Verset à verset Double colonne
Titre
Révélation que Jésus-Christ a reçue de Dieu et transmise à Jean. Heureux qui en reçoit connaissance, car le Seigneur va venir (1-3) !
Signature
Jean souhaite aux sept Églises d’Asie grâce et paix de la part de Dieu et des sept esprits, et de la part de Jésus-Christ. A lui, notre Sauveur, la gloire (4-6) !
Sujet
La venue de Christ, que tous contempleront (7, 8).
Tel est le titre du livre : Apocalypse ou Révélation de Jésus-Christ, ce titre signifie que la révélation a « des choses qui doivent arriver bientôt » fut faite directement par Jésus-Christ à son disciple (Galates 1.12 ; 2 Corinthiens 12.1). Les manuscrits ont divers titres : Apocalypse de Jean (Sinaiticus, A, C) ou Apocalypse de Jean le théologien et l’évangéliste (B), ce qui ne doit pas porter à croire que Jean serait l’auteur de la Révélation.
La révélation est nommée parmi les dons extraordinaires du Saint-Esprit ; (1 Corinthiens 14.6, 1 Corinthiens 14.26, 2 Corinthiens 12.1) le verbe formé de la même racine sert à désigner les manifestations directes accordées aux prophètes par le Saint-Esprit. ; (1 Pierre 1.12 ; Amos 3.7 ; Daniel 2.19) C’est dans ce second sens que le mot est employé dans notre passage.
Dieu a donné à son Fils toute puissance au ciel et sur la terre, pour y établir et y gouverner son royaume : (Matthieu 28.18 ; Jean 17.2) il lui a donné aussi la révélation des destinées futures de ce règne (voir Apocalypse 5.1-10) pour les montrer (dans des visions symboliques, Apocalypse 4.1 ; 17.1 ; 21.9 ; 22.1) à ses serviteurs, aux serviteurs de Christ (Apocalypse 2.20), aux croyants en général. Le Fils n’agit qu’en parfaite harmonie de connaissance et de volonté avec son Père : il est Celui à qui la révélation est donnée et qui la donne à son tour. Comparer : Marc 13.32 ; Actes 1.7 ; Jean 5.20 ; Jean 7.16 ; Jean 12.49 ; Jean 17.8.
Les choses qui doivent arriver, parce qu’elles sont ordonnées de Dieu (Daniel 2.28-29 ; Matthieu 24.6). Bientôt (verset 3) car la première venue de Christ a inauguré les derniers temps (Hébreux 1.1 ; 1 Corinthiens 10.11 ; Actes 2.17 ; 1 Jean 2.18) et dès lors les développements successifs et non interrompus du règne de Dieu répètent tous : bientôt. L’Église, dans l’ignorance où son Chef a voulu la laisser sur l’accomplissement des temps (Actes 1.7), n’a d’autre sagesse et d’autre devoir que d’attendre avec vigilance le retour du Seigneur et le triomphe de son règne (Comparer 1 Thessaloniciens 4.15, 2e note). Tandis que le serviteur infidèle dit : « Mon Maître tarde longtemps à venir » (Luc 12.45), le disciple qui aime son Sauveur ne cesse de l’attendre et va au-devant de lui (Matthieu 25.1), parce que le Seigneur lui en a donné l’ordre (Matthieu 25.13) et qu’il lui a promis une prompte délivrance (Luc 18.7-8).
Grec : signifiées, montrées, Jésus-Christ et non Dieu, les a fait connaître par des signes, par les visions symboliques rapportées dans ce livre même.
Grec : Ayant envoyé par son ange. Bien que le Seigneur apparaisse lui-même à Jean (verset 13 et suivants), qu’il lui ordonne d’écrire les choses qui arriveront (verset 19), qu’il lui dicte les lettres aux sept Églises (Apocalypse 2 et Apocalypse 3), qu’il lui montre la vision du ciel (Apocalypse 4.1), il emploie pourtant à diverses reprises le ministère de son ange (qui n’est pas autrement désigné) et dont il fait l’intermédiaire des visions et des révélations de ce livre (Apocalypse 17.1, Apocalypse 17.7, Apocalypse 17.15, Apocalypse 19.10, Apocalypse 21.9, Apocalypse 22.1-6). C’est ainsi qu’on trouve déjà dans l’Ancien Testament le ministère des anges auprès des prophètes : Daniel 8.16 et suivants ; Daniel 9.21 et suivants ; Zacharie 1.9-13, Zacharie 2.3 et suivants, Zacharie 4.1, etc.
