Verset à verset Double colonne
Le sanctuaire de l’ancienne Alliance
L’auteur décrit le sanctuaire israélite, sa partie antérieure, appelée le lieu saint, avec le chandelier, la table et les pains et le saint des saints, avec l’autel des parfums et l’arche (1-5).
L’office des sacrificateurs
Ils entrent en tout temps dans le lieu saint ; mais dans le lieu très saint, le souverain sacrificateur seul entre une fois par an avec le sang (6, 7).
La signification de ces symboles
Le Saint-Esprit montrait par cette institution que l’accès auprès de Dieu n’était point encore ouvert ; conformément à ce symbole, on offre encore aujourd’hui des sacrifices qui ne peuvent purifier la conscience, mais qui, de même que les autres prescriptions légales, sont des ordonnances charnelles et provisoires (8-10).
Il n’y a ici dans le grec, selon les meilleures (majuscules, Hébreux 9), que ces mots : la première ; le texte reçu porte : première tente (ou tabernacle) glose tirée de Hébreux 9.2, mais qu’on ne saurait concilier avec le sens du passage. Il s’agit évidemment de la première alliance, mentionnée dans le verset qui précède immédiatement (Hébreux 8.13).
L’auteur vient de montrer, en se fondant sur une déclaration de Dieu, que la première alliance est « vieillie et près de disparaître » (Hébreux 8.13). En conséquence de ce premier fait constaté (donc), il va présenter une autre circonstance qui est une nouvelle marque de l’infériorité de l’ancienne Alliance (Hébreux 9.6 et suivants). Auparavant toutefois (il est vrai), il a soin de reconnaître que son culte reposait aussi, non sur des institutions arbitraires, mais sur des ordonnances divines (comparer Hébreux 8.5, note). Seulement, ces ordonnances avaient alors fait leur temps et atteint leur but.
Aussi manque dans B, minuscules ; plusieurs critiques et exégètes mettent en doute son authenticité. Le verbe est à l’imparfait (avait), non seulement parce que la pensée de l’auteur se reporte au moment où le culte du tabernacle fut institué, mais parce que, se plaçant au point de vue de la nouvelle Alliance, il considère l’ancienne comme abolie (Hébreux 8.6-13).
Le sanctuaire (grec), un sanctuaire de ce monde, par opposition au sanctuaire céleste (Hébreux 8.2 ; Hébreux 8.5) « qui n’a pas été fait par des mains, qui n’est pas de cette création » (Hébreux 9.11).
Grec : Car un tabernacle fut construit, le premier dans lequel la lampe et la table et la proposition des pains, lequel est appelé lieux saints.
Le tabernacle ou « tente » d’assignation, qui fut construit par Moïse, était divisé en deux compartiments. L’auteur désigne ceux-ci comme deux tabernacles : le premier (Hébreux 9.2) et un tabernacle (Hébreux 9.3).
Mais, dans sa pensée, ils formaient bien un seul édifice, puisqu’il les présente comme séparés par un rideau, qu’il appelle le second voile, par opposition à celui qui se trouvait à l’entrée même de la tente et qu’il fallait soulever pour pénétrer du parvis dans le lieu saint.
En y entrant, on trouvait, à main gauche (Exode 26.35), le chandelier d’or (Exode 25.31-39 ; Exode 37.17-24), à droite, la table portant les douze pains de proposition renouvelés chaque sabbat, grec la proposition (ou le dépôt) des pains (Exode 25.23-30 ; Exode 26.35 ; Exode 37.10-16 ; Lévitique 24.5-9).
Au delà du second voile (Exode 26.31) était le lieu très saint, ou le saint des saints, mystérieux et inaccessible séjour de la gloire de Dieu, dont l’homme pécheur fut absolument exclu, jusqu’à l’heure du sacrifice de Golgotha, où le voile, qui le cachait aux regards et en fermait l’accès, se déchira de lui-même (Matthieu 27.51, comparez Hébreux 9.8, note). Là était l’arche de l’alliance, renfermant les tables de l’alliance (Hébreux 9.4), les dix paroles du Sinaï qui formulaient les conditions de l’alliance de Dieu avec son peuple.
C’est là que Dieu manifestait sa présence et sa majesté dans la nuée (Lévitique 16.2 ; 1 Rois 8.6-13). Une seule fois l’année, au grand jour des expiations, le souverain sacrificateur entrait dans ce lieu très Saint, en y portant le sang des victimes, dont il faisait aspersion sur le propitiatoire (Hébreux 9.7).
Le mot que nous traduisons par autel d’or pour les parfums a offert aux exégètes une difficulté qui bien que sans importance pour la pensée, est appelée par Calmet « la plus grande difficulté de toute l’épître ! »
Le mot grec signifie proprement ce qui sert à offrir le parfum et peut désigner soit un encensoir soit un autel. Il est employé dans le premier sens par les Septante (2 Chroniques 26.19 ; Ézéchiel 8.11) et par des auteurs classiques, dans le second sens, il se trouve également chez les écrivains profanes, puis dans Philon, dans Josèphe et dans les Pères de l’Église.
Dès les temps les plus anciens, les interprètes se sont divisés. La Peschito (second siècle) traduit par encensoir et l’auteur du manuscrit du Vatican (B) a introduit dans le texte une correction qui montre qu’il donne au mot le sens d’autel des parfums. On lit, en effet, dans ce document à Hébreux 9.2, après proposition des pains, les mots et l’autel d’or pour les parfums, qui manquent, par contre, à Hébreux 9.4.
Ceux qui adoptent la signification d’encensoir s’appuient sur le fait que le souverain sacrificateur, au jour des expiations, devait brûler de l’encens dans le lieu très saint en présence du trône de Dieu (Lévitique 16.12 ; Lévitique 16.13 ; Exode 30.34-38). On suppose qu’il y avait un encensoir exclusivement consacré à cet usage et appartenant au lieu très saint, où qu’il fût conservé d’ailleurs. Mais cette supposition est difficile à établir.
