Verset à verset Double colonne
1 Et l’Éternel parla à Moïse, disant :Comme le lépreux était exclu non seulement du sanctuaire, mais aussi du camp, la cérémonie de purification et de réhabilitation comprenait deux parties : la première avait lieu hors du camp et lui donnait le droit d’y rentrer et de se mêler à ses frères (versets 1 à 8) ; la seconde, célébrée dans le parvis sept jours plus tard, lui rendait tous les privilèges de l’alliance (versets 9 à 20).
La loi. Lorsqu’un lépreux estimait être guéri, il n’était pas libre pour cela de rentrer au milieu de ses frères : il devait d’abord être examiné avec soin et avoir accompli certains actes de purification.
Pour le jour de sa purification : en vue du jour où il doit être déclaré pur.
On l’amènera : au sortir de sa réclusion (Lévitique 13.46). Il fera prévenir le sacrificateur, qui devra l’examiner hors du camp.
Ordonnera que l’on prenne. Le lépreux est accompagné par des parents ou des amis qui feront cela pour lui.
Deux petits oiseaux : pas nécessairement des passereaux, mais toute espèce d’oiseaux non déclarés impurs dans la liste Lévitique 11.13-19.
Du bois de cèdre : bois très sain et durable.
Du cramoisi : une bande d’étoffe ou un cordon de laine teint en rouge, au moyen duquel on pouvait envelopper les autres objets.
De l’hysope : voir Exode 12.22, note. Cette plante figure souvent dans les purifications (Nombres 19.6 ; Nombres 19.18 ; Psaumes 51.9). Cette touffe d’hysope, attachée à un brin de cèdre par un ruban écarlate, formait un goupillon pour l’aspersion.
Sur de l’eau vive : puisée dans une source, un ruisseau ou un puits, mais non dans un étang ou une citerne. Le sang de l’oiseau tombe dans cette eau et s’y mêle. Ce n’est pas un sacrifice ; la victime peut être égorgée loin du sanctuaire et le sang n’est pas versé au pied de l’autel. La tradition ajoute que le corps de l’oiseau était enterré en présence du lépreux guéri et du sacrificateur.
Dans le sang : dans l’eau teinte du sang de l’oiseau égorgé. Il semble résulter du texte que l’oiseau vivant était plongé à part, puis les trois autres objets ensemble.
Sept fois : voir Lévitique 4.6 ; 2 Rois 5.10-14 ; le nombre 7 rappelle qu’il s’agit d’une œuvre divine. Cette aspersion figure la pleine communication de la vie à cet être souillé et voué à la mort ; le sang mêlé à l’eau vive dans lequel le goupillon est trempé est le symbole du pardon et de la purification physique et morale ; dans le goupillon lui-même l’hysope représente également la purification ; le cèdre, l’incorruptibilité et la durée et le cramoisi, l’éclat de la santé recouvrée. L’oiseau immolé figure le malade sur lequel la mort avait déjà imprimé son sceau et le sort au-devant duquel il marchait. L’oiseau vivant lâché dans la campagne représente ce même homme vivifié et rendu à la liberté, pouvant rentrer joyeusement dans le camp et dans la société de ses frères, après ce long temps d’isolement. Toute cette cérémonie est le tableau dramatique de la victoire de la vie sur la mort. Nous retrouverons au verset 49 la même cérémonie (oiseau relâché) à propos de la maison à purifier.
Encore huit jours d’attente, puis un nettoyage complet, avant la rentrée dans le camp. Quelque reste du mal pouvait demeurer attaché à la peau et particulièrement aux cheveux ou à la barbe (Nombres 8.7).
Mais la rentrée dans le camp ne donnait pas encore le droit de recommencer la vie de famille ni de participer au culte ; il fallait encore sept jours de préparation.
Nouvelle purification radicale au bout de sept jours, suivie de trois sacrifices et d’une oblation : un sacrifice de réparation avec oblation d’huile ; un sacrifice pour le péché ; un holocauste avec oblation.
