Verset à verset Double colonne
1 Aux Ammonites. Ainsi parle l’Éternel : Israël n’a-t-il pas de fils ? N’a-t-il pas d’héritiers ? Pourquoi leur roi a-t-il hérité de Gad, et son peuple s’est-il installé dans ses villes ?Les Ammonites descendaient de Lot, comme les Moabites. Ils avaient possédé primitivement le territoire situé entre le pays de Moab, au sud et le Jabbok, au nord. Ils en avaient été dépouillés, peu avant l’arrivée des Israélites, par Sihon, roi des Amorrhéens, qui les avait repoussés à l’orient, vers le désert. Ce fut alors que Moïse fit la conquête du royaume de Sihon et le donna en partage aux tribus de Gad et de Manassé (Nombres 21.21 et suivants ; Jérémie 32.1 et suivants). Aussi dès ce moment les Ammonites regardèrent-ils toujours les Israélites de mauvais œil et ne négligèrent-ils aucune occasion de leur nuire et de s’agrandir à leurs dépens ; comparez Juges 3.13 ; Juges 10.7-9 ; Juges 11.12-32 ; 1 Samuel 11.1-11 ; 2 Samuel 10.1-11.1 ; 2 Chroniques 20.1-28 ; 2 Chroniques 27.5. Après la déportation des tribus demeurant au-delà du Jourdain par Tiglath-Piléser (2 Rois 15.29), les Ammonites réoccupèrent le territoire de la tribu de Gad, comme si Israël restait sans héritiers (verset 1). Leur arrogance leur valut les menaces du prophète Sophonie (Habakuk 2.8-11). Enfin, de concert avec les Moabites, ils s’unirent aux troupes de Nébucadnetsar pour marcher contre Jéhojakim.
S’inspirant d’une prophétie antérieure d’Amos (Amos 1.13-15), Jérémie prédit ici aux Ammonites un châtiment correspondant à leur offense. Il décrit d’abord le crime d’Ammon, verset 1 ; puis son châtiment, versets 2 à 5 ; enfin son rétablissement, verset 6.
Leur Roi : en hébreu Malcam, ce mot est destiné à rappeler le nom de Milcom ou Malcom (Molech, Moloch), le dieu suprême des Ammonites, qui est censé inspirer tous les actes de ce peuple et qui est la personnification de son esprit national, comme Camos celle de l’esprit des Moabites (Jérémie 48.16). Les mots son peuple, en hébreu Ammo, font de même allusion au nom d’Ammon.
Rabba ou Rabbath-Ammon, capitale du pays, appelée plus tard Philadelphie ; elle est aujourd’hui un monceau de ruines qui porte le nom d’Ammân et qui est situé sur le cours supérieur du Jabbok (Zerka).
Ses bourgades : littéralement, ses filles ; toutes les villes moins considérables du pays d’Ammon dont Rabba est la métropole.
Héritera. Allusion au verset 1. Les Ammonites s’étaient emparés de l’héritage d’Israël. Israël s’emparera à son tour du leur, ou tout au moins recouvrera son domaine perdu.
Hesbon (Jérémie 48.2) doit gémir, parce que la chute d’Aï présage la sienne.
Aï, ville d’Ammon, nommée seulement ici, qu’il ne faut pas confondre avec Aï, près de Béthel, dans la tribu de Benjamin (Josué 7.2 ; Ésaïe 10.8, note).
Le long des haies. Les Ammonites, chassés de leurs villes, se jettent dans les campagnes, où ils n’ont plus d’autre abri que les clôtures des vergers et des bergeries.
Leur Roi : comparez Jérémie 48.7 ; Amos 1.15.
Elle est riche, ta vallée ! Littéralament : elle coule, ta vallée ; elle abonde en eaux magnifiques et en riches produits. Mais toute cette richesse s’écoulera comme l’eau.
Droit devant soi : comme un fuyard poursuivi, qui va à travers champs sans suivre de route. Ce fut Nébucadnetsar qui, cinq après la destruction de Jérusalem, accomplit ces menaces du prophète à l’égard d’Ammon.
Comparez Jérémie 48.47, la promesse semblable et Jérémie 46.26, note.