Un encensoir spécial n’est mentionné nulle part dans l’Ancien Testament. Or, dans sa description du tabernacle, l’auteur ne nomme que les objets principaux, connus par les textes de la loi. L’encensoir aurait-il été déposé habituellement dans le lieu très saint ? En ce cas le souverain sacrificateur aurait de y pénétrer une première fois pour chercher l’ustensile. Cela est inadmissible, puisqu’il devait brûler l’encens, précisément pour que la fumée lui dérobât la vue du propitiatoire (Lévitique 16.13).
Si l’on admettait, pour cette raison que l’encensoir était gardé ailleurs, il faudrait penser que le participe employé par l’auteur (un tabernacle ayant) voulait dire que cet encensoir était affecté au service du tabernacle. Mais comme l’arche de l’alliance, nommée aussitôt après, est également régime de ce participe, celui-ci doit être pris au sens local.
Ces difficultés sont grandes, et, de plus, l’omission de l’autel des parfums serait inexplicable, vu la place qu’il tenait dans le culte et vu la signification de l’office que le sacrificateur y accomplissait : la fumée de l’encens, était le symbole des prières qui s’élevaient à Dieu et en offrant l’encens, le sacrificateur exerçait cette fonction d’intercesseur, qui devait être l’un des principaux rôles du Christ (Hébreux 7.25).
Aussi la plupart des commentateurs et des traducteurs modernes adoptent-ils le sens d’autel des parfums.
Les uns admettent que l’auteur a commis une erreur en plaçant cet autel dans le lieu très saint. Il aurait été amené à cette erreur par des passages comme Exode 26.35, où, dans la description du lieu saint, l’autel des parfums est omis ; Exode 30.6, où l’Éternel dit à Moïse : « Tu placeras l’autel devant le voile qui est sur l’arche du témoignage, devant le propitiatoire qui est sur le témoignage (les tables de la loi), où je me trouverai avec toi ».
D’autres estiment qu’une telle erreur est invraisemblable, puisque l’auteur ne pouvait ignorer que le sacrificateur offrait tous les jours le parfum sur cet autel (Luc 1.9 ; comparez Hébreux 9.6) et que, suivant ses propres indications (Hébreux 9.7), le lieu très saint n’était accessible qu’une fois par an au seul souverain sacrificateur. Ils supposent donc que l’auteur admettait pour le tabernacle une organisation différente de celle établie plus tard dans le temple ou bien, ce qui paraît plus probable, ils estiment qu’on ne doit pas presser les termes employés.
L’auteur aurait rattaché l’autel des parfums au lieu très saint, à l’entrée duquel il était placé, parce que la fumée de l’encens qu’on y brûlait montait vers Dieu, dont le lieu très saint était la demeure et aussi parce que cet autel tenait une place particulière dans les cérémonies du jour des expiations, auquel l’auteur pense dans ce chapitre (comparer Exode 30.10, où l’autel est lui-même appelé un saint des saints. Lévitique 16.18).
L’arche de l’alliance était le signe de la présence de Jéhova au milieu de son peuple. L’auteur la décrit comme entièrement (grec de tous côtés, c’est-à-dire « en dedans et en dehors », Exode 25.11) recouverte d’or, puis il énumère les objets sacrés qui y étaient renfermés.
Mais ici encore on a trouvé une difficulté. L’auteur place dans l’arche un vase d’or contenant la manne et la verge d’Aaron qui avait fleuri. Il se fonde sur Exode 16.33 ; Exode 16.34 (où les Septante ajoutent que le vase était d’or) et sur Nombres 17.10. Dans ces passages, il est dit que ces deux objets furent déposés « devant l’Éternel », « devant le témoignage », par où l’auteur de l’Exode voulait dire probablement : « devant l’arche ». Mais l’interprétation donnée par notre auteur peut se défendre aussi, car le mot de « témoignage », employé seul, signifie les tables de la loi.
Placer ces deux objets « devant le témoignage », c’était par conséquent les mettre à côté des tables de la loi dans l’arche. Quelle autre place d’ailleurs aurait-on pu leur assigner, s’ils devaient être religieusement conservés durant tout le temps où le tabernacle fut sans cesse transporté d’un lieu à l’autre à la suite d’Israël ?
On oppose, il est vrai, à cette explication 1 Rois 8.9, où il est dit expressément « qu’il n’y avait dans l’arche que les deux tables de pierre ». Mais s’il en était ainsi au temps de Salomon, après que l’arche, longtemps entre les mains des Philistins, eut été dépouillée de tout ce qui avait pu tenter la cupidité de ces ennemis d’Israël, cela ne veut pas dire qu’il en ait été ainsi dès l’origine. La remarque du livre des Rois, loin d’exclure cette hypothèse, la confirme : elle fait supposer que l’arche avait renfermé auparavant d’autres objets que les tables de la loi, sans cela il eut été oiseux d’attirer l’attention sur un fait connu de tout Israël.
Les tables de l’alliance, contenu principal de l’arche étaient le « témoignage » à la fois de la sainteté de l’Éternel et du péché de l’homme, le témoignage de Dieu qui dit à l’homme. Je ne traiterai jamais d’alliance avec toi que : sur cette base : « Soyez saints, car je suis saint ». Si ces tables n’avaient été recouvertes par le propitiatoire où s’exerçait la miséricorde au moyen du sacrifice, elles n’auraient été autre chose que le témoignage de la condamnation des pécheurs.
Le propitiatoire était le couvercle de l’arche (en hébreu kaporeth), d’or pur, sur lequel le souverain sacrificateur faisait aspersion de sang au grand jour des expiations (comparer Hébreux 9.3, note, Lévitique 16.14 et suivants).
