Verset à verset Double colonne
Préceptes généraux
L’auteur recommande à ses lecteurs l’amour fraternel, l’exercice de l’hospitalité, l’intérêt pour les prisonniers, la pureté dans le mariage, le contentement d’esprit (1-6).
Demeurer ferme dans la foi au Christ immuable
Grec : demeure, sous-entendu : parmi vous (comparer Hébreux 10.24 ; Romains 12.10 ; 1 Thessaloniciens 4.9 ; 1 Pierre 1.22 ; 2 Pierre 1.7).
Les Églises de la Palestine s’étaient, dès le commencement, distinguées par leur amour fraternel (Actes 2.45-47 ; Actes 4.32-37) ; peut-être cet amour s’était-il refroidi et était-ce là un signe de la rechute que l’auteur voudrait prévenir (Matthieu 24.12, note).
Les versets Hébreux 13.2 ; Hébreux 13.3 signalent spécialement deux occasions où devait s’exercer cet amour des frères.
Lot, Abraham (Genèse 18 et Genèse 19).
Tels enfants de Dieu, envers qui s’exerce l’hospitalité, peuvent être, pour la famille qui les reçoit, ces anges (envoyés de Dieu) qui y laissent de précieuses bénédictions.
Sans le savoir ! ce que nous faisons pour Dieu a souvent une portée plus grande que nous ne savons (Matthieu 25.40-45 ; Matthieu 26.12).
Voir sur ce devoir de l’hospitalité, que les chrétiens de la primitive Église et ceux de l’Église de Jérusalem en particulier, avaient tant d’occasions de pratiquer, Romains 12.13 ; 1 Pierre 4.9 ; 1 Timothée 3.2 ; 1 Timothée 1.8.
Comparer Hébreux 10.33 ; Hébreux 10.34 ; Matthieu 25.36.
Tous les chrétiens, ayant la même foi, le même esprit, le même amour fraternel (Hébreux 13.1), sont solidaires les uns des autres (1 Corinthiens 12.26), quand l’un est lié, maltraité, tous le sont en lui.
Les dernières paroles, exprimant la raison de cette solidarité : comme étant aussi vous-mêmes dans un corps, ont été diversement interprétées.
Calvin entend par le corps où sont les chrétiens le corps de Christ, l’Église ; de là nos anciennes versions : « comme étant du même corps », sens très beau, mais qui n’est pas dans le texte. Bèze traduit : « comme si, en personne, vous étiez maltraités ».
Enfin, la plupart des interprètes, prenant les termes tels qu’ils sont, y trouvent cette pensée : Étant dans un corps et vivant dans ce monde, vous êtes exposés aux mêmes dangers, aux mêmes souffrances qui tôt ou tard vous atteindront : prenez donc part aux épreuves de vos frères.
Il faut traduire ainsi le commencement de ce verset et non : le mariage est honorable à tous égards.
Ce que veut l’auteur, c’est condamner l’adultère et tous les genres de souillure de la chair, comme le montrent les mots qu’il ajoute : et le lit conjugal sans souillure, car Dieu jugera les fornicateurs et les adultères.
Ce contexte montre que son intention n’est pas de combattre l’erreur de ceux qui dépréciaient l’institution du mariage (1 Timothée 4.3).
Au lieu de : à tous égards (grec), en toutes choses, beaucoup d’interprètes traduisent : parmi tous, chez tous.
L’auteur voudrait dire : le mariage doit être également respecté par tous, par ceux qui sont mariés et qui doivent tenir leur union conjugale pour une chose sainte et par ceux qui, n’étant pas mariés eux-mêmes, doivent honorer le mariage d’autrui.
Ou « votre disposition d’esprit » (comparer 1 Timothée 3.3).
Voir l’exemple que donnait l’apôtre Paul (Philippiens 4.11 ; Philippiens 4.12 ; comparez 1 Timothée 6.6).
Précieuse promesse souvent répétée par Dieu à ses enfants (Genèse 28.15 ; Deutéronome 31.6 ; Deutéronome 31.8), dans les positions les plus diverses (Josué 1.5 ; 1 Chroniques 28.20).
Il y a, dans le texte original, une double négation dont la force pourrait se rendre ainsi : « Je ne te laisserai certainement pas, je ne t’abandonnerai certainement pas ».
Voir Psaumes 118.6, comparez Psaumes 56.5 ; Psaumes 56.12.
