Verset à verset Double colonne
Ce chapitre rapporte la manière dont Jérémie fut épargné par les Chaldéens lors de la prise de Jérusalem.
Les derniers mots du chapitre précédent : Lorsque Jérusalem fut prise, doivent être rattachés aux premiers versets du chapitre 39 ; les versets 1 et 2 sont une parenthèse et la proposition principale se trouve au verset 3 (voir la traduction).
Le siège avait duré 18 mois moins un jour ; comparez Jérémie 52.3-5 ; 2 Rois 25.1-4.
La porte du milieu. C’était, selon l’opinion la plus générale, une porte qui se trouvait dans le mur allant de l’ouest à l’est, mur qui séparait la ville proprement dite, au sud, des faubourgs septentrionaux alors en dehors du mur d’enceinte.
Les noms indiqués dans ce verset ont été diversement interprétés, selon qu’on a vu dans tel ou tel d’entre eux un titre ou un nom propre. Comme il est impossible d’arriver dans cette question à la certitude, nous nous sommes conformés dans la traduction au texte reçu, que quelques interprètes ont cru nécessaire de modifier. Rattachant Samgar à Nébu, nous faisons de Samgar-Nébu le nom du second des chefs, qui est peut-être le même que Nébusazban, verset 13. Nébu était le nom de l’une des principales divinités babyloniennes ; nous le retrouvons dans la composition des noms Nébucadnetsar, Nébuzaradan, etc. Sarsékim nous paraît être le titre chaldéen de Samgar et désigner le chef des eunuques. Ce titre est traduit dans l’hébreu même par Rabsaris.
Le morceau versets 4 à 10 est envisagé par plusieurs interprètes comme une addition au texte primitif, tirée des récits chapitre 52 et 2 Rois 25. Une circonstance paraît confirmer cette supposition : aux versets 1 et 11, le nom du roi de Babylone est écrit Nébucadretsar et au verset 5 Nébucadnetsar. S’il en est ainsi, le verset 11 aurait suivi immédiatement le verset 3 dans le texte primitif. Et en effet, le but de tout ce récit paraît n’être que de retracer le sort personnel de Jérémie au moment de la prise de la ville.
La porte entre les deux murs : comparez 2 Rois 25.4. La ville haute et la colline du temple, situées en face l’une de l’autre, étaient séparées par une gorge profonde, le Tyropéon, qui partageait ainsi la ville dans la direction du nord au sud. Nous supposons que le mur d’enceinte méridional suivait la courbe des deux collines, puis formait dans la vallée un angle rentrant au fond duquel se trouvait une porte qui pouvait bien s’appeler : la porte entre les deux murs.
Le chemin du jardin du roi. Ce chemin descendait la vallée du Tyropéon jusqu’à Siloé, où se trouvaient les jardins royaux. De là le roi pouvait, soit en suivant la gorge du Cédron, soit en passant par Béthanie, se rendre à la plaine du Jourdain.
Creva les yeux. Les Assyriens ôtaient la vue à leurs prisonniers en plaçant devant leurs yeux un plateau d’argent ou d’autre métal chauffé à blanc, qui les aveuglait presque complètement. Le roi est aussi représenté crevant de sa propre main l’œil des monarques prisonniers.
Le sort de Sédécias, depuis ce moment, nous est inconnu.
D’après Jérémie 52.12, l’incendie de la ville n’eut lieu qu’un mois plus tard et ensuite d’un ordre exprès donné par Nébucadnetsar, qui était alors à Ribla, à plusieurs journées au nord et qui chargea Nébuzaradan de son exécution (verset 9).
Nous avons traduit le titre du chef assyrien par prévôt des bouchers ; les commentateurs modernes le rendent généralement par : chef des gardes (des satellites, des bourreaux). Mais le terme hébreu thabachim, n’a point ce sens ; il signifie cuisinier ou boucher. Potiphar est désigné Genèse 39.4 comme le chef de cette même classe d’employés. Cette charge était sans doute l’une des fonctions éminentes du palais, semblable à celles de grand échanson et de grand panetier. La traduction d’Ostervad : prévôt de l’hôtel, se rapproche le plus de la nôtre. L’intervalle d’un mois qui s’écoula entre la prise de Jérusalem et la destruction de cette ville, représente sans doute le temps nécessaire pour aller prendre à Ribla et pour rapporter les ordres du roi. Pendant ce temps les captifs, chargés de chaînes et transportés provisoirement à Rama, attendaient là leur sort. Voir Jérémie 40.1. C’était de Rama que le prophète (Jérémie 31.15) avait entendu s’élever les gémissements de la mère du peuple.
Il est assez difficile de concilier les détails donnés ici avec le contenu de Jérémie 40.1. Selon notre passage, Jérémie doit avoir été tiré de la cour de la prison et remis immédiatement en liberté, par l’ordre de Nébucadnetsar. Selon Jérémie 40.1, il semble qu’il ait partagé d’abord le sort des captifs et n’ait été relâché qu’au bout d’un mois par Nébuzaradan. On peut supposer que Jérémie, après avoir été délivré de prison par l’ordre du commandant supérieur, s’en retourna à Anathoth et là fut ressaisi avec les autres habitants et confondu avec la foule des captifs.
Guédalia est le fils de cet Achikam qui avait protégé le prophète (Jérémie 26.21). D’après Jérémie 40.5, il fut nommé par Nébucadnetsar gouverneur du pays.
Dans la maison : est-ce le palais royal, par opposition à la cour du corps de garde, ou le temple, ou la maison de Guédalia, ou celle de Jérémie, à Anathoth ? Ce dernier sens parait le plus naturel.
Cette bénédiction avait sans doute été prononcée à la suite de la belle conduite de ce personnage (Jérémie 38.7-13). Le prophète l’a transcrite ici pour perpétuer le souvenir de sa reconnaissance.
Parce que tu t’es confié en moi. Sauver le prophète de l’Éternel, c’était faire acte de foi en l’Éternel.
Les deux bienfaiteurs de Jérémie ont donc trouvé leur récompense, l’un dans sa propre personne, l’autre dans celle de son fils. Pour son ami Baruc, voir chapitre 45.