Verset à verset Double colonne
1 Livre de la généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham.On pourrait traduire aussi : livre de la naissance, ce qui fait que quelques-uns ont étendu ce titre aux deux premiers chapitres qui racontent la naissance de Jésus-Christ, d’autres même à tout notre évangile. Mais cette expression étant dans les Septante la traduction ordinaire de l’hébreu sepher tholedoth, livre des générations ou des familles Genèse 5.1 et ailleurs, c’est-à-dire liste généalogique, il est évident que c’est dans ce sens qu’il faut l’entendre. Sur ces deux noms de Jésus-Christ qui se trouvent ici dès la première ligne du Nouveau Testament, voir verset 16, note.
Le but de l’Évangile de Matthieu est de mettre en évidence le rapport intime et vivant des deux alliances, de montrer en Jésus-Christ l’accomplissement de toute l’histoire de son peuple (voir l’introduction). Or ce but, l’évangéliste le manifeste dès les premières lignes de son livre, par cette généalogie dont la signification est marquée d’abord par les deux grands noms de David et d’Abraham ;
Le Fils de Dieu est venu prendre sa place dans cette postérité d’Abraham et dans notre humanité qu’il devait renouveler. S’il ne s’était agi pour lui que d’apporter au monde des révélations nouvelles, une longue série de traditions aurait suffi et peut-être aurions-nous trouvé ici, au lieu d’une généalogie, le catalogue des livres de l’Ancien Testament. Mais la bénédiction promise à Abraham devait se réaliser dans sa postérité et consister en une création nouvelle, commencée dans la personne même du Libérateur. De là une généalogie qui n’a pas seulement pour but d’établir la filiation historique de celui-ci.
Mais, objecte-t-on, cette généalogie est celle de Joseph (verset 16) et dès lors ne répond plus au but que vous lui attribuez. Il parait que l’évangéliste en a jugé autrement, puisque, d’une part, il met un soin particulier à écarter la paternité de Joseph (versets 16, 18-21) et que, de l’autre, il conserve la généalogie. C’est qu’en remontant jusqu’à David et jusqu’à Abraham, il indique aussi l’origine généalogique de Marie, mère du Sauveur. Il donne à entendre que le « fils de David, fils Abraham », descend de ces grands personnages par sa mère, puisque ce n’est pas Joseph qui est son père.
Mais ce premier but atteint, la généalogie de Joseph n’était pas inutile aux yeux d’un Israélite. Durant tout le temps de sa vie, Jésus fut envisagé comme fils de Joseph Luc 3.23 ; Luc 4.22 ; Jean 6.42 et il devait l’être en vertu des plus hautes convenances. Mais, de plus, il y avait dans cette opinion ceci de fondé, que Joseph conférait à son fils adoptif un droit légal théocratique à la royauté, d’abord parce qu’il était lui-même descendant de David (verset 20) et ensuite parce que, en épousant Marie qui était, comme on le suppose généralement, héritière du nom de sa famille Nombres 27.8, il entrait légalement dans la lignée de sa femme et en prenait le nom. Néhémie 7.63 Quoi qu’il en soit de cette dernière opinion, qui n’est qu’une hypothèse vraisemblable, il est certain que le but de Matthieu est de constater la double origine de Jésus-Christ, telle qu’elle est révélée par le témoignage unanime du Nouveau Testament, savoir, sa descendance de David : Luc 1.27 ; Actes 2.30 ; 2 Timothée 2.8 ; Apocalypse 5.5 ; Apocalypse 22.16 ; Romains 1.3 comparez Matthieu 22.42 ; Marc 12.35 ; Luc 20.41 et en même temps sa naissance surnaturelle (versets 18 et 20).
Il faut remarquer le soin avec lequel ces derniers mots de la généalogie écartent l’idée que Joseph fut le père de Jésus. Il est bien appelé mari ou époux de Marie ; mais cette répétition constante du mot engendra cesse ici tout à coup et se trouve remplacée par ces termes : de laquelle est né Jésus (comparer versets 18-25).
