Verset à verset Double colonne
Le deuxième livre des Psaumes se terminait par une admirable description de la gloire du règne messianique (Psaume 72). Le troisième livre se termine, avec le Psaume 89, par un développement grandiose de la promesse faite à David et à sa postérité (2 Samuel 7.1). Toutefois la calme sérénité du Psaume de Salomon ne règne pas jusqu’au bout dans celui du sage Ethan. Après avoir, dès les premiers versets, rappelé la promesse, comme thème du poème (versets 2 à 5), le psalmiste, dans une première partie, célèbre la grandeur infinie de Celui qui a fait alliance avec David (versets 6 à 19) ; dans une deuxième partie, il développe le riche contenu de la promesse elle-même (versets 20 à 38). Dans la troisième partie, il relève avec force le contraste entre les déclarations divines et la situation présente d’Israël et de son roi et il adresse à l’Éternel une ardente prière d’intercession en faveur de son oint (versets 39 à 52).
Il y a, dans la manière dont l’auteur parle de David et des promesses faites à sa race, comme un écho bien distinct des grandes espérances qui furent celles du roi-prophète et de son entourage, espérances que vint confirmer le règne de Salomon. Il n’est donc point étonnant de voir le psaume attribué à un des sages de la cour de ce dernier roi. Non pas qu’il ait été composé du vivant de Salomon lui-même ; mais il a pu l’être dans les premières années du règne de Roboam, au lendemain des grands désastres qui frappèrent à ce moment-là le royaume. On comprend quelle impression dut produire sur les hommes qui avaient vu les règnes de David et de Salomon l’invasion de Sisak, roi d’Égypte, qui renversa les forteresses élevées par Roboam et dépouilla de leurs trésors le temple et le palais royal (1 Rois 14.25-26). Ethan, l’Ezrachite, peut avoir été le témoin de ces humiliations. Quoi de plus naturel que de voir un homme tel que lui se faire l’organe du peuple entier, pour intercéder en faveur du jeune roi, au nom des déclarations divines d’autrefois.
Méditation (Maskil) : voir Psaumes 32.1, note.
Ethan, l’Ezrachite : descendant de Zérach, comme Héman (voir Psaumes 88.1, note).
Les bontés (ou les grâces) de l’Éternel…, ta fidélité. La promesse procède de la pure grâce de Dieu ; elle subsiste par sa fidélité (voir Psaumes 25.10, note).
D’âge en âge, ou : de génération en génération. Le psalmiste parle au nom de l’Israël croyant de tous les temps. Lui-même, s’il s’agit d’Ethan, a vu trois générations de rois.
Ta grâce s’élève à toujours : comparez 2 Samuel 7.15. Le verbe s’élève (proprement se bâtit) exprime l’idée d’une action continue ; l’édifice de la grâce divine s’élève toujours plus haut, à mesure que les générations se succèdent.
Dans les cieux : en dehors des atteintes des hommes et à l’abri des fluctuations terrestres.
J’ai traité alliance… C’est ici, sous forme de citation des paroles divines, le résumé des déclarations de 2 Samuel 7.14-16.
Combien est grand celui qui a fait la promesse ! Il est redouté dans les cieux (versets 6 à 9), puissant sur la terre (versets 10 à 15), glorieux, quand il marche à la tête de son peuple (versets 16 à 19).
Tes merveilles, hébreu : ton miracle, au singulier. Il s’agit moins ici d’une œuvre spéciale que de l’être divin lui-même, qui tout entier est miracle, aux yeux de la créature. Comparez Ésaïe 9.5. Cette pensée est développée verset 7.
Les fils de Dieu : les anges (Psaumes 29.1 ; Job 1.6).
Ta fidélité t’environne… Après avoir mentionné (verset 8) ce qu’il y a, pour toute créature, si élevée soit elle, d’effrayant dans la grandeur infinie de Dieu, le psalmiste revient à ce qui fait proprement le sujet du psaume : la fidélité de l’Éternel ; elle environne de toutes parts ce Dieu si puissant et adoucit l’éclat de sa gloire.
L’orgueil de la mer. Comme en bien d’autres endroits où cette image est employée, le poète n’a pas en vue seulement le soulèvement de l’océan ; il y voit l’emblème de la révolte des nations contre le Dieu d’Israël (Psaumes 46.4 ; Psaumes 65.8).
L’Égypte, hébreu : Rahab (arrogance, vanité). Voir Psaumes 87.4, note.
