Verset à verset Double colonne
Après les angoisses décrites au Psaume 22, voici le poème par excellence de la confiance sereine en l’Éternel, le bon berger. David avait été berger ; il le fut en un sens toute sa vie, puisqu’il avait été tiré d’auprès des brebis pour paître le peuple de l’Éternel (Psaumes 78.71). La tâche qu’il eut à remplir comme roi, aussi bien que celle qu’il avait remplie comme fils cadet d’Isaï, était bien de nature à lui rappeler ce que lui-même pouvait attendre de l’Éternel, qui l’avait pris sous sa direction et sous sa garde. Ce fut sans doute à une époque paisible de sa vie, succédant à des temps agités (verset 4), qu’il composa ce psaume. Les prophètes ont repris plus d’une fois cette image du berger, soit pour rappeler ce qu’est l’Éternel pour son peuple (Ésaïe 40.11), soit pour faire sentir aux rois, les bergers d’Israël, leur responsabilité et pour annoncer le vrai pasteur de l’avenir (Ézéchiel 34.7, Ézéchiel 34.14 ; Ézéchiel 37.24 ; Zacharie 10.3, etc.). Jésus, à son tour, dans les paroles que nous a conservées Jean (Jean 10.2-5 ; Jean 10.11-18 ; Jean 10.27-29), ne s’est pas borné à se désigner clairement comme le berger de la prophétie, mais a décrit, comme dans un nouveau cantique, l’intimité des relations qui l’unissent à ses brebis.
Une première strophe célèbre le repos et l’abondance dont jouit celui qui a l’Éternel pour berger (versets 1 à 3). La suivante parle de sa sécurité dans le danger (versets 4 et 5). Une troisième strophe, d’un seul verset, forme, la conclusion du psaume.
Mon berger
D’autres noms de Dieu, tels que Seigneur, Roi, Créateur, inspirent toujours une sorte de crainte. Il n’en est pas de même du mot de berger, qu’il suffit d’entendre pour éprouver confiance, consolation, sécurité. Mais, pour bien comprendre cette image, il faut observer ce qu’est une brebis. Elle ne vit que grâce à la protection et à la sollicitude de son berger. Dès qu’il lui manque, elle est entourée de dangers et menacée de périr. Elle n’est qu’un pauvre petit animal, dépourvu d’armes pour se défendre et d’intelligence pour retrouver sa voie. Il est une chose pourtant qu’elle sait faire : se tenir près de son berger et compter sur sa force et sa fidélité. Tant qu’il est près d’elle, elle le suit, sans s’inquiéter de rien et sans redouter personne ; elle reste paisible et joyeuse, car il ne lui manque rien
Des parcs : c’est l’abri que trouve la brebis pour y passer la nuit. Dès le matin la brebis sait qu’elle ne manquera de rien. Tout autour de son parc, elle broute une herbe abondante.
Le long des eaux tranquilles. Au moment de la chaleur de midi, le berger trouve pour son troupeau un endroit ombragé au bord d’un courant d’eau.
Il restaure, littéralement : il fait revenir mon âme.
Sentiers unis, littéralement : sentiers de justice, le mot de justice, en hébreu, signifiant : ce qui est droit. Pour s’en tenir à l’image du psaume, il faut voir ici un sentier bien tracé. Mais l’application morale et spirituelle de l’image saute aux yeux (Éphésiens 2.10).
À cause de son nom. La bonne réputation du berger est engagée à ce qu’il conduise bien son troupeau.
La vallée de l’ombre de la mort. Nous voici au soir, où l’ombre s’épaissit peu à peu et où il faut revenir au bercail en traversant une vallée redoutable, dans laquelle abondent les bêtes féroces. La brebis se serre près de son berger, en se plaçant sous la protection de sa houlette.
Ta houlette et ton bâton. Ce sont une seule et même chose, servant à la fois d’appui pour le berger et de signal pour la brebis. Ainsi la verge de Moïse rappelait à Israël toute la puissance de Dieu (Exode 17.5, Exode 17.9) et la croix est pour le chrétien le symbole de la victoire de Christ.
Tu dresses la table. L’image du berger se transforme en celle d’un hôte bienveillant.
À la vue de ceux qui me persécutent. Les ennemis sont condamnés à assister au triomphe des fidèles. Comparez Esther 6.11.
Tu oins ma tête. Le sens propre et le sens spirituel se touchent. L’onction d’huile, accordée aux hôtes que l’on recevait, était, en même temps qu’un rafraîchissement pour le corps, un symbole de joie et de bénédiction divine.
Conclusion. Plus de dangers. mais une sécurité absolue et durable. La félicité du fidèle, déjà grande au début de sa carrière (verset 1), est arrivée à son comble.
Il n’y aura que…, hébreu : Seuls les biens et la miséricorde me poursuivront. Autrefois les ennemis poursuivaient le fidèle. Ils sont remplacés par les biens et les gratuités.
La maison de l’Éternel. Peut-être David pense-t-il ici au privilège qui lui est accordé d’habiter, après toutes les agitations de sa vie, dans la proximité de l’arche de l’Éternel, établie en Sion (Psaumes 15.1 ; Psaumes 27.4). C’est là une belle image de la sécurité et des joies que les fidèles trouveront pour l’éternité dans les demeures que le Sauveur leur prépare (Jean 14.2).