Verset à verset Double colonne
Ce n’est pas un simple poème historique que nous avons ici. L’auteur, il est vrai, rappelle avec détails certains événements de l’histoire d’Israël, mais il le fait moins en historien ou même en poète qu’en prophète, qui dégage des événements passés les leçons qu’ils renferment à l’adresse du peuple de Dieu. Sans s’astreindre à suivre l’ordre chronologique, il puise çà et là ce qui lui convient, pour mettre en lumière les pensées et les dispositions, soit divines, soit humaines, qui tout à la fois se cachent et se révèlent dans les faits de l’histoire. Ce sont là les choses cachées des temps anciens qu’il publie (verset 2). La lumière divine éclaire pour le regard du prophète, non seulement l’avenir, mais aussi le passé, préparant l’un et expliquant l’autre.
Ce poème ne se décompose pas facilement en strophes régulières. Nous y trouvons plutôt deux grandes parties principales, comprenant elles-mêmes plusieurs paragraphes et précédées d’un prologue, puis d’une brève sentence prononcée contre Éphraïm, sentence qui indique dès l’abord au lecteur quelle est la pensée maîtresse et la visée du psaume.
Prologue : l’auteur annonce qu’il va révéler les enseignements de l’histoire. Ce projet est conforme aux ordres de Dieu, qui veut, par de tels récits, former un peuple de croyants (versets 1 à 8). Ce but n’a pas été atteint, tant, qu’Éphraïm a été la tribu dirigeante (versets 9 à 11).
Première partie (versets 12 à 55). L’histoire ancienne d’Israël aurait dû instruire le peuple à salut. Ici l’auteur, dans un premier paragraphe, décrit avec détails les scènes du passage de la mer Rouge et du séjour au désert (versets 12 à 31). Tous ces événements, où éclatent la puissance et la bonté de Dieu, n’ont abouti qu’à faire ressortir d’autant mieux la méchanceté du peuple (versets 32 à 39). Dans un nouveau paragraphe, le psalmiste retrace les faits qui ont précédé ce séjour au désert et ceux qui l’ont suivi : les plaies d’Égypte, arrivant coup sur coup, puis l’établissement du peuple en Canaan (versets 40 à 55).
Seconde partie (versets 56 à 72). Israël n’a pas tenu compte de tant d’enseignements : il a renouvelé le péché de ses pères, de manière à attirer sur lui le grand châtiment de la perte de l’arche de l’alliance et de la destruction de Silo (versets 56 à 64). Le Seigneur sans doute a sauvegardé sa gloire, en face des Philistins vainqueurs ; mais Éphraïm a été mis au second rang, tandis que le sanctuaire était confié à la garde de Juda, avec David, comme roi (versets 65 à 72).
On l’a remarqué : le fait historique que le psalmiste met spécialement en lumière, c’est le rejet d’Éphraïm, comme tribu dominante. Pendant la période des Juges, Éphraïm semblait appelé à jouer en Israël un rôle prépondérant. La hauteur avec laquelle il traitait les autres tribus montre qu’il avait conscience de sa force (Juges 8.1 ; Juges 12.1). Son territoire, situé au centre du pays, était considérable. Dieu lui avait même confié la garde du sanctuaire, puisque le Tabernacle avait été dressé dans une ville de son ressort, à Silo. Pendant ce temps, Juda n’avait qu’un rôle effacé. La période si triste de l’époque des Juges aboutit à la catastrophe de la prise de l’arche et de la destruction de Silo ; par là même, Éphraïm est relégué au second rang. Un rapport intime est ainsi établi entre la perte de l’arche résidant à Silo et le rejet de la tribu qui avait pour mission de la garder.
On a méconnu l’inspiration élevée du psaume, en voyant dans cette manière de présenter l’histoire un symptôme des passions politiques et des jalousies de tribus qui agitèrent le peuple. Tout lecteur peut se rendre compte qu’il s’agit moins ici du déclin de telle ou telle tribu que des droits de la sainteté de Dieu. Juda lui-même devait retirer de l’enseignement du psalmiste un sérieux avertissement.