Dans son évangile, Jean se désigne comme « le disciple que Jésus aimait ». Maintenant que le Seigneur est dans la gloire et va revenir pour le jugement du monde, Jean s’appelle humblement son serviteur, titre qui caractérise son rôle de prophète et de porteur du message divin (Apocalypse 22.9 ; Amos 3.7 ; Jacques 1.1).
Nous avons donc une révélation dont Dieu même est la source, dont Jésus-Christ est le Médiateur, qui est donnée par le ministère d’un ange au disciple que Jésus aimait. Avec quel respect ne devons-nous pas accueillir un tel livre (verset 3).
La plupart des interprètes pensent qu’il s’agit ici du livre même de l’Apocalypse ; l’auteur parlerait au passé (a attesté), en se plaçant au point de vue de ses lecteurs qui ont sous les yeux son témoignage tout écrit. On obtient ainsi trois pensées qui se suivent dans un enchaînement logique : Dieu a donné la révélation à Jésus-Christ ; Jésus-Christ l’a fait connaître à Jean ; cette parole de Dieu et ce témoignage de Jésus-Christ, Jean, à son tour, les transmet à l’Église, attestant tout ce qu’il a vu, c’est– à-dire toutes les visions décrites dans l’Apocalypse. Cette explication serait satisfaisante, si les mêmes termes ne se retrouvaient pas à verset 9, où il est difficile de les comprendre ainsi (voir la note). Il est donc probable que dans notre passage également, ils désignent la prédication de l’Évangile, le témoignage rendu par Jean à l’Évangile de Jésus-Christ et qui lui valut d’être persécuté.
L’expression : la parole de Dieu est, d’ailleurs, bien générale pour s’appliquer à l’Apocalypse et celle-ci ne saurait être proprement appelée : le témoignage de Jésus-Christ, puisque Jésus l’a seulement envoyée par son ange à Jean. Le but de l’auteur dans ce verset est donc de se présenter comme prédicateur de Jésus, témoin de sa vie et de la vérité qu’il a révélée. On peut se demander si le témoignage de Jésus-Christ est le témoignage rendu à Christ (sens qui parait s’imposer dans verset 9 et dans Apocalypse 20.4) ou le témoignage que Jésus a reçu du Père, qu’il a rendu lui-même de la vérité et qui est consigné dans l’Évangile (Apocalypse 6.9 ; Apocalypse 12.17 ; Apocalypse 19.10 ; Jean 3.11, Jean 5.31-39, 1 Jean 5.7-11).
Ce dernier sens s’accorderait mieux avec le verbe attester, mais le premier semble indiqué par le rapprochement avec verset 9. Par tout ce qu’il a vu l’auteur désigne les faits de l’histoire évangélique, dont il a été témoin. Ces mots rappellent d’autres expressions de l’apôtre Jean (Jean 1.14 ; Jean 19.35 ; 1 Jean 1.1).
Quelques anciens interprètes ont vu dans notre verset une allusion à l’évangile de Jean qui s’ouvre par la mention de la Parole et contient le témoignage de Jésus-Christ. Mais cette allusion n’est pas indiquée clairement ; et il est probable que l’évangile a été écrit après l’Apocalypse (Voir Introduction).
Comparer verset 1, 3e note.
Celui qui lit, c’est celui qui préside l’assemblée et fait, à haute voix, lecture du livre (Colossiens 4.16), ceux qui écoutent sont les auditeurs qui constituent l’assemblée. Heureux sont-ils, s’ils gardent dans leur cœur (Luc 2.19, Luc 2.51) les choses qui y sont dites. Ils en recueilleront les leçons sérieuses, les avertissements, les consolations dans les épreuves et se tiendront prêts pour le temps de la venue du Seigneur qui est proche (Il y a proprement en grec : le moment ; comparez Actes 1.7, note).
