Verset à verset Double colonne
Comment Tite doit exhorter divers ordres de personnes
Vertus chrétiennes que Tite doit recommander aux vieillards, aux femmes âgées, aux jeunes femmes, aux jeunes hommes, en se montrant lui-même comme un modèle, afin que les adversaires aient la bouche fermée (1-8).
Il doit enseigner aux esclaves la soumission, la fidélité, la bonne foi, afin de rendre honorable la doctrine chrétienne (9, 10).
Comparer sur la saine doctrine, dans les épîtres pastorales, 1 Timothée 1.10, note.
Paul invite Tite à recommander à chaque âge les vertus qui lui conviennent ; aux vieillards celles qu’ils doivent avoir comme chrétiens mûris et maîtres d’eux-mêmes ; elles se résument dans les trois vertus cardinales : foi, charité, espérance (1 Corinthiens 13.13 ; 1 Thessaloniciens 5.8). Si Paul substitue la patience à l’espérance, c’est que cela est bien approprié aux vieillards.
Cette recommandation a la même sens à peu près que dans 1 Timothée 2.10.
Les mots rendus par un extérieur convenable à la sainteté peuvent se rapporter également à la mise et à la conduite.
Ils signifient littéralement : une tenue qui convient à des personnes consacrées, à des prêtres.
Grec : « enseignant ce qui est bon », par leur exemple (1 Timothée 2.12 ; comparez 1 Timothée 3.11). C’est précisément l’inverse de 1 Timothée 5.13.
« Ne soit pas blasphémée », mais au contraire honorée (Tite 2.10). Plus les mœurs étaient corrompues dans l’île de Crète, plus il importait que les femmes chrétiennes, par une sainte conduite, ôtassent aux adversaires tout prétexte de calomnie.
Dans cette pensée l’apôtre impose aux femmes âgées le devoir sacré d’user de toute leur influence auprès des plus jeunes, pour qu’il en soit ainsi dans les Églises (Tite 2.4).
Il relève pour les jeunes gens la seule vertu qui ait une importance décisive pour leur âge et leur caractère, la prudence, l’empire sur eux-mêmes. Ils doivent prouver par leur vie qu’ils sont sous la discipline de l’Esprit et dominent la chair. Si cette vertu leur manque, toutes les œuvres chrétiennes qu’ils pourront accomplir seront sans valeur.
Grec : « dans la doctrine de l’incorruptibilité », enseignant une doctrine non corrompue (Tite 2.8 ; comparez 1 Timothée 1.10, note).
L’adversaire (grec : « celui qui vous est contraire »), n’ayant aucun mal à dire, saura bien en inventer, mais au moins faut-il que ce soit de sa part pure calomnie et qu’il en ait la conscience.
C’est là le plus beau et le plus puissant témoignage rendu à l’Évangile (Tite 2.10).
Tel est le grand et saint motif de toutes ses exhortations ; l’apôtre indique aux esclaves qui trouvaient dans leur triste condition bien des obstacles à glorifier leur Dieu Sauveur.
Plus vile est la condition des esclaves, plus la description de leur piété est glorieuse.
Paul n’entre du reste pas, au sujet de l’esclavage, dans la question de principe (voir 1 Corinthiens 7.21, note ; 1 Timothée 6.1 ; 1 Timothée 6.2, note ; comparez Éphésiens 6.5-8).
Cette grâce est apparue et son effet est d’abord de nous faire renoncer à nos convoitises et de créer en nous une vie morale et religieuse, ensuite de nous faire vivre dans l’attente de l’apparition glorieuse du Seigneur (11-13).
Cette grâce a eu sa pleine manifestation dans le sacrifice de Jésus-Christ, par lequel il nous a rachetés, purifiés, pour que nous lui appartenions en propre. Voilà ce que Tite doit enseigner avec autorité (14, 15).
Les belles paroles qui suivent ici les exhortations de l’apôtre en indiquent le motif tout-puissant et c’est pourquoi il les lie à ce qui précède par cette particule causative, car.
En effet, la manifestation de la grâce salutaire de Dieu, de cette grâce qui renferme et communique le salut, ne peut avoir d’autre but final que la complète sanctification de l’homme pécheur ; et ce but, elle l’atteint par degrés en tous ceux qui la reçoivent avec sincérité ; car elle ne montre pas seulement ce but, elle ne l’impose pas seulement comme une tâche légale à remplir, mais elle le fait aimer et par là même elle donne la force d’y parvenir (voir la note suivante).
En disant que cette grâce est salutaire à tous les hommes, l’apôtre ne fait que répéter, en d’autres termes, ce qu’il a déjà clairement enseigné ailleurs (1 Timothée 2.4 ; 1 Timothée 4.10), c’est-à-dire que, dans l’intention de Dieu, sa grâce peut s’étendre à tous et que l’œuvre de rédemption qui nous l’a acquise est suffisante pour tous.
