Verset à verset Double colonne
Unis et joyeux, dans la paix de Dieu, qu’ils recherchent toutes les vertus chrétiennes
Appel plein d’affection à demeurer en Christ. Exhortations individuelles à l’union (1-3).
Le devoir de la joie, de la douceur ; combattre les inquiétudes par la prière et conserver la paix de Dieu (4-7).
Tableau de la vie morale ; les Philippiens doivent rechercher toutes les choses bonnes et dignes de l’attention du chrétien, agir selon l’exemple de l’apôtre et le Dieu de paix sera avec eux (8, 9).
Cette tendre exhortation de l’apôtre à ceux qui sont ici-bas déjà sa joie et qui seront au jour de Christ sa couronne, c’est-à-dire la glorieuse récompense de ses travaux (2 Corinthiens 1.14 ; 1 Thessaloniciens 2.19 et suivants), cette exhortation à demeurer fermes dans le Seigneur (1 Thessaloniciens 3.8), se fonde, comme le montre la transition par c’est pourquoi, sur la grande et impérissable espérance exprimée dans les derniers versets du chapitre précédent.
Plus le chrétien a une vue claire et une attente assurée du but glorieux vers lequel il tend, plus il y puise de force et de constance pour « persévérer jusqu’à la fin ».
Ces deux femmes chrétiennes, peut-être des diaconesses de l’Église, auxquelles l’apôtre rend un si beau témoignage (verset 3), avaient-elles laissé s’élever entre elles quelque dissentiment qu’il veut aplanir ? Cela est possible, mais ne ressort pas nécessairement des paroles que Paul leur adresse.
Qui était ce compagnon d’œuvre de l’apôtre ? On ne peut répondre à cette question que par des conjectures. L’apôtre, en recommandant Evodie et Syntyche à ce disciple (oui, toi aussi est la vraie leçon ici rétablie), pense qu’il pourra contribuer à établir entre elles l’union à laquelle il les exhorte.
S’agit-il de Clément, plus tard évêque de Rome, dont on a une lettre aux Corinthiens ? Les Pères de l’Église l’ont admis ; la chose est incertaine.
Image empruntée à l’usage d’inscrire dans un livre tous les citoyens d’une cité (Psaumes 69.29 ; Luc 2.1-3 ; et, dans ce sens spirituel, Luc 10.20) ; expression frappante de l’assurance de l’apôtre quant au salut éternel de ceux dont il parle.
Réjouissez-vous ! telle était la formule de salutation chez les Grecs.
Mais l’apôtre, en exhortant les chrétiens à la joie et en leur indiquant par ces mots : dans le Seigneur, la source intarissable de cette joie, donne à la salutation un sens tout nouveau.
Si l’on demande : Comment le fidèle peut-il être toujours joyeux dans un monde où il est entouré de tant de sujets de tristesse, toujours joyeux dans ses rudes combats contre le péché, dont la plus légère atteinte est si propre à le remplir d’une amère douleur ? il n’y a à ces questions qu’une réponse, mais elle est suffisante : Réjouissez-vous dans le Seigneur.
La pensée que le Seigneur est proche, que bientôt il va paraître (Apocalypse 1.3 ; Apocalypse 22.10), est infiniment propre à inspirer au chrétien cette douceur que l’apôtre recommande à l’égard de tous les hommes, même de ceux qui le haïssent et le persécutent.
Quelques interprètes, Calvin entre autres, mais à tort, entendent ces mots : le Seigneur est proche, de la toute présence de Dieu, qui sonde les cœurs. D’autres, tout en les appliquant à la venue du Christ, les lient au verset suivant et en font un argument contre les inquiétudes. La première interprétation nous paraît la plus conforme à la pensée de l’apôtre.
Il serait tout aussi impossible de ne s’inquiéter d’aucune chose, que de se réjouir toujours, si l’Évangile n’offrait constamment les moyens et les remèdes (Matthieu 6.25 et suivants).
Aux inquiétudes, Paul oppose la prière, la supplication (prière plus instante), par laquelle l’enfant de Dieu dépose dans le sein de son Père céleste chaque sujet d’inquiétude ou de peine et lui demande la force de tout supporter.
