Verset à verset Double colonne
1 Et Balaam dit à Balak : Dresse-moi ici sept autels et prépare-moi ici sept taureaux et sept béliers.Le sacrifice offert Nombres 22.39-40 était destiné à rendre d’une manière générale la divinité, favorable aux desseins de Balak. Celui-ci doit disposer Dieu à accorder à Balaam la communication directe et en quelque sorte l’entretien occulte qu’il lui demande en ce moment.
Sept autels… taureaux… béliers : le nombre et la qualité de victimes envisagés chez tous les peuples anciens comme préférés de la divinité.
Tiens-toi près… : comme celui qui présente l’offrande à la divinité.
Moi j’irai… : pour chercher Dieu dans la solitude. Le texte ne nous donne aucun détail sur la manière dont Balaam s’y prenait pour obtenir la communication divine. On pourrait penser que, comme les augures romains, il observait simplement les signes qui pouvaient s’offrir accidentellement à ses regards, soit par le cri ou le vol d’un oiseau, soit par quelque phénomène physique. Cependant Nombres 24.1 nous oblige à aller plus loin et à admettre qu’il se livrait à quelque opération magique (il n’alla pas, comme les autres fois à la rencontre des signes dus à la magie), dont le but était, d’un côté, d’évoquer l’apparition de la divinité (à comparez l’expression : venir à ma rencontre) et, de l’autre, de plonger Balaam lui-même dans un état d’extase où il pouvait entrer en communication directe avec le monde supérieur fermé aux sens naturels (Nombres 24.3-4 ; Nombres 24.15-16).
Dans les pays du nord de l’Europe et de l’Asie, où la sorcellerie existe encore, les Schamanes ou devins se mettent, soit au moyen de quelque breuvage qui semble produire une suspension momentanée de la vie, soit par des mouvements giratoires étourdissants entremêlés de l’absorption de liqueurs fortes, dans un état de clairvoyance dans lequel semble avoir disparu pour eux la distance des temps et des lieux ; ils se trouvent alors en état de répondre avec exactitude à des questions absolument insolubles dans l’état naturel. Il faut sans doute admettre ici l’emploi de quelque opération analogue. Dieu a pu condescendre dans ce cas à l’emploi de tels moyens et parler réellement à la conscience de Balaam (1 Samuel 28.11-13).
Peut-être… D’après ce que Dieu lui avait dit, il pouvait être certain de recevoir une révélation ; mais Balak n’avait pas besoin d’être instruit de ce qui c’était passé entre Dieu et lui.
Un lieu découvert : un endroit dégagé et nu où il se trouvât en présence de l’immensité ; ainsi faisaient aussi les augures romains.
Les sept autels. Par l’article les il semble les désigner comme ceux qu’il a coutume d’ériger quand il demande une révélation.
Son discours… Maschal, parole d’un caractère à la fois sentencieux et poétique (Nombres 21.27, note). La forme du parallélisme, qui est toujours le signe de l’émotion poétique chez les Hébreux, règne dans tout ce discours.
Aram : non la Syrie en général, mais, comme le montre l’expression parallèle (les montagnes de l’orient), la Syrie des deux fleuves (Aram-Naharaïm), la Mésopotamie (Nombres 22.5 ; Deutéronome 23.4).
Il ne bénit point encore positivement ; il se contente de déclarer qu’il ne peut maudire ce que Dieu ne maudit pas.
Depuis la crête des montagnes, sur laquelle il se trouvait, on apercevait au nord-ouest une partie de la plaine du Jourdain où campait Israël.
Un peuple… à part : unique entre tous les autres, séparé d’eux par une loi et pour une mission spéciale. C’est le premier motif pour lequel une malédiction contre lui n’est pas possible.
Second motif : Une pareille multitude chez un peuple sortant de la plus dure captivité et après quarante ans de vie au désert, est la preuve d’une bénédiction toute particulière.
Le quart d’Israël : il ne voit sans doute que l’un des corps d’armée qui entouraient le Tabernacle (Nombres 2) et ce quart est innombrable !
Troisième motif : C’est un peuple d’hommes droits. Il voudrait être associé au sort heureux qui est réservé à ces gens-là et pouvoir mourir, comme eux, de la mort paisible du juste. Faut-il voir dans ce vœu de Balaam un pressentiment de la fin tragique à laquelle le conduira sa duplicité ?
Balak espère que l’aspect d’Israël, vu un peu plus complètement et d’un côté différent, inspirera à Balaam des pensées plus conformes à ses désirs. Les païens croyaient pouvoir, par des supplications réitérées et par des actes de culte nombreux et prolongés, parvenir à modifier le sentiment des dieux auxquels ils prêtaient les faiblesses humaines (Matthieu 6.7).