En ce qui concerne l’époque de la composition de ce psaume, on se demande, au premier abord, si les termes sévères dont se sert l’auteur à l’égard d’Éphraïm (versets 9 à 11 et 67) auraient pu être employés avant que cette tribu, par le schisme de Jéroboam, eût elle-même brisé le lien qui l’unissait au sanctuaire de l’Éternel. Toutefois bien des traits nous reportent à une époque antérieure au schisme. Il n’est pas question du veau d’or de Béthel ; s’il eût déjà existé au moment où parut le psaume, n’y serait-il pas mentionné ? Les événements relatifs à la prise de l’arche par les Philistins, à l’humiliation et à la défaite de ceux-ci par la seule intervention de Dieu, au choix de David, à l’érection du temple, sont racontés d’une manière si vivante, tout ce qui a suivi ces événements est si complètement ignoré, que l’on ne peut, nous semble-t-il, fixer une date postérieure au règne de Salomon. C’est alors qu’un prophète a pu mettre en lumière les raisons divines de la double élévation de Juda et de David. Asaph, le contemporain de David, celui qui est appelé prophète (2 Chroniques 29.30), vivait sans doute encore à ce moment-là. La note qui lui attribue le psaume nous semble pleinement justifiée.
Le psalmiste expose son projet, qui est de révéler à Israël le vrai sens de son histoire (versets 1 à 4). Ce projet est conforme aux ordres de Dieu (versets 5 à 8).
Pour des sentences. L’hébreu Maschal, donné comme titre à tout le livre des Proverbes, signifie proprement : parabole, comparaison et s’applique, par extension, à tout discours didactique. Voir Ésaïe 14.4, note. L’Évangile de saint Matthieu cite cette parole comme concernant prophétiquement les paraboles du Sauveur (Matthieu 13.34-35). Jésus a été en effet le vrai révélateur des pensées divines, que les prophètes de l’ancienne alliance n’avaient dévoilées qu’en partie.
Nous ne le cacherons point à leurs enfants. Le psalmiste ne dit pas : à nos enfants. C’est un devoir à remplir envers les pères que d’instruire les nouvelles générations des choses que Dieu a accomplies en faveur des ancêtres du peuple.
Qu’il a ordonné à nos pères d’enseigner à leurs enfants : comparez Exode 10.2 ; Exode 12.26 ; Deutéronome 4.9, etc.
Comme leurs pères : comme la génération qui sortit d’Égypte et dont les rébellions vont être racontées (versets 17 à 20).
Tireurs armés de l’arc. On était en droit d’attendre d’une tribu guerrière et redoutable comme Éphraïm le courage moral et la décision nécessaires pour entraîner tout le peuple dans la voie de la fidélité. Au lieu de cela, elle trompa l’attente de Dieu. C’est dans ce sens figuré qu’il faut prendre les mots : ils tournnèrent le dos…
Et refusèrent de marcher… Il n’y eut pas seulement indolence, mais refus positif d’obéir aux envoyés de Dieu (Juges 1.29 ; Juges 2.2). Même au point de vue politique, la tribu d’Éphraïm eut, pendant la période des Juges, un rôle peu honorable ; elle faillit compromettre le succès de Gédéon (Juges 8.1) ; c’est de son sein que sortirent les meurtriers de la famille de ce juge (Juges 9.1-5) ; elle fit la guerre à Jephthé, après avoir refusé de lui venir en aide contre les Ammonites (Juges 12.1).
Toutes ces infidélités venaient de l’oubli coupable des œuvres de Dieu.
Ce paragraphe lui-même comprend les trois subdivisions suivantes : Pour son peuple, Dieu entr’ouvre la mer et fend les rochers (versets 12 à 16). Israël lui répond en le provoquant et en le tentant (versets 17 à 20). Dieu le châtie, en lui accordant la chose même qu’il a désirée (versets 21 à 31).
Tsoan : l’antique résidence des rois d’Égypte, appelée aussi Tanis (voir Ésaïe 19.11, note). C’est là, au cœur même du royaume le plus puissant de cette époque, que Dieu fait des prodiges, pour délivrer son peuple.
Une digue : un monceau, une masse infranchissable. Voir Exode 14.22, note.
