Verset à verset Double colonne
1 Au huitième mois, en la deuxième année de Darius, la parole de l’Éternel fut adressée à Zacharie, fils de Barachie, fils d’Iddo, le prophète, en ces termes :Ces six versets sont le résumé d’un discours prononcé par Zacharie environ trois mois avant la nuit où il reçut la série de visions décrite dans ce qui suit. Ils sont placés là comme le préambule de ces visions et du livre entier. L’Éternel rappelle au peuple par la voix de son prophète les fautes commises par ses pères et l’accomplissement terrible des menaces qu’il leur avait adressées par ses anciens prophètes. Il promet de revenir à lui, s’il revient sincèrement à son Dieu.
Il est probable que ce fut ici la première fois que Zacharie ressentit le souffle de l’inspiration prophétique. Ce premier discours ne fut qu’un simple appel à la conversion.
Au huitième mois. Entre la 2e et la 3e prophétie d’Aggée (Aggée 2.1 ; Aggée 2.10).
C’était peut-être la prédication d’Aggée qui avait éveillé en Zacharie la conscience de sa mission prophétique. Il y avait seize ans que le peuple était revenu de l’exil.
L’Éternel des armées : c’est-à-dire des astres et des anges, voir Ésaïe 1.9, note.
Vos pères, où sont-ils ? Le prophète fait ressortir le contraste entre les hommes qui dans les temps précédents ont, soit entendu, soit proclamé la parole de l’Éternel et cette parole elle-même. Ces générations anciennes d’Israélites et de prophètes ont disparu, mais la parole est demeurée par l’accomplissement des menaces qu’elle renfermait contre les rebelles et elle subsiste encore aujourd’hui pour leurs enfants, s’ils ne savent pas profiter de ces enseignements.
Les huit visions qui suivent ne sont pas reliées entre elles d’une manière visible ; chacune forme un tableau distinct. Elles n’en constituent pas moins un ensemble, d’abord parce qu’elles ont toutes été accordées au prophète dans le cours d’une seule nuit et surtout parce qu’elles se rapportent toutes à la restauration actuelle du peuple d’Israël et à son avenir comme porteur du règne de Dieu au sein de l’humanité. On a essayé de les ramener à sept en réunissant en une seule les deux du chapitre 5, mais ce procédé est arbitraire. La 8e clôt le cycle en ramenant sous les yeux du prophète les chevaux qu’il avait contemplés dans la 2e.
Le tout est couronné par un acte symbolique (6.9-15) qui se rattache spécialement à la 4e et à la 5e vision et qui ferme la perspective prophétique ouverte par la série entière.
Du onzième mois ; c’était le mois de février. L’année commençait à l’anniversaire de la sortie d’Égypte, à l’époque de la Pâque. On compta plus tard à partir de l’automne (20 septembre), parce que c’était l’époque où l’histoire d’Israël avait recommencé avec le retour de l’exil.
Au vingt-quatrième jour. Cette date du vingt-quatrième jour revient plusieurs fois à cette époque (Aggée 2.10 ; Aggée 2.18 ; Aggée 2.20), peut-être parce que c’était en ce jour-là que le peuple avait repris le travail de la construction du temple. C’était donc une date bénie dans son histoire et Dieu, en se manifestant en ce jour, voulait sans doute montrer que ces communications étaient une récompense de la fidélité du peuple dans l’accomplissement de ce devoir.
La parole de l’Éternel. Le terme hébreu a un sens plus étendu que celui de notre mot parole : il s’applique à toute révélation divine, même sous forme de vision.
J’eus une vision. La parole 4.4 prouve que le prophète reçut ces visions, non pas en songe, mais dans un état de veille, où il fut ravi en extase prophétique. Comparez le ravissement d’esprit de saint Pierre à Joppe (Actes 10.10) et la scène de la transfiguration (Luc 9.32-36).
Un homme monté sur un cheval roux. Sur ce personnage, voir plus loin.
Entre des myrtes… dans un lieu profond. Le mot que nous traduisons par lieu profond est rendu quelquefois par le terme de lieu ombragé ; le sens adopté par nous ressort d’Exode 15.10. Il faut se représenter une vallée profonde, aux pentes ombragées de myrtes. Il est inutile de chercher quelque part cette vallée ; dans la vision, il n’y a de réel que le tableau lui-même et si l’hébreu dit le lieu profond, c’est uniquement pour désigner la vallée que le prophète a devant les yeux de son esprit en ce moment même. Ce bosquet de myrtes est certainement le symbole du peuple élu, aujourd’hui pauvre et humble, mais pourtant agréable aux yeux de l’Éternel. S’il n’est pas comparable, comme les grandes empires du temps, à un magnifique bois de cèdres que l’on aperçoit de loin sur les hauteurs du Liban, dans son abaissement il jouit cependant d’un avantage que n’ont pas les peuples les plus puissants de la terre : il possède en son sein l’ange de l’Éternel.