Un log. Le log était la douzième partie d’un hin ; il avait suivant les rabbins la capacité de six œufs de poule.
À l’entrée de la Tente : voir Lévitique 1.3
Le sacrifice de réparation est le premier en rang ; il a ici une importance prépondérante, à cause de la faute cachée, non connue peut-être du malade lui-même, qui avait pu attirer sur lui le coup de l’Éternel. En effet, le sacrifice de réparation était prescrit pour des cas de culpabilité sur la nature desquels planait une certaine obscurité (Lévitique 5.15 ; Lévitique 5.17).
Dans ce cas particulier, l’agneau qui sert de victime et le log d’huile sont d’abord consacrés à Dieu par balancement (Lévitique 7.30) : le lépreux étant, d’après verset 14 et suivants en dehors de la théocratie, ses offrandes ne pourront être offertes à l’Éternel qu’après avoir été agréées par lui. L’offrande d’huile n’avait pas lieu dans les sacrifices de réparation ordinaires. Le verset 15 montrera à quel usage elle est destinée.
Le lépreux ne pouvant immoler lui-même la victime comme le faisait l’Israélite dans les cas ordinaires, puisqu’il n’était pas encore réhabilité dans la théocratie et apte à pénétrer dans le parvis, c’est le sacrificateur qui doit l’immoler à la place consacrée, au côté nord de l’autel. La victime devait revenir au sacrificateur et être mangée par lui, comme dans les sacrifices pour le péché ; elle devait donc avoir été immolée dans le parvis même et non en dehors.
Ce symbole d’une purification et d’une consécration qui s’appliquent à la personne tout entière, avec tous ses organes, rappelle Lévitique 8.23, où le même symbole est pratiqué dans l’installation du souverain sacrificateur. Il s’agissait ici en effet de réintégrer le lépreux dans sa qualité de membre de la communauté israélite, de la nation composée de rois-sacrificateurs.
Le log d’huile. L’huile est le symbole de la consécration au service de Dieu (Exode 30.30). Mais ce n’est que de l’huile ordinaire, non de celle qui était confectionnée à part pour le sacerdoce.
Dans sa main gauche, littéralement : dans la main gauche du sacrificateur.
Après avoir plongé dans cette huile l’extrémité de son index droit, il en lance quelques gouttes dans la direction du sanctuaire et renouvelle sept fois cette aspersion, qui figura la consécration complète que le malade guéri fait à Dieu de la vie qui lui est rendue.
Cette huile, en partie répandue devant l’Éternel, en partie appliquée au convalescent, figure l’union qui désormais existe entre les deux parties qui renouvellent l’alliance contractée entre elles ; comparez Exode 24.6-8
Ce qui restera : dans le creux de la main gauche, après les deux actes versets 16 et 17.
Sur la tête. Il y a ici comme un élément de joie (Psaumes 23.5). Ces mots, ainsi que l’expression fera propitiation, indiquent le résultat salutaire obtenu par le sacrifice de réparation et toutes les cérémonies qui l’ont accompagné.
Des trois animaux mentionnés verset 10, le premier, l’agneau, avait servi au sacrifice de réparation ; le second, la brebis sert de victime pour le péché (la victime dans le sacrifice pour le péché d’un simple particulier, est toujours une femelle Lévitique 4.28 ; Lévitique 4.32) ; le troisième, le second agneau, sert d’holocauste (la victime pour l’holocauste est toujours un mâle).
Un sacrifice pour le péché doit être ajouté au sacrifice de réparation, afin d’expier toute les fautes que le malade avait pu commettre durant sa maladie (impatience, murmures, etc.). L’holocauste figure en dernier lieu ; car il exprime le sentiment d’adoration et le besoin de consécration qui anime le malade rendu à la santé.
Le verset 32 prouve que c’est ici une loi particulière et non pas seulement la suite de la loi précédente. Comparez Lévitique 5.11-13 et Lévitique 12.8 des réglementations analogues relatives à l’holocauste et à la purification des femmes.
