Verset à verset Double colonne
Ces deux chapitres forment la conclusion de toute la première partie du livre. Moïse presse le peuple réuni devant lui (Deutéronome 29.9-10) de renouveler son alliance avec Dieu. Pour l’encourager à cet acte, qui est ici envisagé comme acte plutôt moral qu’extérieur, il lui rappelle brièvement tout le bien que l’Éternel lui a fait jusqu’à ce jour (Deutéronome 29.19). L’alliance, dans laquelle il le presse d’entrer, est valable pour tout le peuple présent et à venir (versets 10 à 15). L’Éternel rejettera ceux qui la violeront (versets 16 à 29), mais il les accueillera quand ils reviendront à lui (Deutéronome 30.1-10). La loi n’étant point hors de la portée d’Israël, il n’y a pas injustice de la part de Dieu à en exiger l’observation ; et c’est l’intérêt d’Israël lui-même de l’observer ; car sa violation est la mort, comme son accomplissement la vie (versets 11 à 20).
Dans le texte hébreu ce verset est le dernier du chapitre 28. Les commentateurs juifs y voient la conclusion de tout le Deutéronome proprement dit (Ce sont là les paroles) ; comparez Lévitique 26.46. Mais les chapitres 29 et 30 deviennent par là un appendice non motivé. C’est à nos yeux l’introduction du discours qui va suivre.
Outre l’alliance. Le peuple nouveau devait accomplir par devers lui un acte équivalent à celui de ses pères à Sinaï.
Horeb : voir Exode 17.6, note.
Ne vous a pas donné. Par cette parole sévère, qui rappelle toute leur ancienne incrédulité, Moïse veut les pousser à demander à Dieu ce cœur nouveau qui sent la bonté de Dieu, ces yeux spirituels qui contemplent ses bienfaits, ces oreilles spirituelles qui comprennent ses paroles. Un instant Israël avait eu comme une vision de la vérité (Deutéronome 5.26-29), mais le voile avait bientôt recouvert ses yeux.
Comparez Deutéronome 8.4.
Afin que vous sachiez… Tous les moyens d’alimentation ordinaire ont manqué à Israël ; et pourtant il a vécu. L’Éternel donc suffit à tout et n’est lié à aucune des conditions habituelles de la vie (Deutéronome 8.3).
Comparez Deutéronome 2.26 et suivants.
Moïse, sachant bien qu’il ne pourra célébrer lui-même le renouvellement solennel de l’alliance, qui doit avoir lieu à Sichem, accomplit ici l’acte religieux qui en est comme le prélude.
Coupeur…puiseur… Ces occupations qui, déjà en Égypte, étaient celles des esclaves (Deutéronome 11.10), avaient été remises, pendant le séjour du peuple au désert, aux étrangers qui s’étaient joints à lui.
Ceux qui ne sont pas ici : les générations futures.
Aujourd’hui. La disposition à l’idolâtrie pouvait exister déjà en germe au sein du peuple au moment où Moïse parlait.
Une racine… : Hébreux 12.1-5.
Enivrement et amertume, en hébreu : rosch, pavot, graine étourdissante et laana, absinthe ; image du délire moral et des malheurs sociaux qui sont les conséquences de l’idolâtrie.
Ne se flatte, littéralement : ne se bénisse en son cœur.
J’aurai la paix : je prospérerai.
De sorte que celui qui est assouvi… Expression proverbiale. Il arriverait infailliblement que ceux qui boiraient aux sources malsaines de l’idolâtrie, entraîneraient par leur exemple ceux qui autrement n’auraient jamais passé du désir (la soif) à l’acte réel.
Pardonner : le refus de pardonner. Ce fait, qui se présente si rarement dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, correspond à l’endurcissement obstiné du pécheur.
Le séparera, pour le livrer, comme lors de la punition de la tribu de Benjamin (Juges 21) ou dans le jugement de destruction qui frappa les dix tribus longtemps avant Juda.
Vos fils qui viendront : quand il arrivera qu’eux-mêmes passeront en étrangers par ce pays que je vous avais donné. La crainte exprimée au verset 19 s’est réalisée.
Tableau plus terrible encore que celui de Lévitique 26.31 et suivants, de la dévastation de la Palestine ; c’est l’application à tout le pays du châtiment des villes de la Plaine qui avait changé un jardin de Dieu en un lieu de désolation (Genèse 13.10).
On répondra. Cette réponse sera celle que donnera la Parole de Dieu par la bouche de ses interprètes ; comparez Ésaïe 40.6.
Qui ne leur avaient pas été donnés… : par l’Éternel ; voir Deutéronome 4.19, note.
Aujourd’hui. Il faut se rappeler que ces mots sont placés dans la bouche de la postérité.
Cette déclaration ne fait plus partie de la réponse versets 25 à 28. C’est Moïse qui reprend. Le rejet du peuple choisi de Dieu, la dévastation de son pays et, en général les décrets divins, sont de profonds mystères : Dieu ne pouvait-il pas prévenir les péchés qui devaient amener la ruine de son peuple ? Comment ce rejet peut-il s’accorder avec l’élection divine ? Sans doute, dans les chapitres 9 à 11 des Romains, Paul a jeté une vive lumière sur cette mystérieuse conduite de Dieu, mais la révélation mosaïque ne pouvait le faire encore.
Les choses révélées… Ce qui importe au peuple et à sa plus lointaine postérité, ce n’est pas d’être initié à ces secrets divins ; c’est de connaître la volonté divine qu’il est appelé à exécuter et celle-ci, dit Moïse, nous la possédons suffisamment (Deutéronome 30.10).