Ces conducteurs (Hébreux 13.17 ; Hébreux 13.24) sont tous ceux qui avaient exercé quelque ministère dans l’Église : des anciens, des diacres et des évangélistes, comme Étienne ; même des apôtres, dont quelques-uns étaient morts.
On a conclu de ce terme de conducteurs que l’épître était adressée à Rome, où il paraît avoir été en usage (Zahn, Einleitung, I, page 484). Mais il était aussi employé à Jérusalem (Actes 15.22).
L’issue de leur vie (grec conduite), la fin d’une vie de fidélité et de dévouement accomplie dans les travaux et les souffrances pour Christ, d’une vie qui s’était terminée par le martyre, était un puissant témoignage en faveur de la vérité de l’Évangile.
C’est là ce qu’en tous les temps il faut considérer sérieusement, pour imiter la foi (1 Corinthiens 4.16) de ceux qui ont laissé de tels exemples.
Par opposition aux « conducteurs » humains qui passent (Hébreux 13.7) et aux doctrines changeantes des hommes (Hébreux 13.9).
C’est là le seul moyen qui nous fait persévérer dans la vraie foi, à savoir si nous retenons le fondement, sans nous en départir tant soit peu. Car le savoir de celui qui ne connaît pas Christ, quand même il embrasserait le ciel et la terre, n’est que pure vanité ; car en Christ sont renfermés tous les trésors de la sagesse céleste.
Hier, aujourd’hui, éternellement, ces mots embrassent le passé, le présent, l’avenir, tous les temps d’éternité en éternité (comparer Hébreux 1.8-12 ; Apocalypse 1.8 ; Apocalypse 1.17).
Ainsi toujours Christ est le même dans son amour dans sa fidélité, dans son action pour répandre la vérité et la vie. Source inépuisable de confiance pour les siens !
Grec : Ne soyez pas emportés de manière à passer à côté de Jésus-Christ qui, dans son immutabilité, doit devenir le rocher de vos âmes (Éphésiens 4.14 ; Éphésiens 4.15).
Ni les doctrines diverses (portant sur une grande variété de points) et étrangères (inspirées par un esprit opposé à celui de l’Évangile), qui provenaient de la spéculation ou de la curiosité, ni le formalisme juif, qui plaçait la piété dans l’usage de certains aliments ou la participation aux repas sacrés (1 Corinthiens 10.18), ne pouvait affermir le cœur, lui donner la certitude le courage, la paix. Il n’y a pour cela qu’un moyen : la grâce reçue par une foi vivante.
La dernière proposition est susceptible de deux constructions :
Ces trois versets (Hébreux 13.10-12) sont destinés à réfuter l’erreur de ceux qui, dans leur faux attachement au judaïsme, espéraient pouvoir « affermir leur cœur » par l’usage d’aliments consacrés dans les sacrifices (Hébreux 13.9), ou trouver la justice dans ces sacrifices mêmes.
L’auteur veut leur prouver que cette erreur, non seulement ne leur profite de rien (Hébreux 13.9), mais les exclut de tous les avantages du sacrifice de Christ. Pour cela, il affirme trois choses :
Ce sacrifice, dont nous nourrissons nos âmes, vous vous en excluez si vous retournez aux sacrifices symboliques institués par la loi. Ceux-ci sont désormais inutiles ; et, d’après les prescriptions mêmes de cette loi, ils ne nous offrent pas de repas auxquels nous puissions participer pour affermir nos âmes (Hébreux 13.9).
D’après une autre interprétation (Weiss), l’auteur voudrait dire simplement : Il ne peut y avoir pour les chrétiens de repas attachés à des sacrifices, car l’unique sacrifice qu’ils connaissent et qui constitue leur autel (Hébreux 13.10), le sacrifice de Christ, ne saurait, en sa qualité de sacrifice pour le péché (Hébreux 13.11), être accompagné d’un repas, puisque, d’après les prescriptions de la loi, il était interdit, même aux sacrificateurs, de manger de la chair des victimes offertes pour le péché
Ce fut pour Jésus la dernière profondeur de l’humiliation et de l’opprobre, que d’être ainsi rejeté par son peuple comme une victime chargée d’exécration, condamné comme un blasphémateur à mourir hors du camp (Lévitique 24.14).
