Verset à verset Double colonne
Nous retrouvons en tête de ce psaume, ainsi que des quatre suivants, le titre de Mictham, que nous avons déjà vu au Psaume 16 et qui désigne probablement un écrit particulièrement soigné, en ce qui concerne la forme lyrique. On est frappé, à la lecture de quelques-uns de ces psaumes, du 56 en particulier, de la répétition voulue de certains mots (versets 2 et 3) et de certaines pensées (versets 5 et 11 à 12), qui donne au langage un tour artistique spécial.
Il est probable que les collectionneurs du recueil, qui groupaient les psaumes d’après des ressemblances extérieures, aussi bien que d’après l’analogie interne des pensées, ont établi un rapprochement entre la parole du psaume précédent : Oh ! Qui me donnera l’aile de la colombe ! Et l’indication musicale de notre psaume : Colombe des térébinthes lointains. Cela indiquerait qu’ils ont déjà trouvé ce dernier psaume muni de sa suscription et ont même envisagé cette notice comme inséparable du cantique. Les termes mêmes du psaume se rapportent bien à la position de David exilé et fugitif (verset 9).
Le refrain des versets 5 et 12 divise le psaume en deux strophes. La première expose en quatre versets la situation du persécuté et la confiance qu’il met en Dieu (versets 2 à 5). Ces deux pensées sont reproduites avec plus de développements dans la seconde strophe (versets 6 à 12). Le psaume se termine par une parole d’actions de grâces (versets 13 et 14).
Colombe des térébinthes… C’est ici apparemment le titre d’un chant dont on empruntait la mélodie pour notre psaume. Notre traduction ne s’obtient qu’au moyen d’une légère modification du texte. Le sens littéral est : Colombe muette des (pays) lointains.
Le mortel, hébreu : l’homme, dans ce qu’il a de faible et de peu noble. Le psalmiste oppose les êtres vulgaires qui le persécutent au Dieu puissant et bon qui le protège.
Les verbes de ces deux premiers versets s’accordent fort bien avec la donnée du titre. David, saisi par ses pires ennemis, se sent comme englouti par un monstre auquel il ne peut échapper. Les répétitions des versets 2 et 3 dépeignent l’acharnement avec lequel ses adversaires poursuivent toujours de nouveau sa ruine complète.
En Dieu je trouve sujet… Le secours de Dieu, qui vient à mon aide, me donne sujet d’élever bien haut la vérité de ses promesses.
Il semble qu’ici le psalmiste embrasse d’un coup d’œil tous ses persécuteurs ; l’indignation exprimée verset 8 ne s’explique guère, s’il ne s’agit que des Philistins, dont la haine pour David était compréhensible.
Ils tordent mes paroles… ils s’assemblent…, ils observent. Cette attitude était bien celle des courtisans de Saül au début des malheurs de David. Plus tard, ce n’était plus une lutte sourde, mais la guerre ouverte. L’espionnage décrit en ce verset a suivi le Seigneur pendant tout son ministère.
Ces gens-là, qui devraient être surveillés eux-mêmes ; ou peut-être : qui me devraient de la reconnaissance. Il y a en tout cas ici allusion à des circonstances que nous ignorons.
Renverse les peuples ! Le psalmiste sait que l’injustice dont il est l’objet n’est qu’une des formes de l’iniquité qui règne partout. Il en appelle au jugement universel. Comparez Psaumes 7.7-10
Tu sais combien de fois… littéralement : Tu as compté ma fuite.
Il ne parle pas d’une fuite seulement, mais il semble qu’il a expressément usé du nombre singulier, pour dénoter avec plus de signifiance que toute sa vie il n’a fait que vaguer, maintenant de çà, maintenant de là
La certitude que Dieu tient compte avec sollicitude de ses épreuves et recueille ses larmes est une grande consolation pour l’affligé (Job 31.4). Aussi est-ce dès maintenant l’accent du triomphe qui domine jusqu’à la fin du psaume.
Dans ton livre : image empruntée peut-être à la parole de Moïse, Exode 32.32 et reproduite Malachie 3.16 ; comparez Job 19.23.
En Dieu…, en l’Éternel : le Tout-Puissant et le Dieu de l’alliance.
L’homme, en hébreu adam, l’homme tiré de terre : expression parallèle au mot chair du verset 5. Les refrains, dans ce genre de psaumes, sont rarement absolument identiques.
J’ai à cœur…, littéralement : Sur moi sont les vœux que je te dois, comme une obligation dont je sens l’importance.
Tu as délivré… passé prophétique, expression d’une foi complète.
Tu as même préservé… Non seulement le fugitif a échappé à la mort, mais il n’a souffert aucun mal.
Que je marche… à la lumière des vivants. Deux idées sont exprimées dans ce vœu final ; la première est celle d’une vie heureuse sur la terre, à la clarté du soleil qui réjouit les vivants, vie toute contraire à l’existence ténébreuse du Schéol ; la seconde est celle d’une vie consacrée à Dieu. C’est ici l’idée essentielle et les mots en présence de Dieu marquent le trait dominant du tableau que le psalmiste se fait de ce bel avenir. S’il a été sauvé, c’est afin de marcher comme le fit Abraham (Genèse 17.1) et à l’inverse de ceux qui, une fois délivrés, mettent Dieu le plus loin possible de leurs pensées et de leur vie. De même, au point de vue chrétien, le salut n’est accordé qu’en vue du service de Dieu et d’une marche dans la lumière qui rayonne de Dieu lui-même (1 Thessaloniciens 1.9 ; Tite 2.11-12 ; 1 Jean 1.5-7).