Jésus, en hébreu Jehoschoua, même nom que celui de Josué Exode 24.13, signifie Jéhova est Sauveur et le récit qui va suivre (verset 21) rend le lecteur attentif à la belle signification de ce nom !
Christ, en hébreu Maschiah, grec Messias Jean 1.42 ; Jean 4.25 signifie OINT. Ce nom indiquait dans l’Ancien Testament la dignité royale, parce qu’on oignait d’huile, symbole de l’Esprit de Dieu, les rois, qui étaient ainsi consacrés pour leur charge. Il en était de même des sacrificateurs et des prophètes. 1 Samuel 24.7-11 ; Psaumes 2.2 ; Ésaïe 45.1 ; Daniel 9.25-26 ; Lévitique 4.3 ; Lévitique 4.5 ; Lévitique 4.16 ; 1 Rois 19.16
Jésus-Christ qui, pour réaliser l’idée de l’ancienne alliance dans la nouvelle, a rempli ces trois charges, était donc, par excellence, l’oint de l’Éternel et c’est sous ce nom de Messie, emprunté surtout au Psaume 2 et à Daniel 9.25-26, que son peuple l’attendait.
Lui-même, en prêchant dès l’entrée de son ministère un royaume de Dieu dont il était le Chef, a donné à cette notion toute sa vérité et sa spiritualité. Aussi, dans son Église, le titre de Christ devint peu à peu un nom propre, mais sans rien perdre de sa haute signification. Ce n’est point sans intention que les écrivains sacrés l’appellent tantôt Jésus, tantôt le Christ, ou lui donnent ce double nom de Jésus-Christ, comme le fait notre Évangile dès la première ligne (verset 1). Et Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ. Il faut remarquer le soin avec lequel ces derniers mots de la généalogie écartent l’idée que Joseph fut le père de Jésus. Il est bien appelé mari ou époux de Marie ; mais cette répétition constante du mot engendra cesse ici tout à coup et se trouve remplacée par ces termes : de laquelle est né Jésus (comparer versets 18-25).
Les exégètes se sont donné beaucoup de peine pour retrouver la division d’après laquelle l’auteur établissait ces trois séries de quatorze générations. Nous remarquerons seulement que les générations de la première période, d’Abraham à David, sont énumérées, sans omission, conformément à : 1 Chroniques 1.34 ; 1 Chroniques 2.1-15 ; elles sont au nombre de quatorze. Dans la seconde période, l’auteur a retranché quatre rois de Juda : Achazia, Joas, Amazia, entre Joram et Ozias (verset 8) et Jojakim, entre Josias et Jechonias (verset 11).
On cherche en vain les raisons de ces retranchements. La liste a de la sorte quatorze noms, si l’on compte Jechonias comme le dernier de cette période. Mais dans ce cas la troisième série, composée en grande partie de noms inconnus, qui n’ont pas été puisés dans des sources bibliques, ne comprendrait que treize noms. On explique cette anomalie par une inadvertance de copiste, car l’auteur de la généalogie, en établissant sa triple division, avait évidemment sous les yeux quatorze noms pour chaque série.
Les uns pensent que l’omission a été faite dans la dernière série.
Les autres (Calvin) considèrent Jechonias comme le premier de la troisième série et pensent que le nom omis est celui de Jojakim, dans la seconde série. Ce nom se trouve, en effet, dans quelques manuscrits au verset 11.
Une autre particularité de cette généalogie est la mention de quatre femmes : Thamar, Rahab, Ruth, Bath-Scheba (versets 3-6).
L’intention de l’auteur peut avoir été de relever le fait que ces femmes ne furent admises que par une dispensation très exceptionnelle à l’honneur d’être comptées parmi les ancêtres du Messie, leur situation naturelle paraissant les en exclure d’une manière absolue. L’économie de la grâce se montre ainsi en germe dans l’ancienne alliance.
