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Malachie 3
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Voici, j’envoie mon messager, et il frayera le chemin devant moi, et soudain viendra dans son temple le Seigneur que vous cherchez, l’ange de l’Alliance que vous désirez. Voici, il vient, dit l’Éternel des armées.

L’Éternel répond à ces plaintes qu’il ne tardera pas à faire lever ce jour qu’ils réclament, mais qu’il sera tout autre qu’ils ne pensent, un jour de jugement non moins que de salut.

Il sera précédé de la venue d’un envoyé spécial, destiné à en préparer l’apparition.

J’envoie mon messager. On traduit aussi mon ange, puisqu’en grec ce mot signifie messager ; mais le terme hébreu a le sens plus général d’envoyé. Ésaïe avait déjà annoncé (Ésaïe 40.3) que la venue du Messie serait précédée de celle d’un messager qui lui préparerait la voie dans le cœur du peuple. Ce messager ne peut être l’ensemble des prophètes, puisque le mot j’envoie, annonce un fait nouveau. Dans Malachie 4.5, ce préparateur de la voie est appelé Élie et le Nouveau Testament voit la réalisation de cette prophétie dans l’envoi de Jean-Baptiste (Matthieu 11.10 ; Luc 7.27, etc.).

Il fraiera le chemin. La manière dont il s’y prendra pour préparer les cœurs est indiquée Malachie 4.6. Nous savons par la connaissance que nous avons du ministère de Jean-Baptiste que ce fut par la prédication de la repentance. Comparez Matthieu 3.3 ; Luc 3.4 ; Jean 1.23.

Le mot : J’envoie joint à devant moi, ne peut être mis dans la bouche que du Messie lui-même et pourtant c’est Jéhova qui parle. On voit que l’apparition messianique est envisagée comme celle de Jéhova lui-même ; c’est la suprême manifestation de l’Éternel pour l’établissement de son règne.

Et soudain. Immédiatement à la suite du précurseur.

Viendra dans son temple. Littéralement, son palais ; le temple de Jérusalem, maintenant rebâti, où Jéhova habite en la personne de l’ange de l’Éternel, son représentant céleste. C’est pourquoi celui-ci, en y entrant, entre dans sa propre maison.

Le Seigneur que vous cherchez. Adonaï (mot dont le sens est le Seigneur) est le nom qu’Ésaïe donne à l’être divin qu’il contemple au chapitre 6, remplissant des pans de son vêtement le sanctuaire céleste. C’est par ce même nom que Malachie désigne ici l’ange de l’Éternel dans sa venue messianique. Les mots que vous cherchez font allusion aux murmures d’Israël qui viennent d’être rappelés (Malachie 2.17).

L’ange de l’alliance. L’envoyé divin qui a pour mission de contracter les alliances entre Dieu et son peuple. C’est, celui qui, Ésaïe 53.9, est appelé l’ange de sa face (voir la note à ce passage) et qui, dans le Pentateuque et dans Zacharie, porte le nom d’ange de l’Éternel, à la fois identifié avec l’Éternel et distinct de lui. Il y a quelque ironie dans l’expression : que vous désirez ; le prophète semble dire : Vous ne savez pas vous-mêmes ce que sera cette venue tant réclamée ; elle ne répondra guère à votre attente.

Voici, il vient. Il n’est pas nécessaire d’entendre ce mot dans le sens de : Il arrive et d’en appeler à la parole qui dit que, pour l’Éternel, mille ans sont comme un jour ; venir n’est pas arriver, c’est s’approcher, s’avancer ; et il n’est pas un jour, entre Abraham et Jésus-Christ, où Dieu n’ait fait un pas en vue de sa venue et de son union parfaite avec l’humanité en la personne du Messie.

Cette parole est le point culminant de la prophétie messianique de l’Ancien Testament, dont l’idée fondamentale est le rapprochement progressif de Dieu et de l’homme.

2 Et qui soutiendra le jour de sa venue ? Et qui restera debout quand il apparaîtra ? Car il est comme le feu du fondeur et comme la potasse des foulons.

Qui soutiendra… ? Amos avait déjà dit (Amos 5.18) : Malheur à ceux qui désirent le jour de l’Éternel ! Car le jugement tombera en ce jour-là non pas seulement sur les païens, comme on le pensait, mais sur les Juifs eux-mêmes.