L’Apocalypse est appelée ici les paroles (Sinaiticus, Q portent : la parole) de la prophétie, c’est-à-dire les paroles qui communiquent une révélation divine.
Avant d’entrer en matière, ce qu’il fait à verset 9, Jean adresse d’abord son livre aux sept Églises d’Asie, pour lesquelles il a une mission spéciale (comparez verset 11, 2e note), puis il ajoute, comme tous les apôtres dans leurs épîtres, une salutation. Celle-ci lui fournit l’occasion de jeter un premier et sublime regard sur la personne, sur l’œuvre et sur la gloire finale de Celui dont il va annoncer le règne (versets 4-8). L’auteur de l’évangile et de l’épître qui portent le nom de Jean procède exactement de la même manière : il débute par un regard d’aigle sur tout le sujet, puis il l’expose dans les détails (Jean 1.1 et suivants ; 1 Jean 1.1 et suivants).
Traduction du nom ineffable de JEHOVA (Comparer Exode 3.13-14). Cette manière de rendre : Je suis Celui qui suis, nous indique ce que Dieu est dans sa nature et dans ses rapports de providence ou de grâce avec les hommes : immuable dans le passé, dans le présent, dans l’avenir, qui ne sont pour lui qu’une seule et même chose (Ésaïe 41.4). Ces paroles expriment la grande et profonde vérité que Dieu seul est, tandis que toutes ses créatures n’ont qu’une existence d’emprunt. Jean rend la pensée que Dieu remplit l’avenir, en employant non le futur du verbe être, mais le mot : qui vient, ou plus exactement le participe présent : le venant. Le choix de cette expression lui a été dicté par la pensée fondamentale de l’Apocalypse (comparez verset 1, 3e note), empruntée d’ailleurs à la prophétie de l’Ancien Testament (Ésaïe 40.3, Ésaïe 40.9-10, Ésaïe 60.1-2), l’apparition finale de Dieu dans la personne du Messie (2.13 ; 1 Jean 2.28 ; 1 Jean 3.2), pour le salut de ceux qui s’attendent à lui et pour l’entier établissement de son règne.
Il s’agit ici de l’Esprit de Dieu, de la part de qui Jean souhaite aux Églises la grâce et la paix, aussi bien que de la part de Dieu le Père et de Jésus-Christ. Afin d’expliquer la raison de cette désignation : les sept esprits, on a souvent recours à Ésaïe 11.2, où sont énumérées diverses manifestations ou vertus de l’Esprit de Dieu. Mais dans ce passage, on ne compte que six de ces perfections divines. Il est plus probable que Jean a dans le souvenir un passage de Zacharie 3.9, Zacharie 4.2, Zacharie 4.6, Zacharie 4.10, où ce prophète parle d’un chandelier d’or ayant sept lampes et des « sept yeux de l’Eternel qui parcourent toute la terre », pour figurer l’action de l’Esprit de Dieu. Ces sept esprits représentent la toute science et la toute présence divines ; ils indiquent la diversité et la plénitude des dons et des opérations du Saint-Esprit ; car le nombre sept n’est pas seulement l’emblème de la plénitude et de la perfection ; formé du nombre trois qui est celui de Dieu et du nombre quatre, qui symbolise la création, il désigne l’action de Dieu sur le monde, la réconciliation opérée, l’harmonie, la communion rétablies entre Dieu et son œuvre et par suite, le triomphe parfait du règne de Dieu. Jean recourt souvent à ce nombre symbolique : sept Églises (verset 11), représentées par les sept chandeliers ; (verset 12) sept étoiles ; (versets 16-20, 2e note) comparer : Apocalypse 2.1, Apocalypse 3.1, Apocalypse 4.5, Apocalypse 5.6, Apocalypse 8.2.
Les sept esprits ne sont pas les sept archanges (Tobie 12.15), car ils sont nommés avant Jésus-Christ.
Jean donne au Sauveur trois titres qui caractérisent admirablement son œuvre entière, dans son triple office de Prophète, de Sacrificateur et de Roi.
Le texte reçu porte : « à Celui qui nous a aimés », Sinaiticus, A, C ont le présent : qui nous aime. Et combien la pensée en devient plus belle et plus saisissante !
