Verset à verset Double colonne
L’apôtre et sacrificateur des chrétiens, fidèle comme Moïse
L’auteur invite ses frères, appelés à la vie du ciel, à considérer l’apôtre et souverain sacrificateur qu’ils confessent, Jésus, qui a été fidèle, comme Moïse, dans toute la maison de Dieu (1, 2).
Sa supériorité sur Moïse
Ils ont le devoir de le considérer, car sa gloire est plus grande que celle de Moïse dans la mesure où celui qui construit la maison a plus d’honneur que celui qui en fait seulement partie. C’est Dieu qui construit toute maison. Moïse fut, dans la maison de Dieu un fidèle serviteur, rendant témoignage à ce qui devait être annoncé. Christ, en qualité de Fils, a été établi sur la maison. Nous sommes sa maison, pourvu que nous retenions ferme la confiance et l’espérance dont nous nous glorifions (3-6).
Comme conclusion de ce qui précède sur l’incarnation, les souffrances et la sacrificature de Christ, l’auteur exhorte ses frères à considérer la fidélité du Médiateur de la nouvelle Alliance, qui est plus grand que Moïse dans la maison de Dieu.
Les versets Hébreux 3.1-6 ne sont pas un développement doctrinal, destiné à établir la supériorité de Jésus sur Moïse, comme Hébreux 1.1-14 établissait sa supériorité sur les anges. Celle-ci emportait logiquement celle-là, qui n’avait plus besoin d’être démontrée, la première étant prouvée. Si, dans l’exorde de sa parénèse, l’auteur insiste sur la supériorité de Christ, comparé à Moïse, c’est pour donner plus de force à son exhortation : tenez ferme votre espérance fondée sur lui (Hébreux 3.6).
Comparer Hébreux 2.11 ; Romains 1.7 ; 1 Corinthiens 1.2 ; 2 Corinthiens 1.1, notes.
Vous qui avez part avec nous à la vocation céleste. Elle est céleste, parce qu’elle nous est adressée du ciel, d’où Dieu nous envoie son Fils et parce qu’elle nous invite à diriger nos pas vers le ciel. Comparer Hébreux 12.25 ; Romains 1.7 ; Philippiens 3.14, notes.
Grec : De notre confession.
Plusieurs entendent ce mot du contenu de la foi chrétienne, des enseignements et des croyances qui se rapportent à Christ ; la confession chrétienne serait ici opposée à la confession mosaïque des Juifs. Mais le mot employé désigne dans le Nouveau Testament et dans notre épître en particulier, l’acte de confesser sa foi. C’est pourquoi nous traduisons avec Luther et la plupart des interprètes modernes : « Considérez l’apôtre et le souverain Sacrificateur que nous confessons » (comparer Hébreux 4.14 ; Hébreux 10.23 ; 2 Corinthiens 9.13 ; 1 Timothée 6.12 ; 1 Timothée 6.13).
L’auteur donne ici à Jésus le titre inusité d’apôtre. Ce nom, il l’entend dans sa signification première d’envoyé. Jésus est l’envoyé de Dieu, comme ses douze disciples furent ses envoyés (Jean 20.21).
Quand il déclare si souvent que « le Père l’a envoyé » (Jean 5.36 ; Jean 10.36), il se sert du verbe d’où dérive le mot apôtre. Ce titre résume les déclarations précédentes, que Dieu a parlé par son Fils (Hébreux 1.1 ; Hébreux 1.2), qui est supérieur aux anges « envoyer pour servir en faveur de ceux qui doivent hériter du salut » (Hébreux 1.14) et par lequel l’Évangile a d’abord été annoncé (Hébreux 2.3).
De plus, en qualifiant Jésus d’apôtre, l’auteur introduit la comparaison qui va suivre entre Christ et Moïse. Moïse fut l’envoyé de Dieu dans l’ancienne Alliance, Christ l’est dans la nouvelle ; il est celui que Moïse avait annoncé à son peuple par ces mots : « L’Éternel te suscitera un prophète semblable à moi » (Deutéronome 18.15).