Au lieu d’un agneau pour le sacrifice pour le péché et d’une brebis pour l’holocauste, le lépreux pauvre pourra offrir deux oiseaux ; l’oblation aussi sera moins considérable. Il n’y a pas de diminution autorisée pour le sacrifice de réparation ; comparez verset 14, note. C’était d’ailleurs dans ce cas l’acte le plus important et c’est là la raison pour laquelle les prescriptions qui s’y rapportent sont de nouveau rapportées ici tout au long.
Ces ordonnances sont données en vue du temps où Israël habitera en Canaan, dans des maisons ; c’est pour cela qu’elles sont placées les dernières d’entre les ordonnances sur la lèpre.
Il est difficile de se rendre compte de la nature du mal dont il est question dans ce morceau. On a pensé à des taches de salpêtre ou à la carie des murailles, mais ces taches sont blanches ou grises et non pas verdâtres ou rougeâtres (verset 37) ; puis elles se montrent à l’extérieur plutôt qu’à l’intérieur des murailles (verset 41). D’autres ont supposé que dans certains cas un lépreux pouvait communiquer son mal aux parois de sa demeure : ce serait donc la lèpre humaine s’attaquant aux maisons. Cela expliquerait plusieurs symptômes de cette maladie : sa nature corrosive (comparez Lévitique 13.51-52), son aspect enfoncé (Lévitique 14.37), la semaine d’épreuve (Lévitique 14.38). On comprendrait aussi par là qu’elle se montre sur les parois intérieures. Sans doute on ne connaît pas aujourd’hui des faits de ce genre. Mais anciennement la lèpre était plus violente qu’aujourd’hui ; elle peut avoir eu des effets qu’elle ne produit plus maintenant.
Cependant le texte ne présente point le mal comme passant de l’homme à la demeure. C’est plutôt l’homme qui paraît devoir redouter la contagion. Il semble que ce soit un mal envoyé directement par Dieu (verset 31). Le Talmud considère la lèpre des murailles comme le premier avertissement envoyé aux pécheurs qui ont construit leurs maisons avec des gains illicites ; comparez Zacharie 5.3-4
Lorsque vous (les Israélites) serez entrés. C’est la première fois que le Lévitique nous présente une loi prévoyant expressément la condition future du peuple. Il y en aura trois autres encore dans ce livre : Lévitique 19.23 ; Lévitique 23.10 et Lévitique 25.2. Comparez déjà Exode 12.25 ; Exode 13.5
Si je frappe. Cette expression indique une intention particulière de l’Éternel lorsque la lèpre se manifeste dans une maison.
C’est au sacrificateur qu’appartient le droit d’affirmer.
Il semblerait, d’après ce verset, qu’il n’y eût souillure qu’après la déclaration faite par le sacrificateur et que par conséquent l’impureté lévitique fût, dans certains cas, purement conventionnelle.
Verdâtres ou rougeâtres : comme Lévitique 13.19
Fera fermer : effectivement et non par simple interdiction.
Un lieu souillé, une voirie, ou bien un lieu qui deviendra souillé par le fait même.
Mesure partielle, correspondant Lévitique 13.56.
Recrépir la maison : non pas la maison entière, ni même toute la muraille, mais la place refaite.
Mesure radicale ; comparez Lévitique 13.52 ; Lévitique 13.55 ; Lévitique 13.57
Il n’est question ici que de souillure légale et non point de contagion ; voir verset 36, note.
L’oiseau rendu à la liberté symbolise ici la maison rendue à sa destination.
Il fera propitiation. L’aspect d’une maison impure est quelque chose de désagréable aux yeux de l’Éternel et constitue une sorte de manquement à son égard. Ainsi pourrait se justifier l’expression faire propitiation pour la maison alors même que l’on ne verrait pas dans cette lèpre la punition d’un péché spécial.
Ces quatre versets sont la récapitulation des chapitres 13 et 14 ; et la fin du verset 57 est le résumé de cette récapitulation.