Verset à verset Double colonne
1 Dites à vos frères Ammi (mon peuple), et à vos sœurs Ruchama (graciée).Une fois Israël dans son ensemble devenu Jizréel, tous les membres du peuple peuvent aussi se saluer mutuellement d’un nouveau nom : non mon peuple devient mon peuple ; non graciée devient graciée. Ces deux enfants du prophète sont les types de tous les fils et de toutes les filles d’Israël : (vos frères, vos sœurs). Tous les noms d’opprobre donnés en commençant au peuple et à ses membres sont ainsi transformés, par une légère modification de sens, en titres d’honneur.
Ce morceau est destiné à expliquer le précédent. Dans Osée 1.2-2.1, nous avons une sorte d’énigme ; les noms sont à peine interprétés, bien des traits restent obscurs. Ici le prophète reprend cette même idée de l’adultère d’Israël, la développe et revient à la fin du chapitre à la conclusion rassurante déjà sommairement indiquée Osée 1.10-2.1. Mais souvent l’image et la réalité se confondent. L’image elle-même n’est pas toujours non plus exactement conforme à celle du chapitre 1 ; raison de plus pour ne pas prendre celle-ci à la lettre.
Plaidez contre votre mère… La mère est la personnification de la nation dans son ensemble. L’ordre de plaider est adressé aux individus qui se trouvent enveloppés dans les châtiments que le peuple a mérités dès longtemps.
Elle n’est pas ma femme… En courant après d’autres dieux, Israël s’est rendu indigne de ce titre et de cette qualité.
Qu’elle éloigne de sa face… C’est la face, c’est-à-dire le regard et le costume qui manifestent surtout la disposition impudique.
La nudité de l’enfant qui vient de naître, est pour l’adulte la suprême honte ; appliquée au pays, elle est le symbole de la dévastation.
Les deux notions alternent ; tantôt c’est l’idée du pays qui apparaît : il sera réduit en désert ; tantôt celle de la femme : dénuée de tout, elle mourra de soif. Cette double manière de s’exprimer se retrouve dans tout le reste du chapitre.
Quand il s’agit d’une nation, la faute, de l’ensemble est nécessairement celle des individus qui la composent.
Qui me donnent mon pain… La prospérité dont Israël jouissait sous Jéroboam II, il l’attribuait aux faux dieux, tandis que ces biens ne lui venaient que de l’Éternel (verset 8).
Israël infidèle ne pourra plus poursuivre sa vie de péché ; les châtiments de Dieu l’arrêteront dans cette voie mauvaise. En vain, il criera aux idoles pour leur demander secours contre ses ennemis ; il restera comme une femme abandonnée de tous, aussi bien de ses amants que de son mari.
Puis elle dira… C’est ici la repentance et le retour à Dieu qui suivront le châtiment.
Car elle n’avait pas su… Le prophète revient encore à l’idée du péché qui provoquera le châtiment et d’abord à l’oubli coupable et ingrat de la bonté divine, dans lequel demeure le peuple.
L’argent et l’or. Non seulement ce peuple ne reconnaît pas celui auquel il doit ces dons mais il les emploie à fabriquer les images et les statues des faux dieux.
Je reprendrai mon froment… : pour lui montrer de qui il tenait ces biens.
Mon, ma : opposé à mon, ma du verset 5.
En son temps… : au moment de l’année où ces produits sont mûrs et prêts à être recueillis, afin qu’Israël apprenne enfin à ne pas séparer dans sa pensée le don du donateur.
Je découvrirai sa honte… : l’état de profonde humiliation dans lequel Israël sera jeté par le châtiment de l’exil.
Personne ne l’arrachera… Ni les faux dieux, ni aucun secours humain ne pourront empêcher Dieu d’exécuter son jugement.
De ma main ; c’est Dieu lui-même qui frappera par le glaive des païens.
Même ce qui reste en Israël de culte du vrai Dieu, sabbat, nouvelles lunes, sera détruit parce que tout cela est entaché d’idolâtrie (Amos 8.5).
Comme verset 9. Israël attribuait sa prospérité aux faux dieux qu’il adorait à coté de Jéhova ; c’est pour cela qu’elle lui sera ôtée.
Les jours des Baals. Ce sont les jours de fête de Jéhova (verset 11) que l’on avait consacrés à Baal.
Son anneau et son collier : allusion à la parure dont se couvraient les femmes israélites dans ces jours de fête.
C’est pourquoi… C’est précisément parce que l’abîme dans lequel est tombé son peuple, est si profond, que l’Éternel ne veut pas l’y laisser. Impossible d’exprimer avec plus de force l’absolue gratuité du pardon et du salut.
Le Seigneur agira comme un mari qui conduit sa femme infidèle dans une solitude où elle ne trouve plus rien de tout ce qui excitait ses convoitises et où il peut, en lui parlant avec affection, lui faire comprendre quel est l’amour de celui qu’elle a délaissé.