Le propitiatoire couvrait le « témoignage » la loi accusatrice de l’homme ; de là le mot, si fréquemment employé dans l’Ancien Testament, « couvrir le péché », pour dire le pardonner (Psaumes 32.1).
C’est au-dessus du propitiatoire que Dieu révélait sa présence, sa miséricorde (Luther traduit propitiatoire par « trône de grâce ») et sa gloire dans la nuée, toutes ses perfections réunies. « Je me trouverai là, avec toi », avait-il dit à Moïse (Exode 25.22).
Aux deux bouts de l’arche et penchés sur le propitiatoire, dans l’attitude de l’adoration, étaient deux chérubins, appelés ici chérubins de gloire, parce que la gloire divine se manifestait entre eux deux (Exode 25.18-22 et Ézéchiel 10).
Pierre fait peut-être allusion aux chérubins en parlant de ces anges qui s’inclinent pour contempler de plus près le mystère de la rédemption (1 Pierre 1.12).
Grec : Des quelles choses je ne puis maintenant parler en détail. Les choses que l’auteur a en vue ne sont pas seulement les chérubins ou l’arche et son contenu, mais tous les objets du tabernacle, dont il vient de faire l’énumération. Il n’estime pas que ce soit le moment d’indiquer leur sens symbolique. La description qu’il a faite du sanctuaire n’avait d’autre but que d’introduire la grande pensée qu’il énonce à Hébreux 9.8.
Au grand jour des expiations seulement (Lévitique 16). Afin d’accomplir tous les actes de son service prescrits pour ce jour-là, le souverain sacrificateur entrait peut-être plus d’une fois au-delà du voile : (Lévitique 16.12 ; Lévitique 16.15) mais quoi qu’il en soit, ce n’était que ce seul jour de l’année et pour ce seul service : c’est tout ce que veut dire l’auteur. Il fait expressément remarquer ici trois choses :
Grec : « Pour lui-même et pour les ignorances du peuple ». Ce mot est pris au sens moral (Hébreux 5.2 note).
Le premier tabernacle, c’est, comme à Hébreux 9.2 ; Hébreux 9.6, la partie antérieure du sanctuaire, le lieu saint (Hébreux 9.1, 3e note) où les sacrificateurs entraient chaque jour.
Or tant qu’il subsistait avec ses institutions temporaires, tant que le lieu très saint était inaccessible (Hébreux 9.7), le vrai lieu très saint, la demeure de Dieu, le ciel, restait fermé à l’homme pécheur.
Le chemin, qui y conduit, n’a pas été manifesté (Romains 3.21) ou « n’est pas ouvert ». Et quelle est la conscience éclairée qui ne confirme ce jugement ?
Bien plus, l’auteur n’hésite pas à attribuer à l’Esprit-Saint cet enseignement, c’est-à-dire qu’il fait remonter à son action la pensée symbolisée dans cette disposition du sanctuaire, avec son lieu très saint inaccessible. Convaincre le peuple de cette humiliante et douloureuse vérité, c’était le seul moyen de préparer les âmes à l’économie nouvelle, à l’œuvre du vrai souverain Sacrificateur, que l’auteur va exposer (Hébreux 9.11 et la suite).
Au lieu de rendre ainsi les premiers mots du verset : ce qui était une figure, par où il faudrait entendre le fait que le lieu très saint restait fermé (Hébreux 9.8), nous traduisons, plus littéralement : qui était une figure, le pronom se rapportant à premier tabernacle (Hébreux 9.8), celui-ci avec les institutions de son culte était une figure, une (grec) parabole, une leçon de choses, destinée à enseigner l’insuffisance des conditions religieuses de l’ancienne économie.
Le temps présent, pour lequel la parabole avait été donnée, est, suivant les uns, le temps de l’économie mosaïque : l’auteur se placerait au point de vue de ceux pour qui la loi fut promulguée et considérerait la nouvelle Alliance comme appartenant au « monde à venir ; » (Hébreux 2.5) suivant d’autres, cette expression désigne l’époque de l’économie nouvelle, ce que l’auteur va appeler (Hébreux 9.10) « le temps de la réformation ». La parabole était pour ce temps-là, l’annonçait, le montrait de loin.
Au lieu de la leçon du texte reçu : temps pendant lequel on offre, une variante de Codex Sinaiticus, B, A, D, admise par la plupart des critiques, porte : selon laquelle (parabole), selon que ce symbole le veut et l’ordonne.
La conclusion qui s’imposait aux lecteurs, c’est qu’en retournant au mosaïsme, ils préféraient l’ombre à la réalité, ils s’attachaient à un culte incapable de répondre aux besoins de la conscience (Hébreux 9.10), qui ne pouvait (grec) consommer, conduire au but, à la perfection (comparez sur ce mot Hébreux 5.9, note) celui qui le célébrait ; car les sacrifices lévitiques ne pouvaient purifier que des souillures légales (Hébreux 9.13 ; Hébreux 10.1-4 comparez avec Hébreux 9.22).
Notre version suppose admise la leçon de Codex Sinaiticus, B, A, D autres interprètes, en adoptant le même texte, traduisent : « qui s’ajoutent seulement en tant qu’ordonnances charnelles aux aliments, aux breuvages et aux diverses ablutions ».
Les dons et sacrifices sont appelés ordonnances (grec) de la chair, parce qu’ils conféraient a l’Israélite une justice extérieure, selon l’homme naturel, en faisant de lui un membre du peuple de l’alliance, mais qu’ils ne pouvaient le délivrer effectivement du péché qui entachait et accablait sa conscience (Hébreux 9.9).