Les cieux et la terre. Ce n’est pas seulement dans tel ou tel événement de l’histoire qu’apparaît la puissance de Dieu, c’est aussi dans la création et l’entretien de tout ce qui existe.
Le Thabor, qui domine la contrée à l’ouest du Jourdain et le Hermon, qui s’élève au nord, personnifient ici en quelque sorte la création terrestre. Dans leur riche végétation éclate la joie de la nature, que Dieu comble de ses biens.
La base de ton trône. Cette parole se retrouve textuellement Psaumes 97.2. En dehors de la justice et du droit, tout chancellerait dans l’anarchie ; mais la base du trône et du gouvernement divin est là, inébranlable (Proverbes 16.12). Devant ce trône et ses assises immuables se tiennent, regardant la face de Dieu, la miséricorde (la grâce) et la vérité (la fidélité). Il est plus exact de traduire : vont au devant de ta face, que : marchent devant ta face. Elles vont au-devant de Dieu, attentives aux signes de sa volonté, afin de l’accomplir, ou plaidant en faveur du pécheur faible et repentant.
Le cri d’allègresse : les acclamations joyeuses que l’on faisait entendre avec accompagnement des trompettes sacrées, dans les fêtes religieuses (Nombres 10.10 ; Nombres 23.21).
Il se réjouit à cause de ton nom et de tout ce que ce nom révèle (voir Psaumes 8.2, note). Comparez Philippiens 4.4.
Ta justice. Dieu est juste envers lui-même, en maintenant son peuple haut élevé parmi les nations.
La corne de notre force, hébreu : Tu élèves notre corne, c’est-à-dire notre force. Voir Psaumes 75.5, note. On peut observer avec Calvin, à propos de ce passage : S’il en est ainsi quant à la vie présente, beaucoup plus conviendra-t-il de le dire touchant la vie spirituelle.
Notre bouclier : titre donné ici au roi d’Israël. Comparez Osée 4.18, note.
La strophe versets 16 à 19 et spécialement son dernier verset ont ramené le psalmiste à la promesse faite à David et à sa maison. Tout en développant le contenu de cette promesse, il va maintenant rappeler l’élévation de David lui-même (versets 20 à 26), ses relations avec l’Éternel (versets 27 à 30), les engagements de Dieu envers ses descendants (versets 34 à 38).
Tu parlas jadis…, hébreu : Alors tu parlas. Le psalmiste a rappelé ce que Dieu est en tout temps pour son peuple ; il revient maintenant à un moment précis de l’histoire, celui où fut faite la grande promesse mentionnée déjà verset 4.
En vision : celle qui fut accordée à Nathan, mais qui avait en réalité pour objet David. C’est ce dernier qui est désigné sous le nom de bien-aimé (chasid) ; voir Psaumes 43.4, note).
J’ai prêté secours à un héros, littéralement : J’ai posé le secours sur un héros. C’est une allusion aux temps héroïques de la jeunesse de David.
Un jeune homme. On peut traduire aussi, d’après une autre étymologie : un élu.
Je poserai sa main… C’est ici la promesse d’un empire universel sur le monde, tel qu’on le connaissait alors ; le pouvoir de l’élu de Dieu atteindra d’une part jusqu’à la grande mer (la Méditerranée), d’autre part jusqu’aux fleuves. Le pluriel les fleuves désigne sans doute l’Euphrate et ses divers bras ou canaux. L’idée d’un tel empire n’est pas expressément contenue dans la promesse faite à Nathan ; elle l’est dans les Psaumes 2.8 ; Psaumes 45.17 ; Psaumes 72.8-11.
Tu es mon Père. À l’origine, Israël dans sa totalité pouvait seul, comme peuple de l’Éternel, appeler Dieu père et se dire son premier-né (verset 28). Voir Exode 4.22. Dans la parole adressée à Nathan, les mots : Je lui serai père et il me sera fils (2 Samuel 7.14), concernent la race de David dans son ensemble. Ici, cette relation de filialité est appliquée d’une manière plus personnelle à David lui-même, bien que seulement en sa qualité d’oint de l’Éternel. Nous avons vu en étudiant le Psaume 2 que cette promesse n’a pu s’accomplir pleinement qu’en Christ. C’est par lui que maintenant chaque fidèle peut s’appliquer, avec toute la richesse de leur contenu, les paroles de ce verset.
Et moi. Ces mots ont, en hébreu, un relief particulier : Et moi, de mon côté, voici comment je répondrai à l’invocation de mon oint…
Le premier-né. De même qu’Israël a été tiré de l’esclavage, pour devenir le premier-né d’entre les peuples, David, le dernier des fils d’Isaï, est devenu, aux yeux de Dieu, le premier parmi les rois de la terre.
