Verset à verset Double colonne
1 Écoutez la parole de l’Éternel, fils d’Israël, car l’Éternel a un procès avec les habitants du pays, parce qu’il n’y a ni vérité, ni bonté, ni connaissance de Dieu dans le pays.Fils d’Israël… : apostrophe qui ne s’adresse qu’à l’Israël des dix tribus, ainsi que le montre l’ensemble du chapitre et particulièrement le dernier paragraphe (Osée 5.15-19), où Juda est soigneusement distingué de ce peuple rebelle.
Un procès… Cette image du procès entre Dieu et le peuple est fréquente dans l’Écriture ; ainsi Ésaïe 1.18 ; Michée 6.2. Tout procès suppose d’ordinaire un accord, une alliance préalable. Il en est ainsi entre Israël et son Dieu. Israël, l’une des parties contractantes, a violé l’alliance ; Dieu, par conséquent, l’autre partie, a le droit de porter plainte.
Ni vérité ni bonté : pas de bonne foi entre, frères ; pas de compassion pour les faibles, les malheureux, etc.
Ni connaissance de Dieu… La connaissance de Dieu aurait seule pu produire les deux vertus dont Osée vient de déplorer l’absence. Cette ignorance était surtout criminelle chez un peuple auquel avait été accordée la révélation prophétique.
Israël est devenu le rendez-vous de tous les crimes.
Le châtiment suivra de près le péché (comparez au chapitre suivant le développement de cette pensée qui n’est ici qu’indiquée) ; la terre elle-même punira ses habitants (comparez les menaces Deutéronome 28.16 ; Deutéronome 28.17 ; Deutéronome 28.23 ; Deutéronome 28.24, etc. ; la sécheresse du temps d’Achab, 1 Rois 17.1).
Même les poissons… (Habakuk 1.2-3) La stérilité actuelle de la Palestine atteste que les menaces de Dieu ne sont pas de vains mots.
L’Éternel exhorte chaque individu encore capable d’écouter ses avertissements à ne pas s’associer aux murmures auxquels se livre le peuple contre le châtiment dont il est menacé.
Car… En plaidant contre la conduite de Dieu, le peuple fait vis-à-vis de lui ce qu’il n’est pas permis de faire à l’égard d’un sacrificateur (Allusion à la défense, Deutéronome 17.9-13 : … L’homme qui, agissant fièrement, n’aura pas voulu obéir au sacrificateur,… mourra). Après cet avertissement, le prophète reprend le cours de sa menace.
Ton peuple… Dieu s’adresse au prophète.
Tu trébucheras… Ici, Dieu parle de nouveau à chaque Israélite.
Le jour désigne les circonstances plus faciles dans lesquelles chaque Israélite doit pouvoir par lui-même trouver son chemin ; et la nuit, les situations plus difficiles dans lesquelles il aurait besoin d’une connaissance supérieure, telle que celle du prophète.
Dans le premier cas, il est tellement aveugle qu’il manque la voie en pleine lumière ; dans le second, le prophète même, qu’il va consulter, se trompe et l’égare. Car ce ne sont plus que des faux prophètes auxquels ils ont recours. Ainsi la nation tout entière (ta mère) court à sa ruine.
On pourrait appliquer ce passage au peuple entier ; il faudrait admettre, dans ce cas, que le sacerdoce, dont il est parlé verset 6, désigne la dignité d’Israël comme peuple de sacrificateurs (Exode 19.6). Cependant, ce sens paraît bien forcé ; et comme les versets 8 et 9 s’adressent expressément à la classe des sacrificateurs proprement dits, il paraît plus naturel d’appliquer à ceux-ci le passage entier dès le verset 6.
Les sacrificateurs étaient les véritables auteurs de cette ignorance dans laquelle le peuple était plongé. Les sacrificateurs des dix tribus n’étaient point ceux de la famille d’Aaron, seuls légitimes. Les rois d’Israël les avaient établis de leur propre chef, et cela, de nom du moins, pour servir l’Éternel. Ces prêtres intrus sont menacés d’après la loi du talion d’un double châtiment : l’un qui frappera leur personne, ils seront rejetés du sacerdoce ; l’autre qui frappera celle de leurs enfants.
