Verset à verset Double colonne
Misère et mécontentement du peuple pendant la construction des murs ; Néhémie y remédie avec l’autorité que donne la pratique des vertus qu’on recommande (versets 1 à 13) ; les versets 14 à 19 ajoutent qu’après avoir exhorté ses compatriotes au désintéressement, il continua de prêcher par l’exemple.
Leurs frères, les Juifs : les principaux, les membres riches de la communauté (verset 7). Trois classes de mécontents :
D’abord les prolétaires affamés, qui demandent, en ces temps de rude travail pour le bien commun, une distribution gratuite de blé pour eux et leurs nombreux enfants ; ceux-ci ne possèdent rien.
Puis des propriétaires, qui ont dû mettre en gage leurs champs, vignes ou maisons, en sorte que les récoltes et produits de leurs immeubles ne sont pas pour eux (Lévitique 25.14, note).
Dans la disette. Tout négoce était suspendu dans ces temps troublés et beaucoup de gens de la campagne établis dans la capitale y faisaient renchérir le pain (Néhémie 3.22).
Enfin d’autres propriétaires, qui ont déjà engagé tout ce qu’ils avaient et qui se trouvent (verset 5) devant la triste nécessité d’engager même leurs enfants. La loi prévoyait le cas d’un Israélite vendant sa fille (Exode 21.7).
Et nous n’y pouvons rien changer, littéralement : Notre main ne nous tient pas lieu de Dieu. Voir Deutéronome 28.32.
Et je fus très irrité : en voyant combien le peuple de Dieu était au-dessous de ce qu’il aurait dû être.
C’est sur gage… ! En Israël l’emprunteur offrait toujours une garantie, une hypothèque, un gage, et, dans la pratique, le créancier usait souvent, en cas d’insolvabilité, du droit qui lui était ainsi conféré. Voir Deutéronome 24.10 ; Job 22.6 ; Job 24.3 ; 2 Rois 4.1 et suivants ; Matthieu 18.25 et ici même, versets 3 et 4. De là des familles ruinées et des divisions profondes dans le sein du peuple de Dieu. Néhémie en appelle ici à l’esprit de la loi : d’après Exode 22.22-27 il faut soigneusement éviter de molester les petits et de commettre des injustices au nom de la stricte justice.
Contre eux, ou simplement à leur sujet.
Pour nous, nous avons racheté nos frères : Nous, dernièrement encore, à Babylone, nous avons racheté à des païens plusieurs de nos frères qui avaient été obligés de se constituer esclaves, pour qu’ils puissent rentrer dans leur patrie ; et vous voulez aujourd’hui les engager, ceux-là ou d’autres, dans l’esclavage !
Et c’est à nous qu’ils sont vendus ? La loi (Lévitique 25.42) défend de vendre des Israélites comme esclaves. Et il se trouverait des Israélites pour en acheter ?
À cause des outrages des nations ? Ne donnons pas aux Gentils occasion de médire de nous.
Abandonnons ces gages ! De par la loi il y a des gages de fournis, mais ne nous en prévalons pas !
Et le centième de l’argent. Désistez-vous également du paiement de l’intérêt de un pour cent par mois, que vous avez stipulé pour les prêts en espèces ou en nature que vous leur avez faits. Le taux de 12 pour cent par an était usuel chez les Romains.
Nous rendrons : les gages.
Et ne leur demanderons rien : en fait d’intérêts.
Et je les fis jurer : en présence des sacrificateurs (2 Chroniques 19.8).
En outre je secouai… Au serment Néhémie ajoute un acte symbolique. Relevant les pans de son manteau, il en forme une sorte de poche contre sa poitrine, puis les laissant retomber il simule l’abandon, le rejet de tout ce qu’il était censé porter sur son sein.
De son travail. Que le parjure perde son foyer et les biens que son travail lui aura valus.
Néhémie n’a pas imposé aux autres un fardeau qu’il n’ait pas voulu soulever lui-même.
Dès le jour où je fus fait leur gouverneur : par le roi Artaxerxès (Néhémie 2.5-7).
Depuis la vingtième année. Les années dont il parle s’étendent de l’an 445 à l’an 433. D’après Néhémie 13.6 il revint en Judée après avoir visité le roi, dans la trente-deuxième année de son règne et c’est probablement alors qu’il composa ses Mémoires.
Mes frères : mes proches.
Les vivres alloués au gouverneur : Voir verset 15 la valeur quotidienne de cette allocation. Les satrapes ou gouverneurs perses ne recevaient aucun honoraire, mais taxaient leur province pour leur entretien.
Les premiers gouverneurs : Zorobabel et ses successeurs.
Quarante sicles d’argent : environ 580 grammes. Quelques-uns traduisent : en pain et en vin, outre quarante sicles d’argent.
Opprimé le peuple : commis des exactions, que les gouverneurs avaient ignorées ou tolérées.
Nous n’avons point acquis de champs : Nous, mes frères et moi, nous avons prêté sans gages (verset 10).
Tous mes gens ont été assemblés là pour travailler. Voir Néhémie 4.16 ; Néhémie 4.21 ; Néhémie 4.23 et les premiers mots de Néhémie 3.30-31.
Les magistrats, c’est-à-dire ceux de la capitale, au nombre de cent cinquante. Néhémie avait aussi table ouverte pour les compatriotes du dehors (les Juifs) quand ils venaient à Jérusalem.
Et ce qu’on apprêtait pour un jour… C’était peu de chose, comparé à l’entretien de la cour de Salomon (1 Rois 4.1-28) ; mais Salomon était entretenu par son peuple ; Néhémie appliquait sa propre fortune au soulagement du sien.
Tous les dix jours. On s’attendrait à l’indication d’une quantité déterminée. Au lieu de cela, Néhémie indique seulement qu’il fallait renouveler la provision tous les dix jours. D’autres traduisent : Et au milieu de dix jours à tous du vin en abondance, c’est-à-dire, suivant la traduction syriaque : On donnait une fois du vin en abondance dans l’espace de dix jours. On ne servait pas du vin à tous les repas, ou du moins on n’en servait en abondance que chaque dixième jour. En effet les Orientaux ne boivent pas du vin à tous leurs repas et parlent des festins de vin (Esther 5.6).
Parce que le service pesait lourdement : à savoir la construction de la muraille.
Ce vœu est renouvelé encore deux fois : Néhémie 13.14 ; Néhémie 13.31.