Mais Christ a un autre office, que Moïse ne remplissait pas et dont Aaron était chargé : celui de souverain sacrificateur. Ce nom déjà donné à Jésus (Hébreux 2.17), rappelle ce qui a été dit de son œuvre dans Hébreux 2.6-18 et prépare ce qui sera abondamment développé dans la suite (Hébreux 4.14-5.10 ; Hébreux 8.1-10.18).
Les deux fonctions d’apôtre et de souverain sacrificateur sont étroitement unies (un seul article régit les deux titres) ; elles présentent les deux faces de l’œuvre de Jésus. L’auteur les rappelle pour relever l’importance de la « fidélité » dont Jésus a fait preuve (Hébreux 3.2) et qu’il invite ses lecteurs à considérer.
Il faut remarquer que, dans tout ce parallèle entre Jésus-Christ et Moïse ou les souverains sacrificateurs israélites, la comparaison ne porte nullement sur les personnes (il n’y aurait là aucune comparaison possible), mais sur leurs offices respectifs.
On traduit ordinairement : « fidèle à celui qui l’a établi, comme Moïse aussi l’était dans toute sa maison » et l’on voit dans notre verset une citation de Nombres 12.7, où la version des Septante porte : « mon serviteur Moïse, dans toute ma maison, il est fidèle ».
Ce passage est certainement cité à Hébreux 3.5 mais nous doutons qu’il le soit déjà dans notre verset. En effet, l’adjectif toute, devant maison, manque dans B. des versions et des Pères. Si, avec des éditeurs et des interprètes récents, on le tient pour inauthentique, il vaut mieux construire la phrase, comme suit : faire de « dans la maison de lui », le complément des mots : Jésus qui est fidèle.
Quelque construction qu’on adopte, la maison dont il est parlé ne peut être la maison de Moïse, ni celle de Jésus, mais celle de Dieu, qui a établi Jésus. Il faut traduire qui l’a établi, quoiqu’il y ait dans le grec : qui l’a fait.
Le sens est : qui l’a constitué Apôtre et souverain Sacrificateur. Ce sens ressort de Hébreux 3.1 et du complément : dans sa maison, qui suggère l’ides d’un intendant. Comparer Actes 2.36 « Dieu a fait Seigneur et Christ, ce Jésus… » Le même verbe est employé par les Septante dans 1 Samuel 12.6, où il désigne l’investiture de Moïse et d’Aaron (comparer Marc 3.14).
On ne saurait entendre ce mot de la génération éternelle du Fils par le Père ; encore moins faut-il traduire comme Rilliet : « à celui qui l’a créé », car ce serait attribuer à l’auteur l’hérésie d’Arius, qui est contredite par les affirmations de Hébreux 1.3.
Le mot maison, dans toutes les langues et en particulier dans l’écriture, désigne non seulement un bâtiment, mais aussi ceux qui l’habitant, la famille ; et par extension, ce terme est appliqué à la famille de Dieu, au peuple qu’il s’est choisi, à son royaume. Moïse n’était lui-même qu’un membre de ce peuple de Dieu, quoique l’un des plus considérables.
Combien plus grand est le Fils de Dieu, qui a construit la maison, qui est le vrai fondateur de la famille et du règne de Dieu sur la terre ! Il ne fait partie de la famille, lui, que parce qu’il a bien voulu devenir notre frère aîné (Hébreux 2.11).
Si Moïse peut être comparé à Jésus sous le rapport de la fidélité, il lui est bien inférieur pour l’honneur qui lui revient. C’est ce que relève ce verset, en même temps qu’il donne un nouveau motif (car) de « considérer Jésus » (Hébreux 3.1). Il a été jugé digne d’une gloire supérieure.
Celui qui l’a jugé digne, c’est Dieu. Son jugement a une valeur permanente (verbe au parfait). Il s’est manifesté par l’élévation de Jésus dans la gloire céleste (Hébreux 2.7-9).
