Verset à verset Double colonne
Malgré tout ce qu’il vient de dire de l’infinie puissance de Dieu, Job veut défendre, en sa présence même, son bon droit et ses amis verront se tourner contre eux leur prétendue sagesse.
Ce qui précède doit vous convaincre que je ne m’avançais pas trop en vous disant (Job 12.3) que je connais aussi bien que vous la grandeur et la sagesse de Dieu.
Il s’agit, maintenant de quelque chose de nouveau : Job annonce son intention de plaider contre Dieu ; son discours du chapitre précédent n’a été qu’une sorte de défi jeté à ses amis ; il aborde enfin le sujet qui lui tient à cœur.
Vous ne remédiez pas au mal, parce que vous n’allez pas jusqu’au fond des questions.
Comparez Proverbes 17.28.
Avant de se tourner vers Dieu, Job veut cependant leur dire leur fait et les prier de ne pas l’interrompre quand il parlera avec Dieu (versets 7 à 12).
Discours iniques…, mensonqes : les accusations portées contre Job. Job est d’accord avec ses amis quant au principe de la justice et de la sagesse de Dieu ; il n’admet pas leurs conclusions.
Soit que vous preniez fait et cause pour Dieu parce qu’il est le plus fort (début du verset), ou que vous pensiez que vraiment Dieu a besoin de votre appui (fin du verset), une sage réserve vous siérait mieux.
Quand Dieu ira au fond de vos pensées, il démêlera sans peine vos secrètes intentions et verra que c’est par simple calcul que vous vous déclarez pour le fort contre le faible.
Sentences. Ironique. Bildad, en particulier, n’a pas été exempt de pédanterie. Voir aussi Job 5.27.
Ici enfin Job se détourne de ses adversaires. C’est une entreprise hasardeuse que de s’attaquer à Dieu, mais il faut qu’il parle.
Je veux prendre ma chair (mon corps, ma vie) entre mes dents. Image d’une bête féroce qui risque tout pour se sauver. Voyez, sur la seconde partie du verset, Juges 12.3 ; 1 Samuel 19.5 ; 1 Samuel 28.21. Je sais que je mets ma vie en jeu en parlant comme je vais le faire. Mais n’importe (Job 9.21) ! Pour comprendre ce verset de cette manière, nous avons retranché du texte reçu les deux premiers mots : Al ma, qui sont bien probablement la reprise erronée (dittographie) des deux derniers mots du verset précédent : Alaï ma et qui ne donnent pas un sens satisfaisant.
Le fait même que je désire de me présenter ainsi devant Dieu est une preuve de mon innocence. Un impie évite Dieu, sachant qu’il ne peut subsister devant lui.
S’il se trouvait quelqu’un qui fût réellement en état de plaider victorieusement contre moi, je mourrais sans me plaindre.
Dieu n’est pas nommé ; mais c’est à lui que Job s’adresse dès ce verset. Seulement, au moment de parler, il est repris par la crainte et, par précaution, demande à Dieu deux grâces (verset 24) : Pour que je puisse exposer mon plaidoyer, soulève ta main et que mes souffrances s’apaisent (Job 9.34) et ne m’ôte pas ma présence d’esprit en me terrifiant (Job 9.14).
À cette double condition, j’accepte et je réclame le débat, en te laissant le choix de l’attaque ou de la défense.
Job ne prétend pas être sans fautes. Il prie Dieu de les lui faire voir et de lui dire une fois si ses péchés sont proportionnés à ses souffrances.
Pourquoi caches-tu ta face ? Non pas : Pourquoi n’apparais-tu pas maintenant ? Mais : Pourquoi m’as-tu privé de ta faveur ?
Je suis si peu de chose et réduit à un si misérable état, qu’il ne vaut pas la peine de s’acharner contre moi.
Job ne se sent pas coupable de péchés assez graves pour avoir attiré de tels décrets (que tu écrives) contre lui. Alors, ce sont peut-être des fautes de jeunesse, dont personne n’est entièrement exempt, que Dieu lui fait expier. Cela lui paraît bien dur, car en général on croit pouvoir compter sur l’indulgence de Dieu pour ces fautes là.
Dans des entraves. Cette image lui est inspirée par sa maladie qui lui enlève réellement l’usage de ses pieds (Job 2.7).
Et lui : ce pauvre prisonnier, l’homme qui se trouve dans une situation pareille à la mienne. Cette dernière pensée forme la transition au chapitre suivant.