Verset à verset Double colonne
Attaque des pharisiens venus de Jérusalem
Des pharisiens viennent demander à Jésus pourquoi ses disciples transgressent la tradition des anciens, en prenant leurs repas sans ablutions des mains. À quoi il répond qu’eux-mêmes transgressent le commandement de Dieu par leur tradition. Il en donne pour preuve le cinquième commandement violé par eux, car ils autorisent à ne plus aider ses parents pauvres celui qui déclare avoir fait à Dieu une offrande de son bien. Il les accuse d’hypocrisie en leur appliquant une déclaration d’Ésaïe sur le vain culte des lèvres, auquel le cœur reste étranger (1-9).
Jésus s’adresse à la foule
Se tournant vers la foule, il répond à la question des pharisiens en rappelant que ce ne sont pas les aliments qui souillent l’homme, mais bien le mal qui est dans son cœur et qui se révèle par des paroles (10-11).
Jésus répond à ses disciples
Comparer Marc 7.1-23. Le mot alors indique le temps où Jésus se trouvait dans le pays de Génézareth (Matthieu 14.34).
Ces scribes et ces pharisiens (comparez Matthieu 23.2 et suivants ; Matthieu 3.7) étaient sans doute une députation de la synagogue ou même du sanhédrin de Jérusalem, venue pour adresser à Jésus des questions insidieuses et chercher quelque sujet d’accusation (verset 2).
Les séjours que le Sauveur avait faits à Jérusalem (Jean 2 ; Jean 3 ; Jean 5), pouvaient avoir donné lieu à une pareille démarche. Ce récit conservé par Matthieu et Marc (Marc 7.1 et suivants) montre l’inimitié croissante des adversaires de Jésus.
Grec : quand ils mangent du pain (hébraïsme).
La tradition des anciens, reçue des pères, c’étaient les usages religieux qu’ils avaient par degrés ajoutés aux prescriptions de la loi. Cette tradition avait plus d’importance aux yeux du pharisaïsme que la loi elle-même.
On fondait cette opinion sur des passages mal compris de l’Écriture, tels que Deutéronome 17.10.
Ainsi, la tradition prescrivait diverses ablutions, en particulier avant chaque repas (comparer Marc 7.3-4).
Jésus et ses disciples (auxquels les pharisiens reprochent cette négligence pour en faire peser la responsabilité sur le Maître) ne se sentaient point liés par ces traditions bien qu’ils observassent la loi.
Ou : « au profit de votre tradition ».
Cette question, reprise dans les mêmes termes que la leur, était d’autant plus frappante pour les pharisiens.
Vous aussi suppose qu’il y a transgression des deux côtés, mais d’une part, de la tradition humaine, d’autre part, du commandement de Dieu !
Exode 20.12 ; Exode 21.17. Tous les devoirs des enfants envers leurs parents sont compris dans la première de ces paroles, la seconde, qui exprime toute la rigueur de la loi contre le crime ici prévu, est citée d’après les Septante ; littéralement : finira par la mort.
L’hébreu dit : mourra de mort, c’est-à-dire mourra certainement.
La première partie de cette phrase est inachevée, mais les pharisiens ont compris et Jésus tire aussitôt la conséquence de ce faux principe.
La tradition autorisait donc un fils à dire à son père ou à sa mère dans le besoin : « J’ai prononcé le mot sacramentel de corban, ou offrande à Dieu, sur ce bien qui (grec) pourrait t’être utile, dont je pourrais t’assister, donc, il n’est plus à moi, il est sacré ».
Jésus n’achève pas, les pharisiens ont compris, car sous ce prétexte leur tradition exemptait un homme d’assister ses parents pauvres (Marc 7.12).
Mais il ajoute : Celui qui agira ainsi n’honorera certainement pas son père ou sa mère ; il aura violé le commandement de Dieu.
Cette explication, adoptée par Meyer et par d’autres, est la plus conforme au grec et à la forte négation (certainement pas) qu’il présente.
Cependant plusieurs exégètes et des traducteurs récents mettent dans la bouche des pharisiens les deux parties de ce verset et leur font dire : « Celui qui aura dit : C’est une offrande, n’est pas tenu d’honorer son père ou sa mère ».
