Verset à verset Double colonne
Édit de Cyrus. Ces versets jusqu’au début du verset 3, sont la reproduction littérale de 2 Chroniques 36.22-23.
Et la première année de Cyrus. Sur ce Et, au commencement d’un livre, voir Ézéchiel 1.1, note.
Cette année est la première où Cyrus régna seul à Babylone, soit l’an 536 avant Jésus-Christ. Voir dans Daniel l’Introduction et la note du chapitre 6, ainsi que le tableau chronologique placé au début des Prophètes.
Sur Darius le Mède (Cyaxare II), qui doit avoir précédé Cyrus, voir de même Daniel chapitre 6, note générale. Cette date de 536 ans avant Jésus-Christ, admise comme terme des soixante-dix ans de l’exil, en porte le commencement à l’an 606, première prise de Jérusalem par Nébucadnetsar sous Jéhojakim.
Sur le nom de Cyrus, voir Ésaïe 44.28, note et Ésaïe. Introduction. Dans la grande inscription de Béhistan ce nom apparaît sous la forme de Kourous ; dans les inscriptions babyloniennes, sous celle de Kouraas ou de Kouras. Strabon met ce nom en rapport avec le fleuve du Kour et selon lui Cyrus l’aurait pris en échange de son nom antérieur d’Agradate.
Roi de Perse. Perse : en langue persane, Pârça ; chez les Babyloniens, Parsou ou Paarsou ; en perse moderne, Pârs ou Fârs, d’où le nom du Farsistan. À la base de ce nom semble être la racine par : partager, diviser. Voir Daniel 5.25.
Ce nom est relativement moderne ; il n’apparaît que dans les livres de l’Ancien Testament les moins antiques et pas même dans le Deutéro-Ésaïe. Pas question des Perses dans Genèse chapitre 10.
Sortie de la bouche de Jérémie. Voir Jérémie 29.10 et Jérémie 25.11-12.
Eveilla l’esprit de Cyrus. D’après un certain nombre de passages où se rencontre cette même expression, elle n’implique qu’une impulsion intérieure, une action spirituelle exercée par l’Éternel sur l’esprit de l’homme à l’insu même de ce dernier. Voir 1 Chroniques 5.26 ; 2 Chroniques 21.16 ; Jérémie 51.11 ; Aggée 1.14 et le verset 5 de notre chapitre. Cependant l’édit qui va suivre renferme des expressions qui semblent supposer quelque chose de plus (l’Éternel ma chargé…).
Une publication disant… Remarquons avant tout que ce qui suit, versets 2 à 4, ne reproduit pas d’une manière complète l’édit de Cyrus, car Esdras 3.7 et Esdras 6.3 montrent qu’il renfermait des prescriptions qui ne sont point indiquées ici. Puis il résulte de Esdras 5.1-13 et Esdras 6.1-2 qu’il n’existait pas à Jérusalem d’exemplaire de cet édit.
L’Éternel, le Dieu des cieux. Cyrus a montré une grande largeur à l’égard des diverses religions qu’il a trouvées dans les pays voisins du sien. Ainsi, lorsqu’il eut conquis la Babylonie, il laissa subsister tel quel le culte des dieux de Babylone et fit même renvoyer dans leurs sanctuaires les statues des dieux de Sumir et d’Akkad que le dernier roi de Babylone en avait éloignées : Les dieux de Sumir et d’Akkad que Nabûnahid, au grand déplaisir du Maître des dieux, avait transportés à Suannaki-Babylone, je les ai fait rentrer en paix dans leurs sanctuaires. Il a toujours témoigné un grand respect aux divinités étrangères : ainsi dans l’extrait que nous venons de citer d’un cylindre découvert dans les annales de Naboned, il reconnaît à Mérodac la qualité de Dieu suprême des Babyloniens, et, dans la suite de cette même inscription, il lui annonce qu’il approche de Babylone et raconte qu’il invoque journellement Bel et Nébo, les priant de bien vouloir intercéder en sa faveur auprès de Mérodac. Est-ce à dire que, pour tout cela, Cyrus se soit converti à la religion de Babylone ? Non ! Il est demeuré adorateur d’Ormuzd. Seulement il est probable qu’il considérait Mérodac comme la forme sous laquelle Ormuzd se faisait connaître à Babylone. De même ici il ne faudrait pas conclure du fait que Cyrus parle de l’Éternel et l’appelle le Dieu des cieux, qu’il se soit converti au judaïsme, pas plus que ne l’avait fait Nébucadnetsar lorsqu’il avait proclamé que nul Dieu ne pouvait délivrer comme celui des Juifs (Daniel 3.29). L’Éternel était pour lui le vrai Dieu, le Dieu unique, en tant que connu et adoré chez les Juifs et voilà pourquoi il veut se le rendre favorable en lui faisant élever un temple à Jérusalem.
