Verset à verset Double colonne
Le recueil des Psaumes a pour titre, en hébreu, Thehillim (louanges). Le Psaume 145 est le seul qui soit désigné par ce même nom au singulier : Thehilla. Aurait-on voulu indiquer par là qu’à partir de ce psaume, jusqu’à la fin du recueil, c’est la louange pure qui se fait entendre, sans mélange aucun de complainte, de supplication ou même de prière proprement dite ?
Ce cantique de louange est le dernier des psaumes alphabétiques (voir Introduction et la première note de Psaume 9). Chaque verset du psaume, s’ouvrant par la lettre correspondante de l’alphabet hébreu, vient à son tour et en son rang apporter son hommage à l’Éternel. Nous avons essayé de rendre comme suit les premiers versets du psaume, en commençant, comme le fait l’hébreu, le premier mot de chaque verset par la lettre de l’alphabet à laquelle correspond ce verset. On remarquera que la troisième lettre hébraïque correspond à notre G.
Une lettre, parmi les vingt-deux que compte l’alphabet hébreu, est omise dans notre psaume et il ne pouvait en être autrement, si c’est à dessein que le psalmiste a donné à son cantique vingt-et-un (trois fois sept) versets. La lettre absente, le N (nun), aurait sa place entre les versets 13 et 14, à l’une des coupures du psaume.
Le nom de David, dans la suscription nous paraît, s’expliquer, comme pour d’autres psaumes de ce groupe, par la reproduction, dans ce cantique, de paroles d’anciens psaumes. Voir versets 2, 8, 15, 16.
On peut intituler comme suit les trois parties principales du psaume :
Mon Dieu, ô Roi, littéralement : mon Dieu, le Roi, toi qui es le Roi par excellence.
Chaque jour…, à toujours… C’est ici le cri de l’âme humaine subjuguée par la vision de la gloire et de la miséricorde divines. Elle comprend que le rôle de la créature intelligente, au sein de l’univers, est de louer Dieu, de le louer chaque jour de nouveau, et cela, éternellement. L’idée même de l’interruption que la mort apportera à cette louange ne l’aborde pas, tant il est vrai qu’une telle interruption est peu conforme à l’ordre véritable des choses. On croirait entendre ici le cri d’adoration de l’homme que n’a pas encore atteint le péché. Le fait que de tels accents se produisent sous l’ancienne alliance, avant l’accomplissement de la rédemption, fait toucher du doigt la présence, au milieu de l’ancien peuple de Dieu, de l’Esprit divin, élevant par anticipation le croyant au-dessus de la sphère du péché et de la mort, dans cette sphère nouvelle où vit actuellement celui qui est en Christ (Éphésiens 2.6). Aussi comprend-on cette antique déclaration des rabbins : Quiconque récite trois fois par jour la Louange de David peut être assuré d’être un enfant du monde à venir.
Grand est l’Éternel… : parole reproduite de Psaumes 48.2.
La splendeur de la gloire de ta majesté. Dans son saisissement, le psalmiste accumule les termes destinés à rendre l’impression que fait sur lui la grandeur de l’Éternel. De pareilles accumulations de termes se trouvent fréquemment dans les épîtres de Paul ; voir par exemple Éphésiens 1.6, Éphésiens 1.19.
Tes actes redoutables. Ils le sont par leur grandeur même et par le caractère de jugements qu’ils revêtent parfois.
On répandra, littéralement : On fera jaillir, comme une source bouillonnante (comparez Psaumes 19.3, note). C’est de ce verbe naba (jaillir) qu’est dérivé le mot nabi, prophète.
Ta bonté…, ta justice. Ce sont là, au sein de l’infinie grandeur de l’Éternel, comme les deux cimes étincelantes sur lesquelles se fixe le regard du psalmiste. Le terme de justice doit être pris ici, comme en plusieurs autres endroits, dans un sens beaucoup plus large que celui de justice rétributive (voir Psaumes 143.1, note).
Voir Psaumes 103.8, note.
Envers tous. Il est à remarquer combien ce mot tous, accentuant l’universalité de la grâce divine, revient souvent dans ce psaume. Ceux-là seuls seront exclus, qui s’excluent eux-mêmes (verset 20).
Toutes tes œuvres te loueront. C’est ici la réponse de la création à la sollicitude dont elle en l’objet de la part de l’Éternel. Au milieu de ce concert universel, le témoignage des fidèles a une importance particulière. Ils ont à faire connaître à tous (verset 12) ce qui les remplit eux-mêmes de joie, pour que, leur cantique de louange devienne celui de tous.
Un règne de tous les siècles… Ce verset se retrouve presque textuellement dans le témoignage que Nébucadnetsar rend au Dieu suprême. Daniel 4.3.
L’Éternel soutient ceux qui tombent. Comparez le programme tracé par Ésaïe de l’œuvre du Serviteur de l’Éternel (Ésaïe 42.1-4 ; Matthieu 12.18-21).
Ce ne sont pas seulement les hommes, mais toutes les créatures, qui s’attendent à lui et vivent de sa bonté. Comparez Psaumes 104.27.
En son temps : à l’heure du besoin. Ce psaume était, dans l’ancienne Église, le psaume du repas principal de la journée.
Qui l’invoquent en vérité. Il ne saurait être près de ceux qui l’invoquent d’une manière formaliste, parce que leur cœur reste éloigné de lui.
Il accomplit le souhait de ceux qui le craignent. Ce souhait est lui-même inspiré par la crainte et l’amour qu’ils ont pour l’Éternel.