Qui soutiendra… ? Celui-là seul dont la vie pourra se résumer, comme celle d’Élie, dans ce mot : L’Éternel devant qui je me tiens. Les deux venues du Messie sont évidemment réunies en une seule intuition dans ce passage. C’était également ainsi que Jean-Baptiste parlait de l’œuvre messianique de Jésus, Matthieu 3.10-12 ; la seconde venue apparaît au précurseur comme le terme de la première.

Il est comme le feu… Il éliminera du peuple de Dieu tous les éléments qui ne sont pas dignes d’en faire définitivement partie.

3 Il sera assis fondant et purifiant l’argent ; il purifiera les fils de Lévi et les affinera comme l’or et l’argent, et l’Éternel aura des hommes qui lui présenteront des offrandes selon la justice.

Il sera assis…, purifiant… Cette image semble dire que l’œuvre ne sera pas de courte durée ; il sera là, tel que le fondeur, allumant et entretenant le feu sous le creuset, jusqu’à ce que les scories soient complètement détachées du métal.

Les fils de Lévi. C’est par ceux qui ont le privilège de s’approcher de lui, ses serviteurs dans le sens le plus particulier, que commencera le jugement de Dieu, comme c’étaient eux à qui le prophète avait adressé les premiers et les plus sévères reproches, Malachie 1.6 et suivants. La responsabilité est en proportion de la position accordée.

Présenteront des offrandes selon la justice. De telle sorte qu’au lieu d’être une offense pour la dignité divine, comme celles dont il a été parlé, Malachie 1.7-8, elles répondent intérieurement et extérieurement à la volonté de Dieu. Ils n’accepteront plus les offrandes indignes dont il a été parlé plus haut et offriront celles qu’ils accepteront avec les sentiments de piété qui en font le prix aux yeux de l’Éternel. 1 Pierre 2.5 ; Romains 12.1 ; Hébreux 13.15-16).

4 Et l’offrande de Juda et de Jérusalem sera douce à l’Éternel, comme dans les anciens jours, comme dans les années d’autrefois.

L’offrande de Juda. Le peuple aussi ne présentera plus aux sacrificateurs que des victimes convenables, comme dans les plus beaux jours de la pratique du culte lévitique. Sous ces formes, le prophète décrit l’adoration en esprit et en vérité qui caractérisera le règne de Dieu accompli.

5 Et je m’approcherai de vous pour le jugement, et sans retard je me porterai témoin contre les enchanteurs, contre les adultères, contre ceux qui jurent faussement, contre ceux qui extorquent à l’ouvrier son salaire, [qui oppriment] la veuve et l’orphelin, qui font tort à l’étranger, et ils ne me craignent pas, dit l’Éternel des armées.

La purification du peuple entier, complétant celle des Lévites et des sacrificateurs. Pour les péchés indiqués, comparez Exode 22.18 ; Lévitique 20.10 ; Lévitique 19.12 ; Exode 22.21-23 ; Deutéronome 24.17.

6 C’est parce que moi, l’Éternel, je n’ai pas changé, que vous, les fils de Jacob, vous n’avez pas été consumés.

Ce passage est destiné à montrer à Israël combien il y a chez lui, en ce moment, de péchés propres à attirer sur lui le jugement annoncé. L’Éternel termine par une invitation pleine de tendresse à revenir à lui.

C’est parce que… je n’ai pas changé. C’est à la fidélité de Dieu qu’Israël doit de n’être pas encore complètement détruit. Les mots Fils de Jacob montrent aux Israélites que, quelque indignes qu’ils soient de l’alliance que Dieu a conclue avec eux, il n’a pas cessé encore de les envisager comme les fils de la promesse.

7 Depuis les jours de vos pères, vous vous êtes écartés de mes statuts et ne les avez point observés. Revenez à moi et je reviendrai à vous, dit l’Éternel des armées. Et vous dites : En quoi avons-nous à revenir ?

Mais chaque parole de l’Éternel devient l’occasion d’une orgueilleuse réplique de la part de ce peuple satisfait de lui-même et mécontent de Dieu.

8 Un homme frauderait-il Dieu, que vous me fraudiez ? Et vous dites : En quoi t’avons-nous fraudé ? Dans la dîme et la part à prélever.

Un homme frauderait-il Dieu ? Ces mots pourraient signifier : Réussira-t-il à le tromper ? Mais il est plus naturel d’expliquer ainsi : Qu’un homme ose frauder son prochain, cela se comprend, puisqu’il n’est pas sûr d’être découvert ; mais tromper Dieu qui voit tout !

