Verset à verset Double colonne
1 Ainsi a dit l’Éternel : Où est la lettre de divorce de votre mère, par laquelle je l’ai répudiée ? Ou auquel de mes créanciers vous ai-je vendus ? Voilà, vous avez été vendus à cause de vos iniquités, et votre mère a été renvoyée à cause de vos péchés !La double comparaison que renferme ce verset doit achever de dissiper les doutes exprimés Ésaïe 49.14 ; Ésaïe 49.24 : l’obstacle qui s’oppose au rétablissement d’Israël est en lui, non en Dieu.
Sion a été renvoyée pour un temps par son mari (Dieu), mais non répudiée avec la lettre de divorce qui annule le mariage (Deutéronome 24.1-4) ; et si ses fils (les Israélites) ont été livrés aux païens, ce n’est pas que Dieu soit semblable à un homme qui est obligé de vendre ses enfants pour payer ses créanciers (2 Rois 4.1 ; comparez Matthieu 18.25). Il conserve donc tous ses droits sur l’une comme sur les autres et rien ne pourra l’empêcher de rétablir Israël, dès que celui-ci mettra sa confiance en Lui.
Votre mère… à cause de vos péchés. Le sort de la nation prise dans son ensemble (la mère) est déterminé par la conduite des individus (les enfants).
Le péché d’Israël, dès le temps de Moïse, c’est le mépris de Dieu et de ses envoyés, comparez Jérémie 7.23-28. Ce mépris serait-il justifié par son impuissance à les délivrer ? On sait ce qu’il a fait dans le passé (sortie d’Égypte) et ce qu’il a fait, il est capable de le faire encore (pour tirer son peuple de la captivité). Comparez Ésaïe 49.1-2 ; Nombres 11.23 ; Exode 7.21 ; Exode 14.21 ; Ésaïe 44.27.
Le vêtement noir, le sac : signes de deuil. Ces images du jugement dont Dieu s’apprête à frapper les ennemis de son peuple, font peut-être allusion à la neuvième plaie d’Égypte (Exode 10.21).
Le serviteur de l’Éternel que nous avons déjà entendu parler Ésaïe 49.1-6, prend de nouveau la parole. Le Seigneur l’a, dit-il, préparé lui-même pour son œuvre et il l’accomplit, sans faiblir devant la persécution, assuré qu’il est de l’aide de son Dieu (versets 4 à 9). À ce discours le prophète ajoute quelques paroles d’encouragement pour ceux qui obéissent à la voix du serviteur et de menace pour ceux qui s’opposent à lui (versets 10 à 14).
Il y a progrès dans le développement de la notion du serviteur, du chapitre 49 au chapitre 50 et de celui-ci au chapitre 53. Le tableau de sa fidélité et de ses souffrances (versets 4 à 9) se rattache au passage de son premier discours où il se plaignait d’avoir travaillé en vain (Ésaïe 49.4) et prépare le tableau plus développé Ésaïe 52.13 à 53.12.
Une langue de disciple : non une langue savante (Ostervald), mais une langue qui répète fidèlement. Le serviteur remplit la mission qui lui a été assignée Ésaïe 52.3. Comparez Matthieu 11.28. Pour l’en rendre capable, Dieu le prend à son école et chaque matin lui donne la leçon qu’il fera à son tour entendre à d’autres. Comme j’entends, je juge, disait Jésus (Jean 5.30 ; comparez Jean 8.26 ; Jean 8.28).
L’Éternel parle au serviteur non en visions, mais bouche à bouche, comme à Moïse (Nombres 12.6-8) ; en lui s’accomplit la promesse d’un prophète semblable à ce dernier (Deutéronome 18.15-18).
Remarquez le contraste avec le verset 2 (comparez Ésaïe 48.8) : lui seul en Israël ne se retire pas, lui seul écoute et obéit quand Dieu parle ; lui seul mérite véritablement le nom d’Israël (Ésaïe 49.3). Comparez Psaumes 40.7-10.
Ce tableau s’est réalisé parfois en quelque mesure dans la vie des prophètes (voir par exemple Jérémie 20.1-18 ; comparez Job 30.10). Mais c’est en Jésus qu’il a eu son réel accomplissement : voyez Matthieu 26.67 ; Matthieu 27.30 ; Jean 19.1-3. Lui-même a reconnu dans ce passage la prédiction de ses propres souffrances (Luc 18.31-32 ; comparez la parabole des vignerons).
Arracher la barbe à quelqu’un est, d’après les idées de l’Orient, le traitement le plus ignominieux qu’on puisse lui faire subir (2 Samuel 10.4).
Semblable à un caillou : impassible, sans crainte ni colère. Comparez Ézéchiel 3.8-9. L’Évangile de Luc, fait peut-être allusion à ce trait quand il dit que Jésus, affermit sa face pour aller vers Jérusalem (Luc 9.51).
Il est en butte aux accusations de son peuple : l’approbation de Dieu lui suffit ; il sait que l’Éternel fera éclater son bon droit et il ne craint pas de provoquer ses adversaires. Comparez Ésaïe 49.4 ; Ésaïe 49.25. D’après Romains 8.33-34 tous les fidèles sont autorisés à s’approprier le défi contenu dans ce verset, parce que leur justification est renfermée dans celle du serviteur de Dieu.
La teigne est l’image d’une destruction lente et fatale ; cette image reparaît Ésaïe 51.8.
Ils…, les : ceux qui oseront accuser ou même condamner le serviteur.
Qui d’entre vous (en Israël) écoute la voix du serviteur ? Ces mots sont décisifs contre l’opinion qui voit dans le serviteur la partie fidèle du peuple : ils signifieraient, dans ce point de vue, que le serviteur se parle à lui-même, que le peuple écoute la voix du peuple !
Dans les ténèbres : dans les angoisses du jugement (comparez Ésaïe 8.22). Pour subsister, dans ce jugement, il ne faut que croire (Ésaïe 7.9 ; Ésaïe 28.16).
Le discours du prophète se confond ici avec celui de Dieu lui-même.
Le feu qu’allument les rebelles est celui de la méchanceté, les flèches qu’ils lancent, celles de la haine et de la persécution contre l’Éternel et contre son serviteur (comparez Ésaïe 9.17 ; Jacques 3.6) ; c’est ce feu même qui les consumera, car le jugement de l’Éternel le retournera contre eux (comparez Ésaïe 1.31 ; Malachie 4.4). Jérusalem et le temple ont péri dans ce feu ; le sang du Juste est retombé sur Israël.
Vous serez couchés : pour ne plus vous relever (comme les Égyptiens, Ésaïe 43.17 ; comparez Ésaïe 66.24 ; Jérémie 51.57).