Il fendit des rochers : allusion aux deux événements analogues de Réphidim, dans la première année du séjour au désert (Exode 17.1) et de Kadès, dans la quarantième année (Nombres 20.1).
Mais ils continuèrent… Il n’a pas encore été parlé expressément de murmures, mais l’allusion faite aux scènes de Massa et Mériba (versets 15 et 16) a rappelé à l’auteur comme aux lecteurs les premiers témoignages de l’incrédulité du peuple. Le manque de pain dans une terre aride fournit à Israël l’occasion de murmurer de nouveau. Le don de la manne et des cailles (Exode 16.1) précéda, il est vrai, le miracle de Réphidim (Exode 17.1) ; mais le psalmiste, parlant en poète et non en historien, ne s’astreint ni ici, ni plus tard, dans l’énumération des plaies d’Égypte, à un ordre chronologique rigoureux ; d’ailleurs, ici aussi, il réunit deux récits, dont l’un se rapporte aux premiers temps, l’autre (Nombres 11.1) aux derniers temps du séjour au désert.
Ils tentèrent Dieu : en abusant de leur position privilégiée de peuple de Dieu, pour réclamer avec impatience ce que Dieu était décidé à leur accorder et même pour exiger plus (la viande) que ce qu’il était dans sa volonté de leur donner. Tenter Dieu, c’est se réclamer de son secours au moment même où l’on pèche contre lui, ou essayer jusqu’où ira sa patience, sa longanimité, sa puissance et chercher à lui forcer la main. L’Éternel, disait le peuple, est-il au milieu de nous, oui ou non ? Comparez Matthieu 4.7.
Selon leur désir, littéralement : selon leurs âmes. Lors du second envoi de cailles, il s’agissait pour le peuple, non de savoir s’il aurait de quoi manger, mais s’il aurait de quoi satisfaire sa convoitise.
Un feu : image de la colère divine.
Nuées…, portes des cieux : développement poétique des paroles de l’Exode : Je vais faire pleuvoir pour vous du pain du haut des cieux (Exode 16.4).
Le pain des Puissants : des anges. Il était naturel que le peuple, recevant la manne comme un don du ciel, s’imaginât que c’était là la nourriture des anges : conception qui a ceci de vrai que l’existence d’Israël, comme celle des êtres célestes, dépendait directement de la toute-puissance de Dieu.
Le vent d’orient… le vent du midi. Pour concilier ces deux données, on a supposé qu’il s’agissait, ou bien de deux vents soufflant successivement, ou bien d’un vent du sud-est, amenant les cailles d’au-delà du golfe Persique. Nous ne pensons pas qu’il faille chercher ici des renseignements historiques précis. La pensée du psalmiste est plutôt que Dieu a disposé à son gré des vents, comme de serviteurs chargés d’apporter au peuple la nourriture qu’il désirait.
Comme de la poussière. Le vent, passant sur le désert, soulève des tourbillons de poussière ; dans ce cas-ci, le nuage qui tomba sur le camp était composé de cailles.
Ce qu’ils avaient convoité. La répétition voulue des mots : convoité et convoitise (verset 30), semble faire allusion au nom de Kibroth-Hatthaava (sépulcres de la convoitise), donné, d’après Nombres 11.34, au lieu où se passa cette scène.
La colère de Dieu… Cette viande, qu’ils avaient si fort désirée, fut la cause de la mortalité.
Avec cet aliment, ils avalèrent la flamme de la colère divine
Ce paragraphe résume, en termes généraux, toute l’histoire d’Israël au désert.
Malgré tout cela : malgré de si grands bienfaits et de si graves châtiments.
Ils ne crurent pas. Ici, comme au verset 22, le psalmiste fait ressortir quel a été le péché le plus grave d’Israël, celui qui explique tous les autres, l’incrédulité, qui a atteint son point culminant lors du retour des douze espions (Nombres 14.1).
Il laissa se consumer… hébreu : il consuma leurs jours dans la vanité ou dans un souffle, en les livrant à leur propre néant, comme une flamme qui s’éteint, parce qu’elle n’est pas alimentée. C’est l’accomplissement de la sentence prononcée Nombres 14.1-32.