Les aliments et breuvages ne sont pas seulement les repas sacrés (Hébreux 13.9 et suivants) et en particulier le repas pascal, mais tous les aliments et breuvages sur lesquels portaient les prescriptions de la loi (Lévitique 11 Nombres 6.3 ; comparez Colossiens 2.16).
Pour les diverses ablutions, voir Hébreux 6.2 ; Exode 29.4 ; Lévitique 14.8 ; Lévitique 16.24-28, Lévitique 15
Ces prescriptions ne devaient être imposées que jusqu’à un temps de réformation (grec de redressement, mot qui ne se trouve qu’ici dans le Nouveau Testament), un temps où les ordonnances imparfaites de l’ancienne Alliance seraient rendues parfaites (Jean 4.23 et suivants).
Christ, entrant dans le vrai tabernacle, avec son propre sang, est l’auteur de notre rédemption
Bien différent des sacrificateurs lévitiques, Christ est venu nous assurer la vie éternelle. Il a traversé les cieux, s’est approché de Dieu définitivement avec son propre sang et nous a procuré une rédemption éternelle. En effet, si les sacrifices et les cérémonies de l’ancienne Alliance avaient une vertu purificatrice, à plus forte raison le sang de Christ, qui s’est offert lui-même sans tache à Dieu, par un esprit éternel, purifiera-t-il vos consciences des œuvres mortes et vous rendra-t-il capables de servir le Dieu vivant (11-14).
Nécessité de la mort de Christ
Christ s’est offert lui-même une seule fois
Christ n’est pas entré dans le sanctuaire céleste pour s’offrir plusieurs fois, comme le souverain sacrificateur entre chaque année dans le lieu très saint ; car, dans ce cas, il eût fallu qu’il souffrît à plusieurs reprises ; non, il a paru une seule fois, à la fin de l’économie présente, pour abolir le péché par son sacrifice. Et comme il n’y a pour les hommes qu’une mort, suivie du jugement, il s’est sacrifié une seule fois, chargé des péchés de plusieurs et il apparaîtra une seconde fois, sans ces péchés, à ceux qui l’attendent pour leur salut (25-28).
Inefficacité des sacrifices annuels ; efficacité de l’obéissance de Christ
La loi, qui n’a que l’ombre des biens à venir ne peut, par les sacrifices offerts chaque année, rendre parfaits ceux qui y participent ; autrement, on aurait cessé de les offrir ; mais ils ne font que commémorer les péchés, car le sang des victimes ne peut les ôter. C’est pourquoi Christ, dans les paroles du Psaume 40, se présente pour faire la volonté de Dieu. Il substitue ainsi son obéissance aux sacrifices et nous sommes sanctifiés par cette obéissance, par l’offrande unique de son corps (1-10).
Les péchés ôtés par l’oblation de Christ ; les sacrifices abolis
Ce que les sacrificateurs ne pouvaient faire en se présentant chaque jour devant Dieu, Christ l’a accompli par son unique sacrifice ; puis il s’est assis à la droite de Dieu, attendant l’assujettissement de ses ennemis ; car, par une seule offrande, il a élevé pour toujours à la perfection ceux qui sont sanctifiés. Cela est confirmé par la promesse du Saint-Esprit, relative à la nouvelle Alliance, qui annonce une loi écrite dans les esprits et l’oubli de tous les péchés. Or, la rémission des péchés entraîne la suppression des offrandes pour les péchés (11-18).
Hébreux 9.11 à 10.18 Le service de Christ dans le sanctuaire céleste. Son sacrifice unique et efficace.
Mais (cette particule marque le grand contraste de la réalité avec les symboles) Christ est venu, il est le vrai souverain Sacrificateur ! tel est le glorieux fait que l’auteur annonce avant d’en exposer les détails.
Le texte reçu, avec Codex Sinaiticus, A, majuscules, porte : Sacrificateur des biens à venir. Ces mots signifient que les biens de la nouvelle Alliance, le pardon des péchés, la délivrance, la paix, la communion avec Dieu, quoique réalisés en Jésus-Christ et déjà accordés en partie à ceux qui croient en lui, sont pourtant encore des biens futurs jusqu’à leur pleine possession, à moins qu’on admette que l’auteur présente ces biens comme à venir en tant qu’ils appartiennent à la nouvelle alliance (Hébreux 2.5 ; Hébreux 6.5).
Mais une variante dans B, D, Itala, porte : « biens présents » ou « biens arrivés », ce texte serait mieux approprié au contraste qu’établit ici l’auteur entre les deux alliances, dont l’une n’avait que la promesse, l’autre la réalisation actuelle. Lachmann, Westcott et Hort, Nestle, Weiss adoptent cette leçon.
Voir, sur cette grande pensée de l’entrée de Christ dans le vrai sanctuaire céleste, à laquelle l’auteur attache une si haute importance, Hébreux 4.14, note (comparer Hébreux 8.2 ; Hébreux 9.24 ; Hébreux 10.12-14). Le tabernacle plus grand plus parfait où Christ poursuit maintenant son œuvre comme souverain Sacrificateur, n’a point été fait par la main des hommes, ainsi que le tabernacle mosaïque et même, il n’est point de cette création terrestre. Ce sont les cieux (Hébreux 9.24), à travers lesquels Christ a passé pour pénétrer jusqu’au séjour de la gloire de Dieu, élevé au-dessus de toute la création.
On retrouve ici (comme Hébreux 4.14) une allusion au fait que le sacrificateur traversait le lieu saint pour parvenir jusqu’au-delà du voile, jusqu’au lieu très saint, symbole de la demeure de Dieu.
Une autre interprétation de ces paroles, présentée par des Pères et encore par Calvin et Bengel, mais généralement abandonnée aujourd’hui, voit dans le tabernacle plus grand et plus parfait que Christ a traversé, non pas le ciel, mais son corps, sa propre humanité, par laquelle il a passé au travers des souffrances, du sacrifice et de la mort, pour parvenir ainsi jusqu’à la gloire et à la communion immédiate avec Dieu.