Au lieu de : nous a lavés de nos péchés dans ou par son sang (Q. Vulgate), Sinaiticus, A, C portent : « nous a délivrés de nos péchés par son sang ». La pensée est la même ; mais l’image est mieux observée avec la leçon que nous maintenons. Quant au sens de ces paroles, comparer : Romains 3.24 ; Éphésiens 1.7 ; Hébreux 9.14 ; 1 Jean 1.7, note.
Pour l’expression : nous a lavés, voir Apocalypse 7.14 ; Jean 13.8-10.
Jésus-Christ fait de ses rachetés un royaume, des sacrificateurs (Sin, A, C ; le texte reçu porte : rois et sacrificateurs). Lui-même est le Roi de ce royaume et tous ses membres participent à sa dignité souveraine, étant destinés à régner avec lui sur le monde, sur le péché, après avoir été affranchis de toute servitude. Ils constituent « une famille de rois », comme traduit Oltramare révisé (Comparer Apocalypse 5.10, Apocalypse 20.4-6, Apocalypse 22.5).
Cette glorieuse dignité des enfants de Dieu était déjà annoncée dans l’Ancien Testament (Exode 19.6), et elle a été réalisée dans la nouvelle Alliance par l’œuvre du Sauveur et par l’action puissante de l’Esprit de Dieu (Comparer 1 Corinthiens 3.21 ; Romains 8.17 ; 2 Timothée 2.12, 1 Pierre 2.9).
Le Fils de Dieu communique à ses rachetés sa dignité de Sacrificateur aussi bien que sa royauté. Comme sacrificateurs, ils ont un libre accès au lieu très saint, au trône de la grâce, où, après avoir offert le sacrifice de leur corps, de leur esprit, de leur cœur, de tout leur être ils ont le privilège d’intercéder pour d’autres par leurs prières (Voir Romains 12.1, 3e note et 1 Pierre 2.5, note ; Exode 19.6).
Les derniers mots : à Dieu ou pour Dieu son Père (grec au Dieu et Père de lui), signifient que le but suprême du Sauveur, en nous rachetant, était que toute gloire en revint à Dieu et que notre existence entière contribuât à cette gloire. Tout cela est accompli dans notre réconciliation avec Dieu par le sang de Jésus-Christ, son Père est devenu notre Père (Jean 20.17).
Cette magnifique doxologie à la gloire de Jésus-Christ (Hébreux 13.21, 1 Pierre 4.11) est une effusion d’adoration et d’amour qui s’échappe du cœur de l’apôtre en terminant la dédicace de son livre aux sept Églises. Quiconque n’adore pas Jésus-Christ comme son Dieu ne peut voir dans ces paroles qu’un acte d’idolâtrie.
Jean annonce la venue du Seigneur (versets 7-8) dans les termes mêmes employés par son Maître (Matthieu 24.30 ; Matthieu 26.64). Tout le sujet de son livre est compris dans cette pensée : il s’ouvre par ce mot : voici il vient et il se clora par ce même mot : Je viens bientôt (Apocalypse 22.20) La première parole est empruntée à Daniel 7.13.
Jean ajoute au tableau que Daniel 7.13 avait tracé de l’apparition du Messie ce détail saisissant : et tout œil le verra et ceux mêmes qui l’ont percé. Il s’inspire d’une parole de Zacharie 12.10, qu’il cite et commente ailleurs (Jean 19.37) et dans laquelle l’Eternel dit : « Je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication et ils regarderont a moi qu’ils ont percé » dans la personne du Messie ; « ils mèneront deuil sur lui comme on mène deuil sur un fils unique ».
Ces paroles ont été prononcées par Jésus (Matthieu 24.30). Elles font de celles de Zacharie (note précédente) une application plus générale et en modifient le sens. Zacharie annonçait en effet qu’Israël se repentirait de la rejection et du crucifiement du Messie. Mais comme à la seconde venue du Christ, il sera trop tard pour se repentir, ce moment sera terrible pour les impénitents ; d’autant plus terrible que le Juge portera encore les marques de souffrances dont ils n’auront pas profité et d’un amour qu’ils auront méprisé. Ils se frapperont la poitrine à cause de lui, en signe de désespoir. De plus, le jugement s’étendant à l’humanité entière, ce seront toutes les tribus de la terre qui se frapperont la poitrine. Il y a ainsi deux manières de contempler Celui que l’humanité a crucifié : l’une avec repentance, confiance, amour, l’autre avec impénitence et désespoir. Tous les hommes verront au jour du jugement Celui qu’ils ont percé ; et ceux qui n’auront pas « mené deuil sur lui, comme on mène deuil sur un fils unique », se frapperont la poitrine à cause de lui, dans l’amertume de la révolte.