Mais est-il probable que les pharisiens, rigoureux observateurs de la loi, eussent eu l’imprudence d’en autoriser si expressément la violation ?
Westcott et Hort retranchent ou sa mère, à la fin du verset, d’après Codex Sinaiticus, B, D.
À cause de signifie, comme au verset 3, en faveur de ; de votre tradition que vous mettez au-dessus de la loi de Dieu et par laquelle vous annulez cette loi !
Le texte reçu porte : le commandement, une variante de B, D, plusieurs versets : la parole de Dieu.
Ésaïe 29.13 Cité avec quelques variations d’après les Septante, qui rendent bien le sens de l’hébreu.
Quand Ésaïe prophétisait ainsi, il pensait certainement avant tout aux hommes de son temps.
Mais le Seigneur n’hésite pas à appliquer à ses auditeurs une parole divine qui reste vraie dans tous les temps et qu’ainsi devient une prophétie de l’avenir, tandis que, pour Ésaïe, elle s’accomplissait dans le présent.
Le texte reçu, avec C et les majuscules, ajoute les mots : « s’approche de moi de sa bouche », qui sont bien dans Ésaïe, mais que Jésus omet dans sa citation. Il en est de même dans Marc 7.6
Honorer Dieu des lèvres tandis que le cœur reste étranger à toute communion avec lui, c’est ce qui constitue l’hypocrisie que Jésus reproche à ses auditeurs.
Il est bien évident qu’alors tout culte qu’on lui rend est vain, vide de sens et de valeur, puisqu’il n’est qu’un formalisme mensonger (Jacques 1.26).
À plus forte raison en sera-t-il ainsi, si ce culte ou cette adoration repose, non sur la vérité divine, mais sur des doctrines et des commandements humains (comparer Jean 4.24).
Jésus va revenir à la question des pharisiens (verset 2), à laquelle il n’a pas encore répondu. Mais cette réponse, il l’adresse à la foule qui l’entoure et qui avait entendu la question. Par là, il montre à ses adversaires qu’il ne les juge pas dignes de son enseignement, parce que leur cœur n’est pas sincère (verset 7).
La nourriture, même quand elle est prise avec des mains qui n’ont pas été purifiées par des ablutions (verset 2), ne peut souiller moralement (grec rendre commun, profane, par opposition à la pureté légale) ; mais bien ce qui, venant du cœur, sort de la bouche, en paroles, etc (versets 17-20).
Dans cette déclaration, Jésus a en vue la tradition des Juifs (verset 3) et non encore les prescriptions de la loi relatives aux aliments purs ou impurs, mais il est certain que ces dernières elles-mêmes sont atteintes par le principe nouveau et spirituel que le Seigneur pose ici.
Qu’il s’agisse de ce discours tout entier, ou seulement de la parole du verset 11 (le mot grec a les deux sens), toujours est-il que les pharisiens y trouvèrent un scandale, une occasion de chute. Ils tombèrent par là plus bas encore dans leur opposition et dans leur irritation contre la vérité.
Les exégètes se demandent si cette image de la plante doit être appliquée aux pharisiens ou à leurs « doctrines qui ne sont que des commandements d’hommes ».
La première application parait plus naturelle dans ce contexte. D’autre part il est certain qu’une sentence aussi absolue a diverses significations. Toute doctrine, toute œuvre, toute église, toute âme que Dieu n’a pas implantée dans son royaume par son Esprit, est destinée à périr (Matthieu 13.40).
La fin du peuple juif, dominé par ses chefs, ne l’a-t-elle pas prouvé ? Cette déclaration générale et la parole qui suit sont la réponse de Jésus à l’observation des disciples (verset 12).
Quelle sévérité ! Le mot aveugle quatre fois répété ! Et cette prophétie : tomberont dans une fosse ! Ce qu’il y avait de pire dans cet aveuglement des pharisiens, c’est qu’ils n’en avaient pas conscience (Jean 9.40-41).
Codex Sinaiticus, B, D, ont : ce sont des conducteurs aveugles.
Parabole est pris dans le sens de comparaison ou image (Matthieu 13.3 note). Pierre revient à la parole du verset 11, dont il demande l’explication
Ces versets 17 à 20 sont le commentaire du verset 11 et en même temps la réponse à la question de Pierre.
