Verset à verset Double colonne
Israël ne profita pas des expériences du passé il s’attira un nouveau jugement dont les Madianites furent les exécuteurs. Ce châtiment, qui se faisait sentir surtout à certains moments de l’année, mit cependant Israël dans un état plus misérable que tous les précédents. Mais la délivrance fut d’autant plus glorieuse.
Gédéon, qui en fut l’instrument, résista à une première tentation qui résulta de la victoire, mais non à une seconde ; et il finit par donner lui-même à son peuple l’occasion de satisfaire son penchant à l’idolâtrie, ce qui attira sur toute sa famille et sur le peuple une sévère punition. L’histoire de Gédéon est traitée avec plus de détails que celle des juges précédents.
Entre les mains de Madian. Ce peuple nomade habitait dans le désert, à l’est des Ammonites et des Moabites et jusque dans les contrées du midi, aux environs du Sinaï (Exode 2.15 ; Exode 3.1). Les tribus du désert voisin de la Palestine s’étaient relevées de la rude défaite que leur avait infligée Israël vers la fin de la vie de Moïse (Nombres 31.1-18) ; voir sur Madian Genèse 25.2, note.
Se firent les antres : non pas se les creusèrent, mais se les arrangèrent et les agrandirent pour servir d’habitations.
Qui sont dans les montagnes. Au moment où le rédacteur écrivait, ils existaient encore et l’on y reconnaissait la main de l’homme.
Et quand Israël avait semé. Les bandes ennemies arrivaient au temps qui précédait la moisson.
Avec Amalek : peuple également pillard venant du sud (Genèse 36.12).
Et les fils de l’Orient : désignation générale des tribus du désert à l’est de la Palestine. Encore aujourd’hui les plaines de la Palestine sont exposées à de semblables déprédations. Il reste à peine six endroits habités dans la belle plaine d’Esdraélon ; les paysans préfèrent chercher des demeures plus sûres dans les montagnes qui la dominent.
Ils passaient probablement au nord du pays des Ammonites et traversaient le Jourdain au-dessus de Beth-Séan (verset 33) où se trouve le plus important de tous les gués du Jourdain ; de là ils montaient sur le plateau par le Wadi-El-Djalud et inondaient la plaine d’Esdraélon et les contrées environnantes, allant même au sud jusqu’à Gaza.
Leur camp : un camp fortifié qui leur servait de centre et d’où ils partaient, pour leurs razzias.
L’Éternel répond aux cris des Israélites par la bouche d’un prophète qui leur fait sentir la vraie cause du mal. Si le Dieu qui a déployé en leur faveur, à plusieurs reprises, une si grande puissance, les laisse aujourd’hui dans cet état, ce n’est pas que son bras soit raccourci : la faute en est à eux seuls.
Un prophète. Cette apparition, ainsi que celle de Débora, montre que depuis Moïse et Marie, sa sœur, l’esprit prophétique n’avait pas cessé d’agir en Israël.
Vous ne craindrez pas : vous n’adorerez pas.
L’appel est adressé à Gédéon par l’ange de l’Éternel, peut-être en sa qualité de chef des armées célestes, comme dans le cas de Josué (Josué 5.14), car il s’agit d’une guerre à entreprendre.
Et il s’assit. Il arrivait sous la figure d’un voyageur fatigué ; comparez Genèse 18.2.
Sous le térébinthe : celui sous lequel Gédéon éleva l’autel qui subsistait encore au temps où écrivait l’auteur (verset 24).
Ophra… Cette ville située en Manassé, à l’ouest du Jourdain, est différente de celle du même nom en Benjamin, Josué 18.23 ; sa situation n’est pas connue. Joas en était le chef ou cheik (verset 15).
Et Gédéon, son fils. Gédéon (abatteur d’arbres) était rempli de haine contre les ennemis à cause du massacre de ses frères (Juges 8.18-19). Il était ainsi prédisposé à la mission à laquelle Dieu l’appelle.
Battait du froment : avec le fléau et non, comme d’ordinaire, au moyen d’un chariot ou d’un attelage.
Dans le pressoir : non dans un endroit découvert, comme sont les aires en Orient, mais dans un de ces emplacements creusés dans le roc, à plan incliné, d’où le moût descend dans un second creux plus petit, tels que Robinson en a trouvé de très antiques en Palestine.
Vaillant héros ! Cette parole se rapporte autant à ce que deviendra Gédéon qu’à ce qu’il est déjà.
Mon seigneur. Rien n’indique que Gédéon veuille donner par là à son interlocuteur un titre divin. Le terme hébreu adoni est un simple titre de politesse respectueuse.
Et l’Éternel… Le narrateur envisage l’Éternel comme un avec l’ange de l’Éternel, qui le représente ; comparez Genèse 18.1-33.
Avec cette force que tu as. Elle te suffira du moment que c’est l’Éternel qui te choisit et qui t’envoie.
Ne t’ai-je pas envoyé ? Ces mots font comprendre à Gédéon qui est celui qui lui parle.