La dîme : destinée à l’entretien des prêtres, d’après Lévitique 27.30 ; Nombres 18.20-21. Le peuple, d’après Néhémie chapitres 10 à 12, s’acquittait avec si peu de conscience de ce devoir que plusieurs Lévites durent quitter le service du temple pour se vouer à l’agriculture.

La part à prélever : la portion des victimes offertes revenant aux sacrificateurs, qui avait peu de prix quand les victimes étaient mauvaises (comparez Malachie 1.7).

9 Vous êtes des maudits ! C’est moi que vous trompez, vous, toute cette nation-là !

Vous êtes des maudits. Vous qui osez frauder votre Dieu.

10 Apportez toute la dîme au grenier du temple, et qu’il y ait des vivres dans ma maison ; mettez-moi donc à l’épreuve en ceci, dit l’Éternel des armées : si je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous les bénédictions jusqu’à ce que vous n’y suffisiez plus !

Les promesses (10-12)

Au grenier du temple. Il y avait des magasins construits exprès dans le voisinage du temple, pour y conserver le produit des dîmes 2 Chroniques 31.11 ; Néhémie 10.38).

Jusqu’à ce que vous n’y suffisiez plus. On traduit, parfois : Jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus… c’est-à-dire jusqu’à ce que la bénédiction elle-même soit épuisée. Cette idée nous paraît peu naturelle ; le sens est plutôt : jusqu’à ce que vous n’ayez plus de place pour recueillir tous ces dons de l’Éternel.

11 Pour vous, je chasserai l’insecte qui dévore ; il ne vous détruira plus le fruit du sol, et vos ceps plantés dans la campagne ne seront plus stériles, dit l’Éternel des armées.

L’insecte qui dévore. Particulièrement la sauterelle (Joël chapitre 1).

12 Et toutes les nations vous diront heureux, car vous serez un pays de délices, dit l’Éternel des armées.

Pays de délices. Littéralement : Un pays de bon plaisir dont la vue réjouit Dieu et les hommes et dont les habitants sont un sujet d’envie pour les autres peuples

13 Vous avez eu pour moi des paroles dures, dit l’Éternel. Et vous dites : Qu’avons-nous dit entre nous de toi ?

La masse du peuple exprime plus violemment son mécontentement à l’égard de la conduite de Dieu ; et en face de cette révolte, les fidèles s’unissent plus étroitement les uns aux autres pour rendre hommage à celui que ces murmures outragent.

Pour amener au jour les pensées criminelles d’une partie du peuple, l’Éternel rappelle à Israël d’une manière générale les propos qu’il a tenus à son sujet et aussitôt le peuple demande compte de ce reproche.

14 Vous avez dit : Inutile de servir Dieu ; qu’avons-nous gagné à observer ses ordonnances et à mener deuil en présence de l’Éternel des armées ?

Vous avez dit. C’est ici la preuve de l’accusation du verset 13. Dieu connaît parfaitement les plaintes amères que les Juifs élèvent dans le fond de leurs cœurs et qu’ils expriment entre eux. Dieu n’envisage pas, dans les Écritures, comme un procédé coupable que l’on se plaigne de lui, quand c’est devant lui que l’on verse l’amertume de son cœur (voir le livre de Job, par exemple, Job 42.7). Le péché consiste ici en ce qu’ils murmurent entre eux et complotent en quelque sorte contre Dieu.

Inutile de servir Dieu. Ils pensent que le culte qu’ils rendent à Dieu doit leur mériter la bénédiction céleste ; trompés dans leur attente, ils accusent l’Éternel d’injustice et même d’ingratitude.

Observer ses ordonnances. Ils s’imaginent être en règle avec Dieu et pourtant ils le fraudent tous les jours ! La satisfaction de soi-même marche de pair avec l’idée du mérite des œuvres, ce sont ici les débuts du pharisaïsme ; et quand ces prétentions orgueilleuses sont confondues par les faits, alors l’incrédulité n’est pas loin.

Mener deuil. Littéralement : marcher en noir, afin de bien montrer que l’on jeûne ; Ésaïe 58.2-8 ; Matthieu 6.16.

