Verset à verset Double colonne
1 En ce jour-là, l’Éternel visitera de son épée, de sa lourde, grande et forte épée, Léviathan, le serpent agile, et Léviathan, le serpent tortueux ; et il tuera le monstre qui est dans la mer.Ce troisième discours s’ouvre par la promesse de la destruction des puissances ennemies de Dieu (verset 1) ; ce passage correspond au chapitre 24 et à Ésaïe 25.9-12, placés en tête des deux premières scènes. Suit un cantique qui a pour sujet la protection dont Dieu entoure sa vigne (versets 2 à 6 ; comparez Ésaïe 25.4-5 et Ésaïe 26.1-19). La prophétie se termine par la promesse du rassemblement des restes d’Israël dans la Terre-Sainte (versets 7 à 13 ; comparez Ésaïe 25.6-8 et la dernière partie du cantique Ésaïe 26.13-19).
Ce jour-là : toujours le même grand jour de l’Éternel (Ésaïe 24.21 ; Ésaïe 25.9).
De son épée. L’image est tirée de Deutéronome 32.41.
Léviathan : nom poétique d’un animal colossal et redoutable. La description qu’en donne le livre de Job (Ésaïe 40.20 à 41.25) paraît se rapporter au crocodile ; ailleurs ce nom désigne un monstre marin ou un serpent. Ésaïe distingue deux léviathans et il y ajoute le monstre qui est dans la mer. Ces trois animaux sont les emblèmes de trois puissances politiques que l’Éternel frappera. L’Écriture compare souvent les royaumes terrestres à des bêtes féroces (voyez Daniel). Quels sont ces trois empires ? Dans les versets 12 et 13, les exilés d’Israël doivent revenir de l’Égypte, de l’Assyrie et du pays de l’Euphrate. Il est donc probable que les trois puissances ici désignées sont Babylone, l’Assyrie et l’Égypte. Le serpent agile est sans doute l’Assyrie, traversée par le Tigre, ce fleuve au cours rapide dont le nom hébreu Hiddékel, aussi bien que le nom persan et kourde actuel (Tîr), signifie flèche. Le serpent tortueux est l’empire babylonien, situé des deux côtés de l’Euphrate, ce fleuve aux nombreuses sinuosités, naturelles et artificielles. Hérodote rapporte qu’en le descendant, on repassait trois fois tout près du même endroit. Le monstre qui est dans la mer est l’Égypte, baignée par les eaux du Nil et de la Méditerranée ; comparez Ézéchiel 29.3.
Comparez Ésaïe 5.1-6.
Le texte dit littéralement : En ce jour-là (sous-entendez : on dira) : Une vigne de bon vin, chantez-la.
L’Éternel lui-même célèbre ici la prospérité de sa vigne, de même que Ésaïe 5.3-6 il en avait déploré la stérilité et annoncé la destruction.
Comparez Ésaïe 5.5.
Le temps de la colère est passé. Israël purifié n’a plus rien à redouter du jugement divin.
Des ronces et des épines : symbole des ennemis du peuple de Dieu (2 Samuel 23.6-7). Dieu lui-même leur avait autrefois livré sa vigne (Ésaïe 5.6) ; maintenant c’est lui qui la délivre de celles qu’on y voudrait mettre.
Encouragement aux ennemis d’Israël, s’ils ne veulent pas périr, à se convertir à Jéhova et à faire la paix avec lui.
Qu’on n’ait recours… comparez l’exemple d’Adonija 1 Rois 1.50-53.
Explication de l’image, comme Ésaïe 5.7. Désormais Israël prospérera à tel point, qu’il couvrira le monde entier de ses rejetons et de ses fruits. Comparez Ésaïe 37.31 ; Osée 14.5-7.
Le peuple d’Israël a été châtié, mais non pas détruit, comme les nations païennes dont Dieu s’était servi pour le punir (versets 1, 10 et 11 ; Ésaïe 26.14).