Les disciples comprendront cette fois et la longue énumération de ces péchés qui sortent du cœur les instruira sur la nature morale, disons mieux, sur la corruption de l’homme. Tous ces mots au pluriel font ressortir la surabondance du mal (voir Marc 7.22, note).
Quand donc Jésus dit que l’homme bon tire le bien de ce trésor intérieur (Matthieu 12.35), il suppose que sa régénération a eu lieu.
Le silence de Jésus
Jésus s’étant retiré sur les confins de Tyr et de Sidon, une femme de ces contrées vient le supplier d’avoir pitié d’elle, car sa fille est tourmentée par un démon ; mais Jésus ne lui répond point (21-23).
L’intervention des disciples
Les disciples le prient de la renvoyer ; il leur dit qu’il n’est venu que pour le peuple d’Israël (23-24).
Le refus humiliant du Sauveur
La femme cependant se prosterne devant lui en implorant son secours. Il lui répond que le pain des enfants n’appartient point aux petits chiens. C’est vrai, reprend-elle aussitôt, car les petits chiens se contentent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres et je ne demande pas davantage (25-27).
Le triomphe de la foi
À l’ouïe de ces paroles, Jésus admire une si grande foi et la jeune fille est guérie à l’instant (28).
Comparer Marc 7.24-30. Jésus se retirait dans la solitude, sans doute à cause de l’inimitié croissante que venaient de manifester ses adversaires (verset 1 et suivants).
Il s’avance au nord de la Galilée jusque sur les confins de la Phénicie, ordinairement désignée par le nom de ses deux plus grandes villes, Tyr et Sidon. On ne peut pas traduire : « du côté de Tyr et de Sidon » comme on l’a proposé, pour tenir compte du fait qu’il est dit ensuite : une Cananéenne sortant de ces contrées-là…
Le texte suppose que Jésus entra sur le territoire phénicien. Il est probable que le narrateur voulait dire que cette femme venait de parties plus éloignées de ce pays. Mais il reste dans son récit une certaine obscurité.
Marc (Marc 7.24) fait observer que Jésus voulait rester inconnu dans cette contrée, mais que sa présence ne put être cachée.
Cette femme, que Marc désigne comme syro-phénicienne, est ici appelée cananéenne. C’est que plusieurs tribus cananéennes, dépossédées de leur pays sous Josué, s’étaient retirées vers le nord et avaient formé ce peuple que les Grecs nommaient phénicien, tandis que les Juifs continuaient à lui donner le nom de ses ancêtres.
Cette femme avait entendu parler de Jésus (Marc 7.25), de ses œuvres, peut-être même, vivant dans le voisinage des Juifs, avait-elle connaissance de leurs espérances messianiques ; le nom qu’elle donne à Jésus (fils de David) montre même qu’elle voyait réellement en lui le Messie promis.
Aussi, dans son angoisse au sujet de la maladie mystérieuse de son enfant (voir sur les démoniaques Matthieu 8.28, note), n’hésite-t-elle pas à accourir auprès de lui. Sa touchante prière s’échappe de son cœur avec des cris de douleur, et, faisant de la souffrance de sa fille sa propre souffrance, c’est pour elle-même qu’elle implore la compassion du Sauveur.
Pourquoi ce silence qui était si peu dans les habitudes de Jésus et qui dut paraître si dur à cette pauvre femme ? Plusieurs interprètes, depuis les Pères de l’Église jusqu’aux Réformateurs et aux modernes, n’ont vu dans ce silence comme dans tout le dialogue qui va suivre, qu’un moyen par lequel Jésus voulait éprouver et affermir la foi de la Cananéenne (verset 28).
Sans aucun doute, tel fut le résultat de la conduite du Sauveur en cette occasion mais en était-ce bien la raison ? N’y a-t-il pas quelque chose qui répugne à une conscience délicate, dans la pensée d’attribuer à Jésus cette espèce de feinte en présence d’une telle douleur, même dans le but le plus excellent ? Lui-même a tranché la question par la parole la plus claire (verset 24) et c’est à la lumière de cette parole, prise au sérieux, que les meilleurs exégètes interprètent aujourd’hui la manière dont Jésus agit en cette circonstance.