Le mot traduit par construire, ici et au verset suivant, n’exprime pas seulement l’acte de bâtir une maison, mais celui de l’arranger, de l’organiser, de la munir des meubles et des serviteurs qu’elle doit avoir pour répondre à son but (1 Pierre 3.20).
La comparaison entre celui qui construit la maison et la maison elle-même est tout à fait générale. C’est trop presser les termes et prêter à l’auteur des idées qu’il n’exprime pas formellement, que de dire avec Weiss : la maison, c’est l’institution de l’ancienne Alliance : celui qui l’a construite, c’est Christ ; donc l’auteur attribue au Christ préexistant un rôle dans la fondation et la conduite de l’Alliance préparatoire, comme il lui en avait attribué un dans la création du monde (Hébreux 1.2).
Non, l’auteur ne dit pas quelle maison Christ a construite ; il dit seulement qu’il est en qualité de Fils le constructeur de sa maison, qui peut être aussi bien et qui est probablement d’après Hébreux 3.6, l’institution de la nouvelle Alliance, tandis que Moïse fait seulement partie de la maison de l’ancienne Alliance étant l’un des serviteurs qui la constituent (Hébreux 3.5).
L’auteur vient d’attribuer à Christ le rôle de constructeur de la maison (Hébreux 3.3) ; mais ce rôle n’appartient-il pas exclusivement à Dieu ? n’est-ce pas Dieu qui a parlé à Moïse et qui a institué l’Alliance du Sinaï ? n’est-ce pas Dieu qui a seul qualité pour fonder une nouvelle Alliance ?
Écrivant à des « Hébreux » qui, dans leur strict monothéisme, étaient jaloux de toutes les prérogatives de Dieu, l’auteur avait intérêt à écarter cette objection, avant de poursuivre sa comparaison. Il le fait par l’incidente de Hébreux 3.4. Il se justifie d’abord d’avoir désigné Christ (Hébreux 3.3) comme constructeur de sa maison : il était naturel qu’il se demandât qui a construit la maison de Christ, car toute maison est construite par quelqu’un ; puis il montre qu’en attribuant ce rôle à Christ, il ne porte pas atteinte à la suprématie de Dieu.
Ce n’en est pas moins Dieu qui a construit toutes choses (non : l’univers, mais, d’après la leçon de Codex Sinaiticus, B, A, C, D, toutes les maisons, avec ce qui les remplit), il demeure le constructeur invisible et tout-puissant, dont les constructeurs visibles ne sont que les instruments.
Appeler Jésus le fondateur de l’Alliance, c’est bien, en un sens, lui donner un rôle qui appartient à Dieu, mais comme le Fils n’est que le représentant du Père auquel il est subordonné, Dieu demeure Celui qui a construit toutes choses.
Paul exprime des pensées analogues, en disant de Jésus : « Dieu a voulu que toute plénitude habitât en lui ; » (Colossiens 1.19) « il a tout mis sous ses pieds et l’a donné pour chef suprême à l’Église, qui est son corps » (Éphésiens 1.22). Et Jésus lui-même dit : « Comme le Père a la vie en lui-même, il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même » (Jean 5.26). Et il ajoute : « le Fils ne peut rien faire de lui-même, à moins qu’il ne le voie faire au Père » (Jean 5.19).
Cette explication de notre verset, indiquée par Calvin, est reproduite, avec des nuances, par la plupart des commentateurs. Elle nous paraît la plus conforme à la marche de la pensée. Nos précédentes éditions préféraient une interprétation émise par les Pères grecs, qui a compté de tous temps des partisans. Elle consiste à faire du mot Dieu, non le sujet, mais l’attribut de la seconde proposition du verset et à traduire celle-ci : « Or celui qui a construit toutes choses est Dieu ».