Le but de notre évangéliste, dans cette récapitulation des membres de la généalogie en trois séries de quatorze, est de faire ressortir le plan suivi par Dieu dans la manière dont il a conduit les destinées du peuple élu. Quatorze générations s’étaient succédé depuis Abraham, à qui la promesse avait été faite, jusqu’à David, à qui elle avait été renouvelée, avec cette affirmation que le Messie naîtrait de sa race. Quatorze générations s’étaient succédées depuis la fondation de la royauté théocratique jusqu’à son effondrement, lors de la déportation à Babylone.
Depuis ce grand châtiment, une nouvelle période de quatorze générations venait de se terminer : n’était-on pas en droit d’attendre quelque événement extraordinaire, voire même la venue de celui qui devait restaurer le trône de David ? L’apparition de Jésus à ce moment précis de l’histoire n’était-elle pas, pour l’Israélite croyant, une preuve qu’il était bien le Christ annoncé par les prophètes ?
Quant aux rapports non moins difficiles de notre généalogie avec celle qu’a conservée Luc, voir les notes sur cette dernière. Ainsi toutes les générations d’Abraham jusqu’à David, furent quatorze générations ; et de David jusqu’à la déportation à Babylone, quatorze générations ; et depuis la déportation à Babylone jusqu’au Christ, quatorze générations.
Joseph voyant que Marie, sa fiancée, était enceinte, prend la résolution de la répudier secrètement (versets 18-19).
Mais un ange lui révèle en songe le mystère de cette conception qui provient du Saint-Esprit et lui ordonne d’appeler l’enfant qui naîtra de Marie Jésus, car il sera le Sauveur (versets 20-21).
L’évangéliste montre dans cet événement l’accomplissement de la prophétie d’Ésaïe concernant Emmanuel (versets 22-23).
Joseph obéit, prit Marie sa femme, mais ne la connut point jusqu’à la naissance de Jésus (versets 24-25).
Ici comme au verset 16, l’évangéliste met un soin particulier à écarter l’idée d’une naissance naturelle et à préparer la révélation importante qu’il va raconter (verset 20). Cette circonstance que Marie avait été fiancée à Joseph, qui bientôt l’épousera, était nécessaire dans les desseins de Dieu pour la mettre à l’abri des soupçons injurieux et pour que Jésus fût envisagé comme fils de Joseph, aussi longtemps que le mystère de sa naissance ne pouvait pas être révélé. Mais il résulta de là, pour les deux fiancés, une situation douloureuse, tragique, que Matthieu décrit dans les versets suivants. Il faut compléter son récit par celui de Luc 1.26-35, où l’on voit la révélation de ce même mystère accordée à Marie, tandis qu’ici elle est faite à Joseph. L’une et l’autre manifestations étaient nécessaires et bien loin d’être en contradiction l’une avec l’autre, comme on le prétend, ce n’était que par cette double révélation que la position réciproque de Marie et de Joseph pouvait s’éclaircir. On s’est demandé, en effet, comment Marie, avertie depuis quelque temps déjà, selon le récit de Luc, de tout ce qui allait lui arriver, l’avait laissé ignorer à son fiancé et comment celui-ci, étonné de la situation qu’il découvre inopinément (Marie fut trouvée), peut prendre la résolution dont parle le verset 19. À cela on a fait deux réponses également naturelles : Ou Marie, à cause de tout ce qu’il y avait de mystérieux et de délicat dans la révélation qu’elle avait reçue, garda modestement le silence, en s’en remettant à Dieu ; ou bien elle parla et Joseph conserva des doutes sur une situation aussi extraordinaire ; et, dans l’un ou l’autre cas, l’envoi d’un message céleste à Joseph devenait nécessaire. Luc et Matthieu présentent donc deux récits parallèles, non contradictoires.