15 Et maintenant, quant à nous, nous déclarons heureux les impies. En faisant le mal, ils n’en prospèrent pas moins ; ils ont beau tenter Dieu, ils échappent !

Les impies. Ce sont les païens et particulièrement les conquérants, ennemis acharnés d’Israël, dont la prospérité contraste avec le misérable état du peuple de Dieu.

Et en faisant le mal… ils ont beau tenter Dieu. Il y a une gradation dans ces deux membres de phrase : ils font le mal, pourtant ils réussissent ; bien plus, ils tentent Dieu, ils s’exposent comme à plaisir aux effets de sa colère et ils échappent toujours. Et c’est ainsi qu’en célébrant le bonheur des impies, ces Juifs que Malachie met en scène deviennent impies eux-mêmes.

16 Alors ceux qui craignent l’Éternel se sont entretenus les uns avec les autres, et l’Éternel a été attentif, et il a entendu, et un livre a été écrit devant lui pour conserver la mémoire de ceux qui craignent l’Éternel et qui ont du respect pour son nom.

En face de ce complot des infidèles en Israël, Malachie en signale un autre, celui des fidèles défenseurs de l’Éternel, qui s’entretiennent aussi entre eux de l’état présent des choses, mais dans un tout autre esprit. C’est le saint reste dont parlent les prophètes ; ils se détachent, avec pleine conscience de la masse incrédule à laquelle ils se sentent étrangers.

Se sont entretenus. Pour se fortifier mutuellement dans la foi au Dieu de l’alliance.

L’Éternel a été attentif. Comme il avait entendu les propos impies des révoltés, il recueille maintenant les pieux entretiens des fidèles. Bien plus, il discerne chacun d’eux en particulier.

Un livre a été écrit. Littéralement : Un livre de souvenir, un écrit servant de mémorial, pour garder leur nom à chacun. Cette image rappelle les livres de mémoires des rois de Perse, où étaient consignés les noms de ceux qui avaient rendu un service signalé, aux rois et à l’État (Esther 6.1 ; comparez Psaumes 56.9). Ce livre représente la toute science et la fidèle providence de Dieu.

Qui ont du respect. Le mot est celui qui est employé Genèse 15.5 ; il signifie imputer, tenir compte de ; le sens est donc : Ceux qui, dans leurs jugements et leurs résolutions, mettent avant tout en ligne de compte la connaissance que Dieu leur a donnée de lui-même dans sa révélation (son nom). Comparez la manière dont Jésus parle de ses brebis, Jean 10.3 ; Jean 10.27-29.

17 Et au jour que je prépare, dit l’Éternel des armées, ils seront pour moi un trésor mis à part, et je serai tendre pour eux comme un homme est tendre pour son fils qui le sert.

L’Éternel semble éprouver une sorte de reconnaissance envers ceux qui, en face de la défection générale, se renforcent dans la fidélité à son nom et il leur fait la plus belle promesse.

Au jour que je prépare. Le jour de l’Éternel où il manifestera sa justice.

Un trésor mis à part. Comme un homme, en face d’une catastrophe imminente, serre ses objets les plus précieux et les met à part, ainsi en agira l’Éternel envers les siens. Le mot hébreu segulla est celui qui est employé pour désigner Israël comme le peuple particulier de Dieu (Exode 19.5). Cette notion est reproduite souvent dans le Nouveau Testament et appliquée à l’Église (1 Pierre 2.9 ; Éphésiens 1.14). Tous les peuples seront bien un jour la propriété de Jéhova, mais Israël a une place particulière dans cette propriété générale).

Comme un homme est tendre. C’est plus qu’une affection ordinaire ; c’est la tendresse pleine de sollicitude et de ménagement que témoigne un père au fils qui se dévoue à son service.

18 Et vous verrez de nouveau la différence entre le juste et le méchant, entre qui sert Dieu et qui ne le sert pas.

Vous verrez de nouveau. Israël se plaint de ce que Dieu ne soit plus le même qu’autrefois. Exode 8.23, Moïse disait à Pharaon : Dieu mettra une différence entre ton peuple et son peuple ; il châtiait les impies et épargnait les justes. Il semble maintenant laisser les choses aller au gré du hasard. Mais en ce jour-là, sa justice brillera de nouveau, peut-être au détriment de ceux-là mêmes qui se plaignent et qui constateront à leur propre dommage que Dieu sait bien discerner entre le juste et le méchant, même au sein de son propre peuple.