Verset à verset Double colonne
1 Nul ne prendra la femme de son père et ne soulèvera la couverture de son père.Inceste, voir Lévitique 18.8, note.
La femme de son père. Ce cas d’inceste est le seul ici rappelé, sans doute parce que c’est le plus grave (1 Corinthiens 5.1).
De la pureté de la famille le législateur passe à celle de la communauté en général. Ce sont des mesures d’un ordre tout extérieur, comme les précédentes, mais propres à graver dans le cœur du peuple la pensée qu’une parfaite pureté morale doit régner dans son sein :
Cette loi peut paraître sévère envers les individus qu’elle concerne, mais elle n’en a pas moins un but d’humanité en ce qu’elle est destinée à réprimer un usage cruel fort répandu chez les peuples de l’Orient. Elle ne concerne que l’ancienne alliance ; Ésaïe 56.3-6 annonce expressément son abolition dans la nouvelle ; comparez. Actes 8.27. Voir Lévitique 22.24.
D’une union illicite. Le terme hébreu désigne non un enfant naturel, mais le produit d’un inceste ou d’un adultère.
Dixième génération. Le nombre dix est le nombre de la consommation : l’exclusion ne cessera pas même au moment où il semble qu’elle eût pu prendre fin. Le verset 4 prouve que cette expression signifie : à jamais. L’idée de la réprobation divine doit rester attachée à l’acte contre nature d’où est procédée une telle race.
L’Ammonite et le Moabite. Ces deux peuples voisins et parents d’Israël ne peuvent être admis dans la communauté israélite parce qu’ils sont tous deux issus d’un inceste (Genèse 19.30 et suivants). Si un autre motif est donné, verset 3, c’est sans doute qu’ils auraient pu, par une conduite bienveillante envers Israël, laver la tache de leur origine. Mais ils n’ont fait au contraire que l’aggraver.
Moab a sans doute vendu des vivres aux Israélites (Deutéronome 2.29) ; mais il ne l’a fait que, dans un esprit mercantile, tandis qu’il aurait dû venir avec empressement au-devant des besoins d’un peuple frère. On ne peut donc lui en tenir compte. De plus, c’est lui qui a appelé Balaam.
Ces peuples étaient si foncièrement corrompus qu’Israël, tout en s’abstenant de les détruire comme les Cananéens, ne devait entrer avec eux en aucune relation fraternelle. L’exemple de Ruth, la Moabite, n’est pas contraire à ce précepte, puisque par son mariage elle était entrée dans la communauté israélite.
Il est ton frère : parent beaucoup plus rapproché d’Israël que les précédents et exempt de la tache attachée à l’origine de ceux-ci. Au temps des Rois il serait difficile de comprendre une pareille manière de s’exprimer sur les Édomites, car ils s’étaient montrés pleins de haine en toute occasion contre Israël (voir le prophète Abdias et Jérémie 49) et Israël les avait traités maintes fois en ennemis. Comment à cette époque aurait-on inventé une loi qui devait mettre Ésaü à l’abri de ce traitement ?
À l’égard des Égyptiens, dont Israël avait reçu à la fois et beaucoup de bien et beaucoup de mal, il ne doit se souvenir que du bien. Il a été accueilli chez eux en un temps de détresse.
Troisième génération. Trois générations sont nécessaires pour effacer la marque de l’origine étrangère.
Toute chose mauvaise. Terme déterminé par ce qui suit (versets 11 à 14). Même dans la guerre, où l’on se croit tout permis, les règles de la décence et du bon ordre doivent être respectées.
Accident nocturne : comparez Lévitique 15.1-18.
Au milieu de ton camp. On peut se demander si cette expression fait allusion à la présence de l’arche et de la nuée au milieu du camp dans les expéditions militaires ; il s’agit en effet, ici, non du camp du désert, mais des guerres futures du peuple. Mais rien ne prouve que ç’ait été l’usage de conduire l’arche avec les armées, contre l’ennemi. Le récit même, d’où on croit pouvoir le conclure (1 Samuel 4.3), prouve le contraire, puisque ce n’est qu’après une première défaite que l’on songea à faire venir l’arche. Quant à la nuée à laquelle pourrait faire penser l’expression : pour te couvrir de son ombre, elle ne s’est plus montrée après l’établissement en Canaan, que dans des cas extraordinaires (l’inauguration du temple, 1 Rois 8.10-11). Il n’est donc question ici ni de l’arche ni de la nuée. Que signifierait d’ailleurs l’expression : Rien de malséant qui oblige l’Éternel à se retirer de toi ? Serait-ce un ordre d’emporter l’arche si quelque chose de pareil venait à se passer ? Il faut donc admettre que la présence de l’Éternel et sa protection sont prises ici dans un sens purement spirituel et que l’idée superstitieuse de rattacher à l’arche la présence de Dieu a été attribuée à tort aux écrivains sacrés. Le séjour au désert a été sous ce rapport un moment exceptionnel.
Il semble qu’il y ait entre ces deux préceptes un contraste. Tandis qu’un esclave étranger, qui se réfugie au pays d’Israël, doit être accueilli avec bienveillance, on ne doit point y tolérer des personnes d’origine israélite, vivant du salaire de l’impureté, ni accepter pour le sanctuaire un argent provenant du prix de la prostitution, fût-il même offert pour l’accomplissement d’un vœu.
De prostituée, littéralement de consacrée. La prostitution faisait chez les Cananéens partie du culte d’Astarté.
Vente d’un chien. Ce mot est pris ici dans le sens figuré pour désigner ce qu’il y a de plus infâme en fait d’impureté de la part d’un homme (Romains 1.27 ; 1 Corinthiens 6.9 ; Apocalypse 22.15). Une inscription égyptienne donne le nom de chiens aux prostitués officiels entretenus dans les sanctuaires. Movers rapporte que les dons votifs provenant du salaire de la prostitution officielle dans les temples, étaient chez les Phéniciens une source importante de revenus pour les sanctuaires.
Maison de l’Éternel. Cette expression ne se trouve qu’ici dans le Deutéronome. Elle est peut-être l’indice de l’origine postérieure de cette ordonnance, ou bien elle s’explique par l’antithèse des temples païens où ces offrandes étaient acceptées.
Aucun intérêt : disposition plus complète encore que celles de Exode 22.25 et Lévitique 25.36.
Autorisation analogue à celle de Deutéronome 15.3 et justifiée par le fait que ces étrangers eux-mêmes se prêtaient à intérêt les uns aux autres.
Afin que… cette bénédiction et la prospérité qui en résultera seront comme la compensation du sacrifice demandé.
Pour les vœux en général, voir Lévitique 27 et Nombres 30.2 et suivants.
Ce même usage existe encore maintenant chez les Arabes. Robinson (Palestine, II, page 419) raconte que près d’Enguédi les Arabes qui le conduisaient arrachaient des épis et en mangeaient les grains et que, à la question qu’il leur adressa à ce sujet, ils répondirent que c’était là un ancien usage et que personne ne s’y opposerait parce qu’on supposerait bien qu’ils avaient faim. Nous avons vu plus tard, ajoute-t-il, beaucoup d’exemples de ce genre. Comparez Luc 6.1.