Cette qualité de juste attribuée à Joseph imposait à sa conscience deux devoirs contradictoires, sources de douloureux combats. D’une part, il ne pouvait pas épouser Marie, ne sachant pas ou ne croyant pas le mystère de sa grossesse ; d’autre part, il ne voulait pas l’exposer publiquement à l’ignominie et moins encore aux rigueurs de la loi qui prononçait dans ce cas la peine de mort (Deutéronome 22.23 et suivants). Il résolut donc de se séparer d’elle secrètement, sans doute par une lettre de divorce qui n’aurait point indiqué la cause de la séparation. Deutéronome 24.1
Par là, Marie aurait échappé à la peine prescrite par la loi et à une procédure publique, mais non à l’opprobre de sa situation. Humblement résignée à toute la volonté de Dieu Luc 1.38 sera-t-elle abandonnée de lui dans cette épreuve ? Non, Dieu dut-il envoyer pour sa délivrance et pour l’accomplissement de ses propres desseins un ange du ciel, il le fera (verset 20 ; comparer verset 18, note).
Ce terme fils de David devait sans doute rappeler à Joseph les promesses faites à la maison de ce roi d’Israël et qui allaient s’accomplir. Sa foi à la Parole de Dieu devait lui venir en aide dans ses doutes actuels. La prendre auprès de toi, c’est-à-dire l’épouser publiquement, suivant le cérémonial en usage (comparer verset 25, note).
Ta femme, parce que, chez les Hébreux, les fiançailles étaient, avec raison, regardées comme équivalentes au mariage (verset 24).
Ce fait divin, que l’évangéliste a déjà indiqué (v 18), est révélé à Joseph par un ange de Dieu, dans le but spécial de dissiper tous ses doutes. De ou de par l’Esprit-Saint indique la cause efficiente de l’existence humaine de Jésus. Cet Esprit de Dieu qui « se mouvait sur les eaux » du chaos, Genèse 1.2 pour y créer la vie et l’harmonie, cet Esprit, source de toute existence, fut, par un acte de la puissance créatrice qui lui est propre, l’agent du miracle.
Ce miracle, l’Église y a toujours cru, non seulement parce qu’il est si simplement raconté ici et dans l’Évangile de Luc comme un fait historique, mais parce qu’il est une donnée nécessaire dans l’œuvre divine de la rédemption du monde. Quiconque croit avec saint Jean que la Parole éternelle a été faite chair, que le Fils de Dieu est devenu fils de l’homme, que Jésus-Christ a été parfaitement saint, que, second Adam, il a été a l’origine d’une humanité nouvelle, admettra aussi qu’il a fallu cette exception unique dans notre race corrompue pour briser la filiation des générations naturelles.
La rédemption, qui est une création nouvelle, ne pouvait pas sortir de notre humanité, bien qu’elle dût s’accomplir en elle par un être qui en fit partie. On voit par là l’importance de ce point de départ et dans la vie de Jésus et dans le christianisme tout entier, comme aussi les conséquences de la négation de cette vérité historique. Il en est une qu’on n’envisage qu’avec une répugnance profonde : c’est que, dans la situation qui nous est ici racontée de la mère du Sauveur, si la parole de l’ange n’est pas vraie,…on touche à un blasphème !
Voir sur le nom de Jésus verset 16, note.
Son peuple, le peuple de Dieu lui appartient, car c’est lui qui l’a racheté.
Sauver des péchés signifie délivrer d’abord des conséquences de ces péchés, c’est-à-dire de la condamnation et de la mort ; puis, de la puissance du péché, de la servitude, par le don de la liberté et d’une vie nouvelle.
Cette expression afin que fût accompli, qui revient si souvent dans cet évangile, doit se prendre dans son sens naturel et grammatical, afin que et non en sorte que.
Il fallait que l’événement eut lieu, parce qu’il était dans le plan de Dieu et annoncé à l’avance. Seulement il faut faire deux remarques :
Ésaïe 7.14 cité d’après les Septante. On peut voir dans ce chapitre d’Ésaïe quel fut le premier objet et le premier accomplissement de cette prophétie.