Quand il les frappait de mort. Au milieu de ce déclin continu survenaient de temps en temps des jugements extraordinaires, qui hâtaient la destruction du peuple ; ainsi, l’invasion des serpents brûlants (Nombres 21.6). Ces catastrophes provoquaient des conversions passagères et trompeuses. Comparez Osée 6.4.
Leur cœur n’était pas droit. On pourrait traduire aussi : n’était pas ferme, constant.
Mais lui… pardonnait, littéralement : couvrait, expiait. Si peu durables que fussent ces retours, ils n’en donnaient pas moins à Dieu l’occasion de manifester sa compassion.
Ils n’étaient que chair : faibles et fragiles, en ce qui concerne leur nature corporelle, et, quant à leur vie morale, dominés dès leur naissance par l’attrait des sens. La première de ces notions est accentuée dans le second stiche. Quant à l’incurable faiblesse morale, il est à remarquer qu’elle est alléguée, dans le passage Genèse 6.3, comme motivant la destruction de l’humanité primitive ; ici, au contraire, elle explique la longanimité divine. En effet, la faiblesse native de toute une race rend son relèvement difficile et dans certains cas impossible ; d’autre part, elle atténue la responsabilité de chaque individu. Comparez Psaumes 103.13-14.
Ce paragraphe est introduit par une nouvelle mention de l’incrédulité du peuple (versets 40 à 42). Ces accusations portées contre Israël reviennent comme un triste refrain tout le long du psaume (versets 9 à 11 ; 17 à 20 ; 32 à 37 ; 40 à 42 ; 56 à 58).
Les campagnes de Tsoan, voir verset 12, note.
Des scarabées. C’est la quatrième plaie (Exode 8.21), jointe à la seconde, celle des grenouilles. Le psalmiste ne se croit pas obligé de tout dire. Il choisit parmi les plaies celles qui frappèrent l’homme le plus directement dans ses jouissances, ses intérêts et sa vie.
L’insecte dévorant : autre nom de la sauterelle ; c’est la huitième plaie, qui est sans doute placée ici pour terminer la série des dévastations dues à des animaux nuisibles.
La grêle : septième plaie. Le sens du mot que nous traduisons par lourds grêlons est incertain. Nous suivons la traduction chaldéenne et l’explication des rabbins.
La foudre. Voir Exode 9.23.
Anges de malheur, littéralement : mauvais anges, mais le terme mauvais nous paraît avoir ici le sens de nuisibles. On s’est demandé si le psalmiste attribue les plaies d’Égypte, spécialement la mort des premiers-nés, à l’intervention de démons. La question de la nature des anges ne nous semble pas être ici en cause ; il s’agit de leur rôle, comme agents destructeurs.
Cham : nom donné à l’Égypte, conformément à Genèse 10.7. Comparez Psaumes 105.23.
Comme des brebis : contraste frappant avec les versets qui précèdent. La fureur qui se déchaîne sur les Égyptiens se transforme en douceur pour Israël et de la mort des premiers-nés résultent la vie et la délivrance d’Israël.
Ils n’eurent rien à craindre. Ils auraient pu du moins n’éprouver aucune crainte, car Dieu les protégeait.
Sa sainte frontière, littéralement : la frontière de sa sainteté ou de son sanctuaire. Toute la Terre-Sainte apparaît ici comme la résidence du Dieu saint.
À cette montagne… Nous ne pensons pas qu’il s’agisse ici ni de Silo, ni de Sion ; tout le pays montagneux de la Palestine est désigné comme la montagne de Dieu, par opposition aux plaines du désert. Comparez Exode 15.17.
Seconde partie : la réponse d’Israël à tant de bienfaits, c’est le redoublement de péchés et d’infidélités de l’époque des Juges, qui a pour résultat la destruction de Silo et le choix de Sion.
Comme un arc qui trompe, qui se détend et fait dévier la flèche, au moment où elle va partir. Comparez Osée 7.16. Cette image fait allusion à l’arme de prédilection des guerriers d’Éphraïm (voir verset 9).
Dieu entendit… Une voix provocante se dégage des actes idolâtres ou impies, pour monter vers Dieu comme un blasphème.
