Verset à verset Double colonne
L’auteur de cette complainte est atteint d’un mal douloureux, dans lequel il voit le châtiment de graves péchés. Ses amis le fuient ; ses ennemis ne se font pas faute de répandre à son sujet des accusations en face desquelles le sentiment qu’il a lui-même de sa culpabilité lui ferme la bouche. La seule chose qu’il puisse faire, c’est de recourir à l’Éternel et de compter non seulement qu’il lui fera grâce, mais qu’il prendra sa défense.
Ce psaume reproduit plusieurs des pensées et même des expressions du Psaume 6, dont il se distingue en accentuant plus nettement l’idée du péché. Si nous rattachons les Psaumes 6, 38, 51 et 32 aux suites douloureuses du grand péché de David (2 Samuel 11.1-27), il est intéressant de constater, avec Delitzsch, le travail d’âme qui s’y révèle. De l’un à l’autre des trois premiers psaumes, on voit se dégager plus fortement le sentiment de culpabilité qui finit par s’exprimer dans la confession, du Psaume 51, aussitôt suivie de l’assurance et de la joie du pardon (Psaume 32).
Les quatre premières strophes du Psaume 38 décrivent essentiellement l’état de souffrance du malade (versets 2 à 9) ; les trois suivantes, l’attitude de ses amis et de ses ennemis, en face de sa faiblesse (versets 10 à 15) ; les quatre dernières sont un appel à l’Éternel (versets 16 à 23). Chacune de ces trois parties commence par une invocation.
Pour mémorial. Lorsqu’un Israélite offrait une oblation de fleur de farine, arrosée d’huile, une partie de son offrande était consumée avec l’encens sur l’autel. Ce qui montait ainsi vers le ciel en fumée était appelé mémorial (voir Lévitique 2.2, note). Notre psaume devait être chanté, avec accompagnement de musique, au moment où ce mémorial était consumé. Peut-être aussi le psalmiste compare-t-il sa prière à la fumée du sacrifice qui monte vers le ciel. La même indication accompagne le Psaume 70.
Ne me reprends pas… reproduction presque littérale de Psaumes 6.2.
Tes flèches m’ont atteint, littéralement : sont tombées sur moi, comme lancées de haut. La même image est employée Deutéronome 32.23 ; Job 6.4.
Ma chair…, mes os : le mal est à la fois extérieur et intérieur.
Au-dessus de ma tête : comme des eaux débordées. Comparez Psaumes 69.3.
Comme un fardeau : cette image peut s’entendre de la peine du péché, aussi bien que du péché même.
Remplis d’inflammation. Comparez Psaumes 32.3-4.
Je rugis. Comparez Psaumes 32.3.
Dans le tourment, littéralement : dans la tourmente ; image empruntée à l’agitation de la mer.
Dans son extrême faiblesse (versets 10 et 11), le malheureux voit ses amis s’éloigner, ses ennemis triompher (versets 12 à 15).
Mon désir est devant toi. Quand les paroles manquent, le croyant sait que Dieu comprend son soupir (Romains 8.26).
La clarté de mes yeux : son regard est troublé et même parfois complètement voilé par la force de la maladie.
Loin de ma plaie, littéralement : loin du coup (dont Dieu m’a frappé). L’hébreu néga ou désigne souvent la lèpre, que l’on distinguait des autres maladies comme un châtiment mettant le malade en état de souillure. Les amis de David l’envisagent donc comme spécialement frappé de Dieu et sont retenus loin de lui par une sorte de crainte (Psaumes 31.12). Job se plaint d’un isolement pareil (Job 6.21 ; Job 19.13 et suivants)
Tandis que les amis sont impuissants et consternés, les ennemis travaillent activement à consommer la ruine du malheureux.
Le ton de la prière domine dans toute cette dernière partie du psaume, alors même que la dernière strophe seule est une requête formelle.
Car c’est à toi… On s’attend à voir le malade expliquer son silence en face de ses accusateurs par le sentiment qu’il a de sa culpabilité et tel est sans doute le premier motif qui l’empêche de répliquer. Mais soudain, par un élan de foi, il trouve une autre raison de se taire, qui devient la principale : l’Éternel répondra pour lui. Que de fois en effet Dieu a répondu pour ceux qui savaient se taire à propos : pour Joseph, en le faisant sortir de prison pour Moïse, en face d’Aaron et de Marie (Nombres 12.1-15) ; pour David, en lui pardonnant ; pour Jésus-Christ, en le ressuscitant.
Car j’ai dit… Dieu prendra sa défense, car il serait contraire à sa gloire que les ennemis de David, qui sont aussi les siens, se réjouissent d’un triomphe complet, eux qui s’élèvent orgueilleusement au moindre faux pas de celui qu’ils haïssent.
Car je suis près de tomber. Le psalmiste revient à sa triste situation.
Mes ennemis vivent, tandis que moi je suis déjà comme mort.
Parce que je recherche le bien. Les péchés dont David s’accuse et dont ses ennemis se font une arme contre lui ne sont pas la vraie cause de leur inimitié, au contraire, c’est à cause du bien qu’il a fait qu’ils le haïssent. Comparez Psaumes 69.8-11.