Verset à verset Double colonne
Les remarques que nous avons présentées en tête du psaume 111 concernent aussi celui-ci. Nous nous bornons donc à rappeler ici le sujet du psaume : il célèbre le bonheur de l’homme qui craint l’Éternel. Dieu le bénit, lui et les siens, de biens temporels (verset 3), mais le plus grand privilège d’un tel homme, celui auquel s’arrête le psalmiste avec le plus de détails, est de reproduire en sa vie quelque chose de ce qui est dit de Dieu lui-même dans le psaume précédent. L’Éternel est miséricordieux (Psaumes 111.4-5, Psaumes 111.9) ; l’homme qui le craint l’est aussi (versets 4, 5, 9) ; l’Éternel est juste et sa volonté sainte est stable (Psaumes 111.6-9) ; l’homme qui le craint est inébranlable en face du mal et de l’injustice (versets 6 à 9).
Louez l’Éternel. Voir sur le mot Alléluia l’introduction au Psaume 111.
Heureux l’homme… Ce verset est le thème du psaume entier.
Sa race sera puissante…, littéralement : sera une race de héros. Le juste est encore béni sur la terre, même après sa mort, en la personne de ses descendants. C’est l’inverse de ce qui est dit du méchant Psaumes 109.9-10. L’un et l’autre psaume s’en tiennent aux signes de la bénédiction ou de la malédiction divines que l’on peut discerner sur la terre. On a eu tort de conclure de paroles telles que celles-ci que l’Ancien Testament ignore ou même nie une existence à venir (voir Psaumes 16, 17, 73). Ce qui est vrai, c’est que, avant que l’œuvre du Seigneur eût changé en certitudes les espérances du croyant relatives à la vie à venir, le regard du fidèle cherchait, plus que ce n’est le cas maintenant, les témoignages de la bénédiction de l’Éternel dans la vie terrestre elle-même. Au reste, même dans ce psaume-ci, le psalmiste s’arrête peu aux bénédictions temporelles (verset 3) et insiste beaucoup plus sur ce qui fait la richesse spirituelle du fidèle (versets 4 à 9). Quant aux signes visibles de la protection divine, ils ne manquent pas plus, quoi qu’on en dise, maintenant qu’autrefois. De tout temps, il est vrai, il y a eu des Lazare manquant de tout, quoique espérant en Dieu, des impies momentanément prospères (Psaumes 37, 73) ; mais, en règle générale, celui qui craint Dieu est béni, ne fût-ce que parce qu’il trouve dans la situation, quelle qu’elle soit, où Dieu le place, plus de biens réels que le vicieux ou l’avare insatiable n’en trouve dans son abondance même.
Sa justice demeure à toujours. Ce qui est dit Psaumes 111.3 de la justice de Dieu est dit dans ce psaume, à deux reprises (versets 3 et 9), de celle de l’homme qui craint l’Éternel ; c’est que cette justice, par laquelle il s’efforce de conformer sa vie à la volonté divine, est dans le fidèle un reflet de celle de Dieu, en même temps que le fruit de l’action secrète de l’Esprit de Dieu ; elle ne peut donc périr.
La lumière se lève dans les ténèbres… Comparez Ésaïe 60.2 ; Psaumes 97.11. La nuit de l’adversité peut venir sur le fidèle ; mais elle est toujours suivie d’une nouvelle aurore.
Miséricordieux, compatissant, juste : trois vertus de l’homme qui craint l’Éternel. Elles correspondent à ce qui est dit Psaumes 111.4 de l’Éternel lui-même ; cet éloge est développé, dans la suite du psaume.
Heureux l’homme…, littéralement : Bien sera à l’homme… Comparez Ésaïe 3.10.
Il gagnera sa cause en jugement. D’autres traduisent : Il règle ses affaires avec droiture ; mais le verbe hébreu, qui signifie soutenir, est plus favorable à notre traduction.
Il ne sera jamais ébranlé. Il ne faiblira pas dans la défense du bon droit (versets 7 et 8), et, quand il mourra, son nom restera en bénédiction.
Aucun mauvais bruit, qu’il s’agisse de menaces et de calomnies ou d’événements redoutables. C’est ici le contraire de ce qui est dit du méchant, Job 15.21-22.
Son cœur, bien assuré, proprement : bien appuyé. C’est le même mot que nous avons traduit par stable dans le verset correspondant du Psaume 111.
Jusqu’à ce qu’il voie en ses ennemis… La phrase hébraïque reste incomplète, mais le sens se devine. Voir Psaumes 54.9, note ; Psaumes 91.8. Sur le sens de jusqu’à ce que, voir Psaumes 90.1, note.
Il a répandu. Il va sans dire qu’il n’est pas question ici d’une bienfaisance intéressée, qui trouve sa récompense dans le bruit qu’elle fait ou qui prétend acheter la faveur de Dieu (Matthieu 6.2), mais de celle qui est une forme du don du cœur à Dieu. Comparez Proverbes 11.24 ; 2 Corinthiens 9.9.
Sa corne : sa force, redoutable aux méchants. Elle s’élèvera, tandis que celle des impies sera abattue (Psaumes 75.11).
Il grince des dents : rage impuissante (Matthieu 8.12).
Et se consume : comparez Proverbes 14.30 : La jalousie est la carie des os.
Le désir des méchants périra : par cela même qu’il ne trouvera jamais sa satisfaction.