L’auteur alors affirmerait que Christ, qui a construit toutes choses, c’est-à-dire organisé toute l’économie mosaïque, est Dieu. La marche de la pensée serait alors la suivante : Toute maison a été construite par quelqu’un : la maison de Dieu, telle qu’elle parut au temps de Moïse, ne s’est pas élevée toute seule ; Moïse ne l’a pas fondée par sa propre sagesse et sa propre force. Si nous demandons qui l’a construite (et cette question s’impose à nous), nous ne lui trouvons d’autre auteur que le Fils, en qui habitait la plénitude de Dieu. Or celui qui exerce une telle prérogative est Dieu. On fait valoir en faveur de cette explication que Christ est le sujet dans les versets Hébreux 3.3 ; Hébreux 3.6, que c’est à lui, en le désignant comme constructeur de la maison, que l’auteur compare Moïse le serviteur, que par conséquent il doit être aussi à Hébreux 3.4, celui qui construit toutes choses.
Mais il n’est pas probable que l’auteur ait voulu désigner Christ par ces derniers mots, ils font penser tout naturellement à Dieu. Pour qu’on les rapportât à Christ, il faudrait que l’auteur eût dit qu’il considérait celui-ci comme le fondateur de l’alliance mosaïque, ce qu’il ne fait pas expressément (Hébreux 3.3, note). Aurait-il d’ailleurs énoncé cette grande affirmation, que Christ est Dieu, dans une simple incidente ?
Enfin la proposition générale : toute maison a été construite par quelqu’un, dont la raison d’être n’apparaît pas d’emblée, s’explique mieux dans le premier système d’interprétation que dans le second.
Les versets Hébreux 3.5 ; Hébreux 3.6 (6a) expriment sans image (comparez Hébreux 3.3) quelle est la position respective de Moïse et de Christ dans leurs maisons et en quoi consiste la supériorité du second.
Moïse a été fidèle dans toute sa maison, la maison de Dieu (Nombres 12.7), comme serviteur (grec) en témoignage des choses qui devaient être dites, c’est-à-dire comme un serviteur chargé de rendre témoignage des choses qui devaient être dites, suivant les uns : par Dieu à Moïse qui les répéterait au peuple (comparez Nombres 12.8), suivant d’autres : par Christ, dont Moïse préparait la venue.
Toutes les institutions mosaïques, en effet, avaient un sens prophétique et témoignaient par avance, en paroles et en types, des choses qui devaient être pleinement annoncées dans l’accomplissement des temps par Jésus-Christ, le vrai révélateur de Dieu.
De même que Moïse, Christ (et non Jésus, comme Hébreux 3.1, parce que le Sauveur est entré dans sa gloire, d’où il gouverne l’Église) est fidèle comme Fils sur sa maison. La phrase n’a point de verbe. Aussi plusieurs sous-entendent-ils : Christ a été établi comme Fils sur sa maison. Cette position de Fils qui commande à toute la maison est le dernier trait du parallèle d’où ressort la supériorité de l’office de Jésus-Christ sur celui de Moïse.
Par nous, l’auteur entend tous les vrais chrétiens, qui composent la maison spirituelle du Seigneur (comparer Éphésiens 2.19-22 ; 1 Pierre 2.5). Ce qui leur donne ce privilège, ce n’est pas d’être nés au sein du peuple élu, mais la ferme assurance de la foi en Christ, fidèle Apôtre et souverain Sacrificateur (Hébreux 3.1) et l’espérance dont ils font leur grand sujet de gloire (grec la glorification de l’espérance, qui appartient à l’espérance).
L’important, maintenant, pour ceux qui ont cru, c’est de retenir jusqu’à la fin cette glorieuse espérance, pensée directement applicable aux premiers lecteurs de l’épître. De là encore la sérieuse exhortation des versets suivants.
De nombreux exégètes appliquent à Dieu le mot sa maison, aussi bien à Hébreux 3.5 ; Hébreux 3.6 qu’à Hébreux 3.2. Si cette relation est certaine à Hébreux 3.2 ; Hébreux 3.5. à cause de l’allusion à Nombres 12.7, elle est probable aussi à Hébreux 3.6.
Citation du Psaume 95
Le Saint-Esprit exhorte les croyants à ne pas endurcir leurs cœurs, comme les Israélites le firent dans le désert, quand ils tentèrent Dieu, après avoir été les objets de ses bienfaits et attirèrent sur eux une sentence qui les excluait de son repos (7-11).
