Verset à verset Double colonne
Dieu a jadis accompli de grandes œuvres en faveur d’Israël (versets 1 à 9). Maintenant ce peuple est la proie de ses ennemis (versets 10 à 17). Ce n’est point à cause de sa désobéissance qu’il souffre à cette heure ; c’est au contraire pour sa fidélité à Jéhova (versets 18 à 23). Aussi se sent-il le droit d’en appeler à Dieu (versets 24 à 27).
À quelle époque convient une situation semblable ? Les défaites mentionnées versets 10 à 12 ne s’appliquent pas, ainsi qu’on l’a cru, aux guerres des Maccabées, qui furent victorieuses dès le début ; ce qui est dit de la fidélité du peuple ne convient pas non plus à cette époque, signalée par la défection de nombreux Israélites. Il faut remonter jusqu’au temps de David, pour trouver un moment où Israël, exempt dans son ensemble d’idolâtrie, a pourtant été victime de dévastations et de massacres. Tandis que David combattait contre les Syriens et poussait ses expéditions jusqu’à l’Euphrate, les Édomites semblent avoir envahi le midi de Juda (2 Samuel 8.13, note). Les massacres qu’ils y commirent ne sont nulle part expressément racontés, mais ils motivèrent sans doute la vengeance terrible que Joab exerça sur eux au retour de la guerre de Syrie (1 Rois 11.15).
Cette supposition est confirmée par le Psaume 60, qui se rapproche fort de celui-ci et qui fait spécialement allusion à la conquête d’Édom.
Méditation : voir Psaumes 32.1, note.
De nos oreilles : il s’agit, non d’un rêve de l’imagination, mais d’un témoignage certain.
Ce n’estpas…, c’est… Tel est le trait distinctif de l’histoire du peuple de Dieu : l’œuvre humaine s’efface devant celle de Dieu.
Ta droite… ton bras…, ta face : l’intervention divine, toujours plus manifeste, aboutit à la pleine manifestation de la puissance de Dieu, soit pour détruire, soit pour sauver.
Tu les aimais : c’est la raison première et dernière de l’intervention divine. Comparez Romains 9.16.
Toi, ô Dieu… Dans ce regard jeté sur le passé, la foi puise la certitude de ce qui doit se produire à l’avenir, si le croyant continue à tout attendre de son Dieu.
Ordonne : en vertu de ce que tu es roi. Pas de délivrance, sans un ordre divin.
En Dieu nous nous glorifierons… Puisque tout vient de Dieu, toute gloire lui appartient et le croyant n’a pas d’autre sujet de gloire que le fait d’appartenir à un tel Dieu (Psaumes 3.4).
Tandis que la foi triomphe, formulant ce qui doit être (versets 5 à 9), conformément à ce qui a été (versets 2 à 4), la réalité est là, donnant un complet démenti à de telles espérances. Dieu n’est plus avec nous (verset 10), nos armées sont battues (verset 11), l’ennemi emmène des prisonniers (verset 12) qui sont vendus à vil prix (verset 13), de sorte qu’Israël, risée des autres peuples (versets 14 et 15), a honte de lui-même (versets 16 et 17). Que de fois ces défaites et cette confusion n’ont-elles pas été celles de l’Église !
Nos armées. Il s’agit sans doute des troupes levées à la hâte pour combattre les Édomites, l’élite des soldats de David étant encore en Syrie.
Comme des brebis à dévorer… Les uns sont massacrés, les autres vendus sur des marchés d’esclaves. Amos 1.11 et Abdias 1.10-14 reprochent à Édom des crimes semblables. Si l’homme est l’instrument de ces maux, ils n’en procèdent pas, moins de Dieu (tu as cessé…, tu as livré… etc.).
L’ennemi et le vindicatif : deux termes déjà réunis Psaumes 8.3, pour désigner un ennemi irréconciliable, s’il s’agit des hommes, obstinément rebelle, s’il s’agit de Dieu.
De tels désastres sont d’autant plus inexplicables qu’ils n’ont pas pour cause l’infidélité d’Israël (versets 18 à 22) ; c’est bien plutôt le fait d’appartenir au vrai Dieu qui excite la jalousie et la haine des ennemis (verset 23).
Détourné : ce serait la révolte intérieure ; écartés : ce seraient les transgressions dans la vie ; voilà ce qui aurait pu attirer justement sur Israël les calamités dont il souffre. Bien que l’homme ne puisse jamais se justifier lui-même, il est des cas où sa conscience ne lui reproche rien de spécialement criminel.
Où demeurent les chacals : le désert dans le désert ; image de la misère la plus affreuse.
Le nom et tout ce que ce nom renferme.
étendu nos mains, dans l’attitude de la prière. Voir Psaumes 28.2, note.
Dieu n’en serait-il pas informé ? Le psalmiste, parlant à Dieu, prend Dieu lui-même à témoin de la vérité de ce qu’il dit. Comparez Job 31.4.
À cause de toi. Ce verset est cité par saint Paul, comme une description anticipée des persécutions auxquelles est exposé le peuple de la nouvelle alliance (Romains 8.36). Et c’est bien ici le trait le plus remarquable du psaume. Il y a eu des moments où Israël a compris qu’il avait à souffrir à cause de son Dieu. Seulement le psalmiste s’en étonne, tandis que saint Paul se réjouit d’entrer par là plus profondément dans la communion des souffrances de Christ (Philippiens 3.10).
Réveille-toi. Dieu semble dormir, quand il n’agit pas.
Notre âme : ton souffle en nous ; notre corps, littéralement : notre ventre, ce qu’il y a de plus terrestre en nous.
À cause de ta bonté. Même quand il se sent innocent, Israël n’a aucun droit à faire valoir ; la grâce de Dieu reste libre et c’est en vertu de son amour que Dieu agit.