Mais pourquoi l’action de grâce, quand on est dans l’affliction et dans la crainte ? Parce que, même en ses mauvais jours, le chrétien a plus de motifs de reconnaissance et de joie pour les grâces qu’il a reçues, que de plainte ou de tristesse pour les épreuves auxquelles il est exposé. Et même s’il lui arrive de ne pouvoir pas prier avec confiance, l’action de grâce, montant vers Dieu du fond d’un cœur vraiment reconnaissant, lui ouvrira les sources de la prière.
Autre bienfait, bienfait immense qui sera le fruit de la prière et de l’action de grâce, opposées aux inquiétudes. Cette paix de Dieu, le plus grand de tous les biens, surpasse toute intelligence, parce que la raison humaine ne comprend pas qu’elle existe là où tout est propre à produire l’inquiétude et le trouble. Le chrétien lui-même, dans l’affliction, ne voyant aucun moyen de délivrance, éprouve que la paix de Dieu surpasse tous les efforts inquiets de son esprit pour trouver la paix.
L’apôtre ne parle point ici de la paix qu’on ressent lorsque le mal cesse, mais d’une paix qui, au sein même de l’épreuve, remplit l’âme de consolations et n’y laisse pas pénétrer le trouble. Or, qu’un homme reste en paix sous la croix, calme dans la tempête et se réjouisse dans les tribulations, voilà ce que la raison humaine ne peut comprendre. Cette paix de Dieu garde le cœur et les pensées en Jésus, dans sa communion, de sorte que l’homme persévère jusqu’à la fin pour être sauvé
Par ce mot au reste (comparez Philippiens 3.1), l’apôtre résume tout ce qu’il pourrait avoir encore à dire à ses frères pour les porter à une vie vraiment chrétienne à tous égards ; il voudrait épuiser les traits qui en forment le caractère complet, comme le prouve ce mot toutes les choses, six fois répété.
Tout ce qui est, moralement et selon l’esprit de l’Évangile, vrai, sans fausseté ou hypocrisie ; honnête ou digne ; juste, en soi ou à l’égard des hommes ; pur, dans les mœurs et les intentions ; aimable, comme l’est toujours pour les autres la charité jointe à l’humilité ; de bonne réputation (Grec : « ce qu’on aime à entendre prononcer ») : voilà, en quelques traits, le portrait d’un caractère beau et bon.
Ici l’apôtre rompt sa construction et, comme pour ne rien oublier, il ajoute : s’il y a (encore) quelque vertu (c’est, avec 2 Pierre 1.5, le seul passage où ce terme soit appliqué à la morale) et s’il y a quelque louange vraiment méritée et exempte de flatterie, pensez à ces choses. Paul va dire qu’on doit les faire (verset 9), mais pour cela il faut d’abord qu’elles soient dans nos pensées, dont le cours habituel nous révèle seul ce que nous sommes véritablement.
Comparer Philippiens 3.17, note. L’apôtre poursuit son exhortation du verset 8. Ces choses, ou ces vertus chrétiennes, les Philippiens les avaient apprises, reçues, entendues par son enseignement et les avaient vues dans sa conduite ; donc, ils pouvaient et devaient les faire eux-mêmes.
Le Dieu de la paix : beau et précieux nom du Dieu de l’Évangile qui donne la paix ! S’il est avec nous, la promesse exprimée au verset 7 sera pleinement accomplie.
Sa joie au sujet des secours qu’ils lui ont envoyés ; ils ne lui étaient pas indispensables, car il sait être content et dans la pauvreté et dans l’abondance ; il peut tout en Celui qui le rend fort ; mais il est heureux qu’ils aient pris part à ses afflictions (10-14).
Eux seuls, déjà en Macédoine, lui avaient fourni de quoi subvenir à ses besoins ; ce n’est pas là ce qu’il recherche, mais plutôt les fruits qu’ils recueilleront de leur charité (15-17).
Il est donc comblé de biens et il considère leurs dons comme un sacrifice agréable à Dieu, qui lui-même comblera tous leurs besoins (18, 19).
À cause de leur éloignement de l’apôtre, jusqu’au moment où ils ont pu lui envoyer Épaphrodite (verset 18). Il y a dans ces remerciements de Paul, pour des secours temporels qu’il avait reçus de ses frères (versets 10-19), une simplicité chrétienne qui est le fruit de la vraie humilité.
Souvent la délicatesse qui ne veut rien recevoir renferme au moins autant d’orgueil que de désintéressement. Mais aussi comme l’apôtre se montre élevé au-dessus de toute recherche d’avantages terrestres (versets 11 et 17) !