Application
Que les lecteurs veillent donc constamment sur eux-mêmes et sur leurs frères, afin que nul ne se détourne du Dieu vivant ni ne s’endurcisse, séduit par le péché. Car nous avons part au salut en Christ à la condition de persévérer dans notre foi première, aussi longtemps que dure le temps de là grâce. En effet, ceux qui se révoltèrent après avoir entendu l’avertissement de Dieu, avaient été délivrés de la servitude de l’Égypte ; et cependant nous voyons que, par leur incrédulité, ils ont excité contre eux la colère de Dieu et se sont exclus de son repos (12-19).
Cette particule introduit ici l’exhortation suivante comme une conséquence nécessaire de tout ce qui précède et l’auteur y est conduit surtout par sa dernière pensée (Hébreux 3.6), la souveraine importance de persévérer jusqu’à la fin (comparer Hébreux 3.12).
De là, aux yeux de l’auteur, l’autorité absolue de la Parole divine qu’il va citer.
Psaumes 95.8-11. L’auteur de ce Psaume, après avoir invité son peuple à servir l’Éternel avec joie, lui adresse au nom de Dieu un sérieux appel à ne pas imiter les pères qui, dans le désert, offensèrent le Seigneur par leur révolte à Mériba et à la journée de Massa et qui, par leur endurcissement, se privèrent de la promesse d’entrer dans le repos de Dieu (Exode 16.23-24 ; Exode 17.7 ; comparez Nombres 14.22 ; Nombres 14.23. Le psalmiste réunit ces deux révoltes qui aboutirent au même triste résultat).
L’avertissement s’adresse au peuple de Dieu de la nouvelle Alliance, puisque ce peuple a encore devant lui l’accomplissement de la promesse, mais dans son sens absolu, éternel.
Quand Dieu offre sa grâce, le plus grand des péchés est de la rejeter par ingratitude et endurcissement de cœur. Il use pour un temps de patience, mais l’heure du jugement vient.
L’histoire d’Israël au désert proclame bien haut ces vérités et l’application qu’en fait l’auteur à ses lecteurs est d’une exégèse aussi vraie que sérieuse.
Notre auteur cite Psaumes 95 d’après les Septante, qui ont rendu les noms de Massa et Meriba, selon leur sens étymologique par « irritation » et « querelle ». Le mot « irritation » est pris par les uns au sens actif : l’action d’irriter Dieu, par les autres au sens réfléchi : ils s’irritèrent eux-mêmes, ils conçurent de l’amertume dans leur cœur. Le premier sens est indiqué par l’emploi du verbe à l’actif à Hébreux 3.16 (voir la note).
Au lieu de : « vos pères me tentèrent en me mettant à l’épreuve », le texte porte littéralement : tentèrent par l’épreuve. L’auteur a omis le pronom qui se lit dans les Septante.
M. von Soden pense que le manuscrit des Septante dont se servait l’auteur présentait une autre leçon que les manuscrits parvenus jusqu’à nous, car on ne comprend pas pourquoi il aurait retranché le pronom. Il propose de traduire : au jour de la tentation… que vos pères tentèrent (essayèrent) dans l’épreuve.
M. Weiss estime au contraire que l’auteur a omis le pronom, parce que, dans sa pensée, le passage cite est mis dans la bouche du psalmiste et que Dieu ne prend la parole qu’à Hébreux 3.10. Il faudrait donc traduire : « où vos pères le tentèrent (Dieu) en le mettant à l’épreuve. Et ils ont vu mes œuvres pendant quarante ans » !
Les mots durant quarante ans (Hébreux 3.9) embrassent tout le temps du séjour d’Israël au désert, bien que l’événement spécial rappelé par le Psaume cité ait eu heu dans les premiers temps de ce séjour. C’est que ce peuple vit les œuvres de Dieu pendant tout le temps de sa longue épreuve, sans qu’il en reçût instruction. Aussi à Hébreux 3.17 est-il dit que pendant ces mêmes quarante ans se manifesta l’indignation de Dieu contre ce peuple rebelle.