À l’accroissement de leur nombre correspond celui de leur méchanceté. Mais l’honneur auquel on les élève aujourd’hui tournera à leur confusion (comparez l’exemple d’Amatsia, Amos 7.17).
Plus il y a de péchés parmi le peuple, plus ces indignes serviteurs de Dieu sont satisfaits, car, par là, il arrive que le nombre des victimes à offrir augmente et par conséquent aussi la part qu’ils en retirent (Lévitique 6.26).
Nouveaux châtiments d’après la loi de la stricte rétribution : un pareil gain ne les enrichira pas et les enfants qu’ils ont dans l’impureté, périront ; cette menace est une aggravation de celle du verset 6 : J’oublierai…
Le prophète revient au peuple entier ; l’impureté et la boisson le font descendre à un degré de stupidité non moindre que celui des païens qui l’entourent (verset 12).
Allusion à une superstition païenne : on jetait à terre des bâtons, dont la position respective devait révéler les secrets de l’avenir.
Un esprit de prostitution. Ce mot est pris ici dans le sens figuré, pour désigner le penchant à l’idolâtrie.
Pas un arbre touffu pour ainsi dire qui ne devienne l’occasion et le témoin d’un culte idolâtre.
C’est pourquoi vos filles… La corruption des enfants est la conséquence de l’idolâtrie des parents. Les termes de prostitution et d’adultère sont pris ici dans le sens propre. Dans la plupart des religions idolâtres, la prostitution proprement dite faisait partie des cérémonies du culte ; aussi, qui dit idolâtrie dit impureté ; c’est une association d’idées constante chez les prophètes.
Eux-mêmes : soit les pères et les maris, soit peut-être les sacrificateurs auxquels reviendrait ici le prophète. Dans les deux cas, comment s’étonner qu’un tel exemple soit suivi ?
Comme s’il désespérait de ramener Israël, corrompu tout entier en tant que peuple et dans la personne de ses prêtres, le prophète se tourne vers Juda qu’il voudrait au moins pouvoir sauver.
Guilgal. Il est parlé parfois d’un Guilgal voisin de Silo et de Béthel, sur le plateau d’Éphraïm (Josué 9.6) ; mais il est probable que le prophète pense plutôt au Guilgal plus connu qui se trouvait dans la plaine du Jourdain, entre ce fleuve et Jéricho et dont l’emplacement a été retrouvé en 1865 dans la colline appelée par les Arabes Tell-Djeldjoul. Cet endroit avait été la première station d’Israël après le passage du Jourdain ; c’était là que le peuple avait été circoncis et avait célébré la première Pâque en Canaan. Il était resté sacré et avait probablement été changé en un lieu de culte idolâtre. Il appartenait alors, aussi bien que Jéricho (1 Rois 16.34), au royaume des dix tribus.
Beth-Aven, littéralement, maison de néant. Ce nom formé par Osée remplace ironiquement celui de Béthel, qui signifie maison de Dieu. Amos 5.5, en mentionnant tous ces mêmes lieux de culte, avait dit : Béthel deviendra néant. Osée part de là pour transformer le nom même de Béthel. Le lieu illustré par l’apparition de Dieu à Jacob et auquel le patriarche avait donné le nom mémorable de Béthel, mais où l’on a établi le culte du veau d’or, n’est plus qu’un Beth-Aven !
Ne jurez pas… Le serment au nom de l’Éternel n’était point défendu ; c’était un acte d’adoration. Il s’agit donc d’un serment dans lequel on emploie la formule qui ne devait s’appliquer qu’à l’Éternel, à l’honneur du veau d’or ou de quelque idole.
La menace renfermée dans ces mots contre Israël doit servir d’avertissement à Juda.
Un pays ouvert. Israël indocile est comparé à un troupeau qui paît dans une campagne ouverte à toutes les incursions de l’ennemi, c’est-à-dire auquel l’Éternel retire désormais toute protection.
Laisse-le faire. Cette invitation est encore adressée à Juda, dans sa relation avec Israël.
Leurs chefs, proprement : leurs boucliers ; leurs protecteurs naturels.
Le vent pourrait représenter la tempête qui les emportera à la ruine ; mais le temps du verbe indique plutôt un fait passé. Le prophète pense sans doute à cet esprit d’impureté et d’idolâtrie dont il a été parlé au verset 12. Le mot hébreu signifie à la fois vent et esprit.