’un peuple qui était aussi bien descendant d’Abraham et d’Isaac qu’Israël lui-même et paraissait, par conséquent, avoir les mêmes droits aux bienfaits de Dieu, le peuple des Édomites.
J’ai haï Ésaü. Il ne s’agit ici ni d’Ésaü séparé de ses descendants, ni du peuple édomite isolé de son ancêtre. Le père et les descendants sont envisagés dans leur unité et présentés comme l’objet du déplaisir constant de Dieu. On connaît le rejet d’Ésaü, qui, comme l’aîné des fils d’Isaac, semblait devoir être l’héritier des promesses divines ; il fut mis de côté en raison de son esprit profane et charnel. Le rejet du peuple issu de lui est démontré par l’état de dévastation de son pays, qui fait un contraste frappant avec le rétablissement d’Israël. Les deux pères étant frères et les deux peuples tout proches voisins, cette différence fait sauter aux yeux celle du sentiment avec lequel l’Éternel les envisage et les traite.
Les montagnes. Celles de Séir, au sud-est de la mer Morte (Genèse 36.8). Les Chaldéens doivent avoir dévasté ce pays peu après la ruine de Jérusalem comparez Ésaïe 34.6-15.
Des demeures de désert. On a traduit aussi : je la livrerai aux chacals du désert ; notre traduction se justifie mieux grammaticalement. À des habitations de villes, le prophète oppose des tentes de bergers. Sur l’État d’Édom, voir Abdias.
Si Édom dit. Les Édomites essayèrent réellement de se relever, comme cela avait été accordé aux israélites. Ils y réussirent en partie, mais ils furent incorporés bientôt au peuple juif par Jean Hyrcan (135-106 avant Jésus-Christ) ; l’Idumée devint une province de la Judée et son nom disparut depuis la seconde ruine de Jérusalem.
Sur le territoire d’Israël. On a compris parfois comme s’il y avait de dessus, c’est-à-dire depuis le territoire d’Israël, dans ce sens que la Terre Sainte sera le point, de la terre d’où l’Éternel révélera sa majesté aux nations. Le texte hébreu est plus favorable à la traduction adoptée ici.
Pour faire rentrer en lui-même ce peuple mécontent, le prophète cherche à lui faire comprendre combien sa conduite envers Dieu est répréhensible. Il s’adresse à tout le peuple, mais spécialement aux sacrificateurs.
Un fils honore son père. Le prophète commence par énoncer une vérité admise par tout le monde et l’applique ensuite à ses auditeurs.
À vous, sacrificateurs. Il s’adresse à eux particulièrement, parce que c’étaient eux qui devaient donner l’exemple du respect pour Dieu et son culte ; mais on verra que les reproches qu’il leur adresse atteignent indirectement le peuple, qui était le premier coupable.
Vous dites. Le prophète aperçoit des signes de murmure chez les sacrificateurs, comme il en avait aperçu chez le peuple, verset 2.
Des aliments profanes. Littéralement, du pain souillé ; mais ce mot de pain est pris ici dans un sens figuré, car on n’apportait jamais de pain sur l’autel. Il s’agit de la chair des victimes, appelées Lévitique 21.6 ; Lévitique 21.8 ; Lévitique 21.17 ; Nombres 28.2, la nourriture de Dieu. C’est d’après la même image que l’autel est appelé plus loin la table de l’Éternel. Toute offrande ou tout sacrifice non conforme aux prescriptions légales, était un mets souillé qui déshonorait Dieu lui-même.
D’après Esdras chapitre 6, les frais du culte avaient d’abord été supportés par le trésor du roi de Perse, mais ce ne fut que pour un temps ; Néhémie dut les mettre à la charge du peuple (Néhémie chapitre 10). Celui-ci, trouvant sans doute cette charge trop lourde, faisait les choses le plus économiquement possible et les sacrificateurs, estimant que la pauvreté du peuple justifiait sa conduite, acceptaient pour l’autel des offrandes qui en étaient indignes. Malachie 3.10 prouve également qu’ils ne recevaient pas toutes les dîmes qui leur étaient dues, ce qui les portait à dédaigner leurs propres fonctions.
Est chose vile : ne nous rapporte pas ce qui devrait nous en revenir.
Une bête aveugle. Comparez Deutéronome 15.21 ; Lévitique 22.20-25.
Va donc la présenter. On ne se présente pas devant un supérieur, en Orient, sans lui offrir un présent.
À ton gouverneur : le chef du pays, appelé Pécha, titre donné, par exemple, à Zorobabel (Aggée 1.1) et que Néhémie portait sans doute, quand il était présent (Néhémie 5.14). Il était subordonné au gouverneur général des pays en deçà de l’Euphrate.
Allez donc supplier Dieu. Ordre ironique rappelant la fonction des sacrificateurs d’intercéder pour le peuple. Le sacrificateur, sachant bien que la victime n’était pas pure, aurait dû la refuser ; sinon, Dieu ne pouvait agréer le sacrifice.
Les portes. Celles du parvis intérieur où se trouvait l’autel des holocaustes. Il vaudrait mieux cesser de sacrifier que de le faire de la sorte.
Du levant au couchant. Comparez Ésaïe 59.19. On peut appliquer ces mots à l’état présent. Le prophète parlerait des Juifs qui, déjà alors, étaient répandus dans toutes les contrées de la terre et offraient partout leur adoration à l’Éternel. Mais quel droit avons-nous de supposer que ces Juifs en pays païens valussent mieux que ceux qui étaient revenus à Jérusalem ? On doit bien plutôt admettre le contraire et leurs simples prières ne pouvaient, dans tous les cas, être appelées de l’encens et des sacrifices. Il est évident que le prophète oppose non pas Juifs à Juifs, mais les païens aux Juifs. Plusieurs ont pensé qu’il le faisait dans ce sens : que Dieu acceptait comme un culte inconscient qui lui était rendu, les sacrifices et les prières qu’ils offraient à leurs fausses divinités. Mais comment cela s’accorderait-il avec ces expressions : Mon nom est grand chez les nations ? Ce qui suppose son nom hautement proclamé et adoré par elles. Il n’y a donc qu’un sens possible : le présent est ici le présent prophétique ; le prophète se transporte dans un avenir qu’il voit présent, où, d’une extrémité du monde à l’autre, le nom de Dieu sera connu et adoré, chez les Gentils aussi réellement qu’il est maintenant déshonoré au sein de son propre peuple. C’est une espérance fréquemment énoncée par les prophètes et les psalmistes, mais qui reçoit ci une expression particulièrement frappante.
Ce qu’elle rapporte. La part des victimes et des offrandes réservée aux sacrificateurs.
Quel ennui ! Expression de mépris pour une fonction qui rapporte si peu de chose.
Vous la traitez avec dédain. Littéralement : Vous soufflez sur elle en signe de mépris.
Vous amenez… Ils se plaignent et pourtant ce sont eux qui acceptent ces victimes tarées.
Maudit soit le fraudeur. La malédiction frappera, avec les sacrificateurs, tout Israélite qui ose agir de la sorte, en choisissant pour la part de l’Éternel ce qu’il a de moindre.