L’Alpha et l’Oméga sont la première et la dernière lettre de l’alphabet grec. Cette dénomination est expliquée, dans le texte reçu, par les mots : le commencement et la fin, qui ne sont pas authentiques, mais qui se retrouvent dans le passage Apocalypse 22.13, d’où ils auront été transportés ici. Elle ne constitue pas une définition abstraite et métaphysique de l’éternité de Dieu, mais caractérise son action qui commence et achève toutes choses, qui est le principe et la fin de la création, de tout le développement de l’humanité, de l’œuvre du salut dans l’Église et dans les individus. Comme tout procède de Dieu, tout doit aboutir à l’accomplissement de sa volonté éternelle, sans que rien puisse s’y opposer et c’est à lui enfin que toute gloire sera rendue (Ésaïe 41.4 ; Ésaïe 44.6 ; Ésaïe 48.12).
La désignation de Dieu comme Celui qui est et qui était et qui vient, se trouve déjà à verset 4 : ici, elle sert à confirmer la parfaite certitude du grand événement annoncé à verset 7 (Oui, Amen !). Cette parole rappelle la solennelle déclaration des prophètes : « Ainsi a dit l’Eternel ». Le Dominateur souverain (nos versions traduisent le Tout Puissant, mais le mot grec exprime l’exercice du pouvoir) est le terme par lequel les Septante ont traduit « l’Eternel des armées », dans Ésaïe 44.6 et « le Dieu des armées », dans Amos 3.13 ; Amos 4.13. Il se trouve neuf fois dans l’Apocalypse.
Circonstances de la vision
Comme Jean était à Patmos, il fut ravi en esprit et entendit une voix lui ordonnant d’écrire aux sept Églises (9-11).
Apparition du Seigneur
Jean se retourne et voit le Fils de l’homme au milieu de sept chandeliers ; description de son vêtement, de son aspect, de ses attributs (12-16).
L’ordre d’écrire
Jean tombe comme mort aux pieds du Seigneur, qui le rassure en se nommant, et lui ordonne d’écrire les choses qui sont et celles qui doivent arriver (17-20).
Moi, Jean, comparez « Moi, Daniel » (Daniel 7.15 ; Daniel 8.1 ; Daniel 9.2) La personnalité de l’auteur est mise en relief par l’importante révélation qu’il a reçue. D’autre part, cette révélation intéresse directement les lecteurs, puisque celui qui l’a reçue est leur frère, leur compagnon, celui qui a part avec eux à l’affliction d’abord, qui se trouve en Jésus (Sinaiticus, C ; A porte en Christ), c’est-à-dire à tout ce que le chrétien est appelé à souffrir pour le nom de son Maître (Matthieu 24.9, Matthieu 13.21, Jean 15.18, Jean 16.33, Actes 14.22). Il a part également, de même que ses frères, a la royauté en Jésus et plus il souffre pour son nom, plus il est assuré de régner avec lui. Mais cette royauté, il la possède ici-bas dans l’humiliation et la douleur ; elle demeure cachée au monde jusqu’à sa pleine manifestation ; c’est pourquoi la patience, ou la persévérance, lui est nécessaire ; il la trouve aussi en Jésus. L’Apocalypse est le livre de l’Église opprimée. Celui qui l’a écrite, ayant souffert avec ses frères, pouvait d’autant mieux consoler ceux qui, après lui, se trouveraient dans la fournaise des tribulations.
Patmos, appelée aujourd’hui Palmosa, ou Patmo, est une petite île située dans l’archipel de la mer Égée, en face de Milet, à soixante-dix kilomètres d’Ephèse. Que Jean eût été exilé à Patmos c’est ce qu’on peut conclure des paroles qui précèdent : participant à l’affliction et surtout de la raison qu’il donne de son séjour : à cause de la Parole de Dieu et du témoignage de Jésus.