Dans le désert… Allusion au temps où Dieu s’unit à Israël par la délivrance d’Égypte, l’alliance de Sinaï et les miracles de conservation qu’il accomplit à son égard jusqu’à l’entrée en Canaan. Dieu répétera sous une nouvelle forme ces mêmes miracles d’amour. Et je vous mènerai au désert des peuples, dit de même Ézéchiel (Ézéchiel 20.35, note).
De là… C’est de ce désert nouveau que sera daté l’acte de restitution des propriétés de l’épouse, comme c’est à Sinaï que Dieu avait renouvelé au peuple la promesse de Canaan faite dès longtemps à ses pères.
La vallée d’Acor… c’est-à-dire la vallée du trouble. Comparez Josué 7.25-26, où est raconté le supplice d’Acan et où ce nom est expliqué. Cette localité se trouvait près de Jéricho, à l’entrée du plateau de Judée, en venant du désert. Le prophète veut dire que ce passage qui, lors de la première entrée en Canaan, avait été un lieu de trouble où la colère de l’Éternel s’était fait sentir, sera transformé en une porte d’honneur que le nouveau peuple traversera avec des cris de joyeuse espérance. Cette transformation de la signification du lieu est analogue à la transformation des noms des trois enfants.
Et elle répondra là… à mes offres de grâce.
Le peuple est maintenant rétabli dans sa terre, un changement merveilleux s’opère : jusqu’alors il avait partagé son culte entre l’Éternel et Baal, donnant même parfois au premier par une étrange confusion le nom du second, qui signifie Maître ou Seigneur. Désormais Israël n’emploiera plus ce nom de Baal dans ce sens offensant pour l’Éternel ; il ne l’emploiera pas même dans un sens plus innocent pour dire à Dieu : mon maître, tant il aura horreur de ce mot et de toutes les profanations qu’il rappelle. L’amour de la nation élue pour son Dieu sera tel qu’elle n’aura plus pour lui le sentiment d’une servante pour son maître, mais celui d’une épouse pour son mari.
Mon mari…, littéralement : mon homme.
J’ôterai les noms des Baals… Comparez Zacharie 13.2 ; Psaumes 16.4.
L’épouse rentrée en grâce jouira de son bonheur avec une entière sécurité ; car Dieu fera un accord avec tous les êtres qui pourraient lui nuire, à elle ou à ses propriétés ; avec les bêtes dévorantes, les oiseaux de proie, les reptiles et les insectes dévastateurs ; la guerre même ne sera plus (Ézéchiel 34.2-30).
Je te fiancerai à moi… : répété trois fois pour donner à la promesse le caractère d’une entière certitude.
Toute la relation de Dieu avec Israël recommence à nouveau (Ézéchiel chapitre 16). Quel contraste entre cette image des fiançailles qui ne réveille que des idées pures et l’état d’Israël tel qu’il avait été représenté par l’image du chapitre 1 ! Il ne reste absolument rien du souvenir des fautes passées.
À jamais… Ce lien contracté à nouveau ne sera plus fragile comme l’avait été l’union précédente.
En justice et en jugement, en grâce et en tendresse. Le troisième de ces quatre termes répond au premier, comme le quatrième au second. Dieu fait d’Israël sa fiancée en le plaçant d’abord sous la discipline sévère de la justice et du jugement. La justice condamne tout ce qui s’est trouvé en lui de mauvais ; le jugement est le creuset du châtiment par où doit passer la femme coupable pour en sortir repentante et purifiée. À la justice correspond la grâce qui substitue l’absolution à la condamnation. Au jugement correspond la tendresse, littéralement les compassions ; ce sont les entrailles de la tendresse divine qui s’émeuvent envers sa fiancée réhabilitée pour la combler de biens. C’est par cette double école de la sévérité et de la bonté que Dieu regagne le cœur d’Israël et en fait de nouveau sa chaste fiancée.
En toute bonne foi : en toute vérité des deux parts, ce qui n’avait pas été le cas, de la part d’Israël, dans les fiançailles précédentes.
Et tu connaîtras l’Éternel… Mot sublime, désignant l’union la plus intime du peuple avec Dieu à la suite de la conversion décrite dans les versets précédents.
Il y aura une chaîne d’exaucements successifs par laquelle le ciel et la terre seront unis en faveur de Jizréel réconcilié. La nature avait été pour ainsi dire paralysée par la colère du Seigneur ; mais aussitôt que Dieu a fait grâce, le ban est comme levé et les forces de la nature fonctionnent de nouveau régulièrement. Dieu répond aux cieux en leur donnant de quoi fertiliser la terre : les pluies abondantes et les chauds rayons du soleil. Les cieux répondent au sol en lui envoyant ce qui est nécessaire pour féconder les plantes ; les plantes répondront à Israël en lui présentant leurs fruits abondants et (ce qui est implicitement renfermé dans le pour moi du verset 23) cette chaîne se referme par l’action de grâces que le peuple ainsi béni rend à son Dieu.
Et je le sèmerai…, littéralement la : Israël comme fiancée. Le peuple sera répandu avec abondance sur la totalité de la Terre Sainte (dans le pays) comme une semence dans un sol fertile. C’est ici le développement de la brève indication jetée par anticipation Osée 1.10-2.1.