Les Édomites, descendants d’Ésaü (ou Édom), habitaient la montagne de Séïr, qui s’étend de la mer Morte au golfe élanitique de la mer Rouge. Soumis par David en même temps que les Moabites et les Ammonites (2 Samuel 8.14), ils secouèrent le joug des rois de Juda sous Joram (2 Rois 8.20) ; ils furent soumis à nouveau par Amatsia et Ozias (2 Rois 14.17 ; 2 Rois 14.22), mais ils finirent par recouvrer définitivement leur indépendance sous Achaz, avec l’aide des Syriens (2 Rois 16.6). Quoiqu’apparentés aux Israélites, ils nourrissaient contre eux une haine pareille à celle des Moabites et ils furent à plusieurs reprises, pour cette raison, l’objet des menaces des prophètes ; voir Amos 1.12 ; Joël 3.19 et surtout Abdias. Jérémie reprend ici cette dernière prophétie, au moment où elle va être réalisée, comme au chapitre 48 il avait repris celle d’Ésaïe (chapitres 15 et 16). Comparez spécialement le passage d’Abdias, versets 1 à 8, avec versets 14, 15, 16, 9, 10, 7, qui sont autant de citations presque textuelles.
Ce morceau se compose de trois strophes, dont la première décrit le châtiment, versets 7 à 13 ; la seconde, l’humiliation de la fierté d’Édom par ce châtiment, versets 14 à 18 ; la troisième, la vraie cause du châtiment, la justice de l’Éternel agissant par l’épée du chef puissant qu’il a choisi, versets 19 à 22.
Théman : district sud du pays d’Édom, dont les habitants avaient une réputation de sagesse (Job 2.11 ; Baruch 3.22 et suivants).
Dédan : tribu du nord de l’Arabie. Ses caravanes ne pourront plus, comme jusqu’ici, traverser, sans être inquiétées, le pays d’Édom (Ésaïe 21.13 et suivants).
Que l’on se représente les ennemis d’Édom comme des vendangeurs ou comme des voleurs : dans les deux cas, ils accompliront complètement leur mission et ne laisseront rien à piller. L’idée est un peu différente dans le parallèle Abdias 1.5 (voir là la particule interrogative).
Car… Si la ruine est si complète, la raison en est que c’est l’Éternel qui dirige les ennemis. Il leur montre lui-même le chemin des grottes nombreuses et inaccessibles où les Édomites avec leurs trésors espéraient trouver un refuge.
Sa race : les Édomites proprement dits ; ses frères : les descendants de races amies et parentes, établis parmi eux, comme les Amalékites (Genèse 36.12) et les Horites (Genèse 36.21).
Ses voisins : comme Dédan, verset 8, Théma et Buz, Jérémie 25.23.
Les orphelins et les veuves n’ont plus de protecteurs ; les Édomites ne peuvent que les confier à la garde de Dieu.
Si le peuple élu, destiné à être l’objet de la grâce et non de la colère divine, doit pourtant, à cause de ses transgressions, passer par le châtiment, à plus forte raison les peuples païens et Édom en particulier, seront-ils frappés.
Botsra, alors capitale des Édomites (verset 22). Voir Ésaïe 34.6 ; Ésaïe 48.4.
Un héraut. Il semble que Jérémie entende l’appel du messager céleste convoquant les nations contre Édom et qu’il le répète à ses alentours.
Malheur à toi ! Littéralement : Ta terreur !…
Dans les gorges du rocher : le mot qui signifie rocher (Séla) est une allusion au nom de l’une des villes principales d’Édom, Séla ou Pétra, qui était taillée dans le roc. Comparez Abdias 1.3-4 ; Ésaïe 16.1, note.
Comparez Jérémie 19.8.
Comme un lion monte des halliers du Jourdain (voyez Jérémie 12.5, note), ainsi Nébucadnetsar montera contre Édom, qui sera pour lui une proie riche et facile. Édom lui-même est comparé au troupeau qui se disperse à l’approche du lion et dont le berger (le roi) n’est pas capable de résister au conquérant qui arrive au nom et avec la force de Dieu. Ces chétifs moutons seront saisis et traînés à la boucherie (verset 20).
Voir Jérémie 48.40-41.
À Damas. Depuis la destruction du royaume de Syrie par Tiglath-Piléser (2 Rois 16.9 ; comparez Ésaïe 17.1-3, note), nous ne savons plus rien de l’histoire de ce pays. Il est probable que Pharaon Néco s’en empara après la bataille de Méguiddo. Ribla, son quartier général était en Syrie (2 Rois 23.33). Damas semble avoir recouvré une indépendance momentanée après la défaite de Néco à Carkémis. Mais Jérémie lui annonce qu’elle n’échappera pas à Nébucadnetsar. Les Syriens sont mentionnés parmi les troupes auxiliaires des Chaldéens, Jérémie 35.11 et 2 Rois 24.2.