Par la dispersion… Ésaïe assista lui-même au premier acte de ce jugement : la déportation des dix-tribus en Assyrie.
Il : l’Éternel.
Le jugement a purifié le peuple (comparez Ésaïe 4.4). On a vu, au retour de la captivité de Babylone, un prélude de ce qu’Ésaïe décrit ici. Israël abandonna totalement l’idolâtrie, qui dès lors ne reparut plus dans son sein.
Les autels : les sanctuaires païens élevés jadis dans la Terre Sainte ; par exemple l’autel du veau d’or dressé par Jéroboam (1 Rois 12.32 à 13.2).
Les Astartés et les colonnes solaires : voir Ésaïe 17.8, note et tout le passage Ésaïe 17.7-11.
Les idoles qu’Israël a détruites ne se relèveront pas (verset 9) ; car après que, par la chute de la grande cité, capitale du paganisme, elles ont été convaincues d’impuissance, le peuple ne sera plus tenté de les adorer. Comparez Ésaïe 21.9. Ainsi la conversion d’Israël se lie étroitement au jugement des païens.
Ville forte : voir Ésaïe 24.10-12 ; Ésaïe 25.2 ; Ésaïe 26.5.
Une demeure délaissée… Elle est devenue un monceau de décombres ; parmi ces ruines croissent des broussailles qui servent soit de pâture aux troupeaux, soit de combustible (verset 14). Comparez Ésaïe 5.17 ; Ésaïe 17.2 ; Ésaïe 10.16-18.
Ce n’est pas un peuple… Il s’agit du peuple de la capitale (verset 10), ainsi des païens (comparez le mot peuple appliqué aux hommes en général, Ésaïe 40.7).
Son Créateur. Comparez Ésaïe 17.7 ; Ésaïe 29.16. Dieu est aussi le Créateur des païens (Job 12.9-10) ; néanmoins il ne les épargnera pas.
Le prophète oppose au tableau de la désolation finale de la ville païenne (versets 10 et 11), celui du rétablissement d’Israël. Il emploie pour cela l’image d’une récolte.
Secouera les épis. On bat les épis pour en séparer le grain (Juges 6.14). Cette opération est l’image du jugement par lequel Dieu arrachera Israël aux étreintes de ses oppresseurs et le séparera d’eux pour le rassembler dans sa terre.
Le fleuve est l’Euphrate (Ésaïe 7.20, note) ; le torrent d’Égypte est le Wady-el-Arisch, limite orientale de l’Égypte (Genèse 15.18).
Les épis du fleuve sont ceux des pays de l’Euphrate (Assyrie, Babylonie) ; les épis du torrent d’Égypte sont ceux de l’Égypte. Ces mots désignent donc les deux contrées principales où Israël a été captif.
Un à un. L’exil les a dispersés les uns loin des autres, ils seront réunis et pas un d’eux ne sera oublié. Comparez Amos 9.9 ; Michée 2.12.
Explication en termes propres de l’image du verset 12.
La grande trompette (Ésaïe 18.3 ; Matthieu 24.31) est l’emblème d’une puissante et soudaine intervention divine. À ce signal, les dispersés se réunissent et reviennent, en Canaan pour adorer sur la sainte montagne, qui, dans la prophétie, reste le centre du règne de Dieu (Ésaïe 2.2 ; Ésaïe 11.9-10 ; Ésaïe 24.23 ; Ésaïe 25.6). comparez la promesse du rétablissement d’Israël présentée sous l’image d’une résurrection du peuple, Ézéchiel 37.
L’Assyrie et l’Égypte représentent ici, comme Ésaïe 11.16 et Ésaïe 19.23-25, tous les pays de la dispersion. La mention de l’Assyrie (tandis que Babylone n’est nommée nulle part dans les chapitres 24 à 27) est une nouvelle preuve que ce morceau n’a pas été composé, comme beaucoup le prétendent, au temps de la captivité, alors que Ninive et l’Assyrie avaient disparu de la scène.