Des chevaux roux, bruns et blancs. Le second de ces termes est d’une signification douteuse. Il est appliqué, Ésaïe 16.8, à une espèce de cep produisant des raisins rouges et paraît désigner ici une nuance plus foncée que le roux, en opposition au blanc qui est la nuance la plus claire. En tout cas, le sens de tacheté que l’on donne parfois à ce terme doit être écarté.
On a essayé d’appliquer ces couleurs aux différents côtés, le roux à l’orient et à l’occident, le brun au nord, le blanc au sud ; mais cette application ne repose sur aucune raison suffisante. Il en est autrement au chapitre 6 (voir à ce passage). Les trois couleurs indiquées servent sans doute uniquement à distinguer les trois groupes de cavaliers, et, ceux-ci (d’après l’analogie du passage 6.5-8), figurent la connaissance que prend l’Éternel de la situation des peuples au nord, à l’est et au sud, c’est-à-dire dans tout le cercle des contrées environnant la Terre Sainte (voir verset 10). Il n’y a aucun rapport entre ces cavaliers et ceux d’Apocalypse 6.1-8 ; les couleurs sont différentes et les cavaliers de Zacharie ne se préparent nullement, comme ceux de l’Apocalypse, à intervenir activement dans les destinées du monde.
Et je dis… À qui s’adresse cette question ? Il semble, au premier coup d’œil, tout naturel de supposer qu’elle est adressée au cavalier que Zacharie vient de voir apparaître sur le cheval roux, comme chef des trois troupes de cavaliers qui le suivent. Cependant on peut admettre aussi que Zacharie voit déjà, présent à côté de lui, l’ange qui va lui répondre et qui lui servira d’interprète dans tout le cours de ses visions pour lui expliquer les tableaux qu’il contemple. Cet ange est appelé littéralement l’ange parlant en moi, non qu’il soit question d’une voix intérieure communiquant sans paroles les pensées à l’âme ; mais le prophète entend les paroles de l’ange comme on peut entendre dans une vision, par une audition intérieure. Il n’en est pas moins vrai que cet ange interprète, comme on l’a appelé, remplit à l’égard du prophète, relativement à la vision, un office analogue à celui que remplit pour nous le Saint-Esprit par rapport à la personne du Sauveur et, aux enseignements de l’Écriture ; comparez Jean 16.14 et 1 Corinthiens 2.12.
Je te ferai voir. La réponse suivante (verset 10) de l’homme qui se tient dans les myrtes est sans doute le résultat d’une demande qui lui est adressée au nom de Zacharie par l’ange interprète. C’est là ce qui permet à celui-ci de dire : je te ferai voir.
L’homme qui se tenait entre les myrtes répondit… Il répondit directement à l’ange interprète et indirectement à la question du prophète. Mais qui est cet homme ? Comme il est dit, au verset 11, que l’ange de l’Éternel se tenait entre les myrtes, on pourrait admettre que cet homme n’est autre que l’ange de l’Éternel lui-même. Au verset 11 il interroge les autres cavaliers et leur fait rendre compte de leur course d’inspection, comme un chef interroge ses subordonnés ; c’est ainsi que, Ézéchiel 9.2, l’ange de l’Éternel conduit la troupe des anges envoyés pour massacrer la population de Jérusalem et que, Josué 5.13-15, il est désigné comme le chef des armées de l’Éternel. Une seule chose s’oppose à ce sens, c’est que le cavalier monté sur le cheval roux arrive lui-même à la tête des trois troupes de cavaliers (derrière lui, verset 8). C’est, ce qui fait plutôt penser que cet homme n’est que le chef de la troupe des cavaliers et que l’ange de l’Éternel est mentionné tout à coup au verset 11, sans que sa présence eût été indiquée d’avance. Il en avait été de même au verset 9 pour la personne de l’ange interprète. Mais, dès qu’il est entré en scène, c’est lui qui joue le rôle principal (versets 11 et 12).
Ceux que l’Éternel a envoyés… On peut établir un rapprochement entre ces cavaliers qui parcourent la terre sur l’ordre de l’Éternel et les courriers réguliers que les rois de Perse instituèrent dans toute l’étendue de leur empire. Les images, dans les visions divines, sont toujours empruntées aux choses connues.
Ils répondirent à l’ange de l’Éternel. Le rapport des messagers est adressé à l’ange de l’Éternel, qui est maintenant le centre de la scène. Ce rapport renferme en même temps la réponse à la question de Zacharie : Qui sont ceux-ci ? On voit, en effet, par son contenu, qu’ils ont été envoyés pour rendre compte de l’état du monde à ce moment. Ils sont donc le symbole du regard divin qui se promène sur la terre.
En repos et tranquille. Au commencement du règne de Darius, pour la première fois depuis la chute de l’empire babylonien et l’édit de Cyrus, la terre (du moins dans la partie formant le pourtour de la Terre Sainte) était en pleine paix, fait bien rare dans l’antiquité, surtout dans ces pays de l’Orient.