Comparer les mêmes termes, employés dans le même sens, c’est-à-dire indiquant la persécution ou le martyre, à cause de la Parole et du témoignage, Apocalypse 6.9 ; 20.4. On sait que les Romains avaient la coutume d’exiler dans des îles désertes les condamnés qu’ils ne voulaient pas mettre à mort.
D’autres font dire à l’auteur : « Je m’étais retiré dans l’île solitaire de Patmos pour y recevoir les révélations de l’Apocalypse ».
Grec : Je devins en esprit, en un état d’extase prophétique, où toutes les facultés de l’âme, momentanément dégagées de leurs entraves, entrent dans un rapport plus intime avec Dieu et avec le monde invisible. La foi devient alors une vision, le croyant un voyant (Comparer Actes 10.10 ; 11.5 ; 22.17 ; 2 Corinthiens 12.2).
Ou le dimanche. Le mot français dimanche a étymologiquement la même signification (dies dominica). Ce jour, ainsi nommé à cause de la résurrection du Seigneur, eut une grande importance aux yeux des chrétiens, dès les temps apostoliques (il est aussi mentionné dans Actes 20.7 ; 1 Corinthiens 16.2) ; ils pensaient que le retour de Christ et la résurrection des morts auraient lieu ce jour-là. Consacré spécialement à la méditation, ce saint jour était bien propre aux grandes manifestations dont l’apôtre va être le témoin. D’après Beck, le sens serait : Je fus transporté en esprit au jour du Seigneur, c’est-à-dire au moment du retour de Christ (1 Corinthiens 1.8), pour contempler en esprit ce grand événement.
La trompette servait à convoquer les Israélites aux assemblées (Nombres 10.2, Nombres 10.10 ; Joël 2.1, Joël 2.15, Exode 19.16, Exode 20.18, Hébreux 12.19). Souvent elle est mentionnée comme devant annoncer quelque solennelle apparition divine, en particulier le retour de Christ dans sa gloire (Matthieu 24.31 ; 1 Corinthiens 15.52 ; 1 Thessaloniciens 4.16). Elle est pour Jean le signal de la révélation qu’il va recevoir.
D’après le texte reçu, la voix répète d’abord les paroles de verset 8 : Je suis l’Alpha et l’oméga, le commencement et la fin. Ces mots ne sont pas authentiques. La forte voix qui parle donne donc uniquement à Jean l’ordre solennel d’écrire dans un livre ce qu’il voit et ce qu’il verra encore (verset 19), et de l’envoyer aux sept Églises d’Asie. D’où il est naturel de conclure que ce livre fut écrit à Patmos même.
Voir, sur la position géographique de ces villes, les notes à chacune des épîtres (Apocalypse 2 et Apocalypse 3).
Pourquoi le Seigneur choisit-il ces sept villes préférablement à d’autres, à Colosses, par exemple, à Troas (2 Corinthiens 2.12 ; Actes 20.5-6), à Hiérapolis, où il y avait des Églises florissantes ? On a supposé que ces Églises furent désincarnées parce qu’elles avaient reçu certains dons de l’Esprit et se trouvaient dans un état religieux qui les rendaient propres à servir d’exemples aux autres Églises et à l’Église chrétienne de tous les temps.
Cette image est expliquée au verset 20 : les sept chandeliers représentent les sept Églises. La comparaison a été fournie à Jean par le chandelier du tabernacle (Exode 25.37) ou par la vision de Zacharie 4.1 et suivants Toutes les Églises, de même que tous les chrétiens, ont pour sainte destination d’être « la lumière du monde » (Matthieu 5.14 ; Matthieu 5.15).
Jean se retourne, parce que la voix a retenti derrière lui (verset 10). Il désire voir la voix, c’est-à-dire celui qui l’a émise.
Désignation du Messie dans Daniel 7.13 ; Daniel 10.16 (comparez Matthieu 8.20, note.) ; Ce titre n’est donné à Jésus-Christ, après sa glorification, que dans Actes 7.56. Christ apparaît au milieu des sept chandeliers, c’est-à-dire des Églises, pour montrer qu’il veille sur elles et leur communique la lumière et la vie.
