Verset à verset Double colonne
Le prophète reçoit l’ordre de représenter par un acte symbolique la fuite humiliante du roi Sédécias, lorsqu’il sera réduit à abandonner Jérusalem à l’ennemi vainqueur (versets 1 à 16) ; il décrit ensuite les maux qui fondront sur le pays à la suite de cet événement (versets 17 à 20) ; il atteste enfin la vanité des discours par lesquels on se rassure à l’ouïe des menaces divines (versets 21 à 28).
Comparez Deutéronome 29.4 ; Ésaïe 6.9 ; Jérémie 5.21 ; Matthieu 13.14-15.
C’est l’insensibilité morale du peuple qui oblige l’Éternel à lui parler par signes.
Un bagage d’émigrant : un sac de bardes, les provisions et les ustensiles de voyage, la gourde et le bâton.
De jour. Tout ce bagage devait être porté à la rue en plein jour, aux yeux de tous.
Le soir. Les voyages, en Orient, se font souvent de nuit, afin de profiter de la fraîcheur ; ce n’est pourtant pas là la raison pour laquelle Ézéchiel doit partir le soir (verset 6).
Dans ce cas, il s’agit d’un départ tout à fait exceptionnel. Ézéchiel ne doit ni sortir son bagage, ni partir lui-même par la porte, mais par un trou pratiqué dans la muraille de sa maison. L’obscurité de la nuit est donc choisie, non en vue de la commodité, mais pour figurer une fuite nocturne. Enfin, il doit partir la face voilée ; c’est un symbole de douleur, d’humiliation et de honte (2 Samuel 15.30).
J’ai fait de toi l’emblème… Les restes du peuple d’Israël quitteront Jérusalem, comme lui la maison, sans passer par la porte de la ville, de nuit et en emportant leur bagage, comme des gens qui émigrent de leur patrie.
Je fis ce qui m’avait été ordonné. Faut-il comprendre cette exécution à la lettre, ou est-ce encore ici un de ces ordres qui n’ont été accomplis qu’en vision ? On peut hésiter. Rien ne s’oppose à ce que le symbole n’ait été matériellement réalisé. Les mots plusieurs fois répétés : à leurs yeux, parlent pour le sens propre ; l’expression le matin (verset 8) également (le matin après la nuit où avait été figuré le départ) ; enfin, il n’est point dit, comme ailleurs, que la main de l’Éternel fût sur Ézéchiel pour le mettre en état d’extase. D’un autre côté, les actes réels du transport du bagage et du percement de la muraille n’ajoutaient rien à la force de la menace ; et le roi et les habitants de Jérusalem, à qui elle s’adressait le plus directement, ne pouvaient être les témoins de ces actes. Or, le simple récit d’une vision avait pour eux les mêmes effets.
Le matin : celui qui suivit soit l’ordre donné au prophète et le récit qu’il en fit aux captifs, soit l’exécution et le retour qui eut lieu durant la nuit même.
Cette prophétie : littéralement : cette charge (massa).
Le prince : le terme nasi (qui est en rapport étymologique avec le mot massa) désigne ici Sédécias. Ce roi s’était maintenu longtemps à Jérusalem et le peuple paraît avoir mis en lui une confiance particulière (Lamentations 4.20) ; c’est lui qui va être obligé de s’enfuir si ignominieusement de sa capitale prise d’assaut.
On fera un trou… Ce détail n’est pas mentionné dans le récit de la fuite de Sédécias (Jérémie 39.1-18 ; 2 Rois 25.1-30) ; mais les portes étaient certainement murées et gardées par les Chaldéens (2 Rois 25.4) ; le roi dut donc faire pratiquer une ouverture dans le mur de la ville pour échapper par un passage secret.
Il se voilera la face. Ce symbole de deuil attribué à Sédécias au moment de sa fuite, ne s’est probablement pas réalisé à la lettre. Ou bien il ne faut y voir que l’emblème de la honte dont le roi était couvert en ce moment, ou bien il renferme une allusion à la cécité qu’infligea Nébucadnetsar à ce malheureux souverain et en vertu de laquelle il ne vit ni la terre d’Israël en s’en éloignant (verset 12), ni le pays des Chaldéens en y arrivant (verset 13).
J’étendrai mon filet. Annonce de la capture de Sédécias en pleine campagne lors de sa fuite.
Là il mourra : comparez Jérémie 52.11.
Dispersion des restes de l’armée de Sédécias après son arrestation.
Qui lui sont en aide (ezro) : en hébreu, jeu de mots avec ézaré : je disperserai.
Je les aurai répandus : littéralement : je les aurai soufflés.
Afin de raconter. En se reconnaissant coupable devant les païens, Israël doit glorifier la sainteté et la justice de Jêhova, qui le châtie. Par l’aveu humble de sa faute, l’homme rend à Dieu l’hommage qu’il lui a refusé par sa désobéissance.
Dans le trouble : en mangeant debout et dans l’état d’agitation qui précède une fuite.
Toute cette vision était à l’adresse des habitants de Jérusalem. Mais les exilés devaient apprendre par là reconnaître les avantages de leur position.
Dicton semblable à la moquerie rapportée 2 Pierre 3.3-4.
Dieu renvoie aux moqueurs leur propre parole, en la transformant.
Plus de vision vaine. Les prédictions des faux prophètes étaient une des causes du discrédit dans lequel étaient tombées les menaces des prophètes véritables (Lamentations 2.14).
Cet avertissement s’adresse à un groupe d’incrédules un peu différent : ceux qui se rassurent uniquement par l’espoir que l’accomplissement des menaces divines, quoique certain, sera encore bien longtemps différé. L’Éternel donne un démenti à cette dernière illusion.