Il abandonna la demeure de Silo. Le départ de l’arche pour le camp avait été décidé par les chefs du peuple, comme moyen de salut (1 Samuel 4.1). Mais cette mesure était voulue de Dieu dans un tout autre sens : il abandonnait définitivement un lieu profané par les péchés du peuple et des sacrificateurs eux-mêmes.
Sa Force…, sa Gloire : deux noms donnés à l’arche de l’alliance, qui était en effet pour Israël le gage du secours tout puissant qu’il pouvait attendre de Dieu.
Il livra son peuple au glaive. Dans la bataille où l’arche fut prise, trente mille Israélites périrent (1 Samuel 4.10).
Le feu dévora… Il s’agit du feu de la colère divine, qui vient d’être mentionnée au verset précédent. Comparez verset 21.
Ses vierges ne furent pas chantées : ne furent pas célébrées dans des fêtes nuptiales, à cause du désastre où avaient péri tant de jeunes hommes.
Ses veuves ne pleurèrent pas. Obligées de fuir, elles ne purent pas honorer leurs morts par les témoignages de leur deuil et les cérémonies funèbres habituelles. Ce vers se retrouve textuellement Job 27.15.
Le Seigneur s’éveilla : image fréquente dans les Psaumes (Psaumes 7.7 ; Psaumes 35.23 ; Psaumes 44.24, etc.). Ici l’anthropomorphisme est plus accentué encore qu’ailleurs, puisque le réveil est représenté dans la suite du verset comme celui d’un héros dont l’ardeur et l’enthousiasme sont si exubérants qu’en le voyant, on le croirait animé par le vin. La hardiesse du langage biblique atteint ici son extrême limite. Il est à peine besoin de dire qu’en parlant d’un réveil de Dieu, le psalmiste se place au point de vue de l’ignorance humaine, pour laquelle Dieu semble dormir, quand il n’agit pas comme le voudrait l’homme. On a vu dans les versets qui précèdent comment Dieu, loin de dormir, abandonne volontairement Silo, livre son peuple au glaive, etc. Néanmoins, aux yeux d’Israël, jamais le sommeil divin ne fut plus profond que quand l’arche, loin de lui donner la victoire, aggrava la défaite et fut emmenée par l’ennemi. Mais le réveil fut d’autant plus étonnant, quand, sans aucune intervention humaine, Dieu frappa cet ennemi et le couvrit de honte (1 Samuel 5.6 ; 1 Samuel 7.7-11).
Il frappa… il répudia … (verset 67) il choisit… (verset 68) il bâtit… (verset 69) : autant d’actes dans lesquels le psalmiste voit l’action souveraine de Dieu. Cette action divine est précisément ce qui se cache sous les causes visibles (verset 2) et ce que le prophète a pour mission de mettre en lumière.
Comme les lieux très hauts…, comme la terre : images exprimant l’idée d’une durée éternelle ; le sanctuaire subsistera aussi longtemps et plus longtemps que les cieux et la terre. Il est indestructible, comme création spirituelle, alors même que l’édifice dans lequel l’idée divine a pris corps peut disparaître. Comparez Psaumes 24.7 (portes éternelles) ; Jean 2.19 ; Matthieu 24.35.
Il choisit David… Un lien étroit rattache le choix de David à l’érection du sanctuaire. Le roi céleste, qui vient habiter en Sion, se choisit un homme par le moyen duquel il paîtra son peuple.
Il le tira des parcs des brebis… pour paître Jacob : parole qui fait ressortir à la fois le contraste et l’analogie des situations successives de David. En paissant avec prudence et sollicitude celles qui allaitent, il se préparait, sans le savoir, à conduire d’une main sage le peuple de Dieu.
Le psaume pourrait être prolongé, car les forces cachées qu’il met en évidence, la sainteté divine et l’infidélité humaine, sont toujours agissantes dans le cours de l’histoire. Le jour viendra où Juda lui-même, comme autrefois Éphraïm, sera mis de côté ; il cédera la place aux Gentils, en attendant que ces Gentils eux-mêmes, devenus apostats, voient un nouvel Israël reprendre le premier rang. Étienne, dans son discours (Actes 7.1) et saint Paul, dans l’épître aux Romains (Romains 11.1), prolongent en quelque sorte les lignes tracées ici par le psalmiste.