Verset à verset Double colonne
Ce psaume fait allusion à une domination étrangère oppressive et cruelle (verset 3). Sous le poids qui l’accable, le peuple semble se diviser en deux partis opposés : les fidèles droits de cœur demeurent inflexibles dans leur foi ; d’autres Israélites suivent des sentiers tortueux, en cherchant à s’accommoder aux circonstances (versets 4 et 5). La domination persane, modérée et même parfois bienveillante, ne mérita pas d’être appelée un sceptre de méchanceté, sauf sous le règne d’Artaxerxès Mnémon, où des impôts exorbitants furent prélevés sur les sacrifices ; mais il ne semble pas que ces exactions aient été une occasion de chute pour quelques Juifs. Il est peut-être plus naturel, dirons-nous avec M. Bovet, de rapporter ce psaume au temps de la domination des rois grecs, probablement au demi-siècle qui précéda le coup d’État d’Antiochus Épiphane et l’insurrection des Maccabées. Jamais le sceptre de fer de la tyrannie étrangère ne s’était autant appesanti sur Juda… et ce qui rendait la situation plus grave, c’est qu’il s’était formé chez les Juifs mêmes un parti qui favorisait ouvertement l’introduction des mœurs grecques et l’abandon de la religion nationale. Notre psaume est, au milieu de telles circonstances, l’affirmation calme et ferme de la position inébranlable d’Israël, protégé par l’Éternel (voir l’introduction au psaume précédent).
Ceux qui se confient en l’Éternel. C’est ici comme la reprise de la dernière affirmation du psaume précédent.
Des montagnes l’entourent. De la colline du temple, les pèlerins semblent contempler le cercle de montagnes qui entoure Jérusalem de plusieurs côtés ; ils y voient l’image de la protection dont l’Éternel enveloppe son peuple.
Le triomphe du mal ne saurait durer.
Car le sceptre. Comme preuve de la stabilité d’Israël, le psalmiste allègue un fait à venir, mais certain : le renversement du règne des méchants. La foi raisonne encore de même ; elle sait que le triomphe du bien est assuré, car le règne permanent du mal est impossible.
Le sceptre (littéralement : la verge, le bâton) de méchanceté. Cette expression éveille à la fois l’idée de domination et celle de mauvais traitements.
Le lot des justes : le pays qui leur est dévolu comme propriété.
Afin que les justes ne mettent pas la main. L’Éternel ne permettra pas que les justes soient tentés au-delà de leurs force (1 Corinthiens 10.13 ; Matthieu 24.22).
Le sort du fidèle et celui des membres du peuple qui dévient de la stricte obéissance à l’Éternel.
Fais du bien à ceux qui font le bien : répétition des mêmes termes, destinée à faire sentir la justice d’une telle rétribution. Comparez Psaumes 18.26-27 ; Matthieu 5.7 : Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Ceux qui se font des sentiers tortueux. Le faux Israël veut bien arriver au bonheur promis, mais en évitant les luttes et l’opprobre d’une confession franche de sa foi. L’Éternel ne fait pas de différence entre ces faux serviteurs et les ouvriers d’iniquité. Ils se verront contraints, comme par une logique vengeresse, à aller jusqu’au bout dans la voie du mal qui est celle de la perdition.
Les ouvriers d’iniquité sont, pensons-nous, pour le psalmiste, les Juifs qui ont ouvertement apostasié.
Paix sur Israël : sur l’Israël de Dieu (Galates 6.16). Ce vœu, qui termine aussi le Psaume 128, pourrait bien -être, dans ce cas-ci, une addition liturgique, destinée à adoucir, pour la lecture publique, la menace terrible du dernier verset du psaume.