Verset à verset Double colonne
1 Et Isaac appela Jacob et le bénit, et il lui donna cet ordre : Tu ne prendras pas pour femme une des filles de Canaan.Isaac a donc accédé au désir que Rébecca n’a exprimé qu’à mots couverts.
Paddan-Aram. Voir Genèse 24.10, note.
Cette bénédiction est en rapport avec le but du voyage de Jacob.
Isaac, instruit par les événements, voit maintenant en Jacob l’héritier des promesses, qu’il résume toutes dans cette parole : la bénédiction d’Abraham.
Désireux de se rendre digne de l’affection de ses parents, Ésaü prend une femme ismaélite. Profane comme il est, il ne se rend pas compte qu’Ismaël, quoique descendant d’Abraham, a été exclu de la vraie postérité patriarcale.
Vers Ismaël : dans la famille d’Ismaël, car ce dernier était mort depuis quatorze ans. En effet, au point où nous en sommes, Isaac avait cent trente-sept ans (Genèse 27.1, note) ; or Ismaël avait quatorze ans de plus que lui (Genèse 16.16 ; Genèse 21.5) et était mort à l’âge de cent trente-sept ans (Genèse 25.17).
L’éducation de Jacob commence. La bénédiction, qu’il vient d’enlever à son frère, lui demeure, il est vrai ; mais ses ruses, loin d’en hâter la réalisation, lui attirent de rudes épreuves et des difficultés sans nombre.
Il doit s’enfuir loin du pays dont la possession lui est assurée, laissant dans la maison paternelle ce frère aîné qu’il a voulu dépouiller ; il entreprend seul et pauvre, le bâton à la main, ce même voyage que le serviteur d’Abraham avait fait avec toute une caravane de chameaux et de riches présents. Et plus tard, quand il sera arrivé en Mésopotamie, les ruses de Laban lui feront durement expier sa tromperie.
De Béerséba : Isaac était donc demeuré là depuis son retour du pays des Philistins (Genèse 36.23).
Étant arrivé. Non le premier soir après son départ, car il y a environ vingt-deux heures de marche de Béerséba à Béthel.
Remarquons la triple répétition du mot lieu dans ce verset : c’est le lieu devenu célèbre entre tous par l’événement qui va s’y passer.
Des pierres. Des est partitif : l’une des pierres, d’après le verset 18.
Il eut un songe. Ignorant comme il l’est encore, Jacob peut facilement se représenter que Dieu n’habite qu’auprès de son père et qu’il se trouve absolument seul dans cette contrée inconnue où il est obligé de passer la nuit. C’est à cette pensée pleine d’anxiété que Dieu répond par le songe qu’il lui accorde.
Voici est répété trois fois : Jacob va de surprise en surprise.
Posée sur la terre, littéralement : vers la terre. Elle ne s’élève pas de la terre aux cieux, mais descend des cieux vers la terre. C’est donc Dieu qui a établi cette voie de communication.
Montaient. Ils montaient premièrement ; ils étaient déjà auprès de Jacob pour le protéger, sans qu’il s’en fût aperçu.
Descendaient. C’est à cet acte que s’arrête le récit, comme pour montrer que les anges restent près de lui.
Au haut, littéralement : sur elle (l’échelle), ou plus exactement : sur lui, le mot qui signifie échelle étant masculin en hébreu. Cette expression sur lui pouvant aussi signifier auprès de lui (comparez Genèse 18.2 ; Genèse 24.13), plusieurs interprètes l’ont rapportée à Jacob et pensent que Dieu se tenait près de lui, au bas de l’échelle. Mais dans ce cas l’échelle et les anges seraient une mise en scène inutile, tandis que, dans le sens que nous admettons, ils établissent un lien entre Dieu, qui est au sommet de l’échelle et Jacob, qui est au bas.
Il dit. Dieu a dissipé une partie de ses craintes en lui apparaissant. Mais Jacob, qui a sans doute mauvaise conscience, peut se demander si Dieu ne vient pas pour le punir. Dieu le rassure en lui confirmant la promesse faite à ses pères.
Contraste frappant : les trois éléments constants de la bénédiction patriarcale sont assurés à un homme seul et sans famille dans une contrée inconnue. Dieu commence à traiter Jacob comme il ne paraît pas avoir traité Isaac avant la mort de son père (Genèse 36.3-5).
En toi et en ta postérité. Le père et les descendants sont envisagés ici dans leur unité et présentés ensemble comme une source de bénédiction.
Cette partie de la promesse concerne Jacob personnellement et répond à ses besoins actuels : le Dieu de son père l’accompagne et le ramènera.
Ce que je t’ai dit : dans la première partie du verset.
S’éveilla : au milieu du silence solennel de la nuit ; comparez verset 18.
Les paroles de Jacob expriment le saisissement qui s’empare de lui à ce contact immédiat avec un Dieu de la présence duquel il ne se doutait pas.
Maison de Dieu. Tout endroit où Dieu apparaît est une maison de Dieu, c’est-à-dire un sanctuaire, un point de rencontre entre Dieu et l’homme.
Porte des cieux : Jacob vient de voir en cet endroit le ciel ouvert.
Cette parole montre bien que Jacob ne connaît pas encore la toute-présence de Dieu ; elle n’en signale pas moins un progrès dans sa connaissance de l’être divin, qu’il avait cru jusqu’ici exclusivement attaché à la maison de son père.
Toutes les fois que l’Éternel était apparu à Abraham et à Isaac, ils avaient élevé un autel et offert un sacrifice pour consacrer ce lieu où Dieu s’était manifesté. Jacob, qui n’a sous la main aucune victime à offrir, élève une pierre commémorative.
Versa de l’huile : symbole de consécration.
Chez la plupart des peuples de l’antiquité, chez les Cananéens en particulier, on dressait des pierres semblables ; mais pour ces peuples ces pierres étaient censées représenter la divinité elle-même et l’huile répandue sur leur sommet était une libation. Les païens vénéraient également certaines pierres tombées du ciel, qu’on appelait en grec baitulia et en latin baetyli. Le mot sémitique Béthel pourrait avoir passé aux Grecs par les Phéniciens.
Béthel signifie maison de Dieu. Ce lieu ne porta naturellement ce nom que pour Jacob et ses descendants. La ville voisine continua à être appelée Luz par les Cananéens. Ce ne fut même qu’un certain temps après la conquête que le nom du lieu de cette apparition fut appliqué à la ville voisine. Comparez Josué 16.2.
Ce vœu de Jacob rappelle bien son caractère défiant et calculateur : il traite avec Dieu en répétant chaque promesse reçue et il ne s’engage que pour autant que ces promesses seront exécutées.
Une maison de Dieu : un endroit où il bâtira un autel et invoquera Dieu.
Tout ce que tu me donneras : en sus du nécessaire énuméré versets 20 et 21.
La dîme. Par ce paiement de la dîme, Jacob reconnaîtra que le tout est la propriété de Dieu et il en sanctifiera ainsi la jouissance. Comme on ne peut penser ni à un culte organisé ni à une caste sacerdotale à cette époque, il est probable que, dans sa pensée, cette dîme sera consacrée à des offrandes sur l’autel qu’il élèvera en cet endroit et à des repas de sacrifice semblables à ceux qu’ordonna plus tard la loi (Deutéronome 14.28-29).