Verset à verset Double colonne
1 La deuxième année du roi Darius, au sixième mois, le premier du mois, la parole de l’Éternel fût adressée par la bouche d’Aggée, le prophète, à Zorobabel, fils de Séalthiel, gouverneur de Juda, et à Jéhosua, fils de Jéhotsadak, grand-sacrificateur, en ces termes :La deuxième année du roi Darius. Le souverain nommé ici ne peut être que Darius, fils d’Hystaspe, lequel monta sur le trône en 521 (voir l’introduction). En effet, le passage Aggée 2.3 fait supposer qu’au moment où le prophète s’adresse à ses concitoyens, il se trouvait encore parmi eux des vieillards qui avaient vu l’ancien temple, détruit en 588. Ce fait exclut donc la possibilité de voir dans le Darius nommé ici l’un des autres rois de Perse du nom de Darius, soit Darius Nothus (423), soit Darius Codoman (336). Darius, fils d’Hystaspe, est célèbre dans l’histoire par ses expéditions contre les Grecs.
Au sixième mois. Non pas le sixième mois de la deuxième année de Darius, mais le sixième de l’année juive, nommé Elul, tombant dans la deuxième année du règne de Darius. Il correspond pour nous à la seconde moitié d’août et à la première de septembre.
Le premier du mois. C’était la fête de la nouvelle lune, célébrée chaque premier du mois par des sacrifices spéciaux et par la réunion solennelle du peuple (Nombres 28.11 ; Ésaïe 1.13).
À Zorobabel. Ce nom signifie dispersé à Babylone (c’est-à-dire : né dans la dispersion à Babylone). Celui qui le porte est également appelé Sesbatsar dans Esdras 1.8 ; Esdras 1.11 ; Esdras 5.14 ; Esdras 5.16 (comparez Esdras 2.2). Ce dernier nom est sans doute le nom ou titre persan que portait ce personnage à la cour de Cyrus. Zorobabel était issu de la race royale, de la famille de David, Matthieu 1.12 et Luc 3.27 le citent parmi les ancêtres du Seigneur et 1 Chroniques 3.17 le nomme dans les catalogues royaux de Juda. En s’adressant à lui, le prophète parlait à la fois au descendant des anciens monarques du pays et au représentant le plus attitré de la nation, puisqu’il avait été nommé gouverneur de Juda par le roi de Babylone. Le grand-sacrificateur Jéhosua était petit-fils du sacrificateur Séraïa que Nébucadnetsar avait fait mettre à mort en 588 (Jérémie 52.24-27). Zorobabel et Jéhosua étaient l’un le chef politique, l’autre le chef religieux de la petite colonie juive.
Ce peuple dit… L’Éternel rappelle la raison alléguée par le peuple pour ne plus s’occuper de la reconstruction du temple. Cette raison, au lieu d’être une excuse pour le peuple, l’accuse aux yeux de l’Éternel et révèle son indifférence pour le service de Dieu. Les obstacles extérieurs, qu’il aurait dû essayer de vaincre, lui sont un prétexte commode pour s’affranchir de son devoir le plus immédiat. Aussi l’Éternel, au lieu de dire mon peuple, le désigne-t-il par ces mots qui trahissent un certain mécontentement : ce peuple.
Ce nouveau préambule est destiné à introduire le discours lui-même, dont le verset précédent renferme la raison déterminante (c’est pourquoi).
Appel à la conscience du peuple : Vous est-il permis de vous accorder le luxe (des maisons lambrissées), alors que le sanctuaire est en ruines ?
L’égoïsme de la nation, son indifférence pour le service de Dieu, tel est le secret de la détresse dont souffre le pays tout entier : les récoltes ont été insuffisantes et le peuple a souffert toutes les privations.
Dans une bourse trouée. Le mercenaire, bien loin de pouvoir épargner ce qu’il gagne voit son argent disparaître, comme s’il le serrait dans une bourse percée.
Allez à la montagne… La montagne dont il est ici question n’est ni le Liban, ni une montagne déterminée : c’est une hauteur quelconque où les Juifs pourront couper le bois nécessaire à leurs constructions.
Reprise de la description des souffrances endurées, qu’avait interrompue l’appel à l’action contenu au verset précédent.
On comptait sur beaucoup. Les habitants du pays avaient si peu conscience de leur culpabilité vis-à-vis de l’Éternel qu’ils se croyaient en droit d’attendre avec confiance les fruits de leur travail ; ils ne comprenaient pas que la détresse qui les frappait n’était qu’une juste rétribution d’en-haut et qu’elle durerait autant que leur insouciance à l’égard de l’Éternel.
Soufflé dessus, c’est-à-dire : fait disparaître vite et soudain. La maigre récolte qu’ils avaient serrée dans leurs greniers se dissipait comme par enchantement, sans qu’il leur fût permis d’en jouir, soit à cause de la mauvaise qualité des produits, soit à cause des ravages opérés par les insectes, etc.
À cause de ma maison… Au lieu de consacrer son temps et ses ressources à la restauration du temple (ce qui était le principal but du retour en Palestine, 2 Chroniques 36.23), chacun ne songeait qu’à son intérêt personnel et à ses aises.
Il y a sans doute un rapprochement voulu par l’auteur dans le choix qu’il fait des deux expressions en ruines (verset 9) et sécheresse (verset 11), en hébreu châreb et chôreb. Le sens est celui-ci : L’état de ruine du sanctuaire attire la ruine sur vous et vos biens. Ce n’est pas ici une vengeance de la part de l’Éternel, mais en châtiant il a pour but de ramener Israël à la conscience de ce qui lui manque par la séparation d’avec son Dieu et de détruire en lui la soif du bien-être matériel. Le temple rétabli, c’était le gage de l’habitation de Dieu et par conséquent de la bénédiction, au milieu de son peuple.
Ces versets montrent le résultat obtenu par la prédication du prophète.
Eut crainte… Le peuple, qui avait reconnu en Aggée un messager spécial de l’Éternel, rougit de sa négligence à l’égard de son Dieu et craignit un châtiment plus sévère.
Je suis avec vous : L’Éternel, acceptant la repentance du peuple, lui rend sa faveur et lui assure son secours.
Ils se mirent à travailler… Le premier signe des dispositions nouvelles qui animent le peuple est un zèle nouveau qui s’empare de lui.
Le vingt-quatre. L’intervalle de trois semaines qui sépare la résolution du peuple de la reprise des travaux fut sans doute rempli par des préparatifs : l’organisation de l’entreprise et la recherche des matériaux nécessaires.