On a souvent attribué à ces paroles des disciples un sens de pur égoïsme, comme s’ils n’avaient eu d’autre pensée que de débarrasser leur Maître et eux-mêmes de l’importunité de cette femme. Il est évident, par le motif qu’ils expriment, qu’il y avait quelque peu de ces mauvais sentiments dans leurs cœurs.
Mais ils désiraient aussi que Jésus ne la renvoyât qu’après lui avoir accordé sa demande. C’est ce que montre ce mot : ils le priaient : c’est ce que prouve plus clairement encore la réponse de Jésus (verset 24).
Voilà le vrai motif du Sauveur. Il rappelle aux disciples le plan divin d’après lequel l’Évangile devait être porté d’abord à la nation israélite, au sein de laquelle l’Église devait naître, d’où devait venir le salut (Jean 4.22).
Il avait interdit à ses disciples d’aller vers les Gentils (Matthieu 10.5) et toujours même après qu’ils eurent compris l’universalité de l’Évangile, ils suivirent cet ordre en s’adressant d’abord aux Juifs. Le moment des autres nations viendra aussi (Matthieu 28.19 ; Jean 10.16 ; Éphésiens 2.17).
Jésus obéissait donc à un devoir et il se refusait à accomplir un miracle qui pouvait l’entraîner à une activité qu’il ne voulait pas entreprendre dans cette contrée païenne. Mais il avait enseigné lui-même qu’il est des cas où il faut mettre la charité au-dessus de la loi (Matthieu 12.3 et suivants) et c’est ce qu’il fera, vaincu par une foi qui provoque son admiration (verset 28).
Ainsi comme l’observe un théologien éminent (Ewald) :
Jésus se montre ici deux fois grand : d’abord par sa fidélité à sa vocation, ensuite par sa tendre miséricorde.
Mais quelle épreuve pour la pauvre mère !
Plus la lutte dure, plus les supplications de la foi deviennent ardentes. Il est telle situation où l’âme sent qu’il faut trouver le secours divin, ou périr.
Tel est le texte admis par Tischendorf et la plupart des critiques d’après D ; cette expression répond bien à la pensée du verset 24
La leçon du texte reçu : il n’est pas bien, a la plupart des autorités pour elle, mais elle parait empruntée à Marc.
Les enfants sont les Israélites, qui ont part à l’alliance divine ; les chiens, animaux impurs, représentent les païens.
Mais Jésus adoucit ce mot, et, par un gracieux diminutif, il désigne ces petits chiens favoris qui ont accès dans la maison et jusque sous la table où ils se nourrissent. C’est même à cette intention délicate de Jésus que la Cananéenne s’attache dans son admirable réponse.
Oui, Seigneur, car aussi est la traduction littérale du texte et c’est celle qui exprime le mieux cette pensée diversement interprétée par les exégètes. « Oui, j’accepte ton jugement et ta comparaison ; car aussi les petits chiens ne prétendent pas au pain des enfants ; ils se contentent des miettes (grec diminutif : petites miettes) qui tombent sous la table et je n’en demande pas davantage. La table de tes miséricordes est si riche que ton secours accordé à une pauvre païenne n’ôtera rien aux enfants ».
Ainsi, la foi vive et intelligente de cette femme s’empare de l’objection, l’approuve humblement, mais en fait un argument.
Comparer Matthieu 8.10. Cette foi est si grande, que, dans une lutte prolongée, elle a vaincu le Seigneur lui-même (voir la lutte de Jacob, Genèse 32.24). Aussi le Seigneur lui accorde-t-il tout ce qu’elle veut.
D’abord, la guérison de son enfant, accomplie dès cette heure-là et à distance, comme en Matthieu 8.13 (comparez Jean 4.50 et suivants) ; puis, sans aucun doute, un grand progrès dans sa vie religieuse, qui fut dès lors toute pénétrée de reconnaissance et d’amour (voir encore, sur ce touchant récit, Marc 7.24-30, note).
Jésus guérit les malades
Jésus étant venu près de la mer de Galilée, de grandes foules l’environnent, amenant à ses pieds de nombreux malades qu’il guérit. Ces foules admirent sa puissance et glorifient Dieu (29-31).