Cette idée est vraie en elle-même, elle est exprimée à Hébreux 10.20 (voir la note). Mais ici il est inadmissible que l’auteur veuille exprimer cette pensée ; ce qui le montre, c’est Hébreux 9.24, où il dit en termes simples et clairs que le sanctuaire où Christ est entré, c’est le ciel (comparer Hébreux 4.14, note).
Il y est entré (grec) « non par le sang des boucs et des veaux, mais par son propre sang », c’est-à-dire en vertu et par l’efficace de son propre sang. Le souverain sacrificateur ne pouvait entrer dans le lieu très saint qu’en vertu du sang de l’expiation qu’il prenait sur l’autel situé dans le parvis extérieur (Lévitique 16.11 ; Lévitique 16.14) ; de même c’est en vertu de son propre sang « répandu pour la rémission des péchés » que Christ a comparu devant Dieu pour son peuple.
Là était l’image, ici la réalité ; car, par ce sacrifice de son amour, Jésus-Christ a réellement obtenu une rédemption éternelle.
Obtenu, car il a dû la poursuivre par tous ses efforts et l’acquérir au prix d’indicibles souffrances ; une rédemption, c’est-à-dire un rachat et par là une délivrance réelle (Romains 3.24, 2e note) pour ceux dont il a payé la rançon ; une rédemption éternelle, dont la valeur, l’efficace dure à toujours et dont les bienheureuses conséquences s’étendront sur l’éternité tout entière.
Parce que son sacrifice a cette vertu perpétuelle, le Sauveur a pu l’offrir une fois pour toutes ; c’est cette vertu perpétuelle que voudrait représenter, mais que méconnaît ou dénature le sacrifice de la messe sans cesse renouvelé.
Voir sur l’efficace de la mort de Jésus-Christ, comme sacrifice expiatoire, Hébreux 9.14, note et Romains 3.25, note.
Ces deux versets (Hébreux 9.13 ; Hébreux 9.14) doivent confirmer (car), par un raisonnement a fortiori et par une application vivante à la conscience la grande vérité de l’expiation du péché par le sang de Christ, exprimée à Hébreux 9.12.
Tout Israélite savait que le sang de boucs et de taureaux (Lévitique 16.6-11 ; Lévitique 14.15, etc.) et l’aspersion faite avec l’eau où l’on avait mêlé la cendre d’une génisse (Nombres 19, voir surtout Hébreux 9.13 ; Hébreux 9.20), purifiaient d’une souillure légale, par exemple de l’attouchement d’un mort et rendaient à celui qui venait d’offrir ce sacrifice la pureté de la chair, indispensable pour qu’il jouît des privilèges d’un membre du peuple.
Mais tout cela n’était qu’un symbole, la souillure légale n’était que l’image du péché, qu’elle rappelait sans cesse ; la purification cérémonielle, l’image de la vraie purification, qu’elle faisait désirer. C’est la conscience qui devait être purifiée des œuvres mortes pour servir le Dieu vivant, deux choses qui sont également impossibles à l’homme.
Les œuvres mortes (comparez Hébreux 6.1), en effet, ne sont pas les cérémonies par lesquelles l’israélite cherchait la purification devant Dieu ; ce sont tous les péchés qui pèsent sur la conscience du pécheur et ne lui permettent pas de s’approcher de Dieu pour lui rendre son culte (tel est le sens du verbe : servir Dieu), ce sont, d’une manière plus générale, toutes les œuvres qui procèdent de l’homme irrégénéré, car il est lui-même mort (Éphésiens 2.1) et la mort ne saurait produire la vie.
Ses œuvres sont mortes, tant qu’elles ne sont pas en lui le produit d’une vie nouvelle, créée par l’Esprit de Dieu et par laquelle seulement nous sommes capables de servir le Dieu vivant. Quel contraste entre un tel service et cette mort morale de l’homme naturel, qui frappe de stérilité toute son activité.
Servir, dans l’original, c’est remplir une fonction sacerdotale célébrer un culte (Hébreux 9.9 ; Hébreux 12.28). Le chrétien doit être dans toute sa vie un sacrificateur du Dieu vivant (Hébreux 3.12), s’offrir lui-même en sacrifice et faire de chaque acte de sa vie un culte en esprit et en vérité.
Comment s’élever des œuvres mortes, qui souillent la conscience, à cet idéal de sainteté ? L’auteur en indique le moyen : le sang de Christ. Il montre en quoi a consisté le sacrifice du Sauveur, dans quelles conditions celui-ci l’a accompli : Qui, par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu.
Toutes les expressions employées font ressortir la pensée que le sacrifice de Christ est un acte moral, dans le sens le plus élevé, le plus absolu de ce mot. C’est ce qui le distingue profondément des sacrifices symboliques rappelés à Hébreux 9.13, dans lesquels les victimes étaient passives. Il s’offre lui-même, donc c’est le sacrifice volontaire du dévouement et de l’amour sans tache (Lévitique 22.21 ; 1 Pierre 1.19).
Ainsi c’est un sacrifice digne du Dieu saint et juste (car c’est à Dieu qu’il s’offre). Mais surtout il s’offre par l’Esprit éternel, c’est-à-dire animé, porté, consacré pour cet acte par l’Esprit de Dieu qui était en lui sans mesure dans une harmonie ineffable avec Dieu, qui s’associe à son œuvre par son Esprit, qui l’approuve, qui reçoit le sacrifice de sa volonté, de sa vie humaine, solidaire de notre humanité tout entière. Mais l’auteur dit plus encore.