D’où tu le verras. Tu verras cette fois le peuple lui-même, quoique pas encore tout entier. Ceux qui ont entendu, Nombres 22.41, le terme d’extrémité dans le sens de la totalité du camp, voient ici non une gradation, mais un contraste avec, ce premier passage. La pensée de Balak serait selon eux que Balaam, ne voyant cette fois qu’une petite partie du camp, qu’il avait vu tout entier, sera moins porté à bénir Israël. Mais il est difficile de prendre la même expression (l’extrémité) dans deux paroles si rapprochées en deux sens absolument opposés ; et comment en avançant vers le nord (voir plus bas), aurait-on vu moins complètement le peuple que de beaucoup plus loin au sud ? D’autres, ne tenant aucun compte des temps hébreux, traduisent : tu vois, au lieu de tu verras ; dans ce sens : une place d’où tu puisses le voir ; car tu n’en vois (maintenant) qu’une extrémité et tu ne le vois pas tout entier.
Tsophim : mot qui signifie sentinelles, corps de garde ; c’était un endroit élevé, au nord du précédent, plus rapproché de la plaine du Jourdain ou campait Israël.
Au sommet du Pisga. Pisga est l’un des sommets de la chaîne des monts Abarim qui bordent à l’est le bassin de la mer Morte. Tristram a décrit dans son Land of Israël (page 526) le panorama magnifique qui s’offre au regard depuis ces hauteurs qui dominent l’extrémité septentrionale de cette mer (voir à Deutéronome 34.1 et suivants).
Lève-toi : au sens moral, car Balak paraît être resté debout en attendant Balaam (verset 15) : Prépare-toi à entendre ce que je t’apporte de la part de l’Éternel.
Dieu a parlé la première fois selon la vérité et la seconde fois il ne dira point le contraire.
Est-ce lui qui dit…? De même que ses paroles ne se contredisent point entre elles, ses actes sont toujours conformes à ses paroles.
Balaam, son interprète, ne peut pas non plus retirer la bénédiction qu’il a prononcée en premier lieu.
Un dernier motif de bénédiction ajouté aux trois énoncés dans le premier discours : l’excellence morale de ce peuple. L’esprit de sainteté règne chez lui et le préserve de l’injustice et des misères qui en résulteraient.
Au lieu de on, on traduit souvent il (Jéhova). Ce serait l’idée de la justification divine par laquelle Dieu couvre à ses propres yeux le mal qui peut se trouver chez le peuple choisi par lui.
Pour le sens des mots aven et amal (qui peuvent aussi se traduire vanité et fatigue), comparez Habakuk 1.3.
La seconde partie du verset motive la première. Peut-être l’expression : Son Dieu est avec lui, est-elle inspirée à Balaam par la vue du Tabernacle, le palais du roi d’Israël, qu’il aperçoit dans le lointain.
Le cri dont on acclame un roi : littéralement : un cri de roi.
La présence de Jéhova au milieu de son peuple se manifeste par le secours miraculeux qu’il lui accorde et la force indomptable qu’il lui communique.
Le fait sortir. La sortie d’Égypte dure encore ; elle ne sera accomplie que par l’entrée en Canaan.
La vigueur du buffle. On peut traduire : l’élan du buffle. Cet animal renverse tout sur son passage.
Israël n’a pas de devins ; mais il a à chaque moment les messagers de Dieu, les prophètes, qui lui expliquent l’œuvre de Jéhova. Comparez Deutéronome 18.11-18 ; Amos 3.7.
On a expliqué aussi dans un sens tout différent : Comme il n’y a point de magie qui puisse exercer sa puissance à l’égard de (contre) Jacob, le temps vient où l’on dira : Voyez quelles grandes choses Dieu a faites pour lui ! Dans le sens rendu par notre traduction, la relation logique entre les deux parties du verset paraît plus claire.
Il sera dit : par l’Éternel au prophète et par le prophète au peuple.
En son temps : à chaque fois selon le besoin du moment. Cette parole convient bien dans la bouche de celui qui, devin lui-même, sent, toute la différence qu’il y a entre son métier et le vrai prophétisme accordé par Dieu à Israël.
Dieu ne donne pas seulement à Israël ses directions par le moyen de la prophétie ; il le rend, au milieu des autres peuples, fort comme le lion au milieu des bêtes du désert. En l’attaquant, Balak ne ferait donc qu’attirer sur lui le sort des Amorrhéens.
Dans le premier discours Balaam s’était contenté de refuser de maudire. Dans le second il bénit expressément. Il célèbre les privilèges spirituels d’Israël : sa supériorité morale et la présence au milieu de lui de Jéhova, source de la lumière qui le guide et de la force qui le rend invincible.
Elle a lieu au sommet du Péor. Cette montagne était la cime la plus septentrionale de la chaîne des monts Abarim ; elle était située au nord du Pisga, comme le Pisga l’était au nord de Bamoth-Baal. En s’avançant ainsi vers le nord, on découvrait toujours plus complètement la plaine du Jourdain où campait Israël. Balak espère peut-être que Balaam, en voyant toute l’immense multitude de ce peuple étrange qui remplit la plaine étendue à ses pieds, comprendra enfin le danger qui menace les peuples environnants et sera disposé à parler conformément à ses vues. Comparez Nombres 22.5-6.