Verset à verset Double colonne
Nous savons par le premier livre de Samuel que la haine de Saül contre David ne provenait pas uniquement de la jalousie du roi. Des courtisans s’appliquaient à la réveiller, quand elle s’affaiblissait, en accusant David de former des complots criminels pour s’emparer de la royauté (1 Samuel 20.31 ; 1 Samuel 24.10). Une calomnie de ce genre impressionna vivement le fugitif et fut l’occasion de la composition de ce psaume. Elle doit avoir été formulée vers la fin des persécutions de Saül, puisque David semble faire allusion (verset 5) aux occasions dans lesquelles il épargna la vie de son persécuteur. Nous trouvons même une analogie frappante entre les pensées et les expressions de notre psaume et les paroles rapportées 1 Samuel 24.12-13 ; 1 Samuel 26.19, 1 Samuel 26.23. Là, comme ici, David proteste de son innocence, il en appelle au jugement divin et déclare qu’il n’y a aucune iniquité en sa main (verset 4 ; comparez 1 Samuel 26.18).
Ce psaume trahit chez son auteur une violente émotion, qui s’exprime, vis-à-vis de Dieu, en un langage d’une hardiesse étonnante (versets 7 et 8). Le style est d’une rare énergie et d’une grande élévation poétique.
Dithyrambe, en hébreu : Schiggaïon, qui ne se trouve qu’ici et Habakuk 3.1. C’est un terme musical annonçant, un mouvement rapide, même violent, ce qui est bien en rapport avec le caractère du psaume, où les pensées se pressent et se succèdent avec des transitions brusques et inattendues.
Cusch : personnage de la cour de Saül qui n’est mentionné qu’ici.
De peur qu’il… Substitution brusque du singulier au pluriel. Entre tous les ennemis de David, il en est un qui apparaît à son esprit comme le plus dangereux.
Cela : ce dont on l’accuse. David fait allusion d’une manière plus explicite dans les paroles qui suivent.
Celui qui était en paix… Allusion à Saül, auprès duquel on calomniait David, en le représentant comme répondant à ses bienfaits par des complots. La seconde partie du verset, interrompant subitement la phrase, établit le véritable état des choses.
Ame… vie… gloire, désignent ici une seule et même chose. L’âme est le principe de la vie, en même temps que la gloire de l’homme.
En laissant à l’injustice le temps de se déployer, l’Éternel semble abandonner momentanément le gouvernement du monde. Le psalmiste l’invite à se réveiller, à reprendre sa place (hébreu : retourner) dans les hauts lieux, comme juge, au-dessus de l’assemblée des peuples.
Les hauts lieux : le ciel. Comparez Psaumes 68.19 ; Psaumes 93.4 ; Ésaïe 24.18, etc.
Le ton devient plus calme, dans l’assurance qu’en effet l’Éternel juge.
Les cœurs et les reins. C’est ici la première fois qu’apparaît cette expression, que l’on retrouve Psaumes 26.2, ainsi que dans plusieurs passages, Jérémie 11.20, etc. et dans Apocalypse 2.23. Elle semble être devenue une locution usuelle, pour désigner ce qu’il y a de plus caché dans la vie intime de l’homme. Le psalmiste en appelle ici au Dieu qui ne juge pas d’après les apparences, mais qui, ainsi qu’il l’a déclaré, lui-même, regarde au cœur (1 Samuel 16.7).
En Dieu, hébreu : Mon bouclier est sur Dieu. L’Éternel a pris sur lui de me protéger.
Qui s’irrite chaque jour… À mesure que, dans sa prière, le psalmiste s’approche davantage de l’Éternel, il comprend que l’indifférence de Dieu à l’égard du mal n’est qu’apparente et que des trésors de colère s’amassent chaque jour contre le méchant (comparez Romains 1.18).
Son épée… Remarquable coïncidence : des flèches et une épée furent les instruments de la mort de Saül.
Flèches enflammées : allusion aux flèches que les anciens enduisaient de matières inflammables pour allumer des incendies dans les villes qu’ils assiégeaient. Saint Paul parle des traits enflammés du malin (Éphésiens 6.16).
Complètement éclairé sur les voies de Dieu, David comprend que le méchant, dans les efforts qu’il fait pour arriver à ses fins, ne réussit qu’à préparer sa propre perte. Il est ainsi envers lui-même l’exécuteur de la sentence divine.
Il est. De nouveau un brusque changement de sujet. C’est le méchant qui apparaît au premier plan, mais comme un condamné. Ce verset, dont la traduction ne parvient pas à rendre l’énergique concision, retentit comme la sentence d’un juge. En outre chacun des termes : néant, malice, mensonge, a un double sens, indiquant à la fois la perversité du méchant et l’inutilité de ses efforts. Il faudrait traduire : Il est dans les douleurs (de l’enfantement) pour le crime, le néant ; il a conçu la malice, le malheur ; et il a enfanté le mensonge, la déception. Comparez Job 15.35 ; Ésaïe 26.18 ; Ésaïe 33.11 ; Ésaïe 59.4.
Image d’un ouvrier enseveli sous les matériaux qu’il a sortis de terre. Comparez Proverbes 26.27.
Commencé par un cri de détresse, le psaume se termine par la louange.