Grec : robe qui descend jusqu’aux pieds, c’est le vêtement du souverain sacrificateur (Exode 28.4 ; Exode 28.31 et suivants).
Daniel 10.5. La ceinture autour des reins indique l’action (Luc 12.35), placée plus haut, sur les mamelles elle permettait aux plis du vêtement de tomber de plus haut et de produire un effet plus majestueux.
D’après Josèphe (Antiquités Juives, III, 7, 2), les sacrificateurs la portaient ainsi. D’autre part la ceinture d’or était portée par le roi (Revised Apocrypha, 1 Maccabées 10.89) ; le souverain sacrificateur avait une ceinture dont l’or était seulement l’un des éléments constitutifs (Exode 28.8).
Cette blancheur éclatante serait, d’après plusieurs, l’image de la pureté, de la gloire céleste (comparez Marc 9.3). Mais pourquoi celle-ci se montrerait-elle seulement à la tête et aux cheveux ? Dans Daniel 7.9 « l’ancien des jours » apparaît avec des cheveux blancs, qui sont le symbole de l’éternité. Ici de même l’idée d’éternité répondrait à ce que le Seigneur dit aux versets 17 et 18.
Daniel 10.6. Ces yeux comme une flamme de feu portent la lumière dans les objets qu’ils considèrent. Ils sont l’emblème de la toute science qui pénètre jusqu’au fond des cœurs et de la sainteté qui y consume toute souillure (comparer Apocalypse 2.18 et suivants ; Apocalypse 19.12 ; Hébreux 12.29).
Daniel 10.6 ; Ézéchiel 1.7. Ce dernier trait indique la splendeur de ce noble métal appelé chalcolibanon, probablement « airain du Liban ». D’autres traduisent : « airain ardent ». Symbole, suivant les uns, de la fermeté dans la démarche, à laquelle rien ne saurait s’opposer (comparez Apocalypse 10.1) ; suivant d’autres, de la puissance avec laquelle il écrasera ses ennemis (Psaumes 60.12 ; Ésaïe 14.25 ; Ésaïe 63.3).
Daniel 10.6 ; Ézéchiel 1.24 ; Ézéchiel 43.2 ; puissance, dont le bruit de l’océan est la magnifique image. Quelques interprètes entendent cette expression du « bruit » de ses pas. Mais, comme il était question de voix aux versets 10 et 12, il vaut mieux laisser au mot grec son sens premier.
Ces étoiles, il les tient en sa main droite, pour montrer qu’elles sont entièrement en sa puissance. Comparer Jean 10.28. Le sens de l’image est indiqué au verset 20.
L’épée à deux tranchants symbolise ici, non la Parole de Dieu, ou la prédication de l’Évangile en général, comme dans Éphésiens 6.17 ; Hébreux 4.12, mais la parole de Christ lui-même, puisqu’elle sort de sa bouche. Cette parole est dirigée contre ses ennemis dans l’Église (Apocalypse 2.12 ; Apocalypse 2.16) et au dehors (Apocalypse 19.15 ; Apocalypse 19.21).
On peut traduire son visage ou son aspect, son apparence. Il s’agit de la gloire céleste du Fils de Dieu, dont sa transfiguration avait déjà donné une faible idée à ses disciples (Matthieu 17.2). Une comparaison semblable se trouve dans le chant de Débora (Juges 5.31).
L’apôtre épuise toutes les images que lui offre la nature, sans parvenir à rendre entièrement les traits glorifiés de son Sauveur. Un jour, nous le verrons tel qu’il est (1 Jean 3.2), car « il transformera le corps de notre humiliation, pour le rendre conforme au corps de sa gloire » (Philippiens 3.21). Tel est celui qui va dicter les lettres aux Églises (Apocalypse 2 et Apocalypse 3) et qui rappellera à chacune d’elles quelque trait de son image divine, en rapport avec l’état où il la trouvera.
