Verset à verset Double colonne
Ce récit, qui paraît emprunté, au moins en grande partie, au document élohiste, met sous nos yeux le châtiment de la tribu idolâtre qui avait séduit Israël, ainsi que celui du conseiller perfide qui lui avait suggéré cette manœuvre. Moïse indique les règles d’après lesquelles on devra procéder à l’égard du butin fait sur l’ennemi.
Venge. Exécution de l’ordre donné Nombres 25.16-18. Les fils d’Israël doivent être vengés, parce qu’une partie d’entre eux avaient péri par suite de la ruse des Madianites.
La vengeance de l’Éternel. L’honneur de Dieu aussi devait être vengé car il avait été compromis par la chute de son peuple.
Mille hommes : chaque tribu fournissant l’un des milliers dans lesquels étaient répartis les hommes de la tribu en état de porter les armes (verset 5 : d’entre les milliers. Voir Nombres 1.16, note). Ce nombre de douze mille hommes paraît bien faible en regard de la masse considérable du peuple qu’il s’agissait d’attaquer (comparez le nombre des 32 000 jeunes filles faites prisonnières). Mais les cinq tribus de cette peuplade madianite étaient sans doute dispersées, et, attaquées inopinément, elles devaient être incapables de résister à une troupe bien organisée.
Et Phinées : celui qui s’était distingué par son zèle contre l’idolâtrie des Madianites (Nombres 25.7-8). Il n’accompagnait pas la colonne expéditionnaire comme chef militaire, mais comme chef religieux, donnant les signaux prescrits, pendant que son père Eléazar était retenu comme souverain sacrificateur auprès du sanctuaire.
Les instruments sacrés. Le terme hébreu que nous rendons ainsi est d’un sens très général et peut désigner les objets les plus divers. On a entendu par là le costume sacerdotal ; ou bien on n’a vu dans ce terme qu’une autre dénomination des trompettes elles-mêmes. Il serait très improbable que Phinées eût emporté à la guerre l’arche ou le pectoral avec les Urim et Thummim.
Les trompettes d’argent ; voir Nombres 10.1-10.
Ils tuèrent tous les mâles : les adultes, d’après verset 17, qui montre que les enfants furent épargnés.
Tsur : c’était le père de Cozbi ; il est appelé chef de tribu (Nombres 25.15, note) ; d’après Josué 13.21, ces chefs madianites avaient été vassaux de Sihon avant sa défaite par Israël.
Balaam : voir verset 16.
Bétail parait désigner ici les bêtes de somme, les ânes et peut-être les chameaux ; voir au verset 32, note.
Troupeaux : bœufs et menu bétail (verset 32).
Captures. Ce mot désigne les bêtes seules.
Hors du camp, où les soldats ne pouvaient rentrer avant de s’être purifiés (verset 19).
Dans l’affaire de Péor. Dans les guerres ordinaires, la vie des femmes est respectée, mais dans ce cas elles furent condamnées à périr, parce que c’étaient elles qui avaient causé le péché et la destruction d’une partie du peuple.
Balaam : voir verset 8 et Nombres 24.25, note. Il avait fini par mettre son intelligence au service du péché.
Parmi les petits enfants, on doit tuer les mâles, afin que la nation soit exterminée et parmi les femmes toutes celles qui pouvaient être déjà enceintes, parce qu’elles ont contribué à séduire les Israélites et qu’elles ne devaient pas perpétuer une race vouée à la destruction.
Sept jours hors du camp. Comparez Nombres 5.2-3 et Nombres 19.11.
Vos prisonniers : les jeunes filles captives qui, comme esclaves des Israélites (Deutéronome 21.10-14), étaient désormais soumises à la loi.
Tous ces objets venant d’un peuple impur devaient être purifiés avant de devenir la propriété du peuple de Dieu. Comparez Nombres 19.18.
Après avoir donné cette direction, Moïse rentra sans doute dans le camp et Eléazar resta avec l’armée pour surveiller l’accomplissement des cérémonies de purification. Alors se présenta la question de la purification des objets en métal et Eléazar compléta par une nouvelle ordonnance celle qu’avait laissée Moïse.