Le texte hébreu substitue maintenant au mot adoni celui d’Adonaï qui ne s’applique qu’à Dieu. Gédéon n’envisage plus la délivrance comme impossible ; mais, comme Moïse, il est inquiet du moyen et voudrait, par défiance de lui-même, se soustraire à une telle tâche. La portion de sa tribu à laquelle il appartient (mon millier) est privée de toute influence sur la tribu et lui-même est le plus pauvre de sa famille.
Comme un seul homme : d’un seul coup, comme on tue un homme.
Après cette promesse Gédéon ne peut plus douter que son visiteur ne lui parle au nom de Dieu ; seulement il demande un signe qui lui prouve que cette apparition n’est pas une illusion, mais une divine réalité.
Mon offrande : le repas qu’il veut offrir à son hôte, conformément à la loi de l’hospitalité. Il l’appelle une offrande (mincha) parce qu’il a reconnu en lui un hôte divin.
Epha. Sur cette mesure de capacité, voir à Ésaïe 5.10 ; Exode 29.40.
Tous ces détails conviennent à un repas, non à un sacrifice proprement dit.
Un rocher voisin servira d’autel, les pains sans levain d’oblation ; la viande sera la victime, le jus la libation et le feu qu’il allume du bout de son bâton représentera le feu qui sur l’autel consume les victimes.
Le feu monta du rocher. C’est là le signe demandé au verset 17. Mais il remplit Gédéon de crainte.
Disparut à ses yeux : disparition subite, différente de celle racontée Juges 13.20.
Comparez Exode 20.19.
L’Éternel lui dit : soit par une révélation intérieure, soit par une voix qui se fit entendre.
Gédéon bâtit là un autel : en souvenir de cette manifestation, gage de la délivrance pour lui et pour tout le peuple ; il n’est pas parlé de sacrifice, pas plus que dans le cas analogue Exode 17.15.
L’accomplissement d’une mission aussi sainte que celle qui vient de lui être confiée doit commencer par la purification de sa propre maison, qui est encore celle de son père.
Dans cette nuit-là : la nuit qui suivit l’apparition de l’ange de l’Éternel.
Deux taureaux : sans doute pour former un attelage et transporter les matériaux qu’exigera le double acte qu’il va accomplir. L’un est le taureau principal, destiné aux fêtes par son père, le veau gras (Luc 15.23) ; l’autre un second taureau, dont l’âge est spécialement indiqué, soit à cause du caractère sacré du nombre sept, soit par allusion aux sept années qu’avait déjà duré l’invasion madianite. Ce dernier devait servir au sacrifice d’expiation.
L’autel de Baal, qui est à ton père : sur lequel Joas offrait des sacrifices pour sa famille et pour sa ville.
L’aschère : voir Exode 34.13, note, L’aschère était un tronc d’arbre dressé près d’un autel, une idole informe.
Sur le haut de ce lieu fort : au sommet de la colline sur laquelle était bâtie Ophra.
Que tu auras abattue. La délivrance doit être précédée d’un acte de rupture avec l’idolâtrie et de restauration solennelle du culte de l’Éternel.
De nuit : la nuit suivante.
Le second taureau : qui n’était pas encore entièrement consumé.
Fais sortir… Ce trait montre à quel degré d’abaissement religieux le peuple était arrivé.
Joas agit ici comme cheik et juge. Le courage de son fils a ranimé en lui l’esprit théocratique.
Si Baal est Dieu. Un Dieu n’a pas besoin d’autre défenseur que lui-même.
Jérubbaal : Que Baal se venge ; nom donné à Gédéon en souvenir de la parole de son père. Nom de malheur si Baal était vraiment Dieu, mais d’honneur, si Baal se montrait impuissant.
L’armée ennemie était campée dans la plaine sous ses deux chefs principaux, les rois madianites Zébach et Tsalmunna (Juges 8.5).
Les Abiézérites. Gédéon s’assure avant tout des gens de sa ville ; ils avaient reconnu en lui le libérateur d’Israël.
Puis il s’adresse à sa tribu, Manassé et enfin aux tribus du nord les plus voisines d’Esdraélon.
À leur rencontre : à la rencontre des gens de Manassé, qui venaient du sud.
Avant d’entrer en campagne, Gédéon éprouve surtout le besoin de s’assurer du secours de Dieu. Car sa foi, quoique réelle, est faible encore ; elle réclame un appui nouveau. Il pourrait dire, comme le père de l’enfant malade : Je crois ! Aide-moi dans mon incrédulité ! (Marc 9.24).
La rosée est extrêmement abondante en Palestine. Nous avions autant de peine, dit un voyageur, à nous protéger contre la rosée durant la nuit que contre la chaleur pendant le jour. Au matin, la couverture de nos tentes était aussi mouillée que si nous l’eussions plongée dans l’eau.
Elle se dépose naturellement sur toutes les surfaces qui lui sont offertes ; sa concentration exclusive sur la toison ne pouvait être que le résultat d’une volonté divine particulière.
Gédéon pouvait néanmoins penser que, comme la laine attire et absorbe particulièrement l’humidité, le signe précédent n’avait pas une valeur décisive. Tout en comprenant qu’il y a beaucoup de hardiesse à demander une nouvelle épreuve, il le fait cependant ; comparez Genèse 18.32.