Et il m’a chargé… Josèphe (Antiquités Judaïques, XI, 1) rapporte comme suit l’édit de Cyrus : Nous croyons que le Dieu tout-puissant qui nous a établi roi de toute la terre, est le Dieu que le peuple d’Israël adore ; car il a prédit par ses prophètes que nous porterions le nom que nous portons et que nous rétablirions le temple de Jérusalem, consacré à son honneur dans la Judée. Puis il ajoute : Ce qui faisait ainsi parler ce prince, c’est qu’il avait lu dans les prophéties d’Ésaïe… que Dieu lui avait fait connaître qu’il établirait Cyrus roi sur diverses nations et lui inspirerait la résolution de renvoyer son peuple à Jérusalem pour y rebâtir son temple (Ésaïe 44.28 ; Ésaïe 45.1). Cette prophétie lui donna une telle admiration que, désirant l’accomplir, il fit assembler à Babylone les principaux des Juifs et leur dit qu’il leur permettait de retourner en leur pays… Ce passage de Josèphe rend parfaitement compte de l’expression qui nous occupe, mais c’est précisément pour cela qu’il est suspect d’avoir été inventé pour illustrer le décret de Cyrus ; on peut estimer qu’il suffit, pour se rendre compte de l’hommage que ce roi païen rend dans son édit au Dieu des Juifs, de se rappeler le grand crédit dont Daniel avait joui sous Darius et sous Cyrus (Daniel 6.28).
De lui bâtir une maison. Cyrus n’a point renvoyé les Juifs chez eux par humanité, mais par piété. Ce qu’il voulait c’était un temple au Dieu qui se manifeste à Jérusalem et pour cela il lui fallait des ouvriers.
D’entre vous, mes sujets.
Quiconque d’entre vous est de son peuple : même les plus anciens exilés et non pas seulement des Judéens, provenant de la dernière déportation.
C’est le Dieu qui est à Jérusalem : et par conséquent c’est là seulement qu’on peut lui bâtir un temple, si on veut rendre hommage à la divinité du pays.
Qui sont demeurés de reste : qui sont encore en vie en ce moment-ci.
Dons en nature : vêtements, couvertures, tentes, provisions de bouche.
Avait éveillé l’esprit : voir au verset 1 la même expression.
Et tous leurs voisins : d’après le verset 4 leurs voisins païens, mais probablement aussi ceux d’entre les Israélites qui ne se décidèrent pas à retourner en Judée.
Des objets d’argent. Ils sortent donc, comme autrefois d’Égypte, enrichis des offrandes des païens.
Dons volontaires : spécialement offrandes pour la maison de Dieu (verset 4).
Sortit les vases. Voir 2 Chroniques 36.7 ; Daniel 1.2 ; Daniel 5.2.
Son dieu : Bel-Mérodac. Voir Daniel 4.8, note.
Mithrédath. Mithridate, nom persan : donne par Mithra, le dieu du soleil.
Sesbatsar : nom chaldéen de Zorobabel, ainsi que cela résulte de la comparaison de Esdras 5.16, où Sesbatsar est nommé comme fondant le temple de Jésusalem, avec Esdras 5.2, où la chose est attribuée à Zorobabel. Il n’est pas étonnant qu’il ait reçu un nom chaldéen, occupant comme il le faisait des fonctions élevées à la cour de Babylone ; voyez Daniel et ses trois amis. Au reste le sens de ce nom n’est pas connu.
Chose curieuse, des trois mots que nous avons rendus par bassins, couteaux et cruches, il n’y a que le dernier qui ait été employé dans les livres précédents (1 Chroniques 28.17). Les deux autres sont nouveaux et ne paraissent qu’ici. Et pourtant il s’agit d’objets antiques et l’on s’attendrait à les voir désignés par les noms qui leur sont donnés dans les passages correspondants.
Les bassins (agartalim) semblent correspondre aux sippim de 1 Rois 7.50. Le mot agartal est probablement en rapport avec le grec cartalos, corbeille. Les couteaux (machalaphim) répondent probablement aux mezammerôth de 1 Rois 7.50. Le mot machalaphim vient d’une racine qui signifie transpercer.
Cruches, peut-être à couvercles.
De second ordre. Le mot traduit ainsi est d’un sens douteux et indique peut-être que ces vases-là étaient employés pour des offices moins sacrés que ceux d’or.
Cinq mille quatre cents. 30 + 1000 + 29 + 30 + 410 + 1000 = 2 499. Peut-être n’a-t-on compté que les objets les plus importants. Cependant les mots : autres objets, à la fin du verset 10, semblent précisément inclure tout ce qui ne méritait pas une mention spéciale. Le livre apocryphe connu sous le nom de troisième livre d’Esdras présente d’autres nombres, évidemment modifiés pour arriver à une complète concordance. Notre texte, avec la difficulté qu’il présente, est fort ancien, puisque les Septante l’ont déjà eu sous les yeux.