Il aurait pu employer le terme ordinaire de « Saint-Esprit », que lui prête, en effet, une variante peu autorisée ; mais non, il se sert de ce terme inusité : « l’Esprit éternel ». Son intention est de marquer que cet Esprit, qui communiquait à la personne du Christ « une puissance de vie impérissable » (Hébreux 7.16), confère à son sacrifice une valeur éternelle : c’est l’œuvre de Dieu accomplie pour l’éternité.
La plupart des commentateurs modernes, il est vrai, se fondant sur le fait que l’article manque en grec et qu’il y a proprement : par un esprit éternel, se refusent à voir dans cette expression l’Esprit de Dieu ; elle caractériserait soit la nature divine, soit la constitution morale du Christ et serait destinée à expliquer comment il peut encore remplir son office de souverain sacrificateur céleste après s’être livré lui-même à la mort.
Telle est la source intarissable « ouverte pour la purification du péché et de la souillure ». Mais comment la conscience en est-elle purifiée de ses œuvres mortes ?
Dès l’Ancien Testament, le symbole devait indiquer la réalité. Il y avait en tout sacrifice deux choses distinctes : l’immolation de la victime et l’aspersion de son sang sur le pécheur qui l’offrait (Hébreux 9.13). Par ce dernier acte qu’il subissait, l’Israélite confessait solennellement que c’était de lui qu’il s’agissait, lui qui avait péché, qui était souillé, qui avait mérité la mort, qui devait, après avoir obtenu son pardon, s’offrir en sacrifice vivant et saint, mourir réellement au péché, en un mot, s’approprier personnellement tout le sens de son sacrifice.
De même et à plus forte raison sous la nouvelle Alliance, c’est en devenant un avec Christ par une foi réelle que le pécheur est justifié ; c’est en Christ que sa conscience reprend vie, se détache de la souillure par la puissance divine de la croix ; c’est en Christ et avec lui, qu’il meurt par degrés au péché, au monde, à lui-même, c’est en lui qu’il ressuscite pour une vie nouvelle et sainte (Voir, sur ce côté si profond de la mort de Christ appliquée à l’homme pécheur, Romains 6.1-11, notes).
L’auteur a déjà auparavant désigné Jésus-Christ comme un médiateur (Hébreux 8.6) ; ici il déclare comment, pourquoi il est médiateur. Il s’est offert lui-même (Hébreux 9.14), c’est pourquoi il est médiateur et il a fallu que la mort du médiateur intervint.
L’auteur introduit ainsi le développement, dans lequel il examine sous ses diverses faces le grand fait qu’il vient d’énoncer.
On remarquera que si jusqu’ici l’auteur a opposé l’Alliance ancienne à la nouvelle (Hébreux 7.22 ; Hébreux 8.6-10 ; Hébreux 9.1-4), dans Hébreux 9.16 ; Hébreux 9.17 il emploie le même mot grec dans le sens de testament.
Quelques exégètes ont voulu, il est vrai, revendiquer pour ce mot, même dans Hébreux 9.16 ; Hébreux 9.17, le sens d’alliance. Mais leurs efforts sont vains ; cette interprétation est inadmissible.
Le fait est que le terme grec désigne toute disposition authentique, qu’elle soit établie entre deux parties, engagées ainsi l’une envers l’autre (pacte, contrat, alliance), ou qu’elle provienne d’un seul, qui déclare ainsi sa volonté, ses intentions (disposition testamentaire, testament). Le mot ayant ces deux acceptions, l’auteur passe de l’une à l’autre pour les besoins de son argumentation.
Le procédé peut se justifier si l’on ne s’arrête pas à la logique formelle, mais si l’on considère la nature même de l’institution désignée par ce terme à double entente. Car si, d’une part, les rapports de Dieu avec son peuple, surtout dans l’économie ancienne, ont les caractères d’une alliance, avec ses conditions mutuelles (voir, par exemple, Hébreux 8.8-10), il n’est pas moins évident que, de plus en plus, ces rapports, fondés sur la grâce pure et gratuite de Dieu, sur son œuvre de miséricorde qu’il accomplit tout entière, deviennent, de sa part, une déclaration authentique de sa volonté miséricordieuse, un testament (voir aussi Hébreux 8.10 ; Galates 3.15-17 ; comparez Matthieu 26.28 et l’Introduction générale au Nouveau Testament, tome I).
Grec : reçoivent la promesse (accomplie) de l’héritage éternel (comparer Hébreux 6.13). Parce que les péchés commis sous la première Alliance n’étaient expiés qu’en figure et non en réalité, il a fallu que la mort du médiateur eût lieu, afin que la promesse s’accomplît, c’est a dire que l’héritage éternel (Hébreux 5.9 ; 1 Pierre 1.4) fût vraiment acquis à ceux qui sont appelés (comparer Romains 3.25 ; Jean 16.7).
Et si le peuple de Dieu avait besoin de ce sacrifice pour ses péchés, à plus forte raison toutes les autres nations de la terre.
Les versets Hébreux 9.16 ; Hébreux 9.17 confirment (car) ce qui précède, en établissant la nécessité de la mort du médiateur pour amener l’accomplissement de la promesse.
La première Alliance, parce qu’elle était une alliance, a été violée par ceux avec qui elle avait été contractée (Hébreux 8.9) ; la seconde l’aurait infailliblement été de même, si elle n’eût revêtu tous les caractères d’un testament qui lègue l’héritage sans conditions.
L’image sur laquelle l’auteur insiste ici, en développant la signification du mot, a donc sa profonde vérité. Parmi les hommes, un testament ne devient exécutoire que par la mort du testateur, qui transmet aux héritiers tous ses droits.
