Verset à verset Double colonne
Nous n’avons pas ici une simple répétition des pensées précédentes. Job a repoussé les insinuations de ses amis ; ceux-ci estiment n’avoir plus à le ménager. Selon eux, il a fourni par ses discours la preuve de son impiété ; ils ne se doutent pas que Job n’aurait point parlé comme il l’a fait, s’ils ne l’y avaient eux-mêmes amené. Ils prennent des paroles d’irritation pour l’expression des sentiments qu’il nourrissait à l’égard de Dieu dès avant ses malheurs. Aussi vont-ils chercher à l’effrayer à salut par la description du sort terrible qui est réservé à l’impie. C’est Éliphaz qui fera surtout ressortir cette pensée.
Job a repoussé les avis de ses amis ; il a même proféré des paroles qui frisent le blasphème ; ses protestations d’innocence n’ont aucune valeur ; il faut désormais lui parler plus directement. Dans ce discours, Éliphaz énonce d’abord le désir de parler plus sévèrement : c’est même un devoir pour lui, après tout ce que Job s’est permis de dire (versets 2 à 16). Ensuite, pour le faire réfléchir, il développe la théorie de la jusstice de Dieu se manifestant par le châtiment des impies (versets 17 à 35).
Job vient de prononcer des paroles vaines (versets 2 et 3), dangereuses (versets 4 à 6), présomptueuses (versets 7 à 11), emportées (versets 12 à 16)
Un sage ne parle pas comme tu viens de le faire, tu as montré que ta réputation de sagesse était usurpée
Bien plus, tu anéantis, littéralement : Bien plus, toi, tu anéantis. Oui, C’est bien de toi que je parle !
Remarquons l’attaque directe. Non seulement il s’est prononcé ici des paroles sans valeur, mais tu scandalises chacun.
Fourbes. Tu ne peux sérieusement te croire innocent, mais, plutôt que de convenir de tes fautes, tu accuses Dieu.
Éliphaz prétend que Job se croit la science infuse et qu’il s’estime plus expérimenté que tous les autres hommes. Il est blessé de ce que Job fasse si peu de cas de la sagesse que lui et ses amis viennent d’étaler si pompeusement.
Ici Éliphaz fait évidemment allusion à lui-même.
Tu ne veux accepter de consolation ni de Dieu ni des hommes, malgré toute la douceur que nous y mettons.
Une pareille présomption, mêlée d’insolence, est parfaitement déplacée, vu l’immense distance qui sépare tout homme de Dieu.
Les saints : les anges.
Le ciel : non pas les habitants du ciel, mais le ciel lui-même, qui est cependant le type de la pureté (Exode 24.10).
Et d’abord Job est prié de réfléchir à l’autorité dont est revêtu celui qui lui parle. Éliphaz a déjà vu (verset 17) bien des choses, mais il représente en même temps une respectable tradition (verset 18), qui date des siècles où l’influence étrangère ne s’était point encore fait sentir parmi nous (verset 19).
Des sons effrayants. Dangers imaginaires, effets de la mauvaise conscience.
Comme un roi prêt à combattre : comme un adversaire auquel on ne peut résister (Proverbes 6.11).
Le cou tendu : obstination, morgue (col roide).
Sous le dos épais de ses boucliers. Le méchant est représenté ici comme un chef conduisant à l’ennemi une troupe d’assaillants qui se cachent derrière leurs boucliers (leur orgueil).
Couvert de graisse. Autre image fréquente de la présomption satisfaite. Nous disons : Bouffi d’orgueil.
Parmi les péchés de l’impie, Éliphaz en signale ici un spécial : l’obstination à vouloir relever et habiter des villes vouées par Dieu à la désolation. Ce péché fut sévèrement puni sur celui qui voulut rétablir la forteresse de Jéricho (Josué 6.26 ; 1 Rois 16.34).
Ses gerbes, littéralement : leurs propriétés ; les propriétés des méchants ne ressembleront jamais à un arbre chargé de fruits ou à des épis bien nourris.
Les ténèbres qui lui faisaient, peur alors qu’elles n’existaient pas encore (versets 22 et 23), surviendront.
De sa bouche : de la bouche de Dieu.
Jeu de mots. Ses prétendus mérites qui ne sont que vanité, sont un appui trompeur. La vanité, le néant sera sa fin.
Avant l’heure. Comparez Ecclésiaste 7.17.
Rien n’arrive à maturité.
Le feu dévore. Ici, comme Job 18.15 ; Job 20.26 ; Job 22.20, allusion à Job 1.16.
L’homme vénal : qui se laisse corrompre et entraîner à l’injustice.
Les choses étant ainsi, il n’y a pas lieu de s’étonner du changement subit qui s’est produit dans la conduite de Job.