Or, ses rachetés qui, par la foi en son sacrifice, obtiennent le pardon de leurs péchés et la réconciliation avec Dieu, ont le devoir sacré de porter son opprobre (Hébreux 11.26), de le suivre jusque dans ses humiliations et dans sa mort, pour s’offrir comme lui tout entiers à Dieu.
Dans un sens, Christ est mort pour que nous ne mourions pas ; dans un autre sens, il est mort pour nous rendre capables de mourir avec lui (comparer 2 Corinthiens 5.14, note).
Hors du camp signifie donc d’abord : hors du judaïsme qui a crucifié son Messie, mais aussi hors du monde qui crucifie toujours le Sauveur, et, s’il le faut, hors de cette vie (Hébreux 13.14).
Puissant motif de « sortir vers Jésus hors du camp » (Hébreux 13.14).
Les biens terrestres, que nous perdrons à agir ainsi, sont passagers et ne sauraient balancer les avantages éternels que nous trouvons à suivre Christ (Hébreux 11.10 et Hébreux 13.13-16).
Ayant le sacrifice parfait pour l’expiation et le pardon de nos péchés, n’attachons plus nos cœurs aux sacrifices symboliques, mais offrons-en de vraiment spirituels (1 Pierre 2.5), des sacrifices de louange et de fidèle confession du nom de Dieu, qui supposent le sacrifice du cœur et de la vie (Romains 12.1, note).
Ces sacrifices ne deviennent acceptables et ne sont agréés de Dieu que par lui, par ce Sauveur et Médiateur, en vertu de l’amour dont il nous a aimés le premier.
L’auteur appelle ce sacrifice de louange (expression empruntée de Lévitique 7.11) le fruit des lèvres, d’après Osée 14.2 dans la version grecque des Septante.
Enfin les mots : qui confessent son nom, sont envisagés par plusieurs interprètes comme une réminiscence du Psaumes 54.8
Si l’action de grâce et la confession du nom de Dieu sont ce sacrifice de louange que Dieu réclame, il ne faut pas oublier qu’il y a d’autres sacrifices de la reconnaissance et de l’amour que nous devons lui offrir dans la personne de nos frères pauvres et souffrants.
N’oubliez pas la bienfaisance et la communication (grec), la vertu qui vous portera à « faire part » de vos biens (Romains 15.26 ; 2 Corinthiens 8.4).
Si nos cœurs sont à Dieu, nos biens seront à nos frères.
On pourrait entendre aussi ce mot de la communion mutuelle de l’amour fraternel, comme dans Actes 2.42 ; Galates 2.9 ; 1 Jean 1.7.
Il ajouterait alors une idée nouvelle à celle qu’exprime le terme précédent. L’amour fraternel et les relations intimes qu’il crée, peuvent être appelés, aussi bien que la confession de son nom, sacrifices agréables à Dieu.
Obéissance aux conducteurs et intercession
L’auteur invite les lecteurs à montrer de la déférence envers leurs conducteurs pour que ceux-ci puissent remplir leur tâche avec joie. Il leur demande de prier pour lui, afin qu’il leur soit rendu bientôt (17-19).
Vœux
L’auteur souhaite à ses lecteurs que le Dieu de paix, qui a ressuscité Jésus-Christ, les rende accomplis. Il les supplie d’accueillir l’exhortation qu’il leur adresse (20-22).
Communications
Timothée a été relâché ; s’il vient bientôt, l’auteur ira avec lui. Il salue les conducteurs et tous les membres de l’Église et leur transmet les salutations de ceux d’Italie. Que la grâce soit avec eux tous ! (23-25).
Hébreux 13.7 ; 1 Thessaloniciens 5.12 ; 1 Thessaloniciens 5.13 ; 1 Pierre 5.2.
Ils veillent pour vos âmes, c’est-à-dire au salut de vos âmes.
Grande responsabilité des pasteurs (Ézéchiel 33) qui doivent rendre compte des âmes !
Responsabilité non moins grande des troupeaux qui, en n’étant pas soumis (grec en ne cédant pas), peuvent entraver l’œuvre de leurs conducteurs, à leur propre désavantage spirituel !
Comparer Romains 15.30 ; 2 Corinthiens 1.11 ; Éphésiens 6.19 ; Colossiens 4.3 ; 1 Thessaloniciens 5.25 ; 2 Thessaloniciens 3.1.
On peut se demander si l’auteur comprend dans le pluriel nous ses collaborateurs ; en tout cas, il ne pense pas aux « conducteurs » mentionnés au verset précédent, car il ne se compte pas parmi eux.