Jésus fait part de son dessein à ses disciples
Il appelle ses disciples et leur exprime la compassion dont il est ému envers ces foules qu’il ne veut pas renvoyer à jeun, de peur qu’elles ne défaillent. Les disciples objectent l’impossibilité de les nourrir dans un désert ; car ils n’avaient que sept pains et quelques petits poissons (32-34).
Jésus nourrit la multitude
Mais Jésus ayant pris ces pains et rendu grâces, les donna aux disciples et ceux-ci au peuple. Tous furent rassasiés et l’on emporta sept paniers des morceaux de reste. Or ils étaient quatre mille hommes (35-38).
Traversée du lac
Jésus repasse le lac et va dans la contrée de Magdala (39).
Sur la rive orientale de cette mer (verset 39) et après un assez long détour que Matthieu ne mentionne pas (Marc 7.31).
Le texte reçu porte : aux pieds de Jésus.
Ce mot : « qu’ils jetèrent à ses pieds » exprime vivement cette scène dans laquelle la foule, amenant avec un extrême empressement ces malades, dont chacun veut devancer les autres, les dépose suppliants aux pieds du divin libérateur.
Le Dieu d’Israël, que les païens ne connaissaient pas encore et qui se manifestait à son peuple avec tant de puissance et de miséricorde en Jésus (Luc 1.68).
Westcott et Hort omettent : des estropiés guéris, d’après Codex Sinaiticus et quelques versions.
Ce qui émeut d’une tendre compassion le cœur de Jésus, c’est la vue de cette population pauvre des montagnes, si avide d’entendre sa parole, si empressée à lui amener ses malades (verset 30), que depuis trois jours elle ne l’avait plus quitté.
Toutes les provisions sont épuisées et comme la contrée montagneuse située sur la côte orientale du lac (verset 39) n’offrait point de ressources et que plusieurs étaient venus de très loin (Marc 8.3).
Jésus, plein de sollicitude pour tous leurs besoins, craint que, s’il les renvoie sans nourriture, ils ne défaillent en chemin. Il s’adresse à ses disciples pour leur faire partager ce miséricordieux intérêt et pour les employer eux-mêmes dans l’œuvre qu’il allait accomplir.
On est surpris d’entendre les disciples répéter ici la même objection que lors de la première multiplication des pains (Matthieu 14.15) ; il semble que le souvenir de ce miracle aurait dû prévenir tous les doutes sur ce que leur Maître pouvait et voulait faire dans cette nouvelle nécessité.
Cette observation et en général la similarité des deux miracles, ont inspiré à plusieurs interprètes la pensée qu’il s’agirait d’un seul et même fait, deux fois raconté, avec quelques circonstances différentes.
Ces circonstances sont pourtant assez importantes pour qu’il soit impossible d’identifier les deux faits : différence de la foule que Jésus nourrit : là, des habitants de la Galilée, au nombre de cinq mille ; ici une population des montagnes, au nombre de quatre mille ; là, cinq pains, ici sept, Ià, douze paniers de reste, ici sept. Mais ce qui met historiquement hors de doute la réalité des deux faits, ce n’est pas seulement le témoignage de Marc (Marc 8.1 et suivants), identique à celui de Matthieu, mais c’est la parole de Jésus lui-même, rappelant les deux miracles et reprochant à ses disciples de n’en avoir pas gardé l’enseignement (Matthieu 16.9-10 ; Marc 8.19-20).
Tous ces traits du récit sont semblables dans les deux miracles (voir Matthieu 14.19, notes et comparez Matthieu 16.10, note).
On voit par ce texte que Jésus traverse le lac, de la rive orientale à celle de l’ouest.
C’est donc dans cette contrée que se trouvait Magdala, la ville de Marie-Madeleine qui n’est aujourd’hui qu’un pauvre hameau nommé Medjdel, situé à environ une lieue au nord de Tibériade.
Mais ce nom ne se lit que dans les majuscules les plus récents. Codex Sinaiticus, B, D ont une variante admise par Tischendorf, Westcott et Hort et la plupart des critiques et qui porte Magadan au lieu de Magdala. Or on ne connaît ni ville ni village de ce nom, ce qui ferait supposer qu’il n’est qu’une corruption de Magdala (voir le Voyage en Terre Sainte de M. Félix Bovet, 7e édition, page 362).