Aux jours d’Achaz, les rois d’Israël et de Syrie s’étant ligués contre Jérusalem. Ésaïe fut envoyé auprès du roi de Juda pour le rassurer au nom de l’Éternel sur l’issue de la guerre et il donne ce signe pour marquer la certitude et l’époque de la délivrance : Une jeune fille a conçu, elle enfantera un fils, elle pourra le nommer Immanouel, Dieu avec nous ; car avant que l’enfant sache discerner le bien et le mal, c’est-à-dire avant que quelques années se soient écoulées, le secours de l’Éternel aura paru, son peuple sera délivré et il aura la preuve que Dieu est avec lui (voir les diverses interprétations de cette prophétie dans la Bible annotée).
Maintenant, comment l’évangéliste applique-t-il cette prophétie à un tout autre événement, c’est-à-dire à la naissance de Jésus de la vierge Marie ? En général, lorsque les auteurs du Nouveau Testament font cet usage de l’Ancien, ils n’entendent pas faire un simple rapprochement de circonstances analogues, ni une application arbitraire de la citation ; mais ils reconnaissent aux faits cités de l’Ancien Testament un sens typique et prophétique qui est réellement accompli par les événements du Nouveau Testament qu’ils racontent. Pour eux, le sens historique premier n’était pas l’essentiel, mais bien la signification messianique qui était dans la pensée divine.
Cette manière d’interpréter l’Ancien Testament n’est pas seulement fondée sur l’enchaînement historique et nécessaire des choses et sur les vues populaires que les écrivains du Nouveau Testament partageaient avec leur nation ; mais, d’une part, sur le fait que l’idée messianique pénètre la prophétie tout entière et, d’autre part, sur l’illumination de l’Esprit de Dieu, par laquelle ils reconnaissaient avec certitude dans le plan divin la préexistence des faits chrétiens et des idées chrétiennes qui s’y étaient providentiellement produits.
C’est en cela que gît, à la fois, la vérité des types que le Nouveau Testament sanctionne de son autorité et les limites à opposer à la recherche arbitraire de types que le Nouveau Testament ne sanctionne pas.
Ainsi nous devons admettre pleinement le premier sens historique de la prophétie, le signe donné à Achaz, signe réalisé en son temps par la délivrance de Jérusalem, mais nous devons admettre aussi, avec l’évangéliste, que la prophétie avait une portée plus lointaine et infiniment plus grande et que c’est Jésus, naissant d’une vierge, qui en a été le vrai accomplissement.
La prophétie est une vue en perspective, avec un premier, un second et souvent un troisième plan, dont chacun vient à son heure, sous la direction de Dieu qui gouverne le monde. Ainsi Ésaïe, dans la seconde partie de son livre, n’annonce presque jamais une délivrance temporelle du peuple de Dieu sans élever son regard et ses espérances jusqu’à la grande délivrance par le Libérateur promis.
Obéissant à la parole de l’ange, Joseph accomplit sans retard la cérémonie du mariage, mais celui-ci ne fut consommé que plus tard.
Au lieu de ces mots : son fils premier-né, qui se lisent dans C, D, la plupart des majuscules, les versions syriaque, arménienne et des Pères, le Codex Sinaiticus, B, les versions égyptiennes, la Syriaque de Cureton ont seulement : son fils. On peut soupçonner la dernière d’être une correction faite sous l’influence de l’idée très ancienne de la virginité perpétuelle de Marie.
Ce mot de premier-né (qui du reste se retrouve dans Luc 2.7) ne serait pas à lui seul une preuve décisive du contraire ; mais il prend un sens bien plus positif dans l’ensemble de cette phrase : il ne la connut point jusqu’à ce que.
Si l’auteur de notre Évangile avait eu la conviction que Marie n’avait jamais eu d’autres enfants, il n’aurait pas pu écrire ces mots. D’ailleurs Jésus avait des frères dont il était le premier-né, et, malgré la controverse qui s’est prolongée au sujet de ces frères, jamais on n’est parvenu à rendre probable qu’ils ne fussent que des cousins. On se trouve donc en présence d’un préjugé qui a peu à peu dégénéré en une véritable idolâtrie et sans lequel personne n’eut jamais conçu le moindre doute sur la signification de notre récit.