Verset à verset Double colonne
Le chapitre 12 indiquait le moyen positif par lequel le peuple devra se préserver des faux cultes ; au chapitre 13, Dieu appelle le peuple à réprimer lui-même toute tentative qui pourrait être faite d’introduire dans son sein le culte d’autres dieux. Trois genres de séduction, ayant chacun leur puissance particulière, sont énumérés :
Dans les trois cas l’Israélite pieux doit savoir résister, au nom de l’article fondamental de sa religion ; il doit même prendre l’initiative de la destruction immédiate du ou des coupables.
Un prophète ou un songeur. Vraie ou fausse, la prophétie se produisait soit sous la forme d’un discours animé d’un souffle puissant, soit comme le récit d’une vision nocturne ayant un sens prophétique.
Un signe : un fait naturel annoncé à l’avance. Un prodige : un fait ayant le caractère réel ou faux d’un phénomène surnaturel.
Le signe prédit peut se réaliser ou le prodige accompli rester inexplicable, sans que ce soit une preuve de l’origine divine de la prophétie ou du songe. Israël, qui avait un goût naturel pour ce genre de manifestations divines (1 Corinthiens 1.22), devait apprendre à s’en méfier et se rappeler que de tels faits doivent être envisagés comme des pièges, toutes les fois qu’ils sont accompagnés d’un enseignement en désaccord avec les principes élémentaires de la conscience ou de la révélation. Le témoignage de la loi, que contredit l’imposteur, doit l’emporter sur le témoignage même des yeux.
Si un tel cas vient à se présenter, on doit se dire que c’est une épreuve, que Dieu permet pour donner à la fidélité de son peuple l’occasion de se manifester.
Mourra. Pousser à l’idolâtrie c’est en Israël, où Dieu est en même temps le, souverain, le crime de haute trahison.
Et tu ôteras le mal. On pourrait traduire : le méchant, ainsi que le fait saint Paul, 1 Corinthiens 5.13. Mais comme cette traduction ne pourrait être conservée dans tous les cas où se trouve cette expression (Deutéronome 22.21 ; Deutéronome 22.24), le terme plus général de mal doit être préféré. Dans l’Église cette parole ne doit se réaliser que par des moyens spirituels.
L’intimité des relations de la famille est rappelée de la manière la plus expressive, pour montrer à quel point tous les attraits de l’attachement personnel doivent être immédiatement foulés aux pieds en pareil cas (Luc 14.26).
L’expression : de ta mère, provient sans doute de ce que chez les peuples où règne la polygamie, la relation entre enfants de la même mère est beaucoup plus étroite que celle avec les frères et sœurs de père seulement (Lévitique 19.3, note).
Secrètement, en opposition à la sollicitation du prophète qui avait un caractère public.
Que toi ni tes pères n’avez connus. Le nouveau culte se présente avec tout l’attrait de la nouveauté.
Gradation dans la résistance et la sévérité opposées aux sollicitations coupables.
La première : comme étant la main du premier témoin (Deutéronome 17.7).
Et tout Israël… craindra. Un châtiment pareil, qui avait eu pour premier exécuteur le parent le plus rapproché du coupable et auquel s’était associé le peuple entier de l’endroit, devait laisser une trace profonde dans les cœurs.
Des gens pervers, littéralement : des hommes fils de Bélial. Ce dernier mot signifie : ce qui ne profite pas, ce qui ne vaut rien. C’est ainsi que le mot de Bélial a fini par désigner chez les Juifs, Satan lui-même (2 Corinthiens 6.15).
Tu feras une enquête… L’accumulation des verbes indique le soin minutieux avec lequel l’enquête se fera. Le crime une fois constaté, il devra être puni avec la dernière rigueur, sans égard pour le nombre : la loi fondamentale de la théocratie a été violée.
Interdit. Voir Lévitique 27.21, note. Le jugement d’interdit est même ici plus sévère qu’il ne le fut pour les villes de Canaan prises par Israël, à l’exception de Jéricho (Josué 8.2 ; Josué 8.27).
La moindre tolérance serait envisagée par Dieu comme une connivence avec le péché commis et attirerait sur le peuple tout entier, devenu complice, la malédiction de l’interdit.
Rien ne s’attachera à ta main. Il ne faut pas qu’un sentiment quelconque de cupidité souille dans le cœur des Israélites un pareil acte de justice.
Et te multiplie : en compensation de l’affaiblissement apparent résultant pour le peuple d’une destruction semblable. L’extermination de la ville de Guibéa et d’une grande partie de la tribu de Benjamin (Juges 20), quoique provenant d’une cause un peu différente, paraît reposer sur cette loi. Comparez aussi Josué 22.33.