Ces paroles motivent la demande de prières que l’auteur adresse à ses frères et doivent éloigner les préjugés qui pouvaient exister contre lui dans leur cœur : il affirme qu’il s’assure fréquemment, tous les jours (verbe au présent ; le texte reçu porte le verbe au parfait : nous sommes assurés), qu’il a une bonne conscience.
Le témoignage de sa conscience ne suffit pas au serviteur de Dieu, il lui faut de plus la confiance de ses frères pour qu’il puisse leur faire du bien.
Ces mots se rapportent à la demande de prier pour lui (Hébreux 13.18) ; et telle est sa confiance dans les prières de ses frères, qu’il fait dépendre d’elles son retour auprès d’eux.
L’auteur, qui a demandé les prières de ses frères, prie lui-même pour eux et dans ce vœu, si riche en pensées chrétiennes, il jette un dernier regard sur son épître entière, demandant à Dieu d’en appliquer à ses lecteurs les saintes vérités.
Il s’adresse au Dieu de la paix qui est la source de la paix, qui la donné volontiers, c’est par ce nom que Paul aime à désigner Dieu (Romains 15.33 ; Romains 16.20 ; Philippiens 4.9 ; 1 Thessaloniciens 5.23).
Notre auteur ajoute que ce Dieu a ramené d’entre les morts notre Seigneur Jésus, couronnant par là l’œuvre du Sauveur. C’est la première fois que la résurrection de Jésus-Christ est mentionnée dans notre épître, mais elle est supposée dans la description de l’entrée de Christ, souverain sacrificateur de la nouvelle Alliance, dans les lieux saints, auprès de Dieu.
L’auteur désigne le Sauveur par ces termes remarquables : le grand Pasteur des brebis, pour le placer bien au-dessus de tous les « conducteurs » (Hébreux 13.17) qui dépendent de lui et ne sont que ses serviteurs. Il rappelle que Jésus mérite seul ce titre, parce qu’il a versé son sang pour ses brebis (Jean 10.11) et que ce sang a scellé une alliance (Hébreux 9.15 ; Hébreux 9.24) qui est éternelle, par opposition à l’Alliance mosaïque qui avait vieilli et qui allait être abolie (Hébreux 8.13).
Appuyé sur ces vérités, ou plutôt sur ces faits divins, il exprime son vœu pour ses frères : c’est que ce Dieu de la paix (grec) les forme complètement à toute bonne œuvre pour faire sa volonté (1 Pierre 5.10).
Mais comment parviendront-ils à cette perfection qui est selon la volonté divine ; ? L’auteur sait que Dieu les y amènera lui-même : faisant pour lui-même en nous ce qui lui est agréable, car c’est Dieu qui accomplit en nous tout ce qu’il nous commande (Éphésiens 2.10 ; Philippiens 2.13).
Le mot : pour lui-même se lit dans Codex Sinaiticus, A, C et doit être maintenu ; il a été omis dans quelques documents, parce qu’on n’en comprenait pas le sens.
A, C, versions, portent : en vous, c’est probablement une correction amenée par le vous de la phrase précédente.
Enfin, cette parfaite sanctification ne peut s’opérer que par Jésus-Christ vivant et agissant en nous ; elle n’a pas pour but notre glorification, mais sa gloire éternelle qui subsistera aux siècles des siècles.
Tout l’Évangile et toute la vie chrétienne se trouvent résumés dans ce vœu.
Grec : « la parole d’exhortation », que je vous adresse dans cette lettre. Requête empreinte de modestie, bien propre à gagner les cœurs (Romains 15.14-16).
Bien que sa lettre soit l’une des plus longues du Nouveau Testament, l’auteur a le sentiment qu’il s’est exprimé aussi brièvement que possible, étant donné l’importance des sujets traités et l’abondance de ses pensées.
On peut traduire aussi par l’impératif : sachez.
Les données historiques manquent absolument sur ce fait (voir l’Introduction). En communiquant cette nouvelle à ses lecteurs, l’auteur exprime encore une fois (comparez Hébreux 13.19) le désir de les revoir bientôt.
Cette salutation n’indique pas avec certitude le pays d’où la lettre a été écrite. Ce pourrait être d’une contrée où se trouvaient des frères venus d’Italie, mais c’est plus probablement de Rome, les mots ceux d’Italie désignent, en ce cas, l’entourage de l’auteur (voir l’Introduction).