Verset à verset Double colonne
Un nouvel emblème représentant d’une manière détaillée le sort qui attend les habitants de Jérusalem. Versets 1 à 4, l’emblème ; versets 5 à 17, son application.
Le prophète représente encore ici le peuple ; ce que le rasoir opère sur sa personne, le jugement de Dieu va l’accomplir à l’égard des habitants de Jérusalem.
Une lame… un rasoir. Le mot traduit ici par lame : chérev, se dit ordinairement de l’épée d’un guerrier, mais s’emploie souvent aussi pour d’autres instruments tranchants. Le sens est donc : Une lame… dont tu te serviras comme de rasoir. Il est évident que le mot chérev, par son sens ordinaire, devait faire penser à l’épée de l’ennemi.
Ta tête… ta barbe. On ne se rasait chez les Juifs que dans des occasions de deuil ; hors de là, raser quelqu’un, c’était lui faire subir une ignominie (Lévitique 21.5 ; 2 Samuel 10.4 ; Ésaïe 15.2).
Des balances : emblème de la justice de Dieu qui assignera à chacun sa part dans le châtiment commun.
Tu en brûleras un tiers. Le sens de ces images est celui-ci : Un tiers des habitants périra dans la ville même, consumé pendant le siège, par la peste et la famine (verset 42) et au moment de la prise, par l’épée ennemie. Un second tiers sera surpris dans sa fuite et massacré dans les campagnes autour de la ville. Le troisième tiers ira en captivité. Mais ces derniers eux-mêmes ne seront pas tous sauvés (verset 3). Le glaive qui les poursuit figure le danger continuel dans lequel ils devront vivre au milieu de leurs ennemis.
Tu en prendras une petite quantité. Cette portion du troisième tiers est ce qu’il y a de meilleur dans le peuple captif, le résidu fidèle qui doit être conservé et ramené purifié en Canaan.
Dans les plis de ton vêtement : C’est ainsi que l’on gardait les choses que l’on voulait préserver. Comparez Luc 6.38.
Mais ce reste même devra encore passer par un jugement de purification, comparez Ésaïe 6.13 où il est aussi parlé de deux jugements successifs. Cette parole exprime clairement l’idée d’un nouveau jugement postérieur à celui de la captivité de Babylone et qui frappera un jour le peuple rétabli.
De là sortira un feu. On pourrait, en prenant ici l’image du feu dans un sens favorable, voir dans ces mots l’annonce d’une œuvre de salut que Dieu accomplira au moyen de Ce reste pour le peuple entier restauré dans les derniers jours ; comparez Romains 11.32. Mais il est plus naturel d’interpréter ces derniers mots comme la conclusion du tableau symbolique précédent : de ce symbole prophétique, menace infaillible de Dieu lui-même, sortira le châtiment qui consumera tout Israël.
Ici commence l’explication détaillée des images précédentes.
Voilà Jérusalem : Voilà l’image du sort de cette ville élevée à une position si exceptionnelle.
Au milieu des nations : non seulement géographiquement, en ce que la terre de Canaan était située au centre de l’ancien monde, aux portes de l’Asie, de l’Afrique et de l’Europe ; mais surtout spirituellement, en ce qu’elle devait être un foyer de bénédiction pour le monde entier. C’est cette ville-là qui, au lieu d’être un modèle de sainteté pour les autres peuples, a été pour eux tous un sujet de scandale.
Les autres peuples ne connaissaient ni le vrai Dieu, ni sa loi ; ils n’étaient donc pas, quand ils faisaient le mal, en révolte ouverte contre lui, comme Israël. Bien plus : ils n’en usaient pas même avec leurs faux dieux, comme Israël le faisait avec l’Éternel. Ils les adoraient fidèlement, tandis qu’Israël n’a cessé d’abandonner le sien pour ceux des étrangers ; comparez Jérémie 2.10-11.
Fait plus de bruit : image d’une troupe d’enfants indisciplinés ; Israël a surpassé en insubordination tumultueuse tous les autres peuples.
Une chose telle que je n’en ferai plus. Plusieurs pensent que ces mots embrassent tous les jugements futurs de l’Éternel sur son peuple, y compris la destruction finale de Jérusalem par les Romains. Mais il est certainement plus naturel, d’après le contexte, de les rapporter au jugement de la captivité uniquement. Il ne faut pas perdre de vue que, quand Israël a péri sous les coups de la puissance romaine, il avait cessé d’être le peuple de Dieu. Ce peuple, c’était désormais l’Église du Christ dans laquelle le reste fidèle d’Israël avait passé tout entier.
Des pères… Reproduction des menaces Lévitique 26.29 ; Deutéronome 28.53, mais aggravées par le trait nouveau et horrible des fils dévorant leur père. Comparez Jérémie 19.9 ; Lamentations 2.20 ; Lamentations 4.10. Les versets 11 à 17 développent les mêmes menaces.
Souillé mon sanctuaire. Comparez Ézéchiel 8.7 et suivants, passage qui explique ce reproche mieux que toutes les paroles, Tout crime commis au sein d’une nation qui possède un sanctuaire, est une souillure de ce sanctuaire ; combien plus les outrages à la sainteté du sanctuaire lui-même ! Cela donne la mesure de la culpabilité d’Israël, comme aussi de celle des peuples chrétiens infidèles et des églises dégénérées.
Je raserai : application évidente de l’image du verset 1, quoique le terme hébreu soit autre.
Voir versets 2 et 3, note.
Comparez Lévitique 26.22 ; Deutéronome 32.23-24. Remarquons cette foule d’images empruntées au Pentateuque, spécialement au chapitre 32 du Deutéronome.
La famine. La famine est plusieurs fois mentionnée ici ; les Juifs, en effet, en ont souffert d’abord pendant le siège, puis après le départ de l’ennemi, par suite de la désolation du pays (voir le livre des Lamentations).
Des bêtes malfaisantes. Sur les animaux féroces infestant les pays dévastés, voir Deutéronome 32.21 ; 2 Rois 17.25 ; Ésaïe 34.14.