Prière d’intercession de l’ange de l’Éternel. C’est à cette prière et à la réponse de l’Éternel que tendait, dès le commencement, toute la vision. L’ange de l’Éternel vient de paraître, comme le représentant de la majesté divine, comme celui dont dépendent les anges et leurs chefs. Il se présente maintenant à Zacharie comme le représentant du peuple élu auprès de son Dieu. C’est comme tel qu’il s’adresse ici à l’Éternel comme un être distinct de lui et qui s’identifie avec Israël. Sur l’ange de l’Éternel, voir Ésaïe 63.9, note.
Sans merci pour Jérusalem. Cette ville, ainsi que les villes de Juda, n’était encore, en quelque sorte, que ruines.
Voilà soixante-dix ans. Il y avait, à proprement parler, quatre-vingt-six ans que la captivité de Babylone avait commencé ; voir Jérémie 25.11-12. Mais Zacharie compte les soixante-dix ans depuis le moment où Jérusalem avait été complètement détruite, ainsi que toutes les villes de Juda, c’est-à-dire depuis l’an 588.
Et l’Éternel adressa… À la suite de cette intercession, l’Éternel lui-même adresse (par l’intermédiaire de l’ange interprète) au prophète un message d’encouragement que celui-ci doit transmettre au peuple. Ce message est renfermé dans les paroles suivantes, versets 14 à 17.
D’une grande jalousie. Cette jalousie est l’ardeur de l’amour, qui ne veut pas détruire la personne qui en est l’objet mais la purifier de telle sorte que celle-ci réponde pleinement à l’amour qui lui est témoigné.
Jérusalem et Sion : Jérusalem, la capitale, centre de la vie politique ; Sion, la colline sacrée où l’Éternel a fixé sa demeure.
Aidé au mal. Les nations, dont Dieu se servait comme d’une verge pour châtier Israël, ont outrepassé la limite fixée et frappé avec une excessive dureté. La violente indignation (violemment irrité) que l’Éternel éprouve contre les ennemis de son peuple pour cette conduite, dépasse de beaucoup la colère qu’il avait éprouvée contre son peuple lui-même (peu irrité). C’est pourquoi leur bien-être actuel fera place aux plus sévères châtiments.
Je me suis retourné. Plus Jérusalem a souffert, plus l’Éternel va travailler à la relever ; avant tout, le temple sera reconstruit ; puis, la ville elle-même.
Le cordeau sera étendu… pour mesurer les places et aligner les rues de la nouvelle ville.
Promesse se rapportant à toutes les villes de Juda qui doivent renaître, aussi bien qu’à la capitale et au temple.
Le sens général de cette vision nous paraît être la réinstallation d’Israël dans la Terre Sainte qui lui a été donnée pour patrie, après le long exil qu’il vient de subir. Semblable aux myrtes qui croissent dans ce vallon, Israël habite de nouveau cette terre bénie et l’ange de l’Éternel y habite avec lui et veille de là sur toute la terre pour diriger les destinées des nations en faveur du peuple que Dieu a choisi.
Dans le texte hébreu, le chapire 2 commence avec le verset 18.
Les quatre cornes et les quatre forgerons.
Quatre cornes. Cette nouvelle vision se rattache étroitement à la parole du verset 15 : Je suis violemment irrité contre les nations. La corne est le symbole habituel de la force. Il faut probablement se représenter ces quatre cornes comme apparaissant dans l’espace, car il n’est point parlé d’animaux qui les portent et il est inutile de chercher le nom des empires qui correspondent à chacune d’elles, car rien n’indique une succession, mais elles apparaissent et disparaissent ensemble ; et l’Assyrie, qui devrait certainement être il une d’elles, puisque c’est elle qui a détruit le royaume des dix tribus, était déjà tombée depuis longtemps à l’époque de Zacharie. La chute de Babylone avait également eu lieu. Le nombre quatre représente donc, comme à l’ordinaire, les quatre côtés de l’horizon, c’est-à-dire le monde entier avec ses puissances hostiles au peuple de Dieu.
Juda, Israël et Jérusalem. On a pensé que le premier de ces trois noms désignait l’ensemble du peuple, le second la population des campagnes et le troisième, celle de la capitale ; ou bien, que Juda désignait le royaume du sud, Israël celui du nord et Jérusalem, la capitale commune. D’après le groupement des mots dans l’hébreu, il semble plutôt que Juda ait sa place à part et désigne l’ensemble du peuple et par Israël et Jérusalem, qui sont plus étroitement liés, le prophète désigne de nouveau le peuple par son nom d’honneur (Israël), puis sa capitale comme renfermant le sanctuaire.
Quatre forgerons. Ce sont les représentants des forces que Dieu a suscitées ou suscitera pour abattre les puissances ennemies de son peuple. Il y avait deux choses dans la vision précédente : la punition des nations qui avaient aidé au mal et la glorieuse restauration du peuple de Dieu. L’accomplissement de la première de ces promesses est représenté dans la seconde vision ; l’accomplissement de la seconde, dans la troisième.