Hamath et Arpad : voir Ésaïe 10.9, note.
Une mauvaise nouvelle : celle de l’approche du conquérant babylonien ; elles apprennent les premières, en raison de leur situation septentrionale.
La population de Damas voudrait fuir, mais la peur la paralyse (verset 24). Aussi la ville n’est pas évacuée, ce qui excite l’étonnement et la douleur des pays environnants, dont elle est l’orgueil et la joie (verset 25). En conséquence, l’élite de l’armée syrienne est massacrée dans la ville, qu’elle est impuissante à défendre (verset 26).
Les palais de Ben-Hadad : ce sont les palais royaux dans la capitale. Le nom de Ben-Hadad était le plus connu en Israël, car il avait été porté par trois monarques syriens (1 Rois 15.18 ; 2 Rois 6.24 ; 2 Rois 13.3).
À Kédar… Sur Kédar, voir Jérémie 2.10. Les royaumes (les tribus) de Hatsor désignent les Arabes septentrionaux, soit nomades, soit sédentaires, qui demeurent dans des villages (hatsérim) et qui occupent toute la contrée à l’est de la Palestine et de l’Arabie Pétrée, jusqu’à l’Euphrate. Ils sont aussi appelés, verset 28 et ailleurs (Juges 6.3 ; Job 1.3 ; Ésaïe 11.14) fils de l’Orient. Plus tard ils ont été désignés sous le nom d’Arabes, de Nabatéens, de Kédaréniens, etc. Pas plus que les autres peuples, ils ne devaient échapper à la conquête de Nébucadnetsar.
Que frappa : notice historique ajoutée à la prophétie après son accomplissement.
La prophétie peut se subdiviser en deux strophes : versets 28 à 30 et 31 à 33.
Tentes, troupeaux… Il s’agit de peuples nomades et bergers.
Terreur de toutes parts : voir Jérémie 6.25.
Blottissez-vous : voir verset 8.
Deux circonstances rendent la victoire facile : ces peuples sont sans défiance et sans crainte ; ils ne s’occupent que de leurs troupeaux et de leur commerce et ne se mêlent point des querelles de leurs voisins. Puis ils n’ont pas de villes fortes avec portes et barres.
Hommes aux tempes rasées : voir Jérémie 9.26, note.
Comparez verset 18 ; Jérémie 9.10 ; Jérémie 10.22.
Ainsi que le titre le montre, cette prophétie fut prononcée, non pas, comme les autres la quatrième année de Jéhojakim, mais sous Sédécias, ainsi au moins six années plus tard. À ce moment les autres étaient déjà accomplies ou en voie d’accomplissement. Mais par son sens général celle-ci se rattache étroitement aux précédentes.
Elam ou l’Elymaïs désigne le pays appelé plus tard Susiane et aujourd’hui le Lauristan et le Chusistan, qui est situé entre la Babylonie, la Médie, la Perse et le golfe Persique. Sous Sanchérib, Elam faisait partie de l’empire assyrien (Ésaïe 11.11 ; Ésaïe 22.6) ; mais après la chute de cet empire et à l’époque où notre prophétie fut prononcée, il avait probablement recouvré son indépendance. Plus tard, Elam avec Suze, sa capitale, fit partie de la monarchie persane. Ce pays est ici mentionné après les peuples païens voisins de la Palestine, comme le représentant de cette partie du monde païen qui n’a pas encore été en relation suivie avec le peuple de Dieu. Le jugement divin qui l’atteindra, sera le moyen par lequel il sera amené aussi à la connaissance du vrai Dieu et au salut (Actes 2.9). C’est là le sens tout spirituel de la promesse, verset 39, qui clôt cette prophétie, comme toutes les autres.
L’arc d’Elam. Les Elamites, comme les Mèdes, excellaient dans le maniement de l’arc (Ésaïe 22.6).
Attaqués de tous côtés, ils seront dispersés également de tous côtés.
Et je mettrai… Comparez Jérémie 47.6.
Mon trône : celui du juge et du maître. Comparez Jérémie 1.15 ; Jérémie 43.10. Rien dans ce tableau n’indique que ce soit Nébucadnetsar qui doive être l’instrument de ce jugement ; et l’histoire elle-même ne mentionne nulle part une expédition de ce conquérant contre Elam. Cette prophétie se rapporte soit à un événement inconnu, soit en général à l’abaissement profond qui doit préparer le relèvement final de ce peuple.
Comparez Jérémie 48.47.