Verset à verset Double colonne
C’est ici le dernier des discours de reproches et de promesses qu’Osée a mission de faire entendre à Israël. La promesse en est l’élément dominant. Cependant, avant de décrire le suprême état de grâce auquel Dieu invite son peuple (chapitre 14), Osée revient encore une fois sur les reproches (chapitre 12) et sur les menaces (chapitre 13) qu’il mérite ; après quoi il donne libre cours aux pensées de l’amour divin à son égard.
Israël, infidèle envers Dieu, infidèle à sa propre histoire, renie ses origines glorieuses. Au lieu d’entrer dans la voie de Jacob à Péniel, il court après les alliances étrangères (versets 1 à 7). Il est devenu cananéen par les sentiments et la conduite, en dépit de l’exemple de son ancêtre. Comment le châtiment se ferait-il attendre (versets 8 à 15) ?
Si nombreux sont les péchés d’Éphraïm que Dieu en est comme tout environné (voir Osée 7.2 la même image appliquée au peuple).
Juda aussi est en révolte… On peut aussi traduire : Juda règne encore et voir dans ces mots un contraste entre Israël qui marche à sa ruine et Juda qui tient encore fermement à Dieu et qui est encore debout. Mais le verset 3 permet-il ce sens favorable ? Dans le sens que nous adoptons avec la plupart des interprètes modernes, Juda est associé, comme d’ordinaire chez notre prophète, aux reproches adressés à Éphraïm.
Les saints sans doute ici les anges.
Poursuit le vent, littéralement : paît le vent, le suit comme le berger suit le troupeau qu’il paît. Il se livre à des espérances vaines qui ne lui procureront que déception.
Le vent d’orient : probablement l’emblème de la puissance assyrienne dont Israël recherche l’alliance et l’appui. Le vent qui vient du désert d’Arabie, à l’est de la Palestine, assèche tout et quand il souffle en tempête, balaie tout.
L’huile s’écoule… : allusion aux présents par lesquels les rois d’Israël cherchaient en certains moments à gagner l’appui de l’Égypte contre l’Assyrie (2 Rois 17.3). Quand l’Assyrie devient trop exigeante, les rois d’Israël se tournent vers l’Égypte ; quand celle-ci les gêne, ils se tournent vers l’Assyrie ; leur politique est sans consistance, parce qu’ils ont perdu l’appui de l’Éternel en suivant leur propre chemin.
L’huile est un des principaux produits de la Palestine, dont le sol sec et rocailleux est particulièrement propre à la culture de l’olivier. L’Égypte n’ayant pas d’oliviers, importait toute l’huile dont elle faisait usage.
Juda aussi se laisse entraîner dans la même voie qu’Éphraïm.
Il va châtier Jacob… Ce dernier terme désigne le peuple entier : Éphraïm et Juda. Il forme la transition au passage suivant qui se rapporte au patriarche Jacob, le père de la nation.
Le prophète présente au peuple l’exemple de son ancêtre. Il fut et resta le Jacob naturellement rusé et pécheur, aussi longtemps qu’il voulut atteindre son but par des moyens frauduleux, conformément à l’attitude dans laquelle il était né et qui était un emblème de son caractère. Mais ensuite il devint un nouvel homme, lorsque, brisé par le sentiment de ses fautes, il remporta la victoire sur Dieu à force d’humiliation et de persévérance de foi (Genèse chapitre 32). Or, ses descendants ont à présent marché fidèlement sur les traces du premier Jacob ; ils ont multiplié leurs ruses et leurs tromperies (verset 1). Il serait temps pour eux de l’imiter enfin dans sa repentance et dans sa conversion à Dieu.
À l’âge de la force : dans son âge mûr, par opposition au moment de sa naissance.
L’ange : l’être visible sous la forme duquel l’Éternel vint lutter avec lui et qui est appelé fréquemment l’Ange de l’Éternel.
Il a vaincu : il a obtenu de Dieu qui se présentait en ennemi la bénédiction et la délivrance, au lieu de la ruine dont il était menacé par la justice divine et par le courroux d’Ésaü.
Il a pleuré. Le récit de la Genèse ne fait pas expressément mention de ce moyen de victoire ; c’est l’esprit révélateur qui a initié le prophète à la vraie nature de cette lutte spirituelle.
Il le trouvera. On traduit souvent : il le trouva. Dans ce dernier sens, le prophète ferait allusion à la scène racontée Genèse chapitre 35, où Jacob vit de nouveau l’Éternel et où l’Éternel parla avec lui et par là avec tous ses descendants, pour leur interdire l’idolâtrie et leur promettre la possession du pays. Mais il est plus exact de traduire par le futur. Dans ce sens, Osée promet que si le peuple veut chercher Dieu, comme l’a fait jadis son ancêtre, par la repentance et par la foi, il le trouvera dans ce sanctuaire même de Béthel où il s’est manifesté autrefois et qui est maintenant souillé par l’idolâtrie.
Là il parlera… Il nous fera entendre sa voix, comme autrefois à Jacob repentant.
Dieu est toujours le même, à la fois puissant et fidèle, si tu ne désespères pas de lui et si tu reviens à lui pour faire sa volonté, il peut encore te sauver.
Canaan. C’est le nom que le prophète donne ici à Éphraïm, parce que, habitant le pays de ce nom, il s’est approprié le caractère de ses anciens habitants. Il est dans le pays et il en est. Nous caractérisons de même un homme en l’appelant un Juif, un Arabe. Les Cananéens, auxquels appartenaient aussi les Phéniciens, étaient un peuple d’habiles et rusés marchands.
Éphraïm s’excuse d’abord en alléguant son succès, puis en prétendant que ses tours d’adresse mercantile ne sont pas des péchés proprement dits. Tout le monde, en définitive, n’en fait-il pas autant ? La suite montre ce que l’Éternel pense de ces excuses.
Aux jours de fête : sans doute à la fête des Tabernacles.
Les avertissements n’ont pas manqué, et cela, par les discours que Dieu a mis dans la bouche des prophètes, puis par les visions qu’il donne quand il lui plaît et à qui il veut.
Galaad et Guilgal représentent les deux contrées à l’est et à l’ouest du Jourdain, comme Mitspa et Thabor, Osée 5.1. Le pays de Galaad est appelé, ici vanité au sens moral, de la même manière que ses habitants avaient été appelés Osée 6.8 des faiseurs de néant, c’est-à-dire de mal. Ce qu’il est au sens moral, il le deviendra au sens propre. Guilgal a été mentionné comme siège d’un culte idolâtre, Osée 4.15.
Israël a été traité bien plus doucement que son ancêtre. Celui-ci dut s’enfuir seul à l’étranger pour chercher sa femme et pour l’obtenir il dut garder les troupeaux, tandis qu’Israël a été ramené de la terre étrangère pour entrer en Canaan et il a été constamment gardé par un prophète (Moïse).
Malgré ces preuves de sa bonté, Éphraïm a sans cesse irrité, son Dieu. Celui-ci donc, au lieu de bander ses plaies et de le soigner (Osée 11.3), comme il avait fait autrefois, le livrera sans secours à la mort qu’il a méritée.