Daniel 10.12 ; Luc 1.13-30 ; Luc 2.10 ; Marc 16.6. Parole céleste, toujours nécessaire pour dissiper la crainte qu’inspire à l’homme mortel et pécheur une manifestation du Dieu saint et juste, ou seulement du monde invisible. Comparer : Ésaïe 6.5 ; Ézéchiel 1.28 ; Exode 33.20 ; Daniel 8.17-18 ; Daniel 10.7 ; Luc 1.12 ; Luc 5.8.
Jean, qui avait reposé sur le sein de Jésus, ne peut toutefois supporter la vue du Fils de Dieu dans sa gloire : il faut que son Maître le rassure, qu’il pose sur lui cette main qui avait, ici-bas, rendu la vue aux aveugles, la santé aux malades, la vie aux morts. Toute la confiance de la foi, la plus intime communion de l’amour ne doivent jamais bannir de notre cœur « la crainte et le tremblement » l’humble adoration du Sauveur glorifié.
Titre pris par Jéhova lui-même (Ésaïe 44.6 ; Ésaïe 48.12) et que le fils de Dieu s’attribue ici. Le sens est le même que versets 4 et 8. C’est la pensée que Jésus est le premier et le dernier, qui doit rassurer son disciple.
Celui qui est vivant, vivant au siècle des siècles (Q ajoute : Amen), source de la vie, rappelle à son disciple qu’il a été mort, qu’il est le même que celui-ci a vu expirer sur la croix, que c’est par là qu’il a acquis le pouvoir absolu sur la mort et le séjour des morts (grec l’hadès, lieu invisible, Matthieu 11.23 ; Actes 2.27 ; Actes 2.31 ; 1 Corinthiens 15.55) que lui seul en délivre qui il veut.
L’image des clefs est née de celle des « portes » de la mort (Psaumes 9.14) et du séjour des morts (Ésaïe 38.10 ; Matthieu 16.18).
Le vivant apporte la vie : pensée propre à dissiper les craintes du disciple et de tout pauvre pécheur. En même temps, cette manifestation de la gloire et de la puissance du Sauveur devait préparer Jean à recevoir les révélations qui vont lui être faites sur l’avenir du règne de Dieu.
Jean doit écrire (verset 11) les choses qu’il a vues, la vision qu’il vient d’avoir (versets 12-16) et dont l’explication, qui commence au verset 20, se continue encore dans les lettres (Apocalypse 2 et Apocalypse 3) : et celles qui sont, l’état présent des Églises, décrit dans les deux chapitres suivants ; et celles qui doivent arriver après celles-ci, les visions relatives à l’avenir, Apocalypse 4 et suivants.
Avec la ponctuation que nous adoptons, le mot mystère dépend encore du verbe écris (verset 19). D’autres mettent un point après verset 19 et sous-entendent : « Voici », au commencement du verset 20.
En général, dans le style du Nouveau Testament, un mystère est une vérité que l’homme ne connaît et ne comprend que par une révélation (Matthieu 13.11 ; Romains 11.25 ; Éphésiens 3.3 et suivants).
Que faut-il entendre par ces anges des sept Églises ?
Dans l’Apocalypse surtout, les anges sont souvent nommés comme dirigeant ou représentant les vents (Apocalypse 7.1), l’abîme (Apocalypse 9.11), le feu (Apocalypse 14.18), les eaux (Apocalypse 16.5), comparez Hébreux 1.14. Pourquoi ne seraient-ils pas conçus dans notre passage comme préposés aux Églises et les représentant devant Dieu ? Les reproches que les épîtres contiennent à l’adresse des anges ne sont pas une objection décisive à cette explication, car, dans la pensée de Jean, l’Église est personnifiée dans l’ange. Si nous avons ici de vrais anges, il paraîtra naturel qu’ils aient pour emblèmes des étoiles.
Pour quelque interprétation qu’on se décide, ce qui reste indubitable, c’est que le Seigneur adresse les sérieuses et profondes paroles des lettres qui suivent à chacune des sept Églises, à tout le troupeau et par là même aux Églises de tous les temps et de tous les lieux qui peuvent se trouver dans le même état religieux (comparer Apocalypse 2.1, 1re note).
Voir verset 12, note. Quelle idée le Seigneur nous donne de l’Église en général et de chaque Église en particulier, en la comparant à un flambeau dont la lumière resplendit dans le monde ! (comparer Philippiens 2.15)