Verset à verset Double colonne
Le premier des deux discours contenus dans ce chapitre (versets 1 à 19) n’est pourvu d’aucune indication chronologique ; il doit probablement se placer entre le premier du chapitre précédent (six à sept mois avant la prise de Jérusalem) et le discours suivant, Ézéchiel 30.20-26 (quatre à cinq mois avant cet événement). Le prophète décrit l’abaissement prochain de l’Égypte :
D’abord l’ennemi écrase l’armée de défense qui l’attendait à la frontière ; puis la victoire lui ouvre l’entrée du pays ; il en assiège les places fortes ; il pille les campagnes et renverse enfin les sanctuaires des dieux.
Ces versets rappellent les paroles des anciens prophètes (Abdias 1.15 ; Joël 1.13 ; Joël 1.15 ; Joël 2.2 ; Ésaïe 13.6-9 ; Sophonie 1.7 ; Sophonie 1.14).
La journée de l’Éternel désigne chaque jour où Dieu exerce son jugement sur quelque partie de la terre et enfin sur la terre entière.
Journée nébuleuse. La nuée est l’emblème du jugement et du malheur.
Temps des nations : en ce sens que l’Égypte représente ici les Gentils et que son jugement prélude à celui du monde païen tout entier.
Ses fondements : ici probablement les armées de défense qui font sa force (voir verset 6).
Put, Lud : voir Ézéchiel 27.10, note.
Étrangers de toutes sortes : probablement les mercenaires de Grèce et d’Asie-Mineure qui, depuis Psammétique, servaient dans les armées égyptiennes.
Cub. Ou bien ce mot désigne un peuple entièrement inconnu ; ou bien il faut lire Nub, la Nubie, ou plutôt encore Lub, désignant une tribu lybienne.
Fils de la terre de l’alliance. On serait tenté au premier coup d’œil de rapporter ces mots à des Israélites qui, déjà avant la ruine de Jérusalem, auraient habité l’Égypte. Mais auraient-ils servi dans l’armée ? Il S’agit plutôt de soldats fournis par un peuple qu’une alliance liait à l’Égypte, ou venus d’un pays qui portait le nom de Berith : alliance.
Les soutiens : probablement ici les villes fortes. Ézéchiel en mentionne deux, situées aux deux extrémités du pays : Migdol et Syène (voir Ézéchiel 29.10, note), les deux clefs du pays au nord et au sud.
L’Éthiopie apprend avec effroi, de la bouche des fugitifs, la nouvelle du désastre de l’Égypte. Ces fugitifs sont représentés comme des messagers arrivant de devant l’Éternel, qui en ce moment juge l’Égypte.
À la suite de la dévastation du pays, les canaux du Nil, n’étant plus entretenus, se dessèchent ; le pays devient stérile. Comparez Ésaïe 19.5-9
Noph (Memphis), capitale de la Basse-Égypte, siège principal des cultes du dieu Phtah (le feu) et du bœuf Apis.
Plus de prince : voir Ézéchiel 29.15, note.
De la Basse-Égypte le prophète passe à la Haute-Égypte (Pathros) ; puis il revient au Delta : Tsoan (Tanis), ville très antique (Nombres 13.23), où résidaient les Pharaons au temps de Moïse ; là se trouvait un sanctuaire fameux du dieu Ammon.
De là le prophète repasse à No (Thèbes), la capitale de la Haute-Égypte, avec le magnifique sanctuaire d’Ammon, d’où lui venait le nom de No-Amon (Nahum 3.8).
De nouveau deux villes, l’une de la Basse, l’autre de la Haute-Égypte : Sin, chez les Grecs Péluse, forteresse entourée de marais et qu’il fallait prendre en venant du nord ; puis de nouveau Thèbes, la grande ville aux cent portes, en apparence imprenable.
Trois villes résumant encore une fois tout le pays d’Égypte : au nord Sin, au sud No, au milieu Noph.
En plein jour : ce détail sert à montrer la force de l’ennemi ; les assauts se donnaient plutôt de nuit, afin de surprendre les défenseurs.
En terminant, le regard du prophète s’arrête sur la frontière septentrionale de l’Égypte, où se frapperont les grands coups à l’arrivée de l’ennemi.
Aven : On ou Héliopolis, où se trouvait le célèbre temple de Ra (le soleil) (Jérémie 43.13) et où la fable plaçait le mythe du phénix.
Pibéseth, en égyptien Pibast ; chez les Grecs Bubastis ; où se trouvait le sanctuaire de Past (la Diane des Grecs) ; sept cent mille personnes y venaient chaque année en pèlerinage.
Tachpanès, chez les Grecs Daphné (Jérémie 43.7-13), forteresse-frontière à l’est du Delta. Dès qu’elle a succombé, le nuage de l’angoisse et de la douleur se répand sur l’Égypte entière.
Discours prononcé quatre à cinq mois avant la ruine de Jérusalem. Le roi d’Égypte venait de faire une tentative impuissante pour dégager cette ville assiégée. Repoussé par les Chaldéens, qui ont pour un moment levé le siège, il est rentré chez lui ; mais il ne saurait échapper à une défaite plus complète. Tel est le sens de cet oracle, rendu après que la nouvelle des événements racontés Jérémie 37.5-10 était arrivée aux colons de Tel-Abib.
J’ai cassé le bras : allusion à la défaite de Hophra, venu au secours de Jérusalem. Le roi d’Égypte ne se remettra pas de cet échec ; au contraire, une seconde défaite plus décisive l’attend.
Le bras encore valide représente tout ce qui reste de force à l’Égypte ; tout tombera devant Nébucadnetsar.
Comme gémit un homme blessé à mort. Les bas-reliefs antiques représentent les rois vaincus couchés à terre et attendant leur sentence de la bouche du vainqueur qui a le pied posé sur leur poitrine ; ainsi sera Hophra. Il paraît que Nébucadnetsar lui accorda la vie comme à Sédécias. Il doit avoir régné jusqu’en 564, où il périt sous les coups d’Amasis, homme de basse extraction parvenu au rang de général.
Un roi égyptien s’est fait représenter dans un bas-relief au moment où il reçoit son épée des mains de son dieu. Ici, c’est à l’ennemi de l’Égypte que Dieu remet l’épée.