En Hébreux 3.10, l’auteur ajoute au texte des Septante : c’est pourquoi.
En Hébreux 3.11, il y a littéralement : S’ils entrent dans mon repos ! C’est une formule de serment, où l’on sous-entend cette pensée : Dieu me punisse, si ce que je dis n’est pas vrai. Ce repos où Dieu jura dans sa colère qu’Israël n’entrerait point (Deutéronome 1.34 ; Deutéronome 1.35), était originairement Canaan ; mais ce repos qu’Israël devait trouver en Canaan, après les fatigues du désert, n’était qu’une image très imparfaite du repos éternel que Dieu, dans sa miséricorde, avait destiné à l’homme (voir Hébreux 4.1, note).
Quelques-uns considèrent ces mots comme la reprise de la phrase commences en Hébreux 3.7 « C’est pourquoi, comme dit le Saint-Esprit (Citation), prenez garde, frères… » (comparer Hébreux 3.13 ; Hébreux 4.1 ; Hébreux 12.15)
Grec : Un méchant cœur d’incrédulité.
L’incrédulité, ainsi que la foi, a son siège dans le cœur et elle est le propre d’un cœur méchant (Matthieu 12.35) ; l’Écriture nous la fait partout envisager comme une révolte contre Dieu, révolte toute semblable à celle d’Israël au désert.
La foi, qui suppose sans doute une révélation de Dieu, une manifestation de sa volonté, une connaissance acquise par l’homme, n’est cependant, dans son essence, que l’acte moral du sentiment et de la volonté par lequel l’homme se livre à ce que Dieu lui dit, ou plutôt à Dieu lui-même, pour qu’il règne sur lui, le dirige, le remplisse tout entier.
Se refuser volontairement à cet empire du Créateur sur la créature, c’est l’incrédulité, la révolte (Hébreux 4.2). Mais, de même que la foi établit un rapport personnel, intime, vivant entre l’homme et le Dieu vivant (Hébreux 9.14 ; Hébreux 10.31 ; Hébreux 12.22. Comparer Matthieu 26.63 ; Jérémie 23.36. Introduction), de même l’incrédulité est l’abandon de ce Dieu vivant et, par conséquent, elle précipite l’homme dans la mort.
Grec : un méchant cœur d’incrédulité dans le fait d’abandonner le Dieu vivant.
La vocation de tout chrétien est de veiller non seulement sur lui-même, mais sur ses frères, pour les faire avancer avec fidélité et avec amour dans la vie de la foi. C’est là le sacerdoce universel (1 Pierre 2.9).
C’est-à-dire aussi longtemps que dure le « aujourd’hui » du Psaume cité (Hébreux 3.7) et que cette voix de Dieu se fait entendre à vous, soit par sa Parole, soit dans vos cœurs, aussi longtemps que dure pour vous le temps de la grâce. Et, au fond, pour chaque homme, ce temps c’est le jour présent, aujourd’hui ; demain ne lui appartient pas (Jean 9.4 ; Jean 9.5).
Ici encore, le péché est mis dans un rapport intime avec l’incrédulité (Hébreux 3.12, note). Mais le péché se présente toujours sous de fausses apparences, pour tromper. De là ce mot : la séduction (Marc 4.19) ou la tromperie du péché (comparer Romains 7.11 ; 2 Corinthiens 11.3).
Nous sommes devenus et demeurons (verbe au parfait) participants du Christ (comparez Hébreux 6.4), participants de sa vie, de ses grâces, de sa gloire éternelle : voilà ce qu’il s’agit de conserver, ou de perdre. Quel motif de résister à la séduction du péché !
Grec : Si du moins nous retenons ferme jusqu’à la fin le principe ou le commencement de notre ferme attente ou de notre assurance (Voir, pour le sens de ce dernier mot, Hébreux 11.1, et, pour la pensée exprimée dans ces paroles, ci-dessus, Hébreux 3.6)
C’est toujours la responsabilité de l’homme en présence de la grâce de Dieu, relevée dans la parole de Jésus-Christ : « Celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé » (Marc 13.13).