Voici l’ordonnance de la loi. Voir à Nombres 19.2. L’ordonnance désigne le mode d’après lequel la loi de purification doit être appliquée dans ce cas particulier. Le Pentateuque ne nous présente pas d’autres exemples d’un commentaire de la loi mosaïque donné par le grand sacrificateur, sauf peut-être Nombres 15.22-31. Voir la note.
Les bestiaux et les captives doivent être répartis en deux parts, l’une pour les douze mille guerriers qui ont fait l’expédition, l’autre pour le reste du peuple dont les guerriers étaient les mandataires. Sur la part des guerriers sera prélevé 1/500 pour les sacrificateurs ; sur celle du peuple, 1/50 pour les Lévites ; le premier prélèvement étant dix fois plus faible que le second, les guerriers sont encore avantagés sur ce point, ce qui n’est que juste. Le calcul, qui semble un peu compliqué, est en réalité très simple : la cinq centième partie de la moitié équivalent à 1 pour mille et la cinquantième partie à 1 pour cent de la somme totale.
Ce qui restait : ce qui n’avait pas été tué ou consommé pendant l’expédition.
Il n’est pas parlé des chameaux, soit que cette tribu ne fit pas usage de ce moyen de transport, soit qu’ils eussent été tués par les Israélites.
Trente-deux mille. Ce chiffre, qui ne comprend guère que les jeunes filles au-dessous de douze ans, peut paraître énorme, car il suppose une population de deux cent cinquante mille âmes environ. Mais il faut se rappeler qu’il est parlé de cinq tribus, chacune ayant son roi (verset 8) et habitant dans un certain nombre de villes et de villages (verset 10).
À Eléazar : comme esclaves (Deutéronome 20.14).
Il n’en manque pas un. Il n’est point parlé d’une intervention miraculeuse. C’est ici l’un de ces faits comme on en rencontre plusieurs dans l’histoire ancienne et moderne ; ainsi celui que raconte Tacite, Annales, XIII, 39, où nous voyons les Romains s’emparer d’une forteresse parthe et en massacrer toute la garnison sans perdre un seul homme, ou celui de la bataille racontée par Strabon, XXI, 1128, dans laquelle les Romains tuèrent mille Arabes en ne perdant que deux hommes. D’après le témoignage de Henri Arnaud, chef des Vaudois dans leur glorieuse rentrée en 1689, ces sept cents hommes, dans dix-huit attaques qu’ils firent ou soutinrent, ne perdirent que trente personnes et cependant ils avaient à lutter contre une armée de 22 000 hommes bien disciplinés et armés et commandés par d’excellents généraux (Catinat), dont 10 000 furent tués. Arnaud raconte une circonstance particulière dans laquelle les Vaudois anéantirent un détachement de cinq cents hommes qui s’était avancé contre eux et dont il n’échappa que dix à douze, tandis que les Vaudois n’eurent ni mort ni blessé.
Objets d’or. Les Madianites paraissent avoir eu une prédilection spéciale pour les bijoux d’or (voir Juges 8.26).
Chaînettes. Ce mot qui ne se retrouve que 2 Samuel 1.10 désigne peut-être une espèce de bracelet qui se portait à l’avant-bras.
Pour faire propitiation. On se demande pour quelle faute. Se sentent-ils coupables pour avoir massacré tant d’ennemis ? Mais le massacre était ordonné et ils s’étaient déjà purifiés de leur souillure lévitique. Ou bien serait-ce pour avoir épargné les femmes ? Mais rien ne suggère cette explication. Ou bien est-ce en raison du dénombrement qui venait d’être fait (verset 49 ; voir Exode 30.11) ? Mais il n’avait eu lieu que pour s’assurer d’un fait. Peut-être faut-il penser aux péchés particuliers dont chaque membre de l’armée avait pu se rendre coupable dans une pareille expédition et au sentiment de leur indignité qui devait s’emparer d’eux en présence de la grâce signalée dont ils avaient été les objets.
Seize mille sept cent cinquante sicles. Environ 268 kilogrammes d’or, quantité qui ne représente encore que la part des officiers supérieurs ; car les autres soldats gardèrent leur butin (verset 53).
Comme mémorial. Cette somme fut déposée dans le trésor du Tabernacle, sans doute pour servir, comme l’impôt du recensement (Exode 30.16), au service de la maison de l’Éternel.