Ou bien, par ces paroles, l’apôtre voulait-il simplement exprimer une autre pensée qui lui est familière, savoir que la grâce de Dieu destine le salut, non seulement aux Juifs, mais à tous les peuples indistinctement et faudrait-il y voir une déclaration contre le particularisme judaïsant, que les faux docteurs cherchaient à relever dans les Églises ? C’est possible.
Et l’on exprimerait mieux encore cette pensée, si l’on traduisait ainsi ce verset : « La grâce salutaire de Dieu est apparue à tous les hommes », par la venue du Sauveur dans le monde et par la prédication de son Évangile, qui soit s’étendre à tous. Ce sens est adopté par plusieurs versions (Vulgate, la Bible anglaise, allemande, etc.).
Grec : « Nous éduque », nous instruit, nous forme pour toute cette vie chrétienne dont Paul va indiquer les principaux traits.
Aux convoitises mondaines, c’est-à-dire aux convoitises qui règnent dans le monde et qui, si elles ne sont déracinées de notre cœur, nous font désirer le monde, ses joies, ses biens.
Grec : Que nous vivions sagement (ou prudemment, ou avec tempérance) et justement et pieusement.
La tempérance, c’est-à-dire la modération, le détachement, le renoncement, se rapporte à nous-mêmes ; la justice, qui renferme tous les principes de l’équité, de l’honnêteté, de la droiture, s’applique ici aux hommes et à nos relations avec eux ; la piété exprime tous les rapports de l’âme avec Dieu, la crainte et l’amour que nous lui devons, une communion intime avec lui. Ainsi, la grâce de Dieu doit produire une vie chrétienne complète.
Ces mots : dans le siècle présent, qui représentent un temps si court, si incertain et si corrompu, font un contraste frappant avec l’attente signalée à Tite 2.13.
Cette expression : attendre l’espérance paraît contradictoire en soi et d’ailleurs, l’espérance, les chrétiens l’ont déjà. Mais elle devient claire si l’on observe que ce mot espérance est souvent employé pour l’objet de l’espérance, que Paul désigne ici lui-même « comme l’apparition de Jésus-Christ » (comparer Actes 24.15 ; Galates 5.5 ; Colossiens 1.5 ; Romains 8.24).
Paul appelle bienheureuse cette espérance, parce qu’elle embrasse à l’avance toutes les félicités de la vie éternelle.
Le sens de ces dernières paroles peut être sujet à quelque doute. Nous traduisons : l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ et non : « du grand Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ », comme le font plusieurs, parce que cette première version est plus conforme au texte grec (comparer Romains 9.5 note).
Toutefois, le sens de nos versions ordinaires est possible, quoique peu probable. Du reste, cette question que ni la grammaire ni la dogmatique ne décident d’une manière absolue, se présente fréquemment en des passages tels que les suivants : 2 Pierre 1.1 ; Jude 1.4 ; 2 Thessaloniciens 1.12.
Et si même dans les paroles qui nous occupent ici on voulait faire une distinction entre le grand Dieu et le Sauveur Jésus-Christ, ce texte n’en serait pas moins une preuve directe de la divinité de Christ, puisque la gloire de Dieu est sa gloire.
La position du chrétien ici-bas est en état d’attente : l’Église attend l’apparition de son Sauveur, qui sera aussi glorieuse pour le Seigneur lui-même et pour ses rachetés que sa première apparition avait été humble et remplie d’opprobres et de souffrances (comparer Philippiens 3.20 ; Philippiens 3.21).
Cette pensée, cette attente habituelle est tout ce qu’il y a de plus propre à détruire en nous « les convoitises mondaines » et à y développer la vie chrétienne et sainte dont l’apôtre vient de retracer les principaux caractères (Tite 2.12).
Un peuple élu, distingué, qui lui appartienne en propre, comme Israël est souvent appelé dans l’Ancien Testament (Deutéronome 7.6 ; Comparer 1 Pierre 2.9 ; 1 Pierre 2.10).
Cet adjectif ne se trouve qu’ici. Luther le traduit par cette périphrase : « un peuple pour sa propriété ».
Le but final de la rédemption, ce qui a porté le Sauveur à se donner pour nous, est clairement exposé dans ces paroles : Nous racheter, nous purifier, se créer un peuple particulier, zélateur des bonnes œuvres (Tite 2.3 ; 8 ; Éphésiens 2.10).
Et tout cela est produit par la manifestation de la grâce (Tite 2.11 ; Tite 2.12).
Une telle vie, riche de tous les fruits de cette grâce, est donc le seul signe certain que nous y avons part et que nous appartenons à Jésus-Christ.
Comparer 2 Timothée 4.2.
L’autorité ici recommandée, la seule dont dispose le serviteur de Jésus-Christ, c’est l’autorité de la sainte Parole de Dieu, se rendant elle-même témoignage dans la conscience de ceux qui l’écoutent (comparer Matthieu 7.29).
N’en donne occasion à personne (1 Timothée 4.12) ; car sans cela, même la Parole divine n’aurait aucune autorité dans ta bouche.