Où il y a testament, il est nécessaire que la mort du testateur soit annoncée (grec apportée) à l’autorité judiciaire qui constate le décès et préside à la transmission de l’héritage, car un testament est (grec) valide sur des morts, puisqu’il n’a jamais de force lorsque vit le testateur. Ici le testateur, c’est Jésus-Christ, l’Homme-Dieu, à qui toutes choses appartiennent, car « le Père a remis toutes choses entre ses mains » (Jean 3.35).
L’héritage lui serait resté à lui seul, si, par sa mort, il ne l’avait légué à ses frères, à qui il voulait communiquer tous ses droits. Il s’est donc abaissé, rendu obéissant jusqu’à la mort de la croix, dépouillé de tout (Philippiens 2.6-8) et par cette mort, dont la nécessité morale a déjà été démontrée (Hébreux 9.14), il a transmis à ses rachetés, avec ses droits, sa gloire éternelle, qui est leur héritage (comparer Luc 22.29, où Jésus lui-même emploie le verbe duquel est dérivé le mot testament).
Ce serait forcer et fausser la comparaison employée que d’objecter : le Sauveur, mort pour les siens, n’en est pas moins vivant aux siècles des siècles et c’est même par sa vie, plus encore que par sa mort, qu’il communique à ses membres ? unis à lui comme le sarment au cep, les biens célestes de l’héritage. Sans doute la possession de la vie dépend de nos rapports avec le Sauveur ressuscité et vivant. Toutefois le Sauveur ne peut nous communiquer la vie divine que parce qu’il est mort pour nous. Et maintenant sa vie ne fait plus que réaliser en nous ce qu’il nous a virtuellement acquis sur la croix.
Par la conjonction c’est pourquoi, l’auteur ne rattache pas Hébreux 9.18 à Hébreux 9.15, de sorte que les versets Hébreux 9.16 et Hébreux 9.17 ne formeraient qu’une parenthèse.
Le verset Hébreux 9.18 est plutôt une conclusion tirée de la règle générale rappelée en Hébreux 9.16 : la première Alliance, quoiqu’elle n’eût pas encore le caractère d’un don fait par testament et que par conséquent la mort ne dût pas intervenir pour son institution a cependant été inaugurée avec du sang.
Cette relation est marquée par l’expression : (grec) « pas même la première Alliance n’a été inaugurée sans sang ».
L’auteur fait allusion à Exode 24.3-8 ; mais il amplifie le récit de l’Exode.
Celui ci ne parle pas d’aspersion sur le livre même et ne mentionne pas l’emploi de l’eau, de la laine écarlate et de l’hysope, qui étaient en usage dans diverses cérémonies de Purification (Lévitique 14.4 et suivants ; Nombres 19.4 et suivants ; Lévitique 8.10 et suivants ; comparez Exode 12.22 ; Psaumes 51.9).
Quant au tabernacle, il ne put être l’objet d’une aspersion dans la circonstance rapportée Exode 24.3-8, puisqu’il n’existait pas encore (comparer Exode 25.40). D’après Exode 40.9 et suivants (comparez Lévitique 8.10), le tabernacle et les ustensiles furent seulement oints d’huile.
L’aspersion avec du sang ne figure que dans la tradition juive (Josèphe, Antiquités Juives III, 8, 6).
Sans effusion de sang, c’est-à-dire sans sacrifice d’expiation pour le péché, point de rémission.
Telle est la vérité que l’auteur trouve écrite sur tous les objets qui servaient au culte mosaïque, sur tous les actes de l’institution de ce culte. Et cette effusion de sang, perpétuellement renouvelée pour la purification du peuple, ne pouvant elle-même « purifier la conscience des œuvres mortes », était une prédiction solennelle du sacrifice réel qui devait s’accomplir un jour.
Ce sacrifice s’est accompli (Matthieu 26.28) et par cela seul que le sang de l’Agneau de Dieu a coulé sur la croix, cette croix répète d’une manière mille fois plus absolue encore que tous les autres sacrifices : « Sans effusion de sang, point de rémission ».
La conscience de l’humanité s’est faite l’écho de cette voix divine ; et le chrétien, qui n’a trouvé la paix qu’au pied de la croix de Golgotha, mais qui l’y a trouvée, redit en s’humiliant et en bénissant son Sauveur : « Sans effusion de sang, point de rémission ».
C’est là le point qui fait de l’Évangile une folie et un scandale aux yeux de la sagesse humaine. Mais l’Église garde cette vérité comme son trésor malgré les dénégations et les subtilités d’une science faussement ainsi nommée.
Ce verset tire la conclusion (donc) de la déclaration qui précède et se trouve lui-même expliqué par les paroles qui suivent (Hébreux 9.24).
Encore ici, l’auteur veut élever la pensée de ses lecteurs des images aux réalités : Il est nécessaire, dit-il, que toutes ces images, tous les objets qui servaient au culte (Hébreux 9.19-22), soient purifiées de cette manière, c’est-à-dire par le sang des victimes (Hébreux 9.22) qui rappellent sans cesse à l’homme sa souillure et sa culpabilité.
Mais toutes ces images, ces cérémonies symboliques du culte israélite figurent seulement les rapports tout spirituels du vrai sanctuaire, ces choses célestes doivent donc être purifiées elles mêmes par des sacrifices plus excellents, par le sacrifice de l’Agneau de Dieu qui réellement « ôte le péché du monde » et qui a « inauguré » pour nous l’Alliance nouvelle (Hébreux 9.18) en entrant dans le sanctuaire céleste (Hébreux 9.24 ; Hébreux 10.19-22).
Il va sans dire que l’idée de purifier le sanctuaire céleste n’indique pas une action matérielle ou locale, mais l’efficace tout intérieure, spirituelle et morale de l’œuvre de Christ, rouvrant à notre humanité sanctifiée l’accès à la communion de Dieu. Tous ses rachetés sont désormais des sacrificateurs qui peuvent le suivre là où il est entré avant eux et pour eux (Hébreux 9.24).
