Verset à verset Double colonne
Non seulement l’Éternel a fait lever une corne en Israël (Psaumes 148.14), mais il fait de lui l’instrument de sa victoire sur les nations. C’est là ce que proclame le Psaume 149. Il appartient évidemment à la même époque que les précédents et nous montre quelles grandes espérances conçurent les Juifs revenus de l’exil, lorsqu’ils virent leur capitale munie de remparts. Ces espérances eurent un commencement de réalisation lors du soulèvement des Maccabées, mais, ainsi que le fait ressortir Calvin, on n’a pas aperçu la moitié de cette magnificence avant que le Christ fût manifesté. C’est dans un sens spirituel que Dieu se réservait d’accomplir de telles promesses.
En envisageant le premier verset comme une introduction, nous trouvons dans le psaume deux strophes, de quatre versets chacune. La première célèbre avec la plus grande vivacité la joie du peuple, jadis presque anéanti, que Dieu pare de son salut (versets 2 à 5) ; la seconde annonce la victoire complète d’Israël sur toutes les nations (versets 6 à 9).
À l’ère nouvelle dans laquelle entre Israël répond un cantique nouveau.
Sa louange dans l’assemblée : reproduction presque textuelle de Psaumes 148.14.
Avec des danses : danses sacrées, accompagnées du chant des cantiques ; voir 2 Samuel 6.14.
Les humbles : ceux qui ont supporté, sans défaillir dans leur foi, la souffrance et le mépris (Psaumes 147.6).
Des cris de joie sur leur couche. Même à l’heure du repos, ils ne pourront s’empêcher de pousser des cris de joie, de même qu’autrefois ils se lamentaient jusque sur leurs lits (Osée 7.14).
L’épée… la vengeance. Israël a représenté sur la terre la cause de l’Éternel. Son histoire est une longue lutte contre les puissances idolâtres. Si Babylone s’est ouverte, pour le laisser sortir comme du tombeau, cela ne s’est pas fait pour qu’il restât dans un état d’infériorité ; cette délivrance était bien plutôt le point de départ de la victoire complète. Il est certain que cette victoire, promise à Israël par tous ses prophètes, pouvait être comprise dans un sens extérieur et politique, celui auquel s’attachait l’Israël charnel, ou dans un sens spirituel, celui que Dieu avait en vue et que le Christ a dégagé de tout alliage. Avant la venue du Seigneur, les plus éclairés mêmes, parmi les hommes de l’ancienne alliance, avaient peine sans doute à faire la distinction qui nous semble toute naturelle. Ils attendaient à la fois une victoire matérielle et un triomphe spirituel, l’une étant la condition de l’autre. Cependant il faut bien reconnaître que, dans la mesure même où la victoire cessait d’être, aux yeux de ces hommes, celle du Dieu saint, pour devenir la glorification d’un peuple particulier, Israël cessait d’être Israël et redescendait au niveau de ces nations qu’il devait subjuguer. Voilà pourquoi nous ne saurions partager le point de vue qui voit dans la fin de ce psaume l’expression d’une soif de vengeance tout humaine. Quant à ceux qui, après la venue du Sauveur, n’ont pas craint de s’appuyer sur un psaume tel que celui-ci, pour justifier des guerres d’extermination, ils ont montré par là que l’esprit qui les animait n’était ni celui de Christ, ni même celui de l’ancien Israël, mais un esprit d’orgueil, qui ne pouvait que les entraîner à d’épouvantables aberrations. Citons comme exemples, d’après Delitzsch, ce Gaspard Schoppe (Scioppius), qui se servit de notre psaume pour décider les princes catholiques à déchaîner la guerre de Trente Ans et Thomas Münzer, qui réussit, par ce même moyen, à allumer la guerre des paysans.
Les louanges de Dieu…, l’épée à deux tranchants… Le deuxième livre des Maccabées fait sans doute allusion à cette parole, en représentant les héros juifs comme combattant de leurs mains et louant Dieu dans leurs cœurs (2 Maccabées 15.27).
Des ceps : des blocs de bois ou de fer dans lesquels étaient retenues et fortement serrées les jambes des prisonniers. Comparez Actes 16.24.
Le jugement qui est écrit. Israël vainqueur sera l’exécuteur d’une sentence divine. Cette sentence, maintes fois énoncée par les prophètes, peut aller jusqu’à la condamnation définitive de ceux qui persistent dans leur inimitié contre l’Éternel (Nombres 31.8 ; 1 Samuel 15.32), mais elle prévoit aussi la grâce de ceux qui se soumettent (Ésaïe 45.14). Le pouvoir donné par le Seigneur à ses disciples de pardonner ou de retenir les péchés (Jean 20.23) est l’application spirituelle de cette parole.
C’est là la gloire… Le jugement à exercer sur le monde sera le privilège du peuple de Dieu, qui sera ainsi rendu participant d’une prérogative divine.