Comme les jours des cieux. La même promesse est faite à Israël, comme peuple (Deutéronome 11.21).
Même l’infidélité humaine ne pourra pas anéantir la promesse divine. C’est le développement de 2 Samuel 7.14-16.
De la verge… Le psalmiste ne reproduit pas l’expression : verge d’hommes (2 Samuel 7.14), qui indiquait que le châtiment n’irait pas jusqu’à l’entière destruction, mais cette pensée n’en est pas moins exprimée au verset 34.
J’ai juré une fois : cela suffit pour toujours. Le récit 2 Samuel 7.1 ne mentionne pas expressément un serment ; mais un oracle divin en est l’équivalent.
Comme le soleil. Le décret qui a établi ce trône est aussi immuable que la volonté créatrice. Comparez Psaumes 72.5.
Le témoin qui est dans les cieux. Plusieurs ont pensé que l’auteur, personnifiant le soleil et la lune, dont il vient de parler, les désigne comme témoins de l’engagement que l’Éternel vient de prendre et cette explication a pour elle le fait que le mot traduit par cieux signifie proprement : nuages ; chaque fois que les astres apparaissent, ils doivent rappeler la promesse divine. Cependant il semble plus conforme à la grandeur de tout ce passage d’envisager que Dieu se donne lui-même comme témoin de sa promesse, suivant l’analogie de Genèse 22.16 : J’ai juré par moi-même. Voir l’explication que donne de ce dernier passage Hébreux 6.13.
Après cette contemplation sereine de la grandeur de l’Éternel et de la beauté de sa promesse, la douleur du psalmiste, momentanément contenue, éclate soudain en une série de paroles brèves, se succédant rapidement (Tu as rejeté… tu as repoussé… tu as dédaigné) et faisant toutes ensemble ressortir avec force le contraste entre les déclarations divines et la réalité (versets 39 à 46) ; le psaume se termine par une vive et touchante supplication (versets 47 à 52).
Ce langage pourrait être celui de la révolte, comme il peut être aussi celui de la foi, qui expose ouvertement à Dieu ce qui est pour elle, un sujet de trouble. L’adoration qui remplit le commencement du psaume et la supplication de la fin nous montrent lequel de ces deux esprits si différents s’exprime ici.
Ses forteresses. Roboam avait fortifié quinze villes de son royaume ; elles n’arrêtèrent pas l’invasion égyptienne. Les termes des versets 41 et 42 rappellent Psaumes 80.13.
Tous les passants l’ont mis au pillage. Le sort du peuple se confond ici avec celui du roi. L’armée égyptienne elle-même ne fit que passer et se retirer après le pillage (2 Chroniques 12.2-9). D’autres passants, nomades pillards venus de tous côtés, profitèrent sans doute des désastres de Roboam, pour pénétrer dans le pays, que ses forteresses ne protégeaient plus.
Un objet d’opprobre pour ses voisins. Les peuples jadis tributaires de David et de Salomon se moquent maintenant de leurs anciens maîtres.
Tu as abrégé les jours de sa jeunesse : les malheurs du roi l’ont vieilli avant le temps.
Ce verset 47 est reproduit presque textuellement Psaumes 79.5.
La durée de ma vie. Le psalmiste s’identifie ici avec son roi et avec son peuple ; de là l’expression : ma vie. La promesse divine, si compromise par les événements qui viennent d’être rappelés, peut s’accomplir dans la suite des temps, mais cette pensée ne suffit pas à la génération actuelle, qui bientôt ne sera plus ; elle a besoin d’être assurée que Dieu ne l’oublie pas. Le mot néant désigne ici la brièveté du temps qu’il est accordé à l’homme de passer sur la terre.
Je porte en mon sein, littéralement : Je porte en mon sein tous les nombreux peuples. Cette parole, prise en elle-même, pourrait s’entendre de la sollicitude qu’éprouve Israël pour tous les peuples ; mais l’idée d’opprobre, qui remplit la première partie du verset, ainsi que le verset suivant, domine évidemment ici aussi la pensée du psalmiste. Le mot même d’opprobre ou de mépris est, ou bien sous-entendu, ou bien altéré par une corruption du texte.
Tes ennemis. En se montrant les ennemis de ton oint, ils sont les tiens.
Sur les pas de ton oint. Partout où il va et quoi qu’il fasse, ils le poursuivent de leurs outrages.