Verset à verset Double colonne
Nous trouvons dans ce psaume un exemple de la puissance de la prière, pour changer dans le cœur du croyant la tristesse en joyeuse confiance, avant même que les circonstances extérieures dont il souffre soient modifiées. Ce résultat cependant ne se produit pas sans une lutte spirituelle qui se reflète dans les changements de ton très distincts du psaume. Déjà dans la première partie, le suppliant s’efforce, tout en priant, de croire au secours certain de l’Éternel (versets 1 à 9). Puis la tristesse le saisit. à mesure qu’il expose à Dieu le misérable état où l’ont réduit ses ennemis (versets 10 à 14). Mais quand il a tout confié à l’Éternel, la prière de la foi devient victorieuse (versets 15 à 19). Aussi la dernière partie du psaume n’est-elle plus qu’une action de grâces (versets 20 à 25).
Le moment de la vie de David auquel nous semble convenir le mieux la complainte des versets 10 à 14 est celui où il était sur le point de fuir définitivement la cour de Saül (1 Samuel 20.1). Il y a longtemps déjà qu’il souffre (versets 10 et 11) ; la malveillance à son égard est devenue générale on le fuit, on complote contre lui (versets 12 à 14), il ne lui reste plus qu’à se jeter seul dans l’inconnu, mais il sait qu’ayant l’Éternel avec lui, il est comme dans une ville forte (verset 22).
La dernière parole que le Sauveur prononça sur la croix est tirée de Psaumes 31.6. Par ce trait, aussi bien que par son caractère général, ce psaume rappelle le Psaume 22. Cependant il en diffère en ce que l’on n’y trouve aucun trait qui ne puisse se rapporter complètement à David et surtout par le sentiment du péché qui s’y fait jour (verset 11).
Que je ne sois jamais confus. Voir Psaumes 25.20, note.
Par ta justice. Voir Psaumes 25.8, note.
Un rocher où je me réfugie, hébreu : un rocher de refuge. C’est là ce que furent pour David les rochers du désert de Juda.
Car tu es mon rocher. Ce que je cherche, je sais que je le possède en toi.
À cause de ton nom. Voir Psaumes 23.3, note.
Mon asile : mes moyens de défense ne résident pas en moi-même, mais uniquement en toi.
Je remets mon esprit… Dieu n’est vraiment notre rempart (verset 5) que si nous lui remettons ce qu’il y a de plus intime en nous, cet esprit, qui d’ailleurs est son propre souffle (Genèse 2.7). David remet à Dieu son esprit, pour échapper à la mort. Jésus le lui remet pour être gardé dans la mort même (Luc 23.46).
Tu m’as racheté. Fondé sur les délivrances passées, David envisage la délivrance à venir comme déjà accomplie, car Dieu, en qui tout est vérité et fidélité, ne saurait le tromper.
Jean Huss, marchant au bûcher, répéta plusieurs fois les paroles de ce verset.
Les vanités trompeuses sont les idoles, le contraire du Dieu de vérité (verset 6). Comparez Deutéronome 32.21 ; Jérémie 8.19. David ne plaint pas, il hait ceux qui, connaissant l’Éternel, l’abandonnent pour ce qui n’est que mensonge. Comparez Psaumes 26.5.
Je veux me réjouir… parce que tu as regardé… Comparez les paroles du cantique de Marie, Luc 1.47-48. La foi de David s’affermit de plus en plus ; il se voit déjà délivré et cheminant sans risquer de faire de faux pas (Psaumes 23.3 ; Psaumes 26.12).
David n’a pu se réjouir en Dieu qu’en détournant son regard de son triste état. Il y pense de nouveau maintenant, mais c’est après l’avoir envisagé en face en présence de Dieu, que sa foi remportera une victoire complète.
À cause de mon péché. Cet aveu montre que quand David en appelle à la justice de Dieu (verset 2) et se dit lui-même juste (verset 19), il ne se fait néanmoins pas d’illusion sur son état devant Dieu. Les accusations de ses ennemis sont fausses, mais l’Éternel a le droit de l’accuser.
Un opprobre… Sa cause est tellement décriée que l’on a honte d’avoir été en relation avec lui, que ses amis tremblent d’être confondus avec lui et que ceux qui l’aperçoivent de loin se hâtent de s’éloigner.
Un vase au rebut. Comparez 1 Corinthiens 4.13.
Car j’ai entendu… Les plaintes des versets 12 et 13 ne sont point exagérées, car…
Maintenant, il peut de nouveau regarder à Dieu et implorer son secours.
Mais moi… Sans s’inquiéter du mépris, des accusations, des complots, David se confie en l’Éternel.
Il n’y a rien de plus difficile, quand nous voyons que tout le monde se moque de notre foy, que d’adresser nos propos à Dieu seul et nous arrêter à ce témoignage que notre conscience nous rend qu’il est notre Dieu
Mes temps sont dans ta main. On a beau comploter de m’ôter la vie : tant pour sa durée que pour les événements qui la remplissent, cette vie ne dépend que de toi.
Les mains des ennemis prétendent retenir ce qui est en réalité dans la main de l’Éternel.
Fais luire ta face… Comparez Psaumes 4.7.
Le psalmiste, comme le chrétien, se réjouit même dans les afflictions (Romains 5.3), car c’est alors que le trésor caché de la bonté de Dieu lui est révélé, en réponse à sa prière.
Que tu tiens en réserve, littéralement : que tu as cachée sous le voile de l’adversité, pour la déployer au moment opportun et publiquement (à la vue des fils des hommes) envers ceux qui savent croire malgré tout. Toute l’histoire de David est dans ces paroles. Cette bonté de Dieu est la manne cachée dont parle Apocalypse 2.17.
Sous la protection de ta face. Quelles machinations peuvent encore nuire, à ceux vers lesquels l’Éternel abaisse sa face avec bienveillance ?
À couvert, hébreu : dans une retraite couverte. C’est le mot employé Psaumes 10.9, pour désigner le fourré épais dont le lion fait sa tanière. Comparez Psaumes 27.5.
Dans une ville forte, qui est la présence même de l’Éternel (Psaumes 46.2, Psaumes 46.12 ; Psaumes 91.2).
Dans ma précipitation : dans la hâte et l’agitation de l’anxiété.
L’action de grâces finale et en même temps le psaume entier aboutissent à une exhortation adressée à tous les fidèles.
Fortifiez-vous… Ce sont les termes mêmes de l’exhortation adressée par l’Éternel à Josué (Josué 1.6-7, etc.).