Hébreux 9.11 ; Hébreux 9.12, notes.
Le sanctuaire terrestre a été fait comme une imitation (grec antitype) du véritable, car Moïse avait reçu l’ordre de « faire tout selon le modèle (grec type) qui lui avait été montré sur la montagne » (Hébreux 8.5).
Comparer, sur cette entrée du Christ dans les cieux comme sacrificateur et intercesseur, Hébreux 4.14, note ; Hébreux 7.25-26, note ; Hébreux 10.12, 19, 20.
Le mot maintenant oppose, suivant les uns, la comparution actuelle de Christ devant Dieu à son retour glorieux (Hébreux 9.28) ; suivant d’autres, l’intervention efficace du médiateur est opposée aux précédentes et imparfaites tentatives de réconcilier Dieu avec l’homme par les sacrifices (comparer Hébreux 9.26).
La répétition chaque année du sacrifice dans le lieu très saint, au grand jour des expiations, pouvait, à elle seule déjà, prouver aux Hébreux que ce sacrifice n’accomplissait pas par lui-même ce dont il était le symbole, l’expiation du péché la réconciliation du pécheur avec Dieu et sa consécration à l’Éternel ; il lui rappelait au contraire sans cesse son péché, sa culpabilité (Hébreux 10.3), la nécessité de mourir à lui-même, pour revivre à Dieu.
S’il en était de même du sacrifice de Christ, le Sauveur aurait dû souffrir plusieurs fois, depuis la fondation du monde, c’est-à-dire depuis que le péché y est entré ; il devrait le faire maintenant encore et l’idée catholique du sacrifice de la messe serait fondée.
Mais non ; au lieu du sang étranger et inefficace qu’offrait le sacrificateur, Christ s’est offert lui-même et il n’a besoin de le faire qu’une seule fois (Hébreux 9.28 ; Hébreux 10.12), car, par ce sacrifice, il a opéré l’abolition du péché.
Il reste au pécheur à s’approprier l’effet de ce sacrifice par une foi vivante qui l’unisse à Christ, le rende un avec lui dans ce sacrifice même et capable de le suivre là où il est (Hébreux 10.19 et suivants).
La pensée que Christ a paru une seule fois pour l’abolition du péché par le sacrifice de lui-même (Hébreux 9.26) oblige l’auteur à parler de sa seconde apparition, pour bien marquer que, lors de celle-ci, n’y aura plus de sacrifice.
Il voit, entre cette double apparition de Christ et la destinée de tous les hommes auxquels il est réservé de mourir une fois, pour être jugés après cela, plus qu’une simple analogie. Ce dernier fait permet d’apprécier le premier et d’en estimer le caractère.
Pourquoi est-il réservé à tous les hommes de mourir ? À cause du péché et de la condamnation qu’il entraîne (Genèse 2.17 ; Genèse 3.19 ; Romains 5.12, note). Cette mort a lieu une seule fois, c’est-à-dire une fois pour toutes. Elle clôt définitivement le temps de l’épreuve ; quand elle est intervenue nous n’avons plus qu’à « comparaître devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive selon qu’il aura fait soit bien soit mal, étant dans son corps » (2 Corinthiens 5.10).
Notre texte, très concis, porte ces seuls mots : après cela, jugement.
De cette condition commune à tous les hommes, ressort avec évidence le but de la double apparition du Sauveur. Parce que la mort est réservée à tous, parce que tous doivent comparaître en jugement, lui, le représentant de notre humanité, le second Adam, le souverain sacrificateur, a voulu, dans son insondable amour, subir la mort, le jugement. Il a été offert une seule fois comme victime ; pourquoi ? pour porter les péchés de plusieurs (Matthieu 20.28 ; Matthieu 26.28).
Tous ces termes sont à dessein empruntés aux usages des sacrifices. En imposant les mains sur la tête de la victime, le sacrificateur y déposait les péchés du peuple (Lévitique 4.4 ; Lévitique 4.15 ; Lévitique 4.20 ; Lévitique 4.29 ; Lévitique 4.33) ; de là, l’expression si usitée dans l’Ancien Testament : porter le péché, l’iniquité, le châtiment (Nombres 14.34 ; Ézéchiel 4.6 ; Ézéchiel 18.19, etc.). Et c’est ce terme même que l’auteur applique ici à Jésus, exactement comme Ésaïe 53.12 ; 1 Pierre 2.24. Comparer Jean 1.29.
Christ a été offert une seule fois, parce que l’homme aussi ne meurt qu’une fois et que dans cette unique mort se concentre tout le châtiment du péché qui est tombé sur le Sauveur. Aussi, à sa seconde venue, Christ n’aura plus à mourir pour achever la rédemption de l’humanité. Il viendra pour exercer le jugement, ce jugement qui est tout ce qui attend l’homme après la mort (Hébreux 9.27), c’est ce que l’auteur veut dire quand il déclare que Christ paraîtra une seconde fois sans péché, sans avoir encore à porter les péchés des hommes.
Qu’il ait été ici-bas sans péché personnel, c’est ce que l’auteur a hautement proclamé (Hébreux 4.15), mais il n’était pas sans péché dans le sens qui vient d’être exposé, puisqu’il avait pris sur lui le péché de l’humanité, en vertu duquel il souffrit et mourut. Or à sa seconde venue, il n’aura plus ni péché à expier ni sacrifice à accomplir ; il apparaîtra comme le Roi glorieux à ceux qui l’attendent pour leur salut (grec à salut).
On peut aussi rattacher les derniers mots au verbe principal : « paraîtra à salut, pour apporter le salut à ceux qui l’attendent ».
À et quelques documents ajoutent : « par la foi ».