Verset à verset Double colonne
Les promesses contenues dans ce chapitre ne présentent pas d’éléments nouveaux. Les versets 1, 19 et 23 nous y font distinguer trois morceaux différents qui, d’après le verset 1, ont dû être composés dans les derniers temps qui précédèrent la ruine de Jérusalem. L’idée saillante est celle de la perpétuité de la royauté davidique et du sacerdoce lévitique.
L’Éternel est son nom : comparez Jérémie 31.35 ; Jérémie 32.18.
Que tu ne sais pas. On peut s’étonner de ce préambule ; car cette prophétie ne nous apprend rien qui soit proprement nouveau. Mais le rétablissement d’Israël après l’exil demeurait pour le peuple un événement si inouï, si inaccessible à l’intelligence naturelle (comparez Ézéchiel chapitre 37), que, pour y croire, on était toujours obligé d’en revenir aux promesses solennelles de Dieu (Jérémie 32.25-27).
Les maisons qui ont été renversées. Plusieurs pensent qu’il s’agit ici des maisons situées en dedans de la ville, mais près des murs et que les assiégés détruisaient déjà. Il nous paraît plus naturel d’admettre que le prophète, parle des faubourgs abattus par l’ennemi pour donner accès à ses machines de siège.
Encore un passage difficile à expliquer, si même le texte n’est pas altéré. Dans la traduction que nous proposons, nous réunissons les derniers mots du verset 1 au verset 5. Le sens est : C’est en pure perte que vous vous défendez avec acharnement contre les Chaldéens ; vous ne réussissez qu’à remplir de cadavres vos maisons détruites.
Le présent est voué à la ruine ; mais l’avenir apportera la guérison.
Abondance de paix et de vérité : tous les biens du salut divin, émanant constamment de la fidélité de Dieu à ses promesses.
Spécialement les maisons dont la destruction avait été mentionnée au verset 4.
Je les purifierai. Ce terme renferme avec le pardon du péché sa destruction, condition de l’accomplissement de toutes les promesses de rétablissement.
Et son nom : le nom de la ville restaurée ; littéralement : elle sera pour moi un nom de joie… Le seul nom de Jérusalem prononcé au milieu de ces peuples sera pour Dieu un sujet de joie, en ce qu’il fera éclater sa louange et tournera ainsi à sa gloire.
Elles trembleront et frémiront. Le prophète veut parler d’une crainte salutaire qui saisira les nations païennes à la vue des bénédictions extraordinaires accordées à ce peuple d’Israël qu’elles ont si longtemps méprisé et opprimé. Cette crainte préparera leur pleine soumission à Jéhova.
C’est un désert. Les habitants de Jérusalem, jadis si confiants, sont maintenant plongés dans un tel découragement, qu’ils parlent de la ruine prochaine de leur ville, comme si elle était déjà consommée.
Tableau familier à Jérémie : Jérémie 7.34 ; Jérémie 16.9 ; Jérémie 25.10.
Car l’Éternel est bon : comparez Psaumes 107.1 ; 2 Chroniques 5.13 ; Esdras 3.11. C’était une formule d’actions de grâces usitée dans le culte. Les chants des fêtes religieuses et ceux des fêtes nationales et domestiques se confondront pour célébrer l’auteur de si grands bienfaits.
Jérémie semble se complaire à ces tableaux de prospérité qui font contraste avec la lugubre réalité.
Le berger compte ses brebis le matin à la sortie du bercail et le soir quand elles y rentrent.
La bonne parole : celle qu’avait prononcée Jérémie Jérémie 23.5-6 et qu’il répète ici (versets 15 et 16).
Ces deux promesses relatives à la race de David et au sacerdoce lévitique, pour être bien comprises, ne doivent pas être isolées d’autres paroles prophétiques qui les expliquent et les complètent. Au verset 22 il est dit que la famille de David et la tribu de Lévi deviendront aussi nombreuses que les étoiles des cieux et que le sable de la mer. C’est dans ces mêmes termes que la bénédiction divine avait été promise à la postérité d’Abraham tout entière (Genèse 22.17). Que signifie ce rapprochement, si ce n’est que la royauté et le sacerdoce participeront à l’accroissement merveilleux accordé à toute la nation ? Cet accroissement aura lieu par l’incorporation à Israël des païens qui auront reçu le Messie. Il en sera de même de celui de la royauté et du sacerdoce. Le Messie commencera par réaliser parfaitement ces deux charges en sa personne (Zacharie 6.9-13). Puis, il les communiquera en des mesures diverses aux membres de la communauté messianique, Juifs et païens (Ésaïe 61.6 ; Ésaïe 66.21 ; Malachie 1.11 ; Zacharie 12.8).
Il ne manquera pas à David (comparez verset 21). Par cette tournure le prophète exprime que c’est ici une grâce faite à David personnellement ; comparez Ésaïe 55.3.
Les sacrificateurs lévites (d’origine lévitique). Jérémie par cette expression veut exclure les mercenaires et les intrus, tels que les prêtres non lévites, que Jéroboam avait établis en fondant le culte des veaux d’or. Tous les membres du sacerdoce possèderont le sceau de la vocation divine. Au verset 21 le prophète emploie en échange l’expression de lévites sacrificateurs, voulant peut-être donner à entendre par là que l’ancienne distinction hiérarchique entre les deux ordres du sacerdoce, les lévites et les sacrificateurs, qui avait donné lieu à tant de rivalités, disparaîtra. Les sacrificateurs, se confondront avec les lévites et ceux-ci avec le peuple entier dans un commun et parfait sacerdoce spirituel.
Mon alliance n’est pas moins immuable que les lois de la nature. Pas plus vous ne pouvez changer le cours des astres, pas plus vous ne sauriez, par votre infidélité même, empêcher l’exécution de mes décrets. Ce que l’homme peut modifier, ce n’est pas la promesse divine, c’est uniquement la manière dont elle s’accomplit.
La perpétuité de la royauté et du sacerdoce dont parle le prophète.
La multiplication de ceux qui participeront à ces dignités. Voir versets 17 et 18. Comparez Romains 4.16-18 et Galates 6.16.
Ce verset, séparé du précédent par un titre spécial, commence un nouveau morceau. Le prophète revient au peuple, d’Israël en général. Il annonce son retour de l’exil ; puis il proclame son indestrutibilité.
Les deux familles. Après tout ce qui précède, cette expression s’applique non aux deux peuples de Juda et des dix tribus, mais aux deux postérités de David et de Lévi.
C’était ôter à Israël sa dignité de peuple de Dieu, que de s’imaginer que la royauté de David et le sacerdoce lévitique allaient cesser pour toujours avec l’exil.
Israël, pour la punition de ses fautes, a dû passer de longs siècles sous la domination étrangère. La promesse de l’affranchissement final et complet n’en subsiste pas moins et s’accomplira au jour où la condition du salut sera remplie.