Verset à verset Double colonne
1 Réveille-toi, réveille-toi, revêts ta force, Sion ! Revêts tes habits de fête, Jérusalem, ville sainte ! Car désormais l’incirconcis et l’impur n’entreront plus chez toi.L’Éternel va racheter son peuple ; les messagers de paix proclament la venue de son règne et Israël est invité à sortir de captivité.
Réreille-toi : voyez Ésaïe 51.17.
Revêts ta force : dont tu as été dépouillée depuis longtemps.
Tes habits de fête : pour célébrer l’arrivée de Jéhova, qui rentre en roi dans sa ville sainte (versets 7 et 8).
Ville sainte : elle ne l’est plus, en réalité, car elle a été profanée par les Gentils (Psaumes 79.1). Mais elle le redeviendra et tous ses habitants seront saints. Comparez Apocalypse 21.27 ; et Nahum 1.15 (où se retrouvent les derniers mots du verset).
Assieds-toi : Sion, que l’étranger a foulée dans la poussière Ésaïe 51.23, va trôner comme une reine, tandis que Babel, qui trône maintenant, tombe (Ésaïe 47.1).
Les Chaldéens n’ont pas de droits sur Israël, car ils n’ont rien payé pour l’acquérir. Israël n’aura donc pas non plus de rançon à payer pour se racheter. Si Dieu, dont il est demeuré la propriété, trouve bon, en reprenant ses droits, de dédommager le libérateur, cela ne concerne pas le peuple. Comparez Ésaïe 45.13 ; Ésaïe 50.1.
Israël a assez souffert ; c’est déjà la troisième fois qu’il subit un esclavage injuste. Il a été asservi d’abord en Égypte, où il s’était établi librement, comme hôte ; puis Assur, que Dieu ayait envoyé pour le châtier, a abusé de sa force pour se l’asservir sans cause, c’est-à-dire sans avoir des droits réels et des griefs légitimes à faire valoir contre lui.
Et maintenant : comment cela se peut-il ? Le voilà victime de l’oppression des Chaldéens !
Des hurlements : des cris de rage et de triomphe, à l’adresse de Jéhova aussi bien que de son peuple.
Le nom de Dieu outragé (verset 5) va être glorifié par la délivrance de son peuple.
En ce jour… : celui de cette délivrance.
Me voici. Ce mot résume toute la bonne nouvelle qui va être annoncée dans les versets suivants. Le salut, c’est en effet la venue et la parfaite manifestation de Dieu (verset 8 ; Ésaïe 40.5 ; Ésaïe 40.9). Il est évident que le retour de Babylone n’a réalisé que dans une bien faible mesure de telles prophéties. Elles ne s’accompliront pleinement qu’aux derniers temps, par la glorieuse apparition de Dieu en la personne du Roi d’Israël, du Christ.
Le prophète voit en esprit les messagers qui apportent à Jérusalem la nouvelle de la délivrance à travers les montagnes de Juda (Ésaïe 40.9 ; Ésaïe 41.27). Comparez le texte presque identique Nahum 1.15 et la citation Romains 10.15 ; l’application qu’en fait l’apôtre à la prédication de l’Évangile repose sur le fait que le retour de la captivité n’a pas épuisé le contenu de la prophétie ; l’accomplissement parfait se prépare graduellement dans l’histoire, pour éclater au jour de l’avènement du Christ.
Les pieds : l’emblème de la marche ou de l’arrivée des messagers.
Ton Dieu règne. C’est là la substance du message de salut ; la souveraineté de Dieu sur son peuple avait été comme suspendue pendant l’exil (Ésaïe 63.19) ; il va de nouveau résider en roi dans Sion (Ésaïe 24.23). Comparez l’expression : la bonne nouvelle du règne de Dieu, qui résume la prédication de Jésus dans les premiers temps de son ministère (Marc 1.14).
L’image dont se sert le prophète, est celle-ci : Sur les tours de Sion, encore déserte, se tiennent des sentinelles qui attendent l’apparition de Dieu et le retour des captifs qu’il ramènera. Elles voient sur les hauteurs voisines accourir les messagers, précurseurs du Roi céleste (verset 7) ; puis bientôt la promesse s’accomplit ; Dieu s’approche ; et, se tournant vers Sion en ruines, les sentinelles proclament le salut avec un chant de triomphe. Comparez la sentinelle qui attend et publie la chute de Babylone, Ésaïe 21.6 et suivants.
Le retour de l’Éternel en Sion. On pourrait aussi traduire : que l’Éternel ramène Sion. Mais c’est de la venue de Dieu lui-même qu’il s’agit avant tout dans ce passage (versets 6, 7, 10). Le retour des exilés sera indiqué plus loin (versets 11 et 12).
Les versets 9 et 10 sont le chant des sentinelles (verset 8). Comparez Ésaïe 51.3 : Il a consolé toutes ses ruines.
Le bras de sa sainteté : c’est-à-dire son bras qui agit saintement ; il semblait inactif et impuissant ; il se montre maintenant. C’est au nom de sa sainteté que Dieu agit et délivre ; elle est la source du salut aussi bien que du jugement.
Tous les bouts de la terre : comparez Ésaïe 40.5 ; Ésaïe 48.20 etc.
Le prophète, qui vient de contempler la délivrance comme si elle s’accomplissait sous ses yeux, appelle le peuple à en profiter et à quitter Babylone, dont le jugement va avoir lieu. Comparez Ésaïe 48.20.