Bien plus, s’il a accepté les dons des Philippiens, s’il s’en est réjoui, s’il les en remercie avec tant de simplicité de cœur, c’est qu’il avait l’assurance que ce sacrifice était agréable à Dieu (verset 18) et qu’il ne nuirait en aucune manière à la cause de l’Évangile dans l’esprit des membres de cette Église.
Là où l’apôtre n’avait pas cette conviction, il refusait absolument tout secours, même au risque de froisser les sentiments de ses frères (Philippiens 4.15 ; 2 Corinthiens 11.7-12 ; Actes 20.33 ; Actes 20.34).
Par ces derniers mots, qui indiquent si bien la plénitude de la grâce dont Dieu peut combler un pauvre pécheur, Paul se hâte de donner à Celui qui le fortifie (le texte reçu dit « Celui qui me fortifie, Christ », mais ce mot n’est pas authentique, quoique certainement dans la pensée de l’apôtre) toute la gloire de cette difficile science du contentement d’esprit, même au sein des privations (versets 11 et 12).
Qui ne s’assure que sur ses propres forces, connaîtra bientôt, par une triste expérience, qu’il ne peut rien sans Jésus-Christ : qui ne s’appuie que sur sa grâce, éprouvera, par sa fidélité, qu’elle est toute-puissante. Quelle consolation dans l’extrémité de nos maux et de notre faiblesse ! Ne nous la ravissons point à nous-mêmes, ou par défiance ou par présomption
Grec : « Ne communiqua avec moi pour un compte de don et de recette ».
Les Philippiens ont tenu un compte de ce qu’ils donnaient à l’apôtre et de ce qu’ils recevaient de lui et l’apôtre en faisait autant à leur égard. Sous cette image empruntée aux relations commerciales, Paul dépeint cet échange de services qu’il n’avait pratiqué qu’avec l’Église de Philippes.
Ainsi, ce fut immédiatement après leur conversion à l’Évangile et la fondation de leur Église (Actes 16) que les Philippiens envoyèrent à l’apôtre des fruits de leur charité (Actes 17.1).
Paul veut parler du fruit spirituel que les Philippiens devaient recueillir en exerçant leur amour pour lui.
Cette abondance dont parle l’apôtre n’était probablement qu’un secours fort modique ; mais sa modération dans les choses de cette terre fait qu’il s’envisage comme étant comblé de biens.
Et quant aux Philippiens, à quelle hauteur toute religieuse n’élève-t-il pas leur don, qu’il regarde comme un sacrifice offert à Dieu, un sacrifice qu’il accepte, qui lui est agréable, ainsi que l’odeur du parfum (comparer Éphésiens 5.2 Paul ne craint pas de désigner par les mêmes termes le grand sacrifice de Jésus et les petits sacrifices des disciples).
Jésus-Christ aussi envisage les dons de la vraie charité, comme lui étant faits à lui-même (Matthieu 25.40).
Quel motif d’action pour ceux qui peuvent donner et de religieuse reconnaissance pour ceux qui reçoivent !
Temporels et spirituels.
Grec : « En gloire », dans sa gloire éternelle, où ses enfants moissonneront si abondamment ce qu’ils auront semé ici-bas.
Gloire à Dieu ! (20)
Salutations mutuelles (21, 22).
Vœu et prière (23).
Grec : « Tout saint », chacun d’eux, nom par nom, en sorte que chacun reçoive personnellement ces salutations et ces vœux apostoliques et qu’aucun ne soit oublié ou laissé de côté.
Il salue d’abord de la part de ses compagnons d’œuvre (verset 21), puis de tous les saints, c’est-à-dire de toute l’Église de Rome, mais spécialement de ceux de la maison de César. Ceci est bien digne de remarque et un signe peu ordinaire de la miséricorde divine, que l’Évangile (sous Néron) eût pénétré dans cet abîme de tous les crimes et de tous les vices ; d’autant plus admirable que l’on trouve plus rarement les saints dans les cours.
Comparer Romains 16.24 ; 1 Corinthiens 16.23 ; 2 Corinthiens 13.13 ; Galates 6.18 ; 2 Thessaloniciens 3.18
Le texte reçu et quelques manuscrits lisent : soit avec vous tous. Plusieurs aussi omettent ici amen, qui se trouve déjà au verset 20.