La ponctuation que nous adoptons à la fin de Hébreux 3.14 lie Hébreux 3.15 à ce qui précède immédiatement et fait de la pensée exprimée dans ce verset un motif pressant de retenir jusqu’à la fin « la ferme attente ».
D’autres le joignent à Hébreux 3.13 en faisant de Hébreux 3.14 une parenthèse. La plupart des interprètes modernes mettent un point à la fin de Hébreux 3.14 et rattachent Hébreux 3.15 à Hébreux 3.16. Quand il est dit : Aujourd’hui,… qui furent ceux qui… Mais le car de Hébreux 3.16 rend cette construction peu naturelle.
Nos anciennes versions portent : « Car quelques-uns de ceux qui l’entendirent l’irritèrent, non pas, pourtant, tous ceux qui sortirent d’Égypte sous la conduite de Moïse ».
C’est méconnaître la pensée du texte et le mettre en contradiction avec l’histoire (Nombres 14.22, suivants), comme avec les paroles qui suivent, dans lesquelles l’auteur veut précisément montrer, par l’universalité de la révolte et du châtiment, ce qu’il y a de pernicieux dans l’incrédulité et de terrible dans les jugements de Dieu.
Au lieu de l’irritèrent, sous-entendu : Dieu, quelques-uns traduisent : s’irritèrent. Mais le verbe est à l’actif et rien n’autorise à lui donner le sens réfléchi (comparez Hébreux 3.8).
Le fait qu’Israël était sorti d’Égypte sous la conduite de Moïse et avait été l’objet d’une telle délivrance par la bonté de Dieu, aggravait la culpabilité de ce peuple. Combien plus coupables sont ceux qui restent rebelles après la délivrance qu’annonce l’Évangile !
Selon la menace qui leur en avait été faite (Nombres 14.29 ; Nombres 14.32)
Le mot grec que nous traduisons par cadavres signifie proprement membres ; mais les Septante l’emploient pour rendre un mot hébreu qui désigne les corps morts.
Quelques éditeurs et interprètes ponctuent ainsi : « ne fut ce pas contre ceux qui péchèrent ? Leurs cadavres tombèrent dans le désert »
Peut-être l’auteur, en rappelant encore ici les quarante ans (comparez Hébreux 3.9), voulait-il faire allusion au même espace de temps écoulé alors depuis que Dieu supportait Israël sous l’économie nouvelle ses jugements allaient fondre sur ce peuple quarante ans après la délivrance accomplie par Celui qui était infiniment plus grand que Moïse (comparer Introduction, 2e note).
Ou qui désobéirent. Le verbe a les deux sens (Jean 3.36 ; Romains 2.8).
D’après Hébreux 11.31, il désigne plutôt, dans notre épître, le manque de foi aux déclarations divines. Nombres 14.22 ; Nombres 14.23 ; Deutéronome 1.34 ; Deutéronome 1.35. Ce sens ressort aussi des paroles que l’auteur ajoute :… à (Hébreux 3.19) cause de leur incrédulité.
(Hébreux 3.12, note). Toujours et partout l’incrédulité exclut du repos de Dieu parce qu’elle rejette Dieu lui-même, qui est le repos éternel de ses enfants (comparer Hébreux 4.1 et suivants).
Dans toute cette application de l’histoire du peuple d’Israël à ses lecteurs, l’auteur, comme le psalmiste (Hébreux 3.11, note), réunit les traits de diverses révoltes qui eurent toutes la même source, l’incrédulité.
Il n’eût tenu qu’à lui, s’il ne l’avait pas jugé inutile pour des lecteurs qui connaissaient bien leur histoire nationale, de distinguer les divers événements auxquels il fait allusion : Mara (Exode 15.23 ; Exode 15.24), Massa et Mériba (Exode 17.7), Kadès (Nombres 20.1-13). C’est lors de cette dernière révolte que fut prononcé sur Israël le redoutable jugement que l’auteur commente.