Rien d’impur : rien qui appartienne aux païens, qui ait rapport à l’idolâtrie ; car ils vont rentrer dans la ville sainte (verset 1 ; comparez le chemin où nul impur ne doit passer, Ésaïe 35.8).
Purifiez-vous, vous qui portez… Ces mots s’adressent aux Lévites, auxquels Moïse avait confié le soin de porter le tabernacle et ses accessoires et prescrit une purification spéciale (Nombres 4.24 ; Nombres 4.47-49 ; Nombres 8.6 et suivants). On sait que Cyrus fit restituer aux Juifs les vases du temple, que Nébucadnetsar avait emportés à Babylone (Esdras 1.7-11 ; 2 Rois 25.14-15 ; Daniel 5.2).
Ils pourront faire ce qui vient de leur être ordonné, car la seconde délivrance ne sera pas une fuite comme la sortie d’Égypte, mais une marche triomphale. L’allusion à Exode 12.11 et Deutéronome 16.3 est évidente.
Votre arrière-garde. L’Éternel, qui est à leur tête pour les guider, ferme aussi la marche, afin que nul ne se perde et que personne ne les poursuive. Comparez Exode 14.19-20.
Ce morceau est le point culminant du livre d’Ésaïe et de la prophétie de l’Ancien Testament en général. La figure du Messie n’est dépeinte nulle part avec une pareille précision, sous son double aspect d’humiliation et de gloire. Le prophète commence par un tableau sommaire de l’abaissement et de l’élévation du serviteur de Dieu (Ésaïe 52.13-15) ; puis il confesse, au nom d’Israël, l’incrédulité de ce peuple à son égard et décrit avec détail les souffrances imméritées par lesquelles il expiera le péché de ses frères (Ésaïe 53.1-9) ; enfin il annonce la récompense qui sera le salaire de son sacrifice (Ésaïe 53.10-12).
C’est l’Éternel qui prononce les trois premiers versets ; c’est le peuple qui parle, par la bouche du prophète, Ésaïe 53.1-10 ; les versets 11 et 12 sont de nouveau des paroles de l’Éternel. Ce tableau incomparable de l’œuvre du Messie, qu’on a pu appeler un cinquième évangile, est le développement plus complet et plus précis des tableaux déjà tracés Ésaïe 49.1-13 et Ésaïe 50.4-11. Il est cité, très souvent dans le Nouveau Testament. Les auteurs sacrés n’hésitent pas à y reconnaître une prophétie du sacrifice et de la gloire de Christ. C’est aussi la seule interprétation qui nous paraisse admissible. Voir, sur les autres interprétations, les remarques à la fin du morceau.
Avant de parler de l’humiliation du serviteur, le prophète énonce le terme glorieux auquel doit aboutir toute sa carrière.
Voici mon serviteur… Comparez le début du premier discours où le Messie reçoit ce titre, Ésaïe 42.1.
Il prospérera voir Ésaïe 53.10. Les trois verbes suivants expriment le superlatif de la grandeur c’est le souverainement élevé de Paul, Philippiens 2.9. Les anciens interprètes juifs reconnaissent qu’il s’agit ici du Messie. Le Midrasch Tanchuma dit à l’égard de ce passage : C’est le Roi-Messie, qui sera plus grand qu’Abraham, plus élevé que Moïse, exalté au-dessus des anges.
Après avoir parlé du serviteur, Dieu s’adresse à lui (en te voyant) ; ainsi déjà Ésaïe 42.6. C’est comme si, sortant d’un vague lointain, le serviteur se rapprochait et apparaissait toujours plus distinctement.
Beaucoup ont été interdits : c’est-à-dire frappés d’étonnement et comme pétrifiés à sa vue. La fin du verset est une parenthèse qui explique la raison de cet étonnement : le serviteur ne parviendra à la gloire qu’à travers des souffrances telles qu’il en sera tout défiguré ; comparez Ésaïe 50.6-7 ; Ésaïe 53.3-7. Dans cette parenthèse explicative, il est parlé de nouveau du serviteur à la troisième personne et le verset 15, qui reprend la phrase interrompue, continue de même.
Ainsi… La stupéfaction qu’a causée sa misère n’aura d’égale que celle que causera sa gloire.
Il fera tressaillir. Le sens du mot est incertain. Il signifie ordinairement faire jaillir, sens qui ne peut guère s’appliquer ici ; quelques-uns traduisent par asperger, arroser (il purifiera les peuples par son sang expiatoire) ; le mot hébreu ne peut avoir ce sens. Nous le prenons donc dans celui de faire tressaillir, ou (plus exactement) sauter, bondir ; c’est-à-dire qu’il fera lever pour lui rendre hommage les peuples et leurs rois. Il s’agit bien évidemment des Gentils. Le serviteur, apparaissant soudain dans sa gloire, produira dans le monde païen une commotion profonde et le fera bondir d’étonnement et d’attente. Même idée Ésaïe 49.7 : Les rois le verront et se lèveront… Leur extrême surprise s’explique d’autant mieux que sa destinée ne leur avait pas été annoncée comme à Israël. Comparez Romains 15.24.
Fermer la bouche : le signe d’un étonnement mêlé de respect.
Ils ferment la bouche et restent interdits, parce que la grandeur de ce qu’ils voient dépasse tout ce que la parole peut exprimer
Comparez Michée 7.